Les talibans n'ont jamais fait de la santé publique leur priorité dans les Zones tribales pakistanaises, où ils font régner la terreur. Aujourd'hui, ils en font carrément un moyen de chantage. L'un des groupes les plus féroces a annoncé au cours du week-end qu'il interdirait toute campagne de vaccination contre la poliomyélite au Waziristan du Nord, tant que les Américains y poursuivraient leurs tirs de drones. Au cours des dernières semaines, Washington a intensifié ses attaques dans cette région infestée de terroristes. Avec un certain succès, puisque le 4 juin, le numéro deux d'al-Qaida, Abou Yahya al-Libi, a été éliminé.
Samedi, les militants islamistes ont distribué des tracts à Miranshah, la plus grande ville du Nord-Waziristan, menaçant de représailles tous ceux qui ne se plieraient pas à leur diktat. Rédigés en ourdou, ils dénoncent l'hypocrisie des Américains et de leurs «laquais» pakistanais, affirmant que la maladie tue moins que les drones de la CIA.
«Les “bienfaiteurs” américains dépensent des milliards dans des campagnes de vaccination contre la polio. Mais ils savent pertinemment que la polio ne risque d'affecter qu'une petite partie de la population de la région. Dans le même temps, les “bienfaiteurs” américains, avec l'aide de leurs esclaves pakistanais, multiplient les frappes de drones. Résultat: au Waziristan, des centaines d'innocents, des enfants, des femmes et des personnes âgées meurent en martyrs», pouvait-on lire sur les tracts. Ajoutant que le «pilonnage incessant des avions espions» de la CIA avait fait de chaque résident un véritable «malade mental».
Espions en puissance
Les experts jugent qu'en raison de la grande pauvreté et des piètres conditions sanitaires qui prévalent dans les Zones tribales, la polio y reste une «maladie endémique». Cette année, 18 cas ont été rapportés par les autorités tribales au Waziristan du Nord. Dernier en date, un enfant de sept mois a contracté l'une des formes les plus virulentes du virus.
Les militants islamistes ont un argument de poids pour dissuader les habitants de se laisser vacciner par les médecins dépêchés par le gouvernement local ou les ONG: ceux-ci ne sont-ils pas des espions en puissance? Et les chefs talibans de rappeler la manière dont Oussama Ben Laden s'est fait piéger à Abbottabad. Shakil Afridi, un chirurgien gouvernemental, a été accusé de mener une fausse campagne de vaccination dans la ville garnison où se cachaient le chef d'al-Qaida, ses femmes et ses enfants, afin de prélever leur ADN.
Il y a un mois, le médecin a été condamné à 33 ans de prison pour trahison. En janvier, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, avait confirmé qu'Afridi travaillait bien pour la CIA.
Par Marie-France Calle
Samedi, les militants islamistes ont distribué des tracts à Miranshah, la plus grande ville du Nord-Waziristan, menaçant de représailles tous ceux qui ne se plieraient pas à leur diktat. Rédigés en ourdou, ils dénoncent l'hypocrisie des Américains et de leurs «laquais» pakistanais, affirmant que la maladie tue moins que les drones de la CIA.
«Les “bienfaiteurs” américains dépensent des milliards dans des campagnes de vaccination contre la polio. Mais ils savent pertinemment que la polio ne risque d'affecter qu'une petite partie de la population de la région. Dans le même temps, les “bienfaiteurs” américains, avec l'aide de leurs esclaves pakistanais, multiplient les frappes de drones. Résultat: au Waziristan, des centaines d'innocents, des enfants, des femmes et des personnes âgées meurent en martyrs», pouvait-on lire sur les tracts. Ajoutant que le «pilonnage incessant des avions espions» de la CIA avait fait de chaque résident un véritable «malade mental».
Espions en puissance
Les experts jugent qu'en raison de la grande pauvreté et des piètres conditions sanitaires qui prévalent dans les Zones tribales, la polio y reste une «maladie endémique». Cette année, 18 cas ont été rapportés par les autorités tribales au Waziristan du Nord. Dernier en date, un enfant de sept mois a contracté l'une des formes les plus virulentes du virus.
Les militants islamistes ont un argument de poids pour dissuader les habitants de se laisser vacciner par les médecins dépêchés par le gouvernement local ou les ONG: ceux-ci ne sont-ils pas des espions en puissance? Et les chefs talibans de rappeler la manière dont Oussama Ben Laden s'est fait piéger à Abbottabad. Shakil Afridi, un chirurgien gouvernemental, a été accusé de mener une fausse campagne de vaccination dans la ville garnison où se cachaient le chef d'al-Qaida, ses femmes et ses enfants, afin de prélever leur ADN.
Il y a un mois, le médecin a été condamné à 33 ans de prison pour trahison. En janvier, le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, avait confirmé qu'Afridi travaillait bien pour la CIA.
Par Marie-France Calle