Joal pleure son fils, le prince des poètes,
Le Médaillé d’or de la langue française
Dont la beauté des phrases, rend triste la Marseillaise
Foudroie en plein cœur et fait vociférer les muettes.
Sous sa plume enivrante, l’alphabet et ses lettres frémissent
À la force du lion rouge qui dissipe les ténèbres
Une étoile filante, qui vient de poindre dans un ciel sombre.
La Négritude il théorisa, l’indépendance il enseigna
Avec Césaire et Damas, voilà les véritables précurseurs
D’une pensée littéraire, un mouvement libérateur
Une idéologie politique, une philosophie de savants.
Mieux que les Français il maîtrisait la grammaire française
Dans l’océan de ses talents, ceci n’est qu’une houle, une parenthèse.
La beauté noire il chanta, dans Femme nue femme noire,
La douceur de nos sœurs à la riche forteresse
Un petit pagne à la ceinture, voilà le point fort d’une Négresse,
Dont la sensualité inspire le désir et secoue, l’animal instinct
Qui sommeille en chacun de nous, de jour comme nuit, à tout instant.
Je loue la beauté de nos sœurs à la noirceur d’ébène,
Un don de la nature et du Seigneur bienfaiteur
La fraîcheur de leur chaleur et la délicatesse de leurs gestes sauvages
Sédar s’est incliné devant tant d’admiration et de faveur.
La tendresse de nos mères, ces berceuses hors-pair,
Comme celle des femmes de l’éminent Diogoye sieur
Ou les yeux surréels des « signares » de Joal.
Le métissage culturel il prôna, relisez-moi Hosties Noires,
Elégies, Nocturnes, Chants d’Ombre ou Femme noire,
L’œuvre du père de Philippe, la plume de l’homme noir.
De la Seine parisienne jusqu’aux berges du Sine
Au-delà des frontières, l’Afrique tout entière s’incline
Devant un bâtisseur unificateur, un pacifiste dans l’âme,
Entre politique et religion, il ne faisait point d’amalgame
Tant il fit l’unanimité, des Musulmans et des Chrétiens
Animistes et autres ne sont pas restés sur leur faim.
J’aimerais vous parler de celui que ni le savoir ni l’argent
Encore moins le pouvoir, n’ont réussi à transformer, en un piètre crétin.
Voulez-vous des nouvelles de Basile Diogoye Senghor, originaire de Djilor
Ou de la douce Ngilane Ndiémé Bakhoum, dont le fils Léopold Senghor
Incarna l’Etat et la République sous toutes ses formes ?
L’ancien Maire de Thiès, qui n’a pas dépassé les bornes,
Le co-fondateur de l’Etudiant Noir, l’auteur de Guélowar ou Prince.
Tout il donna à la Métropole, et n’eut en retour
Que l’ingratitude, mes frères, disons-le sans détour
Cette France-là, méritait-elle ce vieux jeune Nègre,
Qui a eu tous les honneurs sans se couvrir de déshonneur ?
Avec toutes les médailles du monde, un Nègre reste toujours Nègre,
Fût-il académicien, ancien Président, ou normalien intègre.
Je pointe du doigt ceux qui veulent supprimer l’enseignement de l’histoire
Des programmes scolaires, que de nihilisme, que de trous de mémoire
Ce sont ceux qui voient un rôle « positif » dans la colonisation
Et qui reprochent à certains de n’être pas entrés dans l’histoire.
Ces plumes sataniques tapies dans l’ombre du Prince,
Et qui, pour sauvegarder leur fromage, des dents grincent
Et déterrent de vieilles théories, ou âneries du 19ème siècle
Sur l’Homme noir qu’ils méprisent depuis des siècles.
Ces courtisans ont-ils lu Senghor, Césaire ou Damas
Dont les œuvres sont enseignées de Paris à Damas ?
Dites-leur, qu’un mal, en aucun cas, ne puisse être nécessaire.
Léopold s’en est allé, à son tour, faire un tour avec Césaire
Rejoindre Damas, pour les retrouvailles de la Négritude.
L’originalité de leurs œuvres n’est point source d’inquiétude.
Même si les affluents du fleuve Sédar ont brassé tous les océans,
Le cours d’eau est retourné à la source, et repose en paix, dans le lit des siens
Dont la nostalgie et la reconnaissance valent plus que les honneurs de l’ingratitude.
Momar Mbaye
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