Wilton Place, Londres. Dans cette petite rue calme du quartier de Knightsbridge, à deux pas de Harrod's et de Hyde Park, la famille Moubarak serait toujours propriétaire via des sociétés basées dans des paradis fiscaux d'une résidence évaluée à quelque 10 millions d'euros. Une autre propriété londonienne du quartier chic de Chelsea et plusieurs sociétés enregistrées dans la capitale britannique feraient partie d'avoirs de l'entourage de l'ancien dictateur égyptien au Royaume-Uni qui auraient échappé au gel imposé par les sanctions internationales adoptées contre le régime.
La Grande-Bretagne aurait négligé de saisir pour plusieurs millions de dollars d'avoirs liés à l'ancien régime tombé en février 2011, accusé d'avoir détourné des milliards de dollars, selon une enquête qui devait être diffusée sur la BBC télévision lundi soir, en partenariat avec le Guardian et al-Hayat. Le fils et dauphin annoncé du raïs, Gamal Moubarak, aujourd'hui en détention provisoire au Caire, aurait profité de privatisations de biens égyptiens pour s'enrichir.
La maison de Wilton Place figure comme adresse sur le certificat de naissance de sa fille, née à Londres en 2010, ainsi que sur les registres d'une société dont il est référencé comme administrateur. Le fonds d'investissement MedInvest Associates, cofondé par Gamal Moubarak, détenu par une société chypriote, est resté actif jusqu'en février de cette année.
Les intérêts de la City
Les autorités égyptiennes accusent le gouvernement britannique de traîner les pieds dans la traque des avoirs du régime déchu. Selon le chef de l'Autorité égyptienne de l'enrichissement illicite, «le gouvernement britannique ne veut faire aucun effort pour recouvrer les sommes en question, il nous demande de lui donner des preuves».
Après la chute de Hosni Moubarak, Londres a attendu 37 jours pour mettre en place un gel des avoirs égyptiens, un délai permettant à certains de ces investissements d'être transférés dans des pays tiers, alors que la Suisse agissait immédiatement. Au total la Grande-Bretagne a saisi environ 85 millions de livres (107 millions d'euros) de biens appartenant au couple présidentiel, à leurs deux fils et à 15 autres membres du régime.
Par contraste, le montant des avoirs gelés par la Suisse est passé de 270 millions de livres (340 millions d'euros) en février 2011 à 470 millions de livres (562 millions d'euros) aujourd'hui. Plus de vingt policiers suisses enquêtent sur le sujet.
«Le Royaume-Uni est l'un des pires pays quand il s'agit de rechercher et de geler les avoirs égyptiens», dénonce le ministre de la Justice du Caire, Mohammed Mahsoub. Selon les critiques, Londres préfère privilégier l'attractivité de la City pour abriter les fortunes du Moyen-Orient plutôt que d'appliquer à la lettre la justice internationale.
Le Foreign Office dit «comprendre le sentiment en Égypte sur cette question» et assure «travailler en lien étroit avec les autorités égyptiennes pour identifier et bloquer les biens déclarés comme volés par les tribunaux locaux».
Par Florentin Collomp
La Grande-Bretagne aurait négligé de saisir pour plusieurs millions de dollars d'avoirs liés à l'ancien régime tombé en février 2011, accusé d'avoir détourné des milliards de dollars, selon une enquête qui devait être diffusée sur la BBC télévision lundi soir, en partenariat avec le Guardian et al-Hayat. Le fils et dauphin annoncé du raïs, Gamal Moubarak, aujourd'hui en détention provisoire au Caire, aurait profité de privatisations de biens égyptiens pour s'enrichir.
La maison de Wilton Place figure comme adresse sur le certificat de naissance de sa fille, née à Londres en 2010, ainsi que sur les registres d'une société dont il est référencé comme administrateur. Le fonds d'investissement MedInvest Associates, cofondé par Gamal Moubarak, détenu par une société chypriote, est resté actif jusqu'en février de cette année.
Les intérêts de la City
Les autorités égyptiennes accusent le gouvernement britannique de traîner les pieds dans la traque des avoirs du régime déchu. Selon le chef de l'Autorité égyptienne de l'enrichissement illicite, «le gouvernement britannique ne veut faire aucun effort pour recouvrer les sommes en question, il nous demande de lui donner des preuves».
Après la chute de Hosni Moubarak, Londres a attendu 37 jours pour mettre en place un gel des avoirs égyptiens, un délai permettant à certains de ces investissements d'être transférés dans des pays tiers, alors que la Suisse agissait immédiatement. Au total la Grande-Bretagne a saisi environ 85 millions de livres (107 millions d'euros) de biens appartenant au couple présidentiel, à leurs deux fils et à 15 autres membres du régime.
Par contraste, le montant des avoirs gelés par la Suisse est passé de 270 millions de livres (340 millions d'euros) en février 2011 à 470 millions de livres (562 millions d'euros) aujourd'hui. Plus de vingt policiers suisses enquêtent sur le sujet.
«Le Royaume-Uni est l'un des pires pays quand il s'agit de rechercher et de geler les avoirs égyptiens», dénonce le ministre de la Justice du Caire, Mohammed Mahsoub. Selon les critiques, Londres préfère privilégier l'attractivité de la City pour abriter les fortunes du Moyen-Orient plutôt que d'appliquer à la lettre la justice internationale.
Le Foreign Office dit «comprendre le sentiment en Égypte sur cette question» et assure «travailler en lien étroit avec les autorités égyptiennes pour identifier et bloquer les biens déclarés comme volés par les tribunaux locaux».
Par Florentin Collomp