La question de la candidature n’est toujours pas réglée au sein de Bennoo. Nous assistons à l’éternelle opposition entre Niasse et Tanor. Qui, à votre avis, s’effacera au profit de l’autre ?
Niasse l’a dit. Il ne sera candidat que lorsqu’il sera désigné par Bennoo. Si on interroge cette déclaration, cela veut dire que Niasse est candidat à la candidature unique de Bennoo. Les autres n’ont pas fait de déclaration de cette nature. De toute façon, on se rend compte qu’ils ont des espérances d’être désignés candidats uniques ou candidat de l’unité. Cela nous emmène à réfléchir sur la signification des déclarations de Me Aïssata Tall Sall et de Khalifa Sall. Tous les deux ont dit qu’Ousmane Tanor Dieng n’est pas le candidat naturel du Parti socialiste. Autrement dit, le Ps n’a pas mis en place une procédure de désignation de candidat. De façon générale, depuis Senghor, c’est le secrétaire général qui est le candidat naturel du Ps. En 2007, Tanor a perpétué la tradition. Je pense qu’il y a des non dits dans cette affirmation. C’est une adresse au fonds à Bennoo. S’ils tordent le bras à Tanor au point de le faire accepter de ne pas être candidat : que Tanor sache qu’il n’est pas candidat naturel.
De toute façon, ce parti présentera un candidat qui sera peut être le candidat unique de Bennooo. Ou alors, le Ps trouvera son candidat naturel et cela veut dire que quelque soit le cas de figure, le Ps présentera un candidat en 2012. Les choses étaient claires au départ mais il y a au sein de Bennoo un certain nombre de tenants de discours d’une unité presque angélique à laquelle ils pensent parvenir par des incantations plus que par l’analyse et la réflexion.
Pourquoi dites-vous que les choses étaient claires au départ ?
Il était dès le part perceptible que l’équation Bennoo était irréductible. Et on ne peut pas, par réduction, arriver à un candidat unique. Il fallait donc savoir jusqu’où on pouvait réduire cette équation et à partir de là distribuer les rôles. C’est élémentaire de comprendre que le Ps, le plus ancien, le plus structuré et le plus fort de Bennoo n’accepterait pas que son leader puisse se laisser doubler par quelqu’un qui serait d’un autre parti. Ou bien on tient compte de la réalité et on essaie de la maitriser en introduisant la négociation pour que, à défaut d’avoir un candidat unique, on réduise le pôle d’émergence des candidats à trois ou à quatre. Ou bien alors, on se projette dans un second tour en se disant que chacun aille de son côté. Je pense que c’est d’ailleurs la position des jeunes de la Ligue démocratique. Et cela est assez bizarre d’ailleurs parce qu’Abdoulaye Bathily est le tenant de la candidature unique. Le nouveau calcul qui est en train de profiler est : faisons en sorte qu’il y ait un second tour. Et le candidat de toute l’opposition sera celui qui aura fait le meilleur résultat au premier tour.
Comment expliquez-vous la présence d’Idrissa Seck au rassemblement du M23 à la Place de l’Obélisque ?
De toutes les façons, cela est totalement contradictoire par rapport à ses dernières déclarations. Idy a toujours dit que le Pds est son parti naturel. Quitte à se faire exclure, il restera toujours en bordure de ce parti, ne serait-ce que pour hériter d’un électorat qui se sera rendu compte que, vue l’âge du président, vaut mieux investir sur un candidat plus jeune. Mais je pense qu’Idrissa Seck s’est laissé prendre par l’ère du temps et par l’effet 23 juin qui a eu une ampleur et une vigueur telles que beaucoup ont pensé que le navire Pds était en perdition. Le 23 juillet, c’est quand même la matinée avant que la mobilisation des partisans de Wade ne fasse son effet à la Vdn. Idy Macky, Aminata Tall et Gadio se sont dit que le Pds est en rupture avec son leader. C’est ce qui explique qu’autant de personnalités issues du pouvoir libéral se retrouvent aujourd’hui avec l’opposition. Idrissa Seck a du penser que c’est par là que souffle le vent de l’histoire et c’est par là qu’il faut aller. Encore que c’était aussi au plan symbolique, pour un certain nombre de caciques libéraux, l’occasion d’une sorte de rupture solennelle et publique moins avec le Pds qu’avec le patriarche du Pds. Tous espèrent que s’il ne se déclare candidat, ils pourront bénéficier de cet électorat qu’ils ont côtoyé et qu’ils ont participé à bâtir. Aujourd’hui donc, ils rêvent d’être le champion en 2012.
Y’a-t-il un duel Idy-Macky qui se profile à l’horizon ?
En fait ce sont des duels multiples. Des duels d’abord entre Bennoo comme structure et les assises nationales comme structure. Bennoo, c’est quand même le Front Siggil Sénégal qui a inspiré les assises nationales qui ont eu une capacité de recrutement plus large qu’un regroupement de partis. Y ont également participé des syndicats, des mouvements de la société civile. Le travail que Bennoo avait assigné aux assises a fini par faire de ces instances à la fois un creuset de légitimité de tous ceux qui veulent combattre Abdoulaye Wade et le mur d’émergence de candidatures rivales. Ibrahima Fall était là au moment de l’ouverture des assises. Moussa Touré y a dirigé une Commission et peut être d’autres candidats vont émerger de ces assises. Celles-ci n’ont jamais accepté leur fonction non seulement politique au sens large mais politicienne au sens partisan. On peut dire que les assises ont été une instance de réflexion et de renforcement contre Abdoulaye Wade. Au point qu’elles ont parfois légiféré de façon consciente ou non, en ayant Wade comme repoussoir notamment quand elles disent que désormais nul ne peut succéder à son père. Ici, c’est clair, on parle de Karim Wade et de son père. La présence de Wade était tellement massive, de façon consciente ou non, dans les délibérations que ces assises devaient se percevoir comme une instance politique partisane orientée dans l’effort de destitution du régime d’Abdoulaye Wade. Mais elles ont voulu avoir cette position aérienne, d’être un lieu de convergence de Sénégalais différents. Fondamentalement, je crois que ces duels sont d’abord des duels de structures. Je peux même dire que les duels ont plombé Bennoo. Dès le départ, on a interrogé l’histoire commune de la séparation Niasse - Tanor pour démasquer un probable échec de la candidature unique. Donc, au plan des structures, il y a eu ces duels. De même qu’au plan des hommes.
Quel est, au niveau des hommes, le duel le plus marquant ?
Spécifiquement, Niasse et Tanor constituent le duel le plus marquant. S’y ajoute celui Idrissa Seck - Macky Sall. Même ce dernier duel se passe dans un espace plus large. Avec deux clones créés par Abdoulaye Wade. C’est quand même frappant de voir comment ces deux personnages ont tous été Premier ministre de Wade, maires de leurs villes, anciens directeur de campagne de Wade, anciens numéro 2 du Pds. Ils ont un parcours, à tout point de vue identique et, bien entendu, cela les prédisposent à une bagarre politique pour savoir lequel des deux sera l’héritier de Wade.
La floraison des candidatures indépendantes signifie-t-elle que la politique est discréditée ?
Il s’agit de personnages qui n’ont pas une haute idée des partis politiques. Le politique a enregistré des avertissements depuis au moins deux décennies. Je peux même dire depuis le temps que la presse encourage les partis politiques à s’appliquer l’alternance qu’ils revendiquent à cor et à cri. En dehors de ceux qui sont nés il y a deux ou quatre ans, les principaux partis politiques sont dirigés par de vieux messieurs qui sont là et qui n’envisagent même pas de quitter. Ce sont de gens qui, s’ils se font déposer, par hasard, par un Congrès, créent leur parti. Effectivement, les assises ont vu émerger des candidatures, des technocrates ou autres fonctionnaires internationaux. Cela, précisément par ce que ces gens savent que s’ils entraient dans un parti, ils n’en seraient jamais sortis investis. Et s’ils avaient créé des parti, ils auraient créé les conditions de naufrage qui ont fait que depuis 40 ans aucun parti politique, en de hors du Ps, n’est parti seul aux élections et les gagner.
Le parti politique poserait-il problème dans le Sénégal d’aujourd’hui ?
Exactement. Et cela peut s’expliquer. En faisant attention, on se rend compte que le parti politique n’est plus perçu comme un vecteur sûr et populaire pour gagner le pouvoir. Le parti de Macky Sall s’appelle Yaakar. C’est presque une dénomination de retrait au parti politique classique. Cheikh Tidiane Gadio crée un mouvement politique citoyen. Une autre façon de ne pas entrer dans les jeux des partis. Tel que connu au Sénégal, le parti politique est héritier du model bolchevique, soviétique, stalinien dirigé et dominé par son leader. C’est du centralisme démocratique. Ce ne sont pas des partis de débats. Tous les partis nés jusque dans les années 1990 sont des partis de centralisme démocratique inspiré par l’efficacité, à ses débuts, de partis communistes soviétiques. Même les partis libéraux comme le Pds, se construisent selon un model stalinien. Et c’est en cela que je pense que les candidats indépendants, pour cette fois-ci, pourraient bénéficier d’un autre regard de l’électorat qui s’est dépolitisé au profit de solutions immédiates. Y’en à marre », « Loy Jot jotna », etc. symbolisent cette politique de l’immédiateté. Nous sommes en train de voir reculer les visionnaires. Les partisans de Wade critiquent les autres pour ne pas avoir de programmes alors qu’à la veille de la présidentielle de 2000, Wade, répondant à un journaliste, disait n’avoir pas besoin de programme. Il me faut, disait Wade, une liste de projets et de réalisations à faire.
Aujourd’hui, les gens se méfient des visionnaires. Ce qu’ils veulent, c’est de l’électricité, du travail, que le coût de la vie soit réduit, autrement dit des solutions immédiates selon un agenda contrôlable. Nous sommes dons dans une culture de l’urgence et de la désillusion. On ne croit plus au politique en tant que quelqu’un qui travaille pour la prochaine génération. Comme dans la chanson de Jimmy Cliff, on veut des choses ici et maintenant.
(A suivre)
Entretien réalisé par Yollande Sarr, Jocelyne Ndiaye et Aziz Kâ lesenegalais.net
Niasse l’a dit. Il ne sera candidat que lorsqu’il sera désigné par Bennoo. Si on interroge cette déclaration, cela veut dire que Niasse est candidat à la candidature unique de Bennoo. Les autres n’ont pas fait de déclaration de cette nature. De toute façon, on se rend compte qu’ils ont des espérances d’être désignés candidats uniques ou candidat de l’unité. Cela nous emmène à réfléchir sur la signification des déclarations de Me Aïssata Tall Sall et de Khalifa Sall. Tous les deux ont dit qu’Ousmane Tanor Dieng n’est pas le candidat naturel du Parti socialiste. Autrement dit, le Ps n’a pas mis en place une procédure de désignation de candidat. De façon générale, depuis Senghor, c’est le secrétaire général qui est le candidat naturel du Ps. En 2007, Tanor a perpétué la tradition. Je pense qu’il y a des non dits dans cette affirmation. C’est une adresse au fonds à Bennoo. S’ils tordent le bras à Tanor au point de le faire accepter de ne pas être candidat : que Tanor sache qu’il n’est pas candidat naturel.
De toute façon, ce parti présentera un candidat qui sera peut être le candidat unique de Bennooo. Ou alors, le Ps trouvera son candidat naturel et cela veut dire que quelque soit le cas de figure, le Ps présentera un candidat en 2012. Les choses étaient claires au départ mais il y a au sein de Bennoo un certain nombre de tenants de discours d’une unité presque angélique à laquelle ils pensent parvenir par des incantations plus que par l’analyse et la réflexion.
Pourquoi dites-vous que les choses étaient claires au départ ?
Il était dès le part perceptible que l’équation Bennoo était irréductible. Et on ne peut pas, par réduction, arriver à un candidat unique. Il fallait donc savoir jusqu’où on pouvait réduire cette équation et à partir de là distribuer les rôles. C’est élémentaire de comprendre que le Ps, le plus ancien, le plus structuré et le plus fort de Bennoo n’accepterait pas que son leader puisse se laisser doubler par quelqu’un qui serait d’un autre parti. Ou bien on tient compte de la réalité et on essaie de la maitriser en introduisant la négociation pour que, à défaut d’avoir un candidat unique, on réduise le pôle d’émergence des candidats à trois ou à quatre. Ou bien alors, on se projette dans un second tour en se disant que chacun aille de son côté. Je pense que c’est d’ailleurs la position des jeunes de la Ligue démocratique. Et cela est assez bizarre d’ailleurs parce qu’Abdoulaye Bathily est le tenant de la candidature unique. Le nouveau calcul qui est en train de profiler est : faisons en sorte qu’il y ait un second tour. Et le candidat de toute l’opposition sera celui qui aura fait le meilleur résultat au premier tour.
Comment expliquez-vous la présence d’Idrissa Seck au rassemblement du M23 à la Place de l’Obélisque ?
De toutes les façons, cela est totalement contradictoire par rapport à ses dernières déclarations. Idy a toujours dit que le Pds est son parti naturel. Quitte à se faire exclure, il restera toujours en bordure de ce parti, ne serait-ce que pour hériter d’un électorat qui se sera rendu compte que, vue l’âge du président, vaut mieux investir sur un candidat plus jeune. Mais je pense qu’Idrissa Seck s’est laissé prendre par l’ère du temps et par l’effet 23 juin qui a eu une ampleur et une vigueur telles que beaucoup ont pensé que le navire Pds était en perdition. Le 23 juillet, c’est quand même la matinée avant que la mobilisation des partisans de Wade ne fasse son effet à la Vdn. Idy Macky, Aminata Tall et Gadio se sont dit que le Pds est en rupture avec son leader. C’est ce qui explique qu’autant de personnalités issues du pouvoir libéral se retrouvent aujourd’hui avec l’opposition. Idrissa Seck a du penser que c’est par là que souffle le vent de l’histoire et c’est par là qu’il faut aller. Encore que c’était aussi au plan symbolique, pour un certain nombre de caciques libéraux, l’occasion d’une sorte de rupture solennelle et publique moins avec le Pds qu’avec le patriarche du Pds. Tous espèrent que s’il ne se déclare candidat, ils pourront bénéficier de cet électorat qu’ils ont côtoyé et qu’ils ont participé à bâtir. Aujourd’hui donc, ils rêvent d’être le champion en 2012.
Y’a-t-il un duel Idy-Macky qui se profile à l’horizon ?
En fait ce sont des duels multiples. Des duels d’abord entre Bennoo comme structure et les assises nationales comme structure. Bennoo, c’est quand même le Front Siggil Sénégal qui a inspiré les assises nationales qui ont eu une capacité de recrutement plus large qu’un regroupement de partis. Y ont également participé des syndicats, des mouvements de la société civile. Le travail que Bennoo avait assigné aux assises a fini par faire de ces instances à la fois un creuset de légitimité de tous ceux qui veulent combattre Abdoulaye Wade et le mur d’émergence de candidatures rivales. Ibrahima Fall était là au moment de l’ouverture des assises. Moussa Touré y a dirigé une Commission et peut être d’autres candidats vont émerger de ces assises. Celles-ci n’ont jamais accepté leur fonction non seulement politique au sens large mais politicienne au sens partisan. On peut dire que les assises ont été une instance de réflexion et de renforcement contre Abdoulaye Wade. Au point qu’elles ont parfois légiféré de façon consciente ou non, en ayant Wade comme repoussoir notamment quand elles disent que désormais nul ne peut succéder à son père. Ici, c’est clair, on parle de Karim Wade et de son père. La présence de Wade était tellement massive, de façon consciente ou non, dans les délibérations que ces assises devaient se percevoir comme une instance politique partisane orientée dans l’effort de destitution du régime d’Abdoulaye Wade. Mais elles ont voulu avoir cette position aérienne, d’être un lieu de convergence de Sénégalais différents. Fondamentalement, je crois que ces duels sont d’abord des duels de structures. Je peux même dire que les duels ont plombé Bennoo. Dès le départ, on a interrogé l’histoire commune de la séparation Niasse - Tanor pour démasquer un probable échec de la candidature unique. Donc, au plan des structures, il y a eu ces duels. De même qu’au plan des hommes.
Quel est, au niveau des hommes, le duel le plus marquant ?
Spécifiquement, Niasse et Tanor constituent le duel le plus marquant. S’y ajoute celui Idrissa Seck - Macky Sall. Même ce dernier duel se passe dans un espace plus large. Avec deux clones créés par Abdoulaye Wade. C’est quand même frappant de voir comment ces deux personnages ont tous été Premier ministre de Wade, maires de leurs villes, anciens directeur de campagne de Wade, anciens numéro 2 du Pds. Ils ont un parcours, à tout point de vue identique et, bien entendu, cela les prédisposent à une bagarre politique pour savoir lequel des deux sera l’héritier de Wade.
La floraison des candidatures indépendantes signifie-t-elle que la politique est discréditée ?
Il s’agit de personnages qui n’ont pas une haute idée des partis politiques. Le politique a enregistré des avertissements depuis au moins deux décennies. Je peux même dire depuis le temps que la presse encourage les partis politiques à s’appliquer l’alternance qu’ils revendiquent à cor et à cri. En dehors de ceux qui sont nés il y a deux ou quatre ans, les principaux partis politiques sont dirigés par de vieux messieurs qui sont là et qui n’envisagent même pas de quitter. Ce sont de gens qui, s’ils se font déposer, par hasard, par un Congrès, créent leur parti. Effectivement, les assises ont vu émerger des candidatures, des technocrates ou autres fonctionnaires internationaux. Cela, précisément par ce que ces gens savent que s’ils entraient dans un parti, ils n’en seraient jamais sortis investis. Et s’ils avaient créé des parti, ils auraient créé les conditions de naufrage qui ont fait que depuis 40 ans aucun parti politique, en de hors du Ps, n’est parti seul aux élections et les gagner.
Le parti politique poserait-il problème dans le Sénégal d’aujourd’hui ?
Exactement. Et cela peut s’expliquer. En faisant attention, on se rend compte que le parti politique n’est plus perçu comme un vecteur sûr et populaire pour gagner le pouvoir. Le parti de Macky Sall s’appelle Yaakar. C’est presque une dénomination de retrait au parti politique classique. Cheikh Tidiane Gadio crée un mouvement politique citoyen. Une autre façon de ne pas entrer dans les jeux des partis. Tel que connu au Sénégal, le parti politique est héritier du model bolchevique, soviétique, stalinien dirigé et dominé par son leader. C’est du centralisme démocratique. Ce ne sont pas des partis de débats. Tous les partis nés jusque dans les années 1990 sont des partis de centralisme démocratique inspiré par l’efficacité, à ses débuts, de partis communistes soviétiques. Même les partis libéraux comme le Pds, se construisent selon un model stalinien. Et c’est en cela que je pense que les candidats indépendants, pour cette fois-ci, pourraient bénéficier d’un autre regard de l’électorat qui s’est dépolitisé au profit de solutions immédiates. Y’en à marre », « Loy Jot jotna », etc. symbolisent cette politique de l’immédiateté. Nous sommes en train de voir reculer les visionnaires. Les partisans de Wade critiquent les autres pour ne pas avoir de programmes alors qu’à la veille de la présidentielle de 2000, Wade, répondant à un journaliste, disait n’avoir pas besoin de programme. Il me faut, disait Wade, une liste de projets et de réalisations à faire.
Aujourd’hui, les gens se méfient des visionnaires. Ce qu’ils veulent, c’est de l’électricité, du travail, que le coût de la vie soit réduit, autrement dit des solutions immédiates selon un agenda contrôlable. Nous sommes dons dans une culture de l’urgence et de la désillusion. On ne croit plus au politique en tant que quelqu’un qui travaille pour la prochaine génération. Comme dans la chanson de Jimmy Cliff, on veut des choses ici et maintenant.
(A suivre)
Entretien réalisé par Yollande Sarr, Jocelyne Ndiaye et Aziz Kâ lesenegalais.net