Chère lionne,
Nous ne nous connaissons pas certes. Mais permets-moi, dans cette lettre ouverte qui t’est destinée, de te tutoyer. Pour t’écrire, ma plume se noie dans de la colère noire conséquence d’une rage justifiée. Elle est trempée dans de l’encre rouge qui fonde mon engagement face à mon indignation. Je viens de finir la relecture du livre de Abdou Latif Coulibaly : « La République abîmée, Edition Sentinelles ». Le journaliste de profession, aujourd’hui ministre de la bonne gouvernance, y adresse une lettre posthume à Abdoulaye Wade Wingou. Il y dénonce la barbarie de la police qui a torturé à mort cet homonyme de Abdoulaye Wade, ancien chef de l’Etat, et qui ne demandait qu’à vivre. Le journaliste y peint une image désolante du régime de Wade fait d’inversions de valeurs et de décadences à tous les niveaux. Il a pris exemple de la colère de Stéphane Hessel pour prendre la plume. Puisant aujourd’hui mon engagement d’une colère similaire, je l’interpelle sur ton cas aujourd’hui, puisqu’il est désormais parmi les dirigeants de l’actuel régime.
Auparavant, je ne pourrai passer sous silence ces joies à répétition que tu m’as procurées. Je me souviens encore de ces nuits de ramadan, durant lesquelles après la rupture du jeûne, je me déplaçais de la Sicap rue 10 au stadium Marius Ndiaye pour admirer et soutenir la bande de talentueuses basketteuses que vous formiez. Je me souviens de cette finale contre le Mali que vous aviez perdue non sans vous battre jusqu’à la dernière minute. Fouillant encore plus loin dans mon esprit, je me souviens de mes premières années à l’université Cheikh Anta Diop où, très souvent, seule sur le terrain qui faisait (et qui fait toujours) face au pavillon A, tu t’entraînais. J’admirais déjà ton adresse mais surtout ta détermination malgré ton très jeune âge à l’époque. Sans être un féru de basketball, je me disais que tu deviendrais une talentueuse basketteuse. Ton abnégation me permettait de le penser. Je ne me privais jamais de sacrifier quelques minutes à te regarder jeter des paniers avant d’aller faire mes cours ou aux retours de l’amphithéâtre. Quand tu as rejoint l’équipe première de Dakar Université Club (DUC) tu as montré tout ton talent, ton engagement et ton esprit d’équipe. En vraie meneuse, déroulant la stratégie du coach, tu as gagné des titres avec le DUC puis avec l’équipe du Sénégal. Auréolée ainsi de titres, tu parts monnayer ton talent à l’international. Même de là-bas, tu n’as jamais cessé de penser à ton pays. Tu as toujours répondu présente quand l’équipe nationale avait besoin de toi. Cela se lisait dans tes yeux, que tu étais fier de porter les couleurs de ton pays ; cela se voyait que pour toi c’était un honneur, un sacerdoce plus qu’une fin !
Tu es alors devenue la talentueuse basketteuse que j’imaginais. Tu as servi avec courage, détermination et patriotisme ton pays jusqu’à ce que le destin décide que tu te blesses à Maputo sous les couleurs de l’équipe nationale. Mais, les autorités si promptes à gaspiller inutilement l’argent du contribuable, ont décidé de t’ignorer, de te laisser à ton triste sort. Je m’indigne de cette situation plus que ne s’est indigné l’actuel Ministre de la bonne gouvernance après la mort du jeune Abdoulaye Wade Wingou. Le gouvernement, dont il fait partie, a décidé de laisser sur la touche une patriote qui s’est blessée en servant la Nation. Tu es aujourd’hui seule Mame Diodio. Seule dans ta douleur et tout comme moi tu te poses naturellement des questions sur l’utilité des pouvoirs publics surtout sur leur rôle dans de pareils cas. Tu as raison. Ils sont d’aucune utilité. Face à l’urgence ou face à l’impérieuse nécessité de servir leurs compatriotes, ils se débinent, préférant le folklore et le populisme pour des raisons purement électoraliste. Et pourtant, le Président de la République, au-delà du Ministre du Sport, dispose de fonds politiques destinés aux urgences et aux impérieuses nécessités. L’honorable député, Thierno Bocoum, a révélé le montant exact qui est de 10 663 908 000 FCFA. Le décaissement de ces fonds politiques ne répond pas aux lourdeurs administratives connues. Aucune comptabilité n’est exigée pour sa gestion. Ton cas pourrait bien l’intéresser afin qu’il t’aide à sortir de la situation délicate où tu te trouves. Mais, il préfère aller en France et demander à ses militants de lui donner un second mandat alors que pendant celui en cours, des sénégalais, dont toi, ont besoin de lui pour encore exister, se faire plaisir avec ce qu’ils savent faire de mieux, faire plaisir à leurs proches et faire plaisir à tout un peuple en servant leur pays. Il a distribué à ses militants basés en France, 100 millions de FCFA au mois de Novembre 2013 avant d’en rajouter 80 autres millions lors de sa visite du mois de Décembre de la même année. Lors des conseils des ministres décentralisés tenus à Kolda et à Tamba, le généreux président a offert des dizaines de millions aux chefs religieux de ces localités. . Encore une démarche politicienne sans aucun intérêt pour le commun des sénégalais. Voilà Diodio ce qu’est ton pays. Les pouvoirs publics ne s’intéressent point à ceux qui servent la Nation encore moins aux innombrables autres personnes, dans le total anonymat qui, désespérément, cherchent du soutien.
Je le répète Mame Diodio, ton cas m’indigne et me donne encore plus de raisons de m’engager pour la disparition de ces comportements inacceptables. Saches, que je ne m’arrêterai pas qu’à poser ma main sur ton épaule pour te demander de rester forte, d’avoir foi en Dieu et d’être patiente. Je serai ta porte voix. Je ferai en sorte que les pouvoirs publics reviennent à la raison, pensent aux peuples qu’ils doivent assister pour que ton cas ainsi que ceux semblables au tien soient pris en charge.
Tu t’es faite un nom dans le basketball sénégalais et mondial. Tu t’es crue dans l’obligation de venir servir ta Nation et ton pays a décidé de t’abandonner. Que devrais-tu alors penser de ton pays et des pouvoirs publics ? Evidemment, tu penses comme moi. Tu t’indignes ! Tout est réuni pour que tu leur en veules. Mais, saches qu’il y a plusieurs autres compatriotes comme moi qui ne t’oublient pas dans leurs prières. Tu peux compter sur notre soutien indéfectible. Ton combat sera le nôtre !
Bien de bonne choses à toi chère lionne et ne perds pas confiance.
Abdou KEBE
cadresenegal@gmail.com
Nous ne nous connaissons pas certes. Mais permets-moi, dans cette lettre ouverte qui t’est destinée, de te tutoyer. Pour t’écrire, ma plume se noie dans de la colère noire conséquence d’une rage justifiée. Elle est trempée dans de l’encre rouge qui fonde mon engagement face à mon indignation. Je viens de finir la relecture du livre de Abdou Latif Coulibaly : « La République abîmée, Edition Sentinelles ». Le journaliste de profession, aujourd’hui ministre de la bonne gouvernance, y adresse une lettre posthume à Abdoulaye Wade Wingou. Il y dénonce la barbarie de la police qui a torturé à mort cet homonyme de Abdoulaye Wade, ancien chef de l’Etat, et qui ne demandait qu’à vivre. Le journaliste y peint une image désolante du régime de Wade fait d’inversions de valeurs et de décadences à tous les niveaux. Il a pris exemple de la colère de Stéphane Hessel pour prendre la plume. Puisant aujourd’hui mon engagement d’une colère similaire, je l’interpelle sur ton cas aujourd’hui, puisqu’il est désormais parmi les dirigeants de l’actuel régime.
Auparavant, je ne pourrai passer sous silence ces joies à répétition que tu m’as procurées. Je me souviens encore de ces nuits de ramadan, durant lesquelles après la rupture du jeûne, je me déplaçais de la Sicap rue 10 au stadium Marius Ndiaye pour admirer et soutenir la bande de talentueuses basketteuses que vous formiez. Je me souviens de cette finale contre le Mali que vous aviez perdue non sans vous battre jusqu’à la dernière minute. Fouillant encore plus loin dans mon esprit, je me souviens de mes premières années à l’université Cheikh Anta Diop où, très souvent, seule sur le terrain qui faisait (et qui fait toujours) face au pavillon A, tu t’entraînais. J’admirais déjà ton adresse mais surtout ta détermination malgré ton très jeune âge à l’époque. Sans être un féru de basketball, je me disais que tu deviendrais une talentueuse basketteuse. Ton abnégation me permettait de le penser. Je ne me privais jamais de sacrifier quelques minutes à te regarder jeter des paniers avant d’aller faire mes cours ou aux retours de l’amphithéâtre. Quand tu as rejoint l’équipe première de Dakar Université Club (DUC) tu as montré tout ton talent, ton engagement et ton esprit d’équipe. En vraie meneuse, déroulant la stratégie du coach, tu as gagné des titres avec le DUC puis avec l’équipe du Sénégal. Auréolée ainsi de titres, tu parts monnayer ton talent à l’international. Même de là-bas, tu n’as jamais cessé de penser à ton pays. Tu as toujours répondu présente quand l’équipe nationale avait besoin de toi. Cela se lisait dans tes yeux, que tu étais fier de porter les couleurs de ton pays ; cela se voyait que pour toi c’était un honneur, un sacerdoce plus qu’une fin !
Tu es alors devenue la talentueuse basketteuse que j’imaginais. Tu as servi avec courage, détermination et patriotisme ton pays jusqu’à ce que le destin décide que tu te blesses à Maputo sous les couleurs de l’équipe nationale. Mais, les autorités si promptes à gaspiller inutilement l’argent du contribuable, ont décidé de t’ignorer, de te laisser à ton triste sort. Je m’indigne de cette situation plus que ne s’est indigné l’actuel Ministre de la bonne gouvernance après la mort du jeune Abdoulaye Wade Wingou. Le gouvernement, dont il fait partie, a décidé de laisser sur la touche une patriote qui s’est blessée en servant la Nation. Tu es aujourd’hui seule Mame Diodio. Seule dans ta douleur et tout comme moi tu te poses naturellement des questions sur l’utilité des pouvoirs publics surtout sur leur rôle dans de pareils cas. Tu as raison. Ils sont d’aucune utilité. Face à l’urgence ou face à l’impérieuse nécessité de servir leurs compatriotes, ils se débinent, préférant le folklore et le populisme pour des raisons purement électoraliste. Et pourtant, le Président de la République, au-delà du Ministre du Sport, dispose de fonds politiques destinés aux urgences et aux impérieuses nécessités. L’honorable député, Thierno Bocoum, a révélé le montant exact qui est de 10 663 908 000 FCFA. Le décaissement de ces fonds politiques ne répond pas aux lourdeurs administratives connues. Aucune comptabilité n’est exigée pour sa gestion. Ton cas pourrait bien l’intéresser afin qu’il t’aide à sortir de la situation délicate où tu te trouves. Mais, il préfère aller en France et demander à ses militants de lui donner un second mandat alors que pendant celui en cours, des sénégalais, dont toi, ont besoin de lui pour encore exister, se faire plaisir avec ce qu’ils savent faire de mieux, faire plaisir à leurs proches et faire plaisir à tout un peuple en servant leur pays. Il a distribué à ses militants basés en France, 100 millions de FCFA au mois de Novembre 2013 avant d’en rajouter 80 autres millions lors de sa visite du mois de Décembre de la même année. Lors des conseils des ministres décentralisés tenus à Kolda et à Tamba, le généreux président a offert des dizaines de millions aux chefs religieux de ces localités. . Encore une démarche politicienne sans aucun intérêt pour le commun des sénégalais. Voilà Diodio ce qu’est ton pays. Les pouvoirs publics ne s’intéressent point à ceux qui servent la Nation encore moins aux innombrables autres personnes, dans le total anonymat qui, désespérément, cherchent du soutien.
Je le répète Mame Diodio, ton cas m’indigne et me donne encore plus de raisons de m’engager pour la disparition de ces comportements inacceptables. Saches, que je ne m’arrêterai pas qu’à poser ma main sur ton épaule pour te demander de rester forte, d’avoir foi en Dieu et d’être patiente. Je serai ta porte voix. Je ferai en sorte que les pouvoirs publics reviennent à la raison, pensent aux peuples qu’ils doivent assister pour que ton cas ainsi que ceux semblables au tien soient pris en charge.
Tu t’es faite un nom dans le basketball sénégalais et mondial. Tu t’es crue dans l’obligation de venir servir ta Nation et ton pays a décidé de t’abandonner. Que devrais-tu alors penser de ton pays et des pouvoirs publics ? Evidemment, tu penses comme moi. Tu t’indignes ! Tout est réuni pour que tu leur en veules. Mais, saches qu’il y a plusieurs autres compatriotes comme moi qui ne t’oublient pas dans leurs prières. Tu peux compter sur notre soutien indéfectible. Ton combat sera le nôtre !
Bien de bonne choses à toi chère lionne et ne perds pas confiance.
Abdou KEBE
cadresenegal@gmail.com