Le nouveau président nigérian, Muhammadu Buhari, a délivré son premier discours depuis la fin de l'élection présidentielle. L'ancien général s'engage à délivrer son pays de la terreur. Lors d'une cérémonie officielle, il s'est vu remettre une attestation certifiant sa victoire à la présidentielle avec près de 55% des voix.
C'était une petite cérémonie organisée dans le centre de conférences internationales, lieu dans lequel la commission électorale s'est installée pour annoncer les résultats de la présidentielle.
Tout a commencé avec l'hymne national, les présentations d'usage, puis le président de la commission électorale a remis un certificat qui confirme la victoire de Muhammadu Buhari. Le document ressemble à un diplôme, mais sa valeur est bien plus importante : il représente la preuve légale de la victoire de Buhari.
La séance est très symbolique. Puis, d'un air léger mais très concentré, Buhari s'approche du podium et prend la parole pour remercier les Nigérians de l'avoir élu. Il se présente comme un chef d'Etat rassembleur qui veut unir sa nation. Il s'adresse, dit-il, à ses partisans tout comme aux électeurs qui n'ont pas voté pour lui ou qui se sont abstenus.
Buhari, gage de crédibilité face à Boko Haram
Sur le fond, Buhari a présenté ses priorités : il veut redresser l'économie du pays et lutter contre la corruption : « Mon gouvernement sera à votre écoute, il prendra en considération toutes vos préoccupations. La corruption détruit notre économie, instaure des inégalités sociales. Cela ne fait qu'enrichir une partie de la population. A terme, cela pousse à sous-estimer la démocratie car les personnes corrompues ont amassé tellement d'argent qu'elles pensent être intouchables, mais je veux lutter contre cela. La corruption n'aura pas sa place dans mon administration. »
Autre énorme priorité : « Je vous assure que Boko Haram sera très bientôt réduit à néant », a-t-il lancé devant un parterre d'officiels. Pour cela, il s'engage à renforcer les moyens logistiques et financiers des militaires.
Buhari s'est engagé à ramener la paix et selon un observateur joint par RFI, cette promesse est un signe positif. En tant qu'ancien général de l'armée, explique cette source, Buhari est un gage de crédibilité pour les soldats. Pour ce chercheur, l'engagement de Buhari répond à des attentes exprimées par des populations du nord du pays qui'il connaît bien puisque c'est sa zone d'origine.
Des attentes dans de nombreux domaines
Mais les attentes ne sont pas seulement nombreuses dans le Nord, elles sont aussi exigeantes dans les grandes villes du sud, comme à Lagos, la capitale économique.
Là-bas, c'est quand les générateurs s'interrompent qu'on réalise à quel point leur bruit lancinant est si pesant. Les pauses sont pourtant rares, dans une mégalopole qui n'offre que quelques minutes d'électricité par jour à ses habitants. Avec l'arrivée au pouvoir de Muhammadu Buhari, Monday espère bien se simplifier la vie et faire des économies.
« On souffre avec cette lumière. Rien que pour moi, je dépense 1000 nairas [environ 5 euros]tous les jours pour acheter du fuel et avoir de l'électricité ! Donc on en a besoin, s'il peut le faire pour nous. »
Et puis il y a ceux et celles qui ont voté pour Goodluck Jonathan, comme Eucharia. La déception passée, la jeune femme confie son admiration pour le président nigérian qui a admis sa défaite, et son scepticisme à l'égard de son successeur : « En tant que chef avisé, il a vraiment bien fait, parce qu'il avait la possibilité de s'emparer des résultats et les tourner à son avantage, mais il ne l'a pas fait pour que le pays reste en paix. Donc j'apprécie vraiment, et je suis fière de lui. Monsieur Buhari a promis le changement, mais on ne sait pas vraiment ce qu'il va pouvoir faire parce qu'il est assez âgé, 72 ans, donc j'attends de voir. »
Parmi les choses qu'Eucharia voudrait voir s'améliorer, il y a l'éducation : que l'université soit plus abordable pour permettre aux Nigérians issus de familles modestes comme la sienne de trouver un bon emploi.