Depuis le début du soulèvement contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011, YouTube, le célèbre site de partage de vidéos, n’a cessé d’être inondé d’images amateurs du conflit syrien. Dimanche 22 juillet, ce qui aurait pu être une énième vidéo du genre a pourtant attiré l’attention des médias libanais. Certains d'entre eux l'ont d'ailleurs diffusée au cours de leurs journaux télévisés.
Dans cette vidéo, postée par des rebelles syriens, on peut voir cinq combattants barbus, se revendiquant d’une brigade damascène de l’Armée syrienne libre (ALS), déclarer avoir capturé la veille, dans le quartier de Mazzé à Damas, Houssam Houssam. Ce nom, bien connu au Liban, est celui d’un supposé agent des renseignements syriens qui avait présenté un faux témoignage dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005.
"Grandes surprises"
Cerné par les hommes armés, l’homme qui apparaît sur les images présente en effet une forte ressemblance avec l’agent syrien en question. Enjoint de s’identifier, il se présente comme "Houssam Taher Houssam (…), témoin de l’affaire du martyr et défunt Rafic Hariri". Interrogé par le chef des rebelles sur les informations dont il disposerait sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, le captif répond : "J’ai des informations, emmenez-moi à Beyrouth, laissez-moi juste rejoindre Beyrouth et je vous révélerai de grandes surprises que vous n’avez même pas rêver d’avoir, emmenez-moi juste à Beyrouth".
Reprenant la parole, le chef du groupe s’adresse directement à Saad Hariri, ancien Premier ministre libanais et fils de Rafic Hariri : "En mon nom et en celui des révolutionnaires de Damas et de Syrie, nous allons vous envoyer un cadeau de chez nous, Houssam Houssam".
Interrogé par téléphone dimanche soir par la chaîne d’information libanaise LBCI, le chef des rebelles, qui s’est présenté comme Abu Ali al-Doumani, a affirmé qu’il était entré en contact avec Saad Hariri afin de lui livrer Houssam Houssam. Selon le quotidien francophone "L’Orient-le-Jour", le captif "aurait négocié sa reddition avec l’opposition syrienne et lui aurait remis un nombre de documents officiels importants" relatifs aux activités du régime syrien au Liban. La Syrie a occupé militairement son voisin libanais de 1976 à 2005, exerçant une tutelle politico-sécuritaire sur le pays du Cèdre, notamment par le biais de ses puissants services de renseignements.
Méfiance dans le camp Hariri
Joint à Beyrouth au téléphone par FRANCE 24, l’ancien ministre et député Ahmad Fatfat dément tout contact avec les rebelles. "Nous sommes très méfiants à l’égard de Houssam Houssam. Nous n’avons aucune confiance en lui et ne sommes nullement en contact avec lui ni personne d’autre dans cette affaire, précise ce proche de Saad Hariri. S’il a des choses à dire, qu’il les dise à la justice libanaise ; ensuite, nous écouterons le cas échéant ce qu’il a à dire, mais avec toujours beaucoup de méfiance".
Le député Jamal al-Jarrah, membre du Courant du futur, le parti du fils de Rafic Hariri, affiche la même suspicion. "Il est important de s’assurer que la capture de Houssam Houssam a réellement été opérée par l’ASL, et qu’il ne s’agit pas d’une manipulation des services syriens", a-t-il expliqué sur les ondes de la radio libanaise Al-Fajr. Et pour cause, Houssam Houssam avait accusé, en 2005, les services secrets libanais et syriens d’avoir perpétré l’attentat contre Hariri, avant de se rétracter quelques mois plus tard lors d’une conférence de presse organisée à Damas. Il avait alors déclaré que les proches du leader sunnite décédé l’avaient incité à accuser le régime syrien moyennant 5 millions de dollars. Ce revirement avait considérablement ralenti l’enquête, dont la crédibilité est contestée jusqu’à ce jour par les partis libanais proche de Damas, notamment en raison d’une série de faux témoignages, dont celui de Houssam Houssam.
Sur les ondes de la Voix du Liban, l’ancien ministre des Télécommunications Marwan Hamadé, rescapé d’un attentat à la voiture piégée en octobre 2004, s’est quant à lui montré plus optimiste en déclarant que cette capture était "très importante", pour le tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé de juger les assassins de Rafic Hariri.
Révélations attendues
Du côté du TSL, on indique qu’il est trop tôt pour s’exprimer sur le sujet. Contacté par FRANCE 24, le bureau de cette juridiction, basée aux Pays-Bas, explique que c’est au procureur du tribunal de décider s’il veut entendre les "surprises" promises par le captif des rebelles syriens. Le TSL ne considère pas Houssam Houssam comme un faux témoin, puisqu’il n’a pas encore témoigné devant le Tribunal, mais seulement devant la Commission d’enquête internationale mise en place par l’ONU en 2005.
À mesure que les défections se multiplient en Syrie, Beyrouth s’attend à des révélations sur la période de tutelle imposée par Damas. De nombreux assassinats politiques, dont ceux de deux présidents de la République, Bachir Gemayel en 1982 et René Mouawad en 1989, sont imputés par leurs familles respectives à la Syrie, sans compter celui du Premier ministre Rafic Hariri. Toutefois, bien qu’il ait fait défection en 2005, l’ancien vice-président syrien en charge du dossier libanais au moment de l’occupation du Liban, Abdel Halim Khaddam, n’avait pour sa part révélé aucun secret retentissant.
Source:France24
Dans cette vidéo, postée par des rebelles syriens, on peut voir cinq combattants barbus, se revendiquant d’une brigade damascène de l’Armée syrienne libre (ALS), déclarer avoir capturé la veille, dans le quartier de Mazzé à Damas, Houssam Houssam. Ce nom, bien connu au Liban, est celui d’un supposé agent des renseignements syriens qui avait présenté un faux témoignage dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri en février 2005.
"Grandes surprises"
Cerné par les hommes armés, l’homme qui apparaît sur les images présente en effet une forte ressemblance avec l’agent syrien en question. Enjoint de s’identifier, il se présente comme "Houssam Taher Houssam (…), témoin de l’affaire du martyr et défunt Rafic Hariri". Interrogé par le chef des rebelles sur les informations dont il disposerait sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, le captif répond : "J’ai des informations, emmenez-moi à Beyrouth, laissez-moi juste rejoindre Beyrouth et je vous révélerai de grandes surprises que vous n’avez même pas rêver d’avoir, emmenez-moi juste à Beyrouth".
Reprenant la parole, le chef du groupe s’adresse directement à Saad Hariri, ancien Premier ministre libanais et fils de Rafic Hariri : "En mon nom et en celui des révolutionnaires de Damas et de Syrie, nous allons vous envoyer un cadeau de chez nous, Houssam Houssam".
Interrogé par téléphone dimanche soir par la chaîne d’information libanaise LBCI, le chef des rebelles, qui s’est présenté comme Abu Ali al-Doumani, a affirmé qu’il était entré en contact avec Saad Hariri afin de lui livrer Houssam Houssam. Selon le quotidien francophone "L’Orient-le-Jour", le captif "aurait négocié sa reddition avec l’opposition syrienne et lui aurait remis un nombre de documents officiels importants" relatifs aux activités du régime syrien au Liban. La Syrie a occupé militairement son voisin libanais de 1976 à 2005, exerçant une tutelle politico-sécuritaire sur le pays du Cèdre, notamment par le biais de ses puissants services de renseignements.
Méfiance dans le camp Hariri
Joint à Beyrouth au téléphone par FRANCE 24, l’ancien ministre et député Ahmad Fatfat dément tout contact avec les rebelles. "Nous sommes très méfiants à l’égard de Houssam Houssam. Nous n’avons aucune confiance en lui et ne sommes nullement en contact avec lui ni personne d’autre dans cette affaire, précise ce proche de Saad Hariri. S’il a des choses à dire, qu’il les dise à la justice libanaise ; ensuite, nous écouterons le cas échéant ce qu’il a à dire, mais avec toujours beaucoup de méfiance".
Le député Jamal al-Jarrah, membre du Courant du futur, le parti du fils de Rafic Hariri, affiche la même suspicion. "Il est important de s’assurer que la capture de Houssam Houssam a réellement été opérée par l’ASL, et qu’il ne s’agit pas d’une manipulation des services syriens", a-t-il expliqué sur les ondes de la radio libanaise Al-Fajr. Et pour cause, Houssam Houssam avait accusé, en 2005, les services secrets libanais et syriens d’avoir perpétré l’attentat contre Hariri, avant de se rétracter quelques mois plus tard lors d’une conférence de presse organisée à Damas. Il avait alors déclaré que les proches du leader sunnite décédé l’avaient incité à accuser le régime syrien moyennant 5 millions de dollars. Ce revirement avait considérablement ralenti l’enquête, dont la crédibilité est contestée jusqu’à ce jour par les partis libanais proche de Damas, notamment en raison d’une série de faux témoignages, dont celui de Houssam Houssam.
Sur les ondes de la Voix du Liban, l’ancien ministre des Télécommunications Marwan Hamadé, rescapé d’un attentat à la voiture piégée en octobre 2004, s’est quant à lui montré plus optimiste en déclarant que cette capture était "très importante", pour le tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé de juger les assassins de Rafic Hariri.
Révélations attendues
Du côté du TSL, on indique qu’il est trop tôt pour s’exprimer sur le sujet. Contacté par FRANCE 24, le bureau de cette juridiction, basée aux Pays-Bas, explique que c’est au procureur du tribunal de décider s’il veut entendre les "surprises" promises par le captif des rebelles syriens. Le TSL ne considère pas Houssam Houssam comme un faux témoin, puisqu’il n’a pas encore témoigné devant le Tribunal, mais seulement devant la Commission d’enquête internationale mise en place par l’ONU en 2005.
À mesure que les défections se multiplient en Syrie, Beyrouth s’attend à des révélations sur la période de tutelle imposée par Damas. De nombreux assassinats politiques, dont ceux de deux présidents de la République, Bachir Gemayel en 1982 et René Mouawad en 1989, sont imputés par leurs familles respectives à la Syrie, sans compter celui du Premier ministre Rafic Hariri. Toutefois, bien qu’il ait fait défection en 2005, l’ancien vice-président syrien en charge du dossier libanais au moment de l’occupation du Liban, Abdel Halim Khaddam, n’avait pour sa part révélé aucun secret retentissant.
Source:France24