Cette véritable rupture se veut ainsi une évolution du pouvoir et non une dévolution du pouvoir; laquelle évolution se ferait avec d'autres sénégalais qui sont, présentement, absents de la cartographie politique. Car, tous les hommes et femmes politiques aujourd’hui en activité nous semblent imposés par des choix faits qui répondent plus à l’héritage conceptuel qu’à ce qu’ils peuvent faire pour le développement du Sénégal.
Pourquoi pas d'autres cadres sénégalais d'ici et d'ailleurs ? Nous sommes 12 millions de bouts de bois de Dieu, sinon plus. Et pourtant, les mêmes nous gouvernent et nous obligent, depuis les indépendances, à penser comme ils font.
De là, le Mouvement citoyen Beug Sénégal (Bs-Bessal) s’affirme et affirme un nouvel esprit politique. Pour ses tenants, s’il devait y avoir une personnalité politique à qui il faut remettre la palme de l’éthique démocratique au Sénégal, ce serait bien de penser à Monsieur Amath Dansokho pour avoir compris, même tardivement, que le « je » présidentiel appartient aujourd’hui et plus que jamais au passé ; pour avoir compris que ce « jeu » est retiré des principes de base de la conjugaison démocratique, bien que non institués par la constitution. Tout le reste du troupeau, parce que vivant dans une société de consommation et non de production, ne comprend plus rien de l’actualité et du présent. Qu’ils soient du pouvoir, de l’opposition ou de la société politique citoyenne.
Autant les tenants du parti gouvernemental (opposition comme pouvoir : ils sont tous de ce même parti d'ensemble depuis les indépendances) sont appelés à sortir par la grande porte à l’image de l’emblématique Dansokho et sacrifier leur « je » présidentiel ; autant leurs affidés doivent également être rayés de la cartographie politique actuelle.
En effet, pour nous comprendre, il vaut mieux parcourir les pensées écrites de deux auteurs. Le premier est Emile Coué, le pharmacien de l'esprit et le second, Norman Vincent Peale qui a écrit "la puissance de la pensée positive". Votre comprendrez dès lors notre passion pour le Sénégal et son peuple. Ce peuple si bien défini au rythme des sacrifices économiques et des résignations sociales.
Nous ne voudrions guère faire volontiers dans les postulats et autres abtulations. Nous voudrions, tout simplement, calibrer la fonte démesurée des glaciers conceptuels, l'affaissement des montagnes prophétiques, la destruction progressive des remparts théoriques, l'assèchement des oasis idéologiques, la dévastation des palmeraies idéelles… et puis, dire le changement climatique, comme cela se décline sous des angles différents, à travers l'inflation économique ou le sans-dialogue politique qui, tragiquement, affectent le management démocratique. Cela ne cesse de se vérifier et de se confirmer : outre les trente mille personnes qui meurent de soif tous les jours, dans le monde, la politique et la société civile sont entrain de se liquéfier, fondant ainsi comme du beurre sous le soleil égalitariste.
Nous ne voudrions guère non plus les asséner à coups de matraque. Surtout pas… Car, personne ne peut le nier : malgré la déroute, la politique et la société civile ont beaucoup fait dans la démocratie, pour le Sénégal, pour l'Afrique et pour l'équilibre du monde, quand bien même, par moments, elles en étaient même devenues des repères, des allégories voire des traditions.
Mais, face à la post-modernité, comment ne pas entrevoir d'ici, au fin fond d'un grand parc à thèmes, toujours sujet à agiotages et à boursicotages multiples, devant un kiosque achalandé de journaux, à quelques pâtés d'un transistor, haut débit, crachant continûment les relents de la défaite de la pensée constructive et de la prospection positive, leur auto-exclusion et leur indétermination.
Aujourd'hui, détendre pour préparer l'opinion entre deux messages ne suffit pas ! Et divertir le sujet est révolu. Loin s'en faut. Il faut mieux faire selon les nombreux penseurs ayant pu théoriser sur la société-troupeau, parmi lesquels : Ray Bradbury, l'auteur de Fahrenheit 451, Emmanuel Kant, Friedrich Nietzsche, Bernard Stiegler, Sigmund Freud et son neveu américain, Edward Bernays.
Toutefois, le concept n'a jamais été aussi étudié et approfondi qu'il l'a été sous la plume de Dany-Robert Dufour. Comme d'autres auteurs, Bernard Stiegler et Theodor Adorno à qui on doit le concept d'«industrie culturelle», dont l'analyse critique de la Kulturindustrie demeure d'une grande actualité, Dany-Robert Dufour révèle qu'il s'agirait aussi de prendre en considération le «troupeau» et de lui donner les pleins pouvoirs de sa survie.
Cette vérité de Dany-Robert Dufour est indispensable à qui veut vraiment décrire et repenser notre pays et ses sujets. Plus question alors d'accepter d'être le mouton de panurge d'une société-berger qui a fini d'afficher ses limites, sortant la langue vers le bas. La théorie du Track'em down l'a vilipendée et suspendue au rang de roi sans trône. Tant mieux…
Aujourd'hui, un nouvel espace démocratique se dessine avec son cortège d'ordres : les vivres, le pouvoir d'achat, les droits de l'homme, le savoir, les migrations, les inondations, la sécurité, la foi, l'emploi, les énergies, le marché, la communication… Reste maintenant à s'entendre sur la (re)définition de cet espace.
Le fameux cri de guerre : «famille, je vous hais» d'André Gide, repris par les étudiants de 1968, n'est plus d'usage à «interdire d'interdire». Quand on en est vraiment fatigué de tourner en rond et de tirer le diable par la queue, il est en principe normal de changer de disque sans avoir, comme autrefois, à «contester la nature».
Repenser l'espace pour panser les plaies après que la pensée a été défaite ! Un acte difficile mais pas impossible même si l'acte ne s'est pas encore affranchi d'une contrainte. Laquelle contrainte équivaut à une question. Laquelle se pose à foison et à tue-tête : qu'est ce que l'espace démocratique ? A ce propos, une littérature fournie existe sur les ouvrages pris isolément. Elle est le fait, soit d'intellectuels intéressés par le sujet et l'étude des traits saillants qui en découlent, soit d'hommes qui racontent sous forme de Portrait un itinéraire politique.
La question s'est toujours posée mais n'a jamais pu être épuisée, faute de réponse partagée. Tout au plus, elle continue de planer au dessus de nos idées et de nos actes… Aujourd'hui qu'elle persiste et implique un questionnement, elle nous instruit une autre interrogation : qu'est ce que, réellement, la démocratie ? Au sens sénégalais du concept, sans sourciller, d'aucuns diraient que c'est un activisme qui vise la reconnaissance par ses pairs sur la scène politique. Sans hésiter, d'autres penseraient que c'est un prisme, un fantôme et un spectre, donc une fiction. Difficile alors d'y répondre !
Par contre, de notre point de vue, ce qu'il faut en retenir est une chose : on fait de la démocratie, on ne la définit pas. Autrement dit, la démocratie ne saurait se résumer en une théorie mais se voudrait plutôt une pratique d'autant qu'elle est le fait d'actions, intégrant continûment des discours dont les plus éminents sont aujourd'hui : la sécurité intellectuelle, la sécurité alimentaire, la sécurité religieuse, la sécurité énergétique...
Dès lors, l'on constate que toutes les aspirations reposent sur la sécurité et que le partage du savoir, l'équation de la faim, et la problématique de l'énergie sont au cœur du débat national voire mondial.
D'abord, le savoir ! L'école libérale s'est encore trompée d'hymne. Très tôt, elle a chanté le self love, cher au maître Adam Smith, alors que la production de l'ego n'est qu'une pathologie et une hétérodoxie. L'époque est plutôt à la production et au partage du savoir. Elle l'est d'autant plus que ni l'individualisme ni l'égoïsme n'ont eu à produire un marché aussi juteux que celui investi par quelques unes des plus grosses fortunes de la planète : Microsoft, Google, Yahoo, les acteurs du septième art, les animateurs du show biz… ainsi que certains magnats de la presse.
Ce n'est pas une révolution, nous n'aimons pas ce terme, mais un acte évolutionnaire, une rénovation. Rénovation, car nous sommes de ceux-là qui pensent que l'idée vit et revit…
Ensuite, la faim ! Quand elle parle, la planète se retient et l'écoute. Toute la planète en souffre mais c'est l'Afrique qui en pâtit le plus. Cette situation générale amène aujourd'hui tous les peuples à se dresser, à tort ou à raison, contre l'autorité et à lui réclamer du pain. Or, partout dans le monde, le pouvoir d'achat pose problème et les céréales coûtent cher. Difficile de résister aux cours mondiaux et de garder, en même temps, la foi intacte.
Enfin, les énergies ! Et l'on constate que se pose, avec acuité, le débat sur l'expansion et la maîtrise du nucléaire. Un regain d'intérêt suscité par le fait qu'il «existe trois facteurs : la croissance de la demande énergétique, les préoccupations de plus en plus nombreuses en ce qui concerne la sécurité énergétique et les défis des changements climatiques», disait-on à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique.
Cinquante ans après l'initiative «des atomes pour la paix», l'heure est venue d'élaborer un nouveau cadre de travail pour l'utilisation de l'énergie nucléaire». Un regain d'intérêt également suscité par les spéculations sur le pétrole et le gaz dont les coûts posent un réel problème de survie : une grosse épine dans les pieds du monde ainsi qu'une résistante interrogation pour les prospecteurs : et si le litre d'essence coûtait mille dollars ?
Finalement, le fait est là : on se rend compte que société civile et société politique ont littéralement échoué en voulant trop jouer avec les maux. Un revers se traduisant et s'expliquant aussi par trois facteurs : le vertige des populations face à la tortuosité politicienne, l'essoufflement d'une société civile trop présente aux côtés des politiques et pas assez efficace aux côtés des citoyens ainsi que l'urgence d'une «revanche des minorités hors du parc à thèmes». Et sous ce rapport, nous ne nous attendons pas à ce que ces pans entiers de la démocratie sénégalaise arrivent à prononcer, si vite, leur mot de la faim - leur mot de la fin plutôt- et, par la suite, s'écroulent comme un château de carte devant la prise de décision courageuse, conséquente et pratique des minorités d’idées et d’action, capables de prendre en main les destinées inhérentes au développement du Sénégal.
Pour autant, où trouver ces minorités ? Elles sont dans la culture, les sports, le social, l'économie, l'administration nationale, la gouvernance mondiale. Ce sont ces minorités qui, seules et loin de tout soupçon d'appartenance, sont à même de mener à bien les destinées inhérentes à la survie de la démocratie sénégalaise, par la voie des urnes bien entendu. D'autant qu'en ce millénaire présent, elles semblent plus proches des nouvelles réalités d'exercice du pouvoir que les vaincus de l'espace public qui, malheureusement, ont tout rendu politique au point de fossoyer l'esprit de la démocratie.
Assurément, de ce millénaire présent, est apparu un management démocratique tout autre. Aujourd'hui, comme tout le monde doit le comprendre ou plutôt comme tout le monde est appelé à le savoir, le tout politique est aussi bien dans la proscription que dans l'antériorité. Elle est dépassée et est hors contexte. Seule la production vivrière et énergétique est d'actualité.
En tout cas, c'est ce que, sans ambages, le monde de la consommation semble vouloir apporter comme réplique à la crise alimentaire qui, si l'on en croit les prospecteurs, a de beaux jours devant elle. Et sur cette question corrélative à la survie, nous ne pensons pas que les citoyens puissent continuer, plus profondément, à tremper dans l'erreur : le fait de croire que seules les sociétés civile et politique peuvent diriger.
Evidemment, après le changement, le Sénégal devait verser dans l'évolution. Parce que tout a été déjà dit, parce que tout a été déjà fait en matière de débat… Restait seulement à mettre en forme. A défaut, il lui était difficile de survivre aux nouvelles lois du marché politique et économique, imposant la meilleure gouvernance, si l'on sait que le Sénégal est parmi les cinquante pays les plus pauvres au monde. Et puis, loin d'incarner une forme politique nouvelle ou unique, le Sénégal est un Etat-nation traditionnel, même s'il est vrai qu'il n'en a pas toujours été ainsi.
A l'époque du changement, le Sénégal semblait s'orienter vers un nouveau type de régime politique radicalement partagé, allégrement apprécié. Et tout le monde, dans un même élan, apprécia ce qu'il découvrit alors. Mais, sitôt après, tout le monde entrevit également qu'il fallait apporter des solutions aux délestages, aux inondations, à l’emploi des jeunes… Pour ce faire, nous, les tenants du Mouvement Citoyen Beug Sénégal (Bs-Bessal), avons assurément beaucoup plus à nous réorienter vers la praxis et à apprendre de la crise actuelle que de nous divertir par le flottement démocratique. C'est pourquoi, nous disons que l'heure est venue de nous préparer pour « un Sénégal éclairé ».
Fait à Dakar, le 05 octobre 2010
Mouvement citoyen Beug Sénégal (Bs-Bessal)
Pourquoi pas d'autres cadres sénégalais d'ici et d'ailleurs ? Nous sommes 12 millions de bouts de bois de Dieu, sinon plus. Et pourtant, les mêmes nous gouvernent et nous obligent, depuis les indépendances, à penser comme ils font.
De là, le Mouvement citoyen Beug Sénégal (Bs-Bessal) s’affirme et affirme un nouvel esprit politique. Pour ses tenants, s’il devait y avoir une personnalité politique à qui il faut remettre la palme de l’éthique démocratique au Sénégal, ce serait bien de penser à Monsieur Amath Dansokho pour avoir compris, même tardivement, que le « je » présidentiel appartient aujourd’hui et plus que jamais au passé ; pour avoir compris que ce « jeu » est retiré des principes de base de la conjugaison démocratique, bien que non institués par la constitution. Tout le reste du troupeau, parce que vivant dans une société de consommation et non de production, ne comprend plus rien de l’actualité et du présent. Qu’ils soient du pouvoir, de l’opposition ou de la société politique citoyenne.
Autant les tenants du parti gouvernemental (opposition comme pouvoir : ils sont tous de ce même parti d'ensemble depuis les indépendances) sont appelés à sortir par la grande porte à l’image de l’emblématique Dansokho et sacrifier leur « je » présidentiel ; autant leurs affidés doivent également être rayés de la cartographie politique actuelle.
En effet, pour nous comprendre, il vaut mieux parcourir les pensées écrites de deux auteurs. Le premier est Emile Coué, le pharmacien de l'esprit et le second, Norman Vincent Peale qui a écrit "la puissance de la pensée positive". Votre comprendrez dès lors notre passion pour le Sénégal et son peuple. Ce peuple si bien défini au rythme des sacrifices économiques et des résignations sociales.
Nous ne voudrions guère faire volontiers dans les postulats et autres abtulations. Nous voudrions, tout simplement, calibrer la fonte démesurée des glaciers conceptuels, l'affaissement des montagnes prophétiques, la destruction progressive des remparts théoriques, l'assèchement des oasis idéologiques, la dévastation des palmeraies idéelles… et puis, dire le changement climatique, comme cela se décline sous des angles différents, à travers l'inflation économique ou le sans-dialogue politique qui, tragiquement, affectent le management démocratique. Cela ne cesse de se vérifier et de se confirmer : outre les trente mille personnes qui meurent de soif tous les jours, dans le monde, la politique et la société civile sont entrain de se liquéfier, fondant ainsi comme du beurre sous le soleil égalitariste.
Nous ne voudrions guère non plus les asséner à coups de matraque. Surtout pas… Car, personne ne peut le nier : malgré la déroute, la politique et la société civile ont beaucoup fait dans la démocratie, pour le Sénégal, pour l'Afrique et pour l'équilibre du monde, quand bien même, par moments, elles en étaient même devenues des repères, des allégories voire des traditions.
Mais, face à la post-modernité, comment ne pas entrevoir d'ici, au fin fond d'un grand parc à thèmes, toujours sujet à agiotages et à boursicotages multiples, devant un kiosque achalandé de journaux, à quelques pâtés d'un transistor, haut débit, crachant continûment les relents de la défaite de la pensée constructive et de la prospection positive, leur auto-exclusion et leur indétermination.
Aujourd'hui, détendre pour préparer l'opinion entre deux messages ne suffit pas ! Et divertir le sujet est révolu. Loin s'en faut. Il faut mieux faire selon les nombreux penseurs ayant pu théoriser sur la société-troupeau, parmi lesquels : Ray Bradbury, l'auteur de Fahrenheit 451, Emmanuel Kant, Friedrich Nietzsche, Bernard Stiegler, Sigmund Freud et son neveu américain, Edward Bernays.
Toutefois, le concept n'a jamais été aussi étudié et approfondi qu'il l'a été sous la plume de Dany-Robert Dufour. Comme d'autres auteurs, Bernard Stiegler et Theodor Adorno à qui on doit le concept d'«industrie culturelle», dont l'analyse critique de la Kulturindustrie demeure d'une grande actualité, Dany-Robert Dufour révèle qu'il s'agirait aussi de prendre en considération le «troupeau» et de lui donner les pleins pouvoirs de sa survie.
Cette vérité de Dany-Robert Dufour est indispensable à qui veut vraiment décrire et repenser notre pays et ses sujets. Plus question alors d'accepter d'être le mouton de panurge d'une société-berger qui a fini d'afficher ses limites, sortant la langue vers le bas. La théorie du Track'em down l'a vilipendée et suspendue au rang de roi sans trône. Tant mieux…
Aujourd'hui, un nouvel espace démocratique se dessine avec son cortège d'ordres : les vivres, le pouvoir d'achat, les droits de l'homme, le savoir, les migrations, les inondations, la sécurité, la foi, l'emploi, les énergies, le marché, la communication… Reste maintenant à s'entendre sur la (re)définition de cet espace.
Le fameux cri de guerre : «famille, je vous hais» d'André Gide, repris par les étudiants de 1968, n'est plus d'usage à «interdire d'interdire». Quand on en est vraiment fatigué de tourner en rond et de tirer le diable par la queue, il est en principe normal de changer de disque sans avoir, comme autrefois, à «contester la nature».
Repenser l'espace pour panser les plaies après que la pensée a été défaite ! Un acte difficile mais pas impossible même si l'acte ne s'est pas encore affranchi d'une contrainte. Laquelle contrainte équivaut à une question. Laquelle se pose à foison et à tue-tête : qu'est ce que l'espace démocratique ? A ce propos, une littérature fournie existe sur les ouvrages pris isolément. Elle est le fait, soit d'intellectuels intéressés par le sujet et l'étude des traits saillants qui en découlent, soit d'hommes qui racontent sous forme de Portrait un itinéraire politique.
La question s'est toujours posée mais n'a jamais pu être épuisée, faute de réponse partagée. Tout au plus, elle continue de planer au dessus de nos idées et de nos actes… Aujourd'hui qu'elle persiste et implique un questionnement, elle nous instruit une autre interrogation : qu'est ce que, réellement, la démocratie ? Au sens sénégalais du concept, sans sourciller, d'aucuns diraient que c'est un activisme qui vise la reconnaissance par ses pairs sur la scène politique. Sans hésiter, d'autres penseraient que c'est un prisme, un fantôme et un spectre, donc une fiction. Difficile alors d'y répondre !
Par contre, de notre point de vue, ce qu'il faut en retenir est une chose : on fait de la démocratie, on ne la définit pas. Autrement dit, la démocratie ne saurait se résumer en une théorie mais se voudrait plutôt une pratique d'autant qu'elle est le fait d'actions, intégrant continûment des discours dont les plus éminents sont aujourd'hui : la sécurité intellectuelle, la sécurité alimentaire, la sécurité religieuse, la sécurité énergétique...
Dès lors, l'on constate que toutes les aspirations reposent sur la sécurité et que le partage du savoir, l'équation de la faim, et la problématique de l'énergie sont au cœur du débat national voire mondial.
D'abord, le savoir ! L'école libérale s'est encore trompée d'hymne. Très tôt, elle a chanté le self love, cher au maître Adam Smith, alors que la production de l'ego n'est qu'une pathologie et une hétérodoxie. L'époque est plutôt à la production et au partage du savoir. Elle l'est d'autant plus que ni l'individualisme ni l'égoïsme n'ont eu à produire un marché aussi juteux que celui investi par quelques unes des plus grosses fortunes de la planète : Microsoft, Google, Yahoo, les acteurs du septième art, les animateurs du show biz… ainsi que certains magnats de la presse.
Ce n'est pas une révolution, nous n'aimons pas ce terme, mais un acte évolutionnaire, une rénovation. Rénovation, car nous sommes de ceux-là qui pensent que l'idée vit et revit…
Ensuite, la faim ! Quand elle parle, la planète se retient et l'écoute. Toute la planète en souffre mais c'est l'Afrique qui en pâtit le plus. Cette situation générale amène aujourd'hui tous les peuples à se dresser, à tort ou à raison, contre l'autorité et à lui réclamer du pain. Or, partout dans le monde, le pouvoir d'achat pose problème et les céréales coûtent cher. Difficile de résister aux cours mondiaux et de garder, en même temps, la foi intacte.
Enfin, les énergies ! Et l'on constate que se pose, avec acuité, le débat sur l'expansion et la maîtrise du nucléaire. Un regain d'intérêt suscité par le fait qu'il «existe trois facteurs : la croissance de la demande énergétique, les préoccupations de plus en plus nombreuses en ce qui concerne la sécurité énergétique et les défis des changements climatiques», disait-on à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique.
Cinquante ans après l'initiative «des atomes pour la paix», l'heure est venue d'élaborer un nouveau cadre de travail pour l'utilisation de l'énergie nucléaire». Un regain d'intérêt également suscité par les spéculations sur le pétrole et le gaz dont les coûts posent un réel problème de survie : une grosse épine dans les pieds du monde ainsi qu'une résistante interrogation pour les prospecteurs : et si le litre d'essence coûtait mille dollars ?
Finalement, le fait est là : on se rend compte que société civile et société politique ont littéralement échoué en voulant trop jouer avec les maux. Un revers se traduisant et s'expliquant aussi par trois facteurs : le vertige des populations face à la tortuosité politicienne, l'essoufflement d'une société civile trop présente aux côtés des politiques et pas assez efficace aux côtés des citoyens ainsi que l'urgence d'une «revanche des minorités hors du parc à thèmes». Et sous ce rapport, nous ne nous attendons pas à ce que ces pans entiers de la démocratie sénégalaise arrivent à prononcer, si vite, leur mot de la faim - leur mot de la fin plutôt- et, par la suite, s'écroulent comme un château de carte devant la prise de décision courageuse, conséquente et pratique des minorités d’idées et d’action, capables de prendre en main les destinées inhérentes au développement du Sénégal.
Pour autant, où trouver ces minorités ? Elles sont dans la culture, les sports, le social, l'économie, l'administration nationale, la gouvernance mondiale. Ce sont ces minorités qui, seules et loin de tout soupçon d'appartenance, sont à même de mener à bien les destinées inhérentes à la survie de la démocratie sénégalaise, par la voie des urnes bien entendu. D'autant qu'en ce millénaire présent, elles semblent plus proches des nouvelles réalités d'exercice du pouvoir que les vaincus de l'espace public qui, malheureusement, ont tout rendu politique au point de fossoyer l'esprit de la démocratie.
Assurément, de ce millénaire présent, est apparu un management démocratique tout autre. Aujourd'hui, comme tout le monde doit le comprendre ou plutôt comme tout le monde est appelé à le savoir, le tout politique est aussi bien dans la proscription que dans l'antériorité. Elle est dépassée et est hors contexte. Seule la production vivrière et énergétique est d'actualité.
En tout cas, c'est ce que, sans ambages, le monde de la consommation semble vouloir apporter comme réplique à la crise alimentaire qui, si l'on en croit les prospecteurs, a de beaux jours devant elle. Et sur cette question corrélative à la survie, nous ne pensons pas que les citoyens puissent continuer, plus profondément, à tremper dans l'erreur : le fait de croire que seules les sociétés civile et politique peuvent diriger.
Evidemment, après le changement, le Sénégal devait verser dans l'évolution. Parce que tout a été déjà dit, parce que tout a été déjà fait en matière de débat… Restait seulement à mettre en forme. A défaut, il lui était difficile de survivre aux nouvelles lois du marché politique et économique, imposant la meilleure gouvernance, si l'on sait que le Sénégal est parmi les cinquante pays les plus pauvres au monde. Et puis, loin d'incarner une forme politique nouvelle ou unique, le Sénégal est un Etat-nation traditionnel, même s'il est vrai qu'il n'en a pas toujours été ainsi.
A l'époque du changement, le Sénégal semblait s'orienter vers un nouveau type de régime politique radicalement partagé, allégrement apprécié. Et tout le monde, dans un même élan, apprécia ce qu'il découvrit alors. Mais, sitôt après, tout le monde entrevit également qu'il fallait apporter des solutions aux délestages, aux inondations, à l’emploi des jeunes… Pour ce faire, nous, les tenants du Mouvement Citoyen Beug Sénégal (Bs-Bessal), avons assurément beaucoup plus à nous réorienter vers la praxis et à apprendre de la crise actuelle que de nous divertir par le flottement démocratique. C'est pourquoi, nous disons que l'heure est venue de nous préparer pour « un Sénégal éclairé ».
Fait à Dakar, le 05 octobre 2010
Mouvement citoyen Beug Sénégal (Bs-Bessal)