Les interdits d’ordre divin qui régulent la vie des musulmans sont plus corsés durant le mois béni de Ramadan. Mais il est de la nature même des hommes de les transgresser. C’est le cas dans le milieu de la prostitution. Aussi bien les professionnelles que leurs clients n’observent pas de trêve. La preuve par les faits. Incursion nocturne - non sans risques (voir par ailleurs) - dans le milieu du libertinage dakarois.
La nuit a fait son premier tiers, les couche-tôt ont déjà eu plusieurs heures de sommeil. Et Dakar by night arbore comme un visage d'emprunt, parce que ne lui ressemblant point. En effet, c'est un calme plat contrastant avec l’ambiance traditionnelle de fièvre du centre-ville. Chose qui n'est pas le fruit du hasard, le Ramadan étant à l’origine d’un tel changement.
Cette quiétude n’est troublée que par quelques automobilistes, des mendiants, des vigiles scotchés devant les immeubles et magasins dont ils assurent la sécurité, les sans-abri et autres fous errant dans l'inconscience des soucis de la vie.
Il y a aussi une des composantes les plus en vue du Dakar by night qui est fidèle au poste : les prostituées. Bon nombre d'entre elles n'ont pas pris de congé. En fait, chez elles, c'est comme si de rien n'était. Le Ramadan ne leur a pas fait changer de comportement. Elles sont bien de service, même si ce n’est pas aux endroits exposés comme les axes principaux qu'on les trouve. De Sandaga au Port, en passant par l’avenue Hassan II (ex-Sarraut), Ponty, Mole 2, Rue Vincens, Amadou Asssane Ndoye, Carnot…, point l’ombre d’une belle de nuit.
Elles sont essentiellement aux devantures des boîtes de nuit et des hôtels où l'ambiance des grands jours prévalait samedi nuit. Faisant le pied de grue devant ces endroits, guettant de probables clients, les péripatéticiennes de tous les âges se mettent en valeur. Apostrophée sur la rue Malenfant, où elle était sagement assise sous un arbre, visiblement perdue dans ses pensées, une prostituée d’une quarantaine d’années, vêtue d’un boubou traditionnel bleu-jaune, ne se prive pas de lancer son prix au premier abord. «Si c'est devant seulement, la passe, c'est à 10 000 francs Cfa. Je ne suis là que pour ça. Si on tombe d'accord, on va à l'hôtel Provincial à côté. Mais si c'est devant et derrière que vous voulez, vous allez devoir débourser plus. Cela coûte plus cher». Question vite réglée : «seul devant nous suffira». Mais le long marchandage auquel on se lance n'y changera rien. Elle campe solidement sur ses positons. «C’est 10 000 francs. 5000 francs, c'est très peu», renchérit-elle. Tope là. L’affaire conclue, elle ouvre le chemin vers le petit hôtel à côté car, lance-t-elle, prudente, «il est hors de question de monter dans la voiture d'un client que je ne connais pas. Pour rien au monde, je ne ferai ça». Il a fallu de la stratégie pour disparaître furtivement avant d’arriver à l’hôtel et faire cap sur la rue Blanchot où trois autres belles de nuit, moins jeunes, sont habillées plus sexy : pantalons moulant leurs rondeurs. Mais les prostituées étaient plus nombreuses devant une boîte de nuit sur la rue de Thiong que sur la rue Malenfant où l’activité est florissante. Essentiellement jeunes, elles rivalisaient de tenues osées. Les plus vernies montent dans les véhicules avec leurs clients. Les autres qui n'ont pas encore trouvé de clients font les cent pas.
L'une d'entre elles, très futée, s’agite subitement. Taille élancée, la vingtaine, habillée d'une minijupe trop courte, elle s’écrie : «nous sommes des prostituées, c'est notre métier. Et nous ne nous cachons pas. C’est notre choix et cela ne regarde que nous». Pas du tout froid aux yeux, elle nous jette à la figure : «vous ne cherchez que ce que vous écrivez. On b… avec qui l’on veut. Et c'est ce que nous faisons. Nous sommes majeures, nous avons nos carnets, nous sommes des citoyennes et avons le droit de nous prostituer». Il était environ 2h45mn quand ces filles de joie exprimaient ainsi leur colère. Nous décidons de nous replier. Mais la retraite n’a pas été de tout repos. Les prostituées ont la rancune tenace…
Abdoulaye DIEDHIOU & Birane LO le populaire
La nuit a fait son premier tiers, les couche-tôt ont déjà eu plusieurs heures de sommeil. Et Dakar by night arbore comme un visage d'emprunt, parce que ne lui ressemblant point. En effet, c'est un calme plat contrastant avec l’ambiance traditionnelle de fièvre du centre-ville. Chose qui n'est pas le fruit du hasard, le Ramadan étant à l’origine d’un tel changement.
Cette quiétude n’est troublée que par quelques automobilistes, des mendiants, des vigiles scotchés devant les immeubles et magasins dont ils assurent la sécurité, les sans-abri et autres fous errant dans l'inconscience des soucis de la vie.
Il y a aussi une des composantes les plus en vue du Dakar by night qui est fidèle au poste : les prostituées. Bon nombre d'entre elles n'ont pas pris de congé. En fait, chez elles, c'est comme si de rien n'était. Le Ramadan ne leur a pas fait changer de comportement. Elles sont bien de service, même si ce n’est pas aux endroits exposés comme les axes principaux qu'on les trouve. De Sandaga au Port, en passant par l’avenue Hassan II (ex-Sarraut), Ponty, Mole 2, Rue Vincens, Amadou Asssane Ndoye, Carnot…, point l’ombre d’une belle de nuit.
Elles sont essentiellement aux devantures des boîtes de nuit et des hôtels où l'ambiance des grands jours prévalait samedi nuit. Faisant le pied de grue devant ces endroits, guettant de probables clients, les péripatéticiennes de tous les âges se mettent en valeur. Apostrophée sur la rue Malenfant, où elle était sagement assise sous un arbre, visiblement perdue dans ses pensées, une prostituée d’une quarantaine d’années, vêtue d’un boubou traditionnel bleu-jaune, ne se prive pas de lancer son prix au premier abord. «Si c'est devant seulement, la passe, c'est à 10 000 francs Cfa. Je ne suis là que pour ça. Si on tombe d'accord, on va à l'hôtel Provincial à côté. Mais si c'est devant et derrière que vous voulez, vous allez devoir débourser plus. Cela coûte plus cher». Question vite réglée : «seul devant nous suffira». Mais le long marchandage auquel on se lance n'y changera rien. Elle campe solidement sur ses positons. «C’est 10 000 francs. 5000 francs, c'est très peu», renchérit-elle. Tope là. L’affaire conclue, elle ouvre le chemin vers le petit hôtel à côté car, lance-t-elle, prudente, «il est hors de question de monter dans la voiture d'un client que je ne connais pas. Pour rien au monde, je ne ferai ça». Il a fallu de la stratégie pour disparaître furtivement avant d’arriver à l’hôtel et faire cap sur la rue Blanchot où trois autres belles de nuit, moins jeunes, sont habillées plus sexy : pantalons moulant leurs rondeurs. Mais les prostituées étaient plus nombreuses devant une boîte de nuit sur la rue de Thiong que sur la rue Malenfant où l’activité est florissante. Essentiellement jeunes, elles rivalisaient de tenues osées. Les plus vernies montent dans les véhicules avec leurs clients. Les autres qui n'ont pas encore trouvé de clients font les cent pas.
L'une d'entre elles, très futée, s’agite subitement. Taille élancée, la vingtaine, habillée d'une minijupe trop courte, elle s’écrie : «nous sommes des prostituées, c'est notre métier. Et nous ne nous cachons pas. C’est notre choix et cela ne regarde que nous». Pas du tout froid aux yeux, elle nous jette à la figure : «vous ne cherchez que ce que vous écrivez. On b… avec qui l’on veut. Et c'est ce que nous faisons. Nous sommes majeures, nous avons nos carnets, nous sommes des citoyennes et avons le droit de nous prostituer». Il était environ 2h45mn quand ces filles de joie exprimaient ainsi leur colère. Nous décidons de nous replier. Mais la retraite n’a pas été de tout repos. Les prostituées ont la rancune tenace…
Abdoulaye DIEDHIOU & Birane LO le populaire