Si Coca-Cola peut livrer quotidiennement des bouteilles de soda dans les villages isolés d'Afrique, pourquoi les gouvernements et les associations sans but lucratif ne peuvent-ils pas en faire de même avec des médicaments qui sauveraient la vie de millions de gens?
Trente jours de délai
Cette réflexion de la philanthrope Melinda Gates date de quelques années. Après tout, une manne d'argent est consacrée à l'achat et l'envoi de vaccins et de traitements contre le SIDA vers des régions nécessiteuses. Mais dans un pays comme la Tanzanie, il peut s'écouler trente jours entre l'expédition et la réception dans les dispensaires. En conséquence, seule la moitié des malades reçoivent un médicament approprié. Gabriel Jaramillo, manager général du Fond Global de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria, veut appliquer aux médicaments les techniques de livraison de coca. "Nous avons remarqué que les productions de Coca touchent les régions les plus isolées du monde. S'ils peuvent y livrer rapidemment leur produit, peut-être que nous le pouvons également".
En 2009, le Fond Global a demandé le soutien de la multinationale. Et en 2010, cette dernière a annoncé la mise en place d'un projet pilote en Tanzanie, en collaboration avec différents acteurs de terrain. À l'occasion du meeting annuel de la Clinton Global Initiative, qui se tenait du 23 au 25 septembre, les premiers résultats ont été publiés. Il apparaît que le délai de livraison a été divisé par six. Il ne faut plus que cinq jours désormais pour acheminer les médicaments vers les régions critiques. Plus de 80% des malades reçoivent un vaccin approprié, contre 50% il y a deux ans. Et désormais, ce programme va s'élargir au Ghana et au Mozambique.
Début de chaîne
Si ces premières conclusions font souffler un vent d'optimisme, l'approvisionnement rapide des stocks de médicaments reste à ce jour un processus compliqué à améliorer. Leur variété (plus de 3000 produits) et leur conditionnement spécifique s'accordent mal avec les techniques traditionnelles de livraison que Coca a mis des décennies à peaufiner et qui ont déjà servi à la livraison de préservatifs, notamment. En outre, les conditions de transport (route difficiles) et météorologiques accentuent les difficultés. Face à ces exigences, le géant d'Atlanta a pris conscience de l'importance de la logistique, en début de chaîne. Et c'est au partage de ses connaissances dans son domaine que l'on peut attribuer les excellents résultats de ces deux dernières années. "Nous ne fournissons pas nos transports", a déclaré le Pdg de Coca Muthar Kent, nous apportons notre expertise".
Comme un détaillant de Coca
Cartographie des établissements sanitaires, développement d'un logiciel d'organisation de la distribution, mise en oeuvre d'un nouveau système de gestion des stocks ou formation des travailleurs, l'apport de Coca a permis aux acteurs de la santé publique en Tanzanie d'améliorer la gestion de la chaîne d'approvisionnement. Aujourd'hui, à la place d'entrepôser les stocks de médicaments dans 500 hangars de fortune, plus de 5000 établissements sanitaires sont directement approvisionnés et la compétence de leur dirigeant en matière de gestion des besoins et des stocks est aussi élevée qu'un détaillant des produits Coca-Cola. S'il reste de nombreuses contraintes liées aux conditions locales d'un pays, une logistique bien qu'austère mais efficace apporte des résultats concrets.
Aussi louable soit-elle, cette démarche comporte un intérêt commercial non négligeable pour la marque Coca. En effet, la multinationale américaine a beaucoup à y gagner: en Tanzanie comme dans de nombreux pays d'Afrique, le taux élevé de maladie est un frein énorme au développement économique. Or, Coca-Cola est le troisième employeur d'un continent dont le nombre d'employés touchés par de multiples virus continue de croître. Par ailleurs, le manque d'infrastructures dignes de ce nom (routes, réseaux de communications, chaînes d'approvisionnement) constitue des obstacles que Coca, au travers d'un acte philanthropique, souhaite lever dans le futur. Le plus proche possible.
Trente jours de délai
Cette réflexion de la philanthrope Melinda Gates date de quelques années. Après tout, une manne d'argent est consacrée à l'achat et l'envoi de vaccins et de traitements contre le SIDA vers des régions nécessiteuses. Mais dans un pays comme la Tanzanie, il peut s'écouler trente jours entre l'expédition et la réception dans les dispensaires. En conséquence, seule la moitié des malades reçoivent un médicament approprié. Gabriel Jaramillo, manager général du Fond Global de lutte contre le SIDA, la tuberculose et la malaria, veut appliquer aux médicaments les techniques de livraison de coca. "Nous avons remarqué que les productions de Coca touchent les régions les plus isolées du monde. S'ils peuvent y livrer rapidemment leur produit, peut-être que nous le pouvons également".
En 2009, le Fond Global a demandé le soutien de la multinationale. Et en 2010, cette dernière a annoncé la mise en place d'un projet pilote en Tanzanie, en collaboration avec différents acteurs de terrain. À l'occasion du meeting annuel de la Clinton Global Initiative, qui se tenait du 23 au 25 septembre, les premiers résultats ont été publiés. Il apparaît que le délai de livraison a été divisé par six. Il ne faut plus que cinq jours désormais pour acheminer les médicaments vers les régions critiques. Plus de 80% des malades reçoivent un vaccin approprié, contre 50% il y a deux ans. Et désormais, ce programme va s'élargir au Ghana et au Mozambique.
Début de chaîne
Si ces premières conclusions font souffler un vent d'optimisme, l'approvisionnement rapide des stocks de médicaments reste à ce jour un processus compliqué à améliorer. Leur variété (plus de 3000 produits) et leur conditionnement spécifique s'accordent mal avec les techniques traditionnelles de livraison que Coca a mis des décennies à peaufiner et qui ont déjà servi à la livraison de préservatifs, notamment. En outre, les conditions de transport (route difficiles) et météorologiques accentuent les difficultés. Face à ces exigences, le géant d'Atlanta a pris conscience de l'importance de la logistique, en début de chaîne. Et c'est au partage de ses connaissances dans son domaine que l'on peut attribuer les excellents résultats de ces deux dernières années. "Nous ne fournissons pas nos transports", a déclaré le Pdg de Coca Muthar Kent, nous apportons notre expertise".
Comme un détaillant de Coca
Cartographie des établissements sanitaires, développement d'un logiciel d'organisation de la distribution, mise en oeuvre d'un nouveau système de gestion des stocks ou formation des travailleurs, l'apport de Coca a permis aux acteurs de la santé publique en Tanzanie d'améliorer la gestion de la chaîne d'approvisionnement. Aujourd'hui, à la place d'entrepôser les stocks de médicaments dans 500 hangars de fortune, plus de 5000 établissements sanitaires sont directement approvisionnés et la compétence de leur dirigeant en matière de gestion des besoins et des stocks est aussi élevée qu'un détaillant des produits Coca-Cola. S'il reste de nombreuses contraintes liées aux conditions locales d'un pays, une logistique bien qu'austère mais efficace apporte des résultats concrets.
Aussi louable soit-elle, cette démarche comporte un intérêt commercial non négligeable pour la marque Coca. En effet, la multinationale américaine a beaucoup à y gagner: en Tanzanie comme dans de nombreux pays d'Afrique, le taux élevé de maladie est un frein énorme au développement économique. Or, Coca-Cola est le troisième employeur d'un continent dont le nombre d'employés touchés par de multiples virus continue de croître. Par ailleurs, le manque d'infrastructures dignes de ce nom (routes, réseaux de communications, chaînes d'approvisionnement) constitue des obstacles que Coca, au travers d'un acte philanthropique, souhaite lever dans le futur. Le plus proche possible.