Je peux comprendre que certaines personnes soient employées par des sociétés ou des entreprises aux valeurs desquelles il leur est impossible de souscrire. Car le chômage, la récession économique et les charges familiales (trop lourdes) ne pardonnant pas. Il est quasi impossible de cracher sur les maigres emplois que l’on propose - au compte gouttes - aux bras valides et aux désoeuvrés de tous les horizons.
C’est ainsi que l’on peut travailler pour une entreprise de publicité où l’on est chargé – par exemple - de promouvoir une marque de cigarettes auprès des jeunes, alors que l’on préférerait soi-même les décourager de fumer. Il arrive aussi que l’on soit employé par une société – un autre exemple - qui contrefait les produits fabriqués par ses concurrents et qui vend des imitations à bon marché, ou encore par une industrie qui élabore une technologie dont le seul but sera de permettre une distribution massive de matériels pornographiques. On peut soutenir, il est vrai, que sa participation
à ces activités ne signifie pas que l’on adhère aux valeurs qu’elles véhiculent, mais il n’empêche que la confrontation des salariés à la politique de ces entreprises est susceptible de créer de graves désarrois. Est-on responsable du comportement immoral de son employeur ? La conduite de celui-ci ne risque-t-elle pas d’avoir un effet nuisible sur soi aussi ?
J’ai utilisé cette métaphore pour dire watawat* à l’ensemble de la classe politique, surtout à la coalition « Bokk yakaar » et au M23. Je ne voudrai pas que la pratique du pouvoir ou la proximité avec le pouvoir nous pousse à renier notre parole. Çà commence à sentir mauvais, attirés que
beaucoup sont maintenant par les dividendes, par les retombées des pratiques idolâtres et pécuniaires qui aveuglent par leurs mirages, leurs artifices, leurs rêves de confort matériel et de vie de plaisir, de facilités sans exigences spirituelles et ou morales. Je vous assure que les 65 %
de Sénégalais qui dirent « non » à Wade aux présidentielles de 2012 et le monde fou des assises nationales ne voulaient plus de l’architecture institutionnelle qu’il leur allouât pendant douze ans. Et c’est triste d’entendre que nous allons aux élections sénatoriales en Septembre dans un pays où l’on promettait, où l’on clamait tout haut la rupture !
Le reniement est une honte et une trahison en politique. Communément, le traître est associé à Judas. Le mot traître est utilisé plus généralement pour désigner l'auteur d'une trahison ; c'est l'image populaire du coup de poignard dans le dos. La légende du « coup de
poignard dans le dos » est un bon exemple d'accusation de trahison du message politique proposé au Peuple Souverain (qui seul distribue le pouvoir) et qui avait fini de le légitimer par ses suffrages. Par conséquent, chaque fois que les décideurs auront manqué à leur
parole consignée dans le contrat précédemment proposé au Peuple, il y aura bel et bien trahison et reniement. On ne viole pas la conscience d’un peuple ; c’est le tirer vers le bas, vers la médiocrité et dans l’immoralité. On ne trahit pas la confiance d’un peuple ; c’est le pousser vers le chaos, vers la chienlit, vers l’immobilisme.
Je plains les coalitions (benno siggil senegaal et benno ak tanor), le monde des assises nationales et le M23 qui ont tous prônés la suppression des institutions budgétivores comme le sénat. Qu’est-ce qui les pousse à se taire ? Seraient-ils prêts à accepter le mensonge pour défendre leur strapontin et abandonner leur fierté, leur dignité ? Peuvent-ils vivre à ne subir que des affronts et des réflexions désobligeantes à longueur d'année uniquement pour conserver une proximité avec le pouvoir ?
Chaque jour, nous voyons mieux que nous allons devoir inventer de tout autres manières de fonctionner en société, non seulement parce que les bases politiques et institutionnelles de celle-ci auront été bouleversées, mais aussi et surtout parce que ses bases morales ont été remises en question. Sortir de la crise implique notamment de rendre un sens à une notion de responsabilité complètement liquéfiée, comme le montre le syndrome de la course effrénée vers les parachutes dorés de la République. Et tout ceci nous a clairement ramenés dans une sorte de société à l’Ancien Régime Wadien* en faisant des patrons de partis cotées dans BBY une vraie classe privilégiée jamais exposée à la sanction de perdre l’estime du Peuple ; le seul risque qu’elle subissait étant celui de « ne pas gagner » une sucette dans la bamboula au sommet de l’Etat. Pourtant, à l’approche des élections, toute la question
était de savoir s’il y aura des majorités politiques nouvelles et révolutionnaires pour commencer sérieusement à faire ce "tout autre chose" dont nous avons urgemment besoin comme, par exemple, se battre contre la précarité et la pauvreté en repensant stoïquement notre système de sécurité sociale, de vie institutionnelle, de redistribution des richesses nationales de telle sorte que tous les citoyens aient accès, eux aussi, à un parachute doré même s’il est de moindre consistance.
Outre la crainte de la perte de confiance, c’est comme si un excès d’évidence nous avait aveuglés. Pourtant, il y avait abondance d’indices inquiétants, mais on ne savait pas les déchiffrer, à tel point qu’on peut se demander si le manque de vision à long terme dont il est abondamment question aujourd’hui - notamment pour réclamer un surcroît d’engagement des intellectuels patriotes et autres y’en a marristes dans le débat public - ne traduit pas en réalité une incapacité collective à simplement voir la réalité présente ou dit plus vulgairement "à regarder les choses en face". Derrière la crise de confiance que nourrit la crise politico morale, on trouve donc aussi une crise de conscience, une crise d’éthique, une faille dans notre rapport à la politique politicienne qui s’explique sans doute par notre incurable volonté d’organiser notre perception du pouvoir en fonction de nos désirs et singulièrement de notre désir que se perpétue le présent état de choses, le lieu privilégié de trahir, de tromper la vigilance du peuple.
Amadou Fall Enseignant à GUINGUINEO
TEL : 775457544/766887279
Zemaria64@yahoo.fr/zemazia64@hotmail.fr
C’est ainsi que l’on peut travailler pour une entreprise de publicité où l’on est chargé – par exemple - de promouvoir une marque de cigarettes auprès des jeunes, alors que l’on préférerait soi-même les décourager de fumer. Il arrive aussi que l’on soit employé par une société – un autre exemple - qui contrefait les produits fabriqués par ses concurrents et qui vend des imitations à bon marché, ou encore par une industrie qui élabore une technologie dont le seul but sera de permettre une distribution massive de matériels pornographiques. On peut soutenir, il est vrai, que sa participation
à ces activités ne signifie pas que l’on adhère aux valeurs qu’elles véhiculent, mais il n’empêche que la confrontation des salariés à la politique de ces entreprises est susceptible de créer de graves désarrois. Est-on responsable du comportement immoral de son employeur ? La conduite de celui-ci ne risque-t-elle pas d’avoir un effet nuisible sur soi aussi ?
J’ai utilisé cette métaphore pour dire watawat* à l’ensemble de la classe politique, surtout à la coalition « Bokk yakaar » et au M23. Je ne voudrai pas que la pratique du pouvoir ou la proximité avec le pouvoir nous pousse à renier notre parole. Çà commence à sentir mauvais, attirés que
beaucoup sont maintenant par les dividendes, par les retombées des pratiques idolâtres et pécuniaires qui aveuglent par leurs mirages, leurs artifices, leurs rêves de confort matériel et de vie de plaisir, de facilités sans exigences spirituelles et ou morales. Je vous assure que les 65 %
de Sénégalais qui dirent « non » à Wade aux présidentielles de 2012 et le monde fou des assises nationales ne voulaient plus de l’architecture institutionnelle qu’il leur allouât pendant douze ans. Et c’est triste d’entendre que nous allons aux élections sénatoriales en Septembre dans un pays où l’on promettait, où l’on clamait tout haut la rupture !
Le reniement est une honte et une trahison en politique. Communément, le traître est associé à Judas. Le mot traître est utilisé plus généralement pour désigner l'auteur d'une trahison ; c'est l'image populaire du coup de poignard dans le dos. La légende du « coup de
poignard dans le dos » est un bon exemple d'accusation de trahison du message politique proposé au Peuple Souverain (qui seul distribue le pouvoir) et qui avait fini de le légitimer par ses suffrages. Par conséquent, chaque fois que les décideurs auront manqué à leur
parole consignée dans le contrat précédemment proposé au Peuple, il y aura bel et bien trahison et reniement. On ne viole pas la conscience d’un peuple ; c’est le tirer vers le bas, vers la médiocrité et dans l’immoralité. On ne trahit pas la confiance d’un peuple ; c’est le pousser vers le chaos, vers la chienlit, vers l’immobilisme.
Je plains les coalitions (benno siggil senegaal et benno ak tanor), le monde des assises nationales et le M23 qui ont tous prônés la suppression des institutions budgétivores comme le sénat. Qu’est-ce qui les pousse à se taire ? Seraient-ils prêts à accepter le mensonge pour défendre leur strapontin et abandonner leur fierté, leur dignité ? Peuvent-ils vivre à ne subir que des affronts et des réflexions désobligeantes à longueur d'année uniquement pour conserver une proximité avec le pouvoir ?
Chaque jour, nous voyons mieux que nous allons devoir inventer de tout autres manières de fonctionner en société, non seulement parce que les bases politiques et institutionnelles de celle-ci auront été bouleversées, mais aussi et surtout parce que ses bases morales ont été remises en question. Sortir de la crise implique notamment de rendre un sens à une notion de responsabilité complètement liquéfiée, comme le montre le syndrome de la course effrénée vers les parachutes dorés de la République. Et tout ceci nous a clairement ramenés dans une sorte de société à l’Ancien Régime Wadien* en faisant des patrons de partis cotées dans BBY une vraie classe privilégiée jamais exposée à la sanction de perdre l’estime du Peuple ; le seul risque qu’elle subissait étant celui de « ne pas gagner » une sucette dans la bamboula au sommet de l’Etat. Pourtant, à l’approche des élections, toute la question
était de savoir s’il y aura des majorités politiques nouvelles et révolutionnaires pour commencer sérieusement à faire ce "tout autre chose" dont nous avons urgemment besoin comme, par exemple, se battre contre la précarité et la pauvreté en repensant stoïquement notre système de sécurité sociale, de vie institutionnelle, de redistribution des richesses nationales de telle sorte que tous les citoyens aient accès, eux aussi, à un parachute doré même s’il est de moindre consistance.
Outre la crainte de la perte de confiance, c’est comme si un excès d’évidence nous avait aveuglés. Pourtant, il y avait abondance d’indices inquiétants, mais on ne savait pas les déchiffrer, à tel point qu’on peut se demander si le manque de vision à long terme dont il est abondamment question aujourd’hui - notamment pour réclamer un surcroît d’engagement des intellectuels patriotes et autres y’en a marristes dans le débat public - ne traduit pas en réalité une incapacité collective à simplement voir la réalité présente ou dit plus vulgairement "à regarder les choses en face". Derrière la crise de confiance que nourrit la crise politico morale, on trouve donc aussi une crise de conscience, une crise d’éthique, une faille dans notre rapport à la politique politicienne qui s’explique sans doute par notre incurable volonté d’organiser notre perception du pouvoir en fonction de nos désirs et singulièrement de notre désir que se perpétue le présent état de choses, le lieu privilégié de trahir, de tromper la vigilance du peuple.
Amadou Fall Enseignant à GUINGUINEO
TEL : 775457544/766887279
Zemaria64@yahoo.fr/zemazia64@hotmail.fr