Comme le Bénin, le Sénégal se positionne ainsi en véritable laboratoire de la démocratie. C’est l’une des premières fois, sur le continent, qu’une jeunesse jadis marginalisée, fait trembler un pouvoir. On a encore en mémoire le tsunami populaire qu’elle a opposé au fameux projet de ticket présidentiel. Une jeunesse qui se prend en charge, loin des chapelles politiques, on ne le voit que très peu, malheureusement, sous nos cieux. Le mouvement "Y en a marre", même si sa lutte coïncide avec les objectifs de l’opposition (faire partir Wade), n’est certainement pas du genre à se laisser manipuler ni instrumentaliser. En tout cas, il y va de sa crédibilité. Pour le moment, il a su garder ses distances vis-à-vis des clans politiques, n’en déplaise au camp présidentiel qui l’accuse de tous les maux. Le palier à ne pas franchir pour les jeunes rappeurs, c’est de donner des consignes de vote. Ils quitteraient alors leur statut de citoyens indignés, pour devenir des acteurs politiques. Pour le moment, on n’en est pas là. Le régime , de son côté, fait semblant d’ignorer la colère des jeunes, en maintenant sa décision de présenter la candidature de Wade. A ce rythme, la présidentielle de 2012 ne sera pas qu’une simple élection. Elle s’apparentera à un référendum entre les partisans de Wade et les autres, entre ceux qui prônent le statu quo et ceux qui aspirent à un nouveau Sénégal. C’est ce double enjeu qui donnera à la présidentielle sénégalaise toute sa saveur.
Mahorou KANAZOE — Le Pays
Mahorou KANAZOE — Le Pays