Dans son bastion de Manchester, le Parti travailliste britannique reprend des couleurs. Laminé aux élections de 2010, il devance depuis plusieurs mois les conservateurs - au pouvoir - dans les sondages. À son congrès qui se tient cette semaine dans la cité autrefois industrielle du nord de l'Angleterre, militants et élus retrouvent l'espoir. «C'est un moment crucial pour le pays et notre parti, veut croire Liz Kendall, députée de Leicester. Le gouvernement de David Cameron est en train d'échouer sur l'économie et sa coalition se délite. C'est une réelle opportunité pour nous de présenter une alternative, même si on a encore une montagne à gravir.»
L'inspiration Disraeli
En cette rentrée politique, à mi-mandat de la législature, les partis politiques anglais ont déjà les yeux rivés sur les prochaines élections de 2015. Si la gauche est sortie du purgatoire, après deux ans et demi dans l'opposition, elle ne doit pas se faire d'illusions. À l'extérieur de la bulle du centre de conférences, Mike Hearst, 52 ans, directeur financier dans une société de conseil à Manchester, ancien militant travailliste déçu, est loin d'être reconquis. «Je serais très surpris qu'ils gagnent les prochaines élections, commente-t-il. Critiquer le gouvernement ne suffit pas. Ils n'ont pas de programme. Et Ed Miliband n'a pas la trempe d'un leader.»
Bien moins populaire que son parti, le numéro un travailliste a délivré mardi après-midi un discours très personnel, dévoilant un peu plus de sa personnalité et de ses valeurs. «À ceux qui croient que nous sommes tous les mêmes, je vais prouver le contraire», a promis ce fils d'immigrés juifs d'origine polonaise, marxistes. Sans notes, il a dessiné pendant plus d'une heure sa vision et énuméré les travers du gouvernement de David Cameron, qui «baisse les impôts des millionnaires quand il augmente les taxes sur les retraites». Empruntant au premier ministre conservateur du XIXe siècle Benjamin Disraeli, il s'est fait le chantre d'«une nation unie» contre les distinctions de classes. Il a appelé à une réforme bancaire, s'est engagé en faveur de l'éducation pour tous à travers l'apprentissage, a annoncé qu'il reviendrait sur les baisses d'impôts et la réforme du système de santé. Mais il a laissé entendre qu'il n'aurait pas les moyens d'inverser la réduction des dépenses publiques.
L'inspiration Disraeli
En cette rentrée politique, à mi-mandat de la législature, les partis politiques anglais ont déjà les yeux rivés sur les prochaines élections de 2015. Si la gauche est sortie du purgatoire, après deux ans et demi dans l'opposition, elle ne doit pas se faire d'illusions. À l'extérieur de la bulle du centre de conférences, Mike Hearst, 52 ans, directeur financier dans une société de conseil à Manchester, ancien militant travailliste déçu, est loin d'être reconquis. «Je serais très surpris qu'ils gagnent les prochaines élections, commente-t-il. Critiquer le gouvernement ne suffit pas. Ils n'ont pas de programme. Et Ed Miliband n'a pas la trempe d'un leader.»
Bien moins populaire que son parti, le numéro un travailliste a délivré mardi après-midi un discours très personnel, dévoilant un peu plus de sa personnalité et de ses valeurs. «À ceux qui croient que nous sommes tous les mêmes, je vais prouver le contraire», a promis ce fils d'immigrés juifs d'origine polonaise, marxistes. Sans notes, il a dessiné pendant plus d'une heure sa vision et énuméré les travers du gouvernement de David Cameron, qui «baisse les impôts des millionnaires quand il augmente les taxes sur les retraites». Empruntant au premier ministre conservateur du XIXe siècle Benjamin Disraeli, il s'est fait le chantre d'«une nation unie» contre les distinctions de classes. Il a appelé à une réforme bancaire, s'est engagé en faveur de l'éducation pour tous à travers l'apprentissage, a annoncé qu'il reviendrait sur les baisses d'impôts et la réforme du système de santé. Mais il a laissé entendre qu'il n'aurait pas les moyens d'inverser la réduction des dépenses publiques.
Ed Miliband a encore bien du chemin à parcourir pour susciter l'adhésion du public. Selon un sondage ComRes paru mardi, seuls 22 % des Britanniques jugent qu'il ferait un bon premier ministre (39 % pour Cameron), et à peine 42 % des militants travaillistes. «Nous devons convaincre les électeurs qui ont perdu leurs illusions sur la politique et retrouver une crédibilité sur notre capacité à gérer l'économie avec un État mis au régime amincissant», reconnaît Jim Murphy, député travailliste, en charge de la défense dans le «gouvernement fantôme» d'Ed Miliband.
L'inventaire des années de pouvoir
«54 % des électeurs ne font pas confiance au Labour sur l'économie», rappelle Peter Kellner, président de l'institut de sondages YouGov. Selon lui, l'avance de cinq à dix points du parti dans les sondages sur les conservateurs reflète l'usure du gouvernement à mi-mandat, mais n'est pas suffisante pour permettre à la gauche de rêver à une victoire facile en 2015.
Pourtant, cette perspective est désormais envisagée dans les allées du congrès de Manchester. «Il n'est pas question d'être auto-complaisant, mais il ne faut pas sous-estimer Ed Miliband, plaide le député Chuka Umunna, étoile travailliste montante. Le parti est en bien meilleure posture qu'en 2008. Nous sommes unis, nous avons fait l'inventaire de nos années au pouvoir et, pour la première fois, nous pouvons espérer gagner les prochaines élections.»
» David Cameron radicalise son gouvernement
Par Florentin Collomp
L'inventaire des années de pouvoir
«54 % des électeurs ne font pas confiance au Labour sur l'économie», rappelle Peter Kellner, président de l'institut de sondages YouGov. Selon lui, l'avance de cinq à dix points du parti dans les sondages sur les conservateurs reflète l'usure du gouvernement à mi-mandat, mais n'est pas suffisante pour permettre à la gauche de rêver à une victoire facile en 2015.
Pourtant, cette perspective est désormais envisagée dans les allées du congrès de Manchester. «Il n'est pas question d'être auto-complaisant, mais il ne faut pas sous-estimer Ed Miliband, plaide le député Chuka Umunna, étoile travailliste montante. Le parti est en bien meilleure posture qu'en 2008. Nous sommes unis, nous avons fait l'inventaire de nos années au pouvoir et, pour la première fois, nous pouvons espérer gagner les prochaines élections.»
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Par Florentin Collomp