L’insulte en politique se définit comme « un acte de communication réputé porter atteinte par la violence à la réputation d'un individu, d'un groupe, d'une institution dans la sphère publique ».
De nos jours, il semble qu'à l'éloquence courtoise des débats politiques mesurés et argumentés on ait substitué les excès verbaux, écrits ou gestuels. Un petit détour par l'histoire politique permet de constater que l'insulte est une pratique courante qui ne date pas d'hier. Les Grecs de l'Antiquité n'hésitaient pas à piétiner la tombe d'un ennemi en signe de mépris ultime. Sénateurs et intellectuels romains s'insultaient avec délice et férocité, surtout lorsque cela touchait à la vie privée de l'adversaire.
Au Moyen Âge, l'injure est une des expressions de la violence la plus fréquente, pouvant mener à des rixes parfois mortelles. On se souviendra également de Napoléon assénant à Talleyrand: « Vous êtes de la merde dans un bas de soie! » ou encore de Victor Hugo avec son célèbre "Napoléon le petit" à l'adresse de Louis Napoléon Bonaparte. Au début du XXe siècle, les insultes ont souvent des relents antisémites, sexistes ou, plus tard, anticommunistes. Actuellement, on se traite « d’imbéciles » ou « salopards » ; ce sont donc les termes eux-mêmes qui sont devenus des insultes.
D'ailleurs les injures, gros mots et autres outrages sont révélateurs des positionnements, des stratégies et des mœurs politiques. Dès lors, l'insulte serait-elle le baromètre de la démocratie, le meilleur moyen de canaliser la violence tout court? « Gouverner, c'est choisir » déclarait Pierre Mendès-France, devrait-on dire désormais « Gouverner, c'est insulter »?
Blessantes côté pile, futiles côté face, les insultes semblent incarner les petitesses du débat politique au Sénégal. Elles méritent pourtant mieux que l'anathème, le sourire ou le mépris
La professionnalisation du personnel politique implique qu'il respecte, intègre et incarne certaines valeurs telles que le refus de la violence, la maîtrise de soi, la tempérance, mais parfois aussi le « relâchement contrôlé du contrôle ». Dans ce contexte, comme l'indique Corinne Legoy, l'insulte est une "anomalie codifiée"; elle est « un écart toléré avec ses bornes de l'acceptable et ses franchissements sanctionnés: elle est rupture autant que réaffirmation des usages ». Souvent se joue en filigrane, le conflit entre élites "traditionnelles" et "nouveaux-venus" (y compris dans les conflits de genre).
Il y aura alors mise au pas des hommes politiques qui, par leur usage de l'insulte ou leur comportement, semblent sortir de la norme. Qu’en dire ? Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures : comment pourrait-on exiger des citoyens ordinaires de châtier leur langage et de réprimer leurs pensées lorsque le second d’entre eux laisse échapper « aucun imbécile, aucun salopard, ne peut me séparer de Macky SALL » au milieu des militants de son parti ? On imagine mal le Président de l’Assemblée Nationale du Sénégal avoir jamais tenu de tels propos. Autre temps, autres mœurs.
Je suis sans doute un bisounours, mais je crois qu'on peut faire de la politique avec une certaine noblesse. Aujourd'hui, on est bien loin... C'est dommage.
Patrice SANE, militant APR
De nos jours, il semble qu'à l'éloquence courtoise des débats politiques mesurés et argumentés on ait substitué les excès verbaux, écrits ou gestuels. Un petit détour par l'histoire politique permet de constater que l'insulte est une pratique courante qui ne date pas d'hier. Les Grecs de l'Antiquité n'hésitaient pas à piétiner la tombe d'un ennemi en signe de mépris ultime. Sénateurs et intellectuels romains s'insultaient avec délice et férocité, surtout lorsque cela touchait à la vie privée de l'adversaire.
Au Moyen Âge, l'injure est une des expressions de la violence la plus fréquente, pouvant mener à des rixes parfois mortelles. On se souviendra également de Napoléon assénant à Talleyrand: « Vous êtes de la merde dans un bas de soie! » ou encore de Victor Hugo avec son célèbre "Napoléon le petit" à l'adresse de Louis Napoléon Bonaparte. Au début du XXe siècle, les insultes ont souvent des relents antisémites, sexistes ou, plus tard, anticommunistes. Actuellement, on se traite « d’imbéciles » ou « salopards » ; ce sont donc les termes eux-mêmes qui sont devenus des insultes.
D'ailleurs les injures, gros mots et autres outrages sont révélateurs des positionnements, des stratégies et des mœurs politiques. Dès lors, l'insulte serait-elle le baromètre de la démocratie, le meilleur moyen de canaliser la violence tout court? « Gouverner, c'est choisir » déclarait Pierre Mendès-France, devrait-on dire désormais « Gouverner, c'est insulter »?
Blessantes côté pile, futiles côté face, les insultes semblent incarner les petitesses du débat politique au Sénégal. Elles méritent pourtant mieux que l'anathème, le sourire ou le mépris
La professionnalisation du personnel politique implique qu'il respecte, intègre et incarne certaines valeurs telles que le refus de la violence, la maîtrise de soi, la tempérance, mais parfois aussi le « relâchement contrôlé du contrôle ». Dans ce contexte, comme l'indique Corinne Legoy, l'insulte est une "anomalie codifiée"; elle est « un écart toléré avec ses bornes de l'acceptable et ses franchissements sanctionnés: elle est rupture autant que réaffirmation des usages ». Souvent se joue en filigrane, le conflit entre élites "traditionnelles" et "nouveaux-venus" (y compris dans les conflits de genre).
Il y aura alors mise au pas des hommes politiques qui, par leur usage de l'insulte ou leur comportement, semblent sortir de la norme. Qu’en dire ? Il ne peut y avoir deux poids et deux mesures : comment pourrait-on exiger des citoyens ordinaires de châtier leur langage et de réprimer leurs pensées lorsque le second d’entre eux laisse échapper « aucun imbécile, aucun salopard, ne peut me séparer de Macky SALL » au milieu des militants de son parti ? On imagine mal le Président de l’Assemblée Nationale du Sénégal avoir jamais tenu de tels propos. Autre temps, autres mœurs.
Je suis sans doute un bisounours, mais je crois qu'on peut faire de la politique avec une certaine noblesse. Aujourd'hui, on est bien loin... C'est dommage.
Patrice SANE, militant APR