Si la démission de Senghor semble être, aux yeux de certains, le résultat d’un plan mûri de longue date, il n’en demeure pas moins que la dégradation du climat politique et social a pesé dans sa décision. Il a préféré démissionner plutôt que de se faire chasser par les mouvements sociaux.
Il y a d’abord la dégradation de l’environnement économique consécutive à la flambée du prix du pétrole et, surtout, aux sécheresses successives de 1969 et 1973, qui ont eu des incidences sur la production de l’arachide. A la baisse de la production, s’ajoute celle des cours de l’arachide avec la suppression de sa protection sur le marché français.
C’est ainsi que le prix d’achat au producteur est passé de 43 à 36 francs CFA vers la fin des années 60. Cette crise de la filière arachidière a eu des répercussions sur les revenus de paysans, les finances publiques et la balance des paiements.
Ce « malaise paysan » va être à l’origine de la renégociation des rapports entre l’Etat et confrérie mouride sous Serigne Abdou Lahat. Ce dernier, par son style à l’opposé de celui de son prédécesseur El Hadji Fallou Mbacké, s’est fait l’écho de la grogne des paysans sénégalais. Ses rapports difficiles avec Senghor, qui ne bénéficie plus du soutien de la confrérie mouride, s’inscrivent dans un contexte de renouveau de l’Islam avec la « Révolution iranienne » de l’imam Khomeyni.
La jeunesse va manifester un engagement militant islamique au grand dam des formations politiques. Elle constitue ainsi une source d’opposition potentielle au pouvoir de Senghor. Cela est accentué par l’accroissement du chômage dans les centres urbains.
Cette crise économique a entrainé des mouvements sociaux comme la grève des enseignants du SUDES, en mai 1980. Elle a été aussi à l’origine de la politique de redressement économique et financier (PREF) de 1980 à 1985.
Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf émettent l’hypothèse de l’ampleur de la tâche de gestion économique et sociale qui aurait rebuté Senghor. Ils soutiennent aussi que la politique d’ajustement est fondée sur la prise de risque, la concurrence et le désengagement de l’Etat. En grand théoricien du « Socialisme africain », Senghor n’a pas voulu assumer la contradiction, au niveau idéologique, de la nouvelle politique économique de l’Etat sénégalais. Ainsi, les influences de la crise sociale, économique et financière de la fin des années 70 entre en ligne de compte dans l’analyse des raisons qui ont conduit le président Senghor à démissionner.
La décision du poète-président est rendue publique par le quotidien français « le Monde » dans son édition du 21 octobre 1980. Elle est devenue officielle à la suite d’un article publié par Bara Diouf dans le quotidien gouvernemental sénégalais, « le Soleil » dans son édition du 4 décembre 1980.
Senghor effectue des visites pour informer les chefs religieux. Les personnalités politiques, civiles et militaires sont également mises au parfum. Il présente sa démission à la Cour suprême du Sénégal, le 31 décembre 1980. A la faveur de l’article 35 de la loi 76-27 du 6 avril 1976, son Premier ministre, Abdou Diouf, lui succède. Ce qui clôture un pan important de l’histoire du Sénégal post-colonial.
* Avec les cahiers de l’Alternance numéro 14, Cesti 2011.
Il y a d’abord la dégradation de l’environnement économique consécutive à la flambée du prix du pétrole et, surtout, aux sécheresses successives de 1969 et 1973, qui ont eu des incidences sur la production de l’arachide. A la baisse de la production, s’ajoute celle des cours de l’arachide avec la suppression de sa protection sur le marché français.
C’est ainsi que le prix d’achat au producteur est passé de 43 à 36 francs CFA vers la fin des années 60. Cette crise de la filière arachidière a eu des répercussions sur les revenus de paysans, les finances publiques et la balance des paiements.
Ce « malaise paysan » va être à l’origine de la renégociation des rapports entre l’Etat et confrérie mouride sous Serigne Abdou Lahat. Ce dernier, par son style à l’opposé de celui de son prédécesseur El Hadji Fallou Mbacké, s’est fait l’écho de la grogne des paysans sénégalais. Ses rapports difficiles avec Senghor, qui ne bénéficie plus du soutien de la confrérie mouride, s’inscrivent dans un contexte de renouveau de l’Islam avec la « Révolution iranienne » de l’imam Khomeyni.
La jeunesse va manifester un engagement militant islamique au grand dam des formations politiques. Elle constitue ainsi une source d’opposition potentielle au pouvoir de Senghor. Cela est accentué par l’accroissement du chômage dans les centres urbains.
Cette crise économique a entrainé des mouvements sociaux comme la grève des enseignants du SUDES, en mai 1980. Elle a été aussi à l’origine de la politique de redressement économique et financier (PREF) de 1980 à 1985.
Momar Coumba Diop et Mamadou Diouf émettent l’hypothèse de l’ampleur de la tâche de gestion économique et sociale qui aurait rebuté Senghor. Ils soutiennent aussi que la politique d’ajustement est fondée sur la prise de risque, la concurrence et le désengagement de l’Etat. En grand théoricien du « Socialisme africain », Senghor n’a pas voulu assumer la contradiction, au niveau idéologique, de la nouvelle politique économique de l’Etat sénégalais. Ainsi, les influences de la crise sociale, économique et financière de la fin des années 70 entre en ligne de compte dans l’analyse des raisons qui ont conduit le président Senghor à démissionner.
La décision du poète-président est rendue publique par le quotidien français « le Monde » dans son édition du 21 octobre 1980. Elle est devenue officielle à la suite d’un article publié par Bara Diouf dans le quotidien gouvernemental sénégalais, « le Soleil » dans son édition du 4 décembre 1980.
Senghor effectue des visites pour informer les chefs religieux. Les personnalités politiques, civiles et militaires sont également mises au parfum. Il présente sa démission à la Cour suprême du Sénégal, le 31 décembre 1980. A la faveur de l’article 35 de la loi 76-27 du 6 avril 1976, son Premier ministre, Abdou Diouf, lui succède. Ce qui clôture un pan important de l’histoire du Sénégal post-colonial.
* Avec les cahiers de l’Alternance numéro 14, Cesti 2011.
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