Point de rythmes endiablés de tam-tam et de tubes de mbalax distillés pour la circonstance par les chaînes à musique. L’appel d’un homme, micro à la main, haranguant la clientèle, qu’il tente de ferrer en ventant les tissus de son employeur, tombe dans l’oreille d’un sourd. Il est 11 heures au marché Sandaga, plus que quelques heures pour rompre définitivement d’avec le mois de Ramadan coïncidant avec la fête de Korité.
Les gens sont loin de l’ambiance qu’ils avaient l’habitude de vivre. L’opération de charme tourne court, malgré des rayons bien achalandés avec, notamment des brodés d’Autriche proposés à 10 000 francs Cfa le mètre. Le découragement se lit sur la mine affichée par certains commerçants. Le constat est unanime. Le grand rush n’est pas au rendez-vous. On peut s’aventurer dans les rues de ce marché, se frayer un chemin sans risque de se faire piétiner.
rencherissement des prix des denrees
La crise économique, avec le renchérissement des prix des denrées de première nécessité comme le riz, l’huile et l’électricité, plombe l’envol de ces marchés de la capitale. Un vendeur de chaussures ne dit pas le contraire en s’apitoyant sur son sort : «ça ne marche pas comme avant, les Sénégalais tirent le diable par la queue. A pareille époque, je pouvais me pavaner avec une recette de 50 000 francs par jour. Ce n’est plus possible. Je n’ai vendu, à l’heure où je vous parle, qu’une seule paire de chaussures», se lamente Modou Diène, croisé au marché des Hlm. Mouhamed Diagne, qui fait dans l’habillement, notamment dans le prêt-à-porter, enfonce le clou : «C’est devenu, pour moi, un véritable casse-tête chinois d’amasser 50 000 francs, contrairement à l’année dernière où je pouvais me retrouver avec 300 000 francs, le jour.» Une position partagée par Dame Ndao, vendeur de robes et de chaussures pour filles. «Les clients marchandent, mais n’achètent pas. Je ne désespère pas de les voir réagir, d’ici la fin du mois. A pareille heure, nous trouvions les portes de nos magasins prises d’assaut par une forte clientèle. Mais, aujourd’hui, à la limite, c’est nous qui courons presque derrière les gens pour les amener à arpenter nos magasins», constate amèrement le commerçant. Ce dernier dit garder, néanmoins, l’espoir de voir évoluer les choses d’ici l’ouverture prochaine des classes.
«CERTAINS COMMERÇANTS ONT FUI DAKAR POUR S’ETABLIR AU MALI»
Un tour chez un commerçant marocain d’origine sénégalaise, ayant pignon sur rue à l’avenue Lamine Guèye, avec son magasin de textiles, permet de se faire une idée des parts de marché perdues. Le commerçant les estime à 50 %. «C’est l’effet psychologique de la crise économique qui explique la dure situation vécue. Tout le monde dit que c’est cher», s’emporte notre interlocuteur qui pointe du doigt la concurrence malsaine menée par les Chinois à qui il impute la responsabilité d’avoir «détruit» Sandaga. «Le mètre de tissu qui coûtait 2 000 francs est rabaissé à 1 200 francs. Les pères et mères de familles préfèrent plutôt investir dans la bouffe que dans les tissus pour leurs enfants par ces durs temps», fait-il remarquer.
A quelques pâtés de magasins d’ici, se trouve un autre gros magasin de textiles. Derrière le comptoir, sa gérante est une libano-sénégalaise, née à Diourbel. La dame, habillée en pantalon noir et en chemise à courte manche de couleur marron, ruminant le regret, à la bouche, d’avoir déménagé de son Baol natal pour établir ses quartiers dans la capitale, depuis un mois, dresse un tableau sombre de la cartographie commerciale de Dakar. «L’heure est devenue grave. Certains magasins ont même fermé leurs portes. On dit que ça ne marche pas. Certains commerçants ont même fui Dakar pour aller s’établir au Mali. Le riz, l’électricité ont augmenté, et les pauvres qui n’ont rien à manger. Comment vont-ils faire», s’interroge la Libano-sénégalaise. Cette dure condition existentielle favorise, selon elle, les agressions. Elle en veut pour preuve l’agression dont a été victime un de ses compatriotes, dépouillé qu’il a été de ses 6 millions de francs Cfa et de son portable au moyen d’un pistolet.
HARO SUR LA FOLIE DEPENSIERE
Du côté des pères de familles, l’argument avancé pour ne plus verser dans la folie dépensière pour célébrer la Korité tient au fait que leurs préoccupations se situent ailleurs. La dame Anta Diouf, habitant Niayes Thioker, lance : «Nous sommes fatigués ! A quoi bon faire du gaspillage financier, si l’on sait qu’on doit faire face à la cherté du prix du riz, de l’huile et de l’électricité ? Je dois débourser 110 000 francs Cfa pour couvrir ma location, mes factures d’électricité et d’eau.» Cette dame soutient aussi qu’il est mieux pour elle de se battre pour nourrir ses enfants et de leur trouver des fournitures pour l’ouverture des classes, que de consacrer cet argent à la fête de Korité. Une vision partagée par un père de famille du nom de Mamadou Ngom, qui lance un cri de détresse en wolof : «Yeuf yi méti na lolou», entendez : «Les temps sont très durs.»
source le quotidien[
Les gens sont loin de l’ambiance qu’ils avaient l’habitude de vivre. L’opération de charme tourne court, malgré des rayons bien achalandés avec, notamment des brodés d’Autriche proposés à 10 000 francs Cfa le mètre. Le découragement se lit sur la mine affichée par certains commerçants. Le constat est unanime. Le grand rush n’est pas au rendez-vous. On peut s’aventurer dans les rues de ce marché, se frayer un chemin sans risque de se faire piétiner.
rencherissement des prix des denrees
La crise économique, avec le renchérissement des prix des denrées de première nécessité comme le riz, l’huile et l’électricité, plombe l’envol de ces marchés de la capitale. Un vendeur de chaussures ne dit pas le contraire en s’apitoyant sur son sort : «ça ne marche pas comme avant, les Sénégalais tirent le diable par la queue. A pareille époque, je pouvais me pavaner avec une recette de 50 000 francs par jour. Ce n’est plus possible. Je n’ai vendu, à l’heure où je vous parle, qu’une seule paire de chaussures», se lamente Modou Diène, croisé au marché des Hlm. Mouhamed Diagne, qui fait dans l’habillement, notamment dans le prêt-à-porter, enfonce le clou : «C’est devenu, pour moi, un véritable casse-tête chinois d’amasser 50 000 francs, contrairement à l’année dernière où je pouvais me retrouver avec 300 000 francs, le jour.» Une position partagée par Dame Ndao, vendeur de robes et de chaussures pour filles. «Les clients marchandent, mais n’achètent pas. Je ne désespère pas de les voir réagir, d’ici la fin du mois. A pareille heure, nous trouvions les portes de nos magasins prises d’assaut par une forte clientèle. Mais, aujourd’hui, à la limite, c’est nous qui courons presque derrière les gens pour les amener à arpenter nos magasins», constate amèrement le commerçant. Ce dernier dit garder, néanmoins, l’espoir de voir évoluer les choses d’ici l’ouverture prochaine des classes.
«CERTAINS COMMERÇANTS ONT FUI DAKAR POUR S’ETABLIR AU MALI»
Un tour chez un commerçant marocain d’origine sénégalaise, ayant pignon sur rue à l’avenue Lamine Guèye, avec son magasin de textiles, permet de se faire une idée des parts de marché perdues. Le commerçant les estime à 50 %. «C’est l’effet psychologique de la crise économique qui explique la dure situation vécue. Tout le monde dit que c’est cher», s’emporte notre interlocuteur qui pointe du doigt la concurrence malsaine menée par les Chinois à qui il impute la responsabilité d’avoir «détruit» Sandaga. «Le mètre de tissu qui coûtait 2 000 francs est rabaissé à 1 200 francs. Les pères et mères de familles préfèrent plutôt investir dans la bouffe que dans les tissus pour leurs enfants par ces durs temps», fait-il remarquer.
A quelques pâtés de magasins d’ici, se trouve un autre gros magasin de textiles. Derrière le comptoir, sa gérante est une libano-sénégalaise, née à Diourbel. La dame, habillée en pantalon noir et en chemise à courte manche de couleur marron, ruminant le regret, à la bouche, d’avoir déménagé de son Baol natal pour établir ses quartiers dans la capitale, depuis un mois, dresse un tableau sombre de la cartographie commerciale de Dakar. «L’heure est devenue grave. Certains magasins ont même fermé leurs portes. On dit que ça ne marche pas. Certains commerçants ont même fui Dakar pour aller s’établir au Mali. Le riz, l’électricité ont augmenté, et les pauvres qui n’ont rien à manger. Comment vont-ils faire», s’interroge la Libano-sénégalaise. Cette dure condition existentielle favorise, selon elle, les agressions. Elle en veut pour preuve l’agression dont a été victime un de ses compatriotes, dépouillé qu’il a été de ses 6 millions de francs Cfa et de son portable au moyen d’un pistolet.
HARO SUR LA FOLIE DEPENSIERE
Du côté des pères de familles, l’argument avancé pour ne plus verser dans la folie dépensière pour célébrer la Korité tient au fait que leurs préoccupations se situent ailleurs. La dame Anta Diouf, habitant Niayes Thioker, lance : «Nous sommes fatigués ! A quoi bon faire du gaspillage financier, si l’on sait qu’on doit faire face à la cherté du prix du riz, de l’huile et de l’électricité ? Je dois débourser 110 000 francs Cfa pour couvrir ma location, mes factures d’électricité et d’eau.» Cette dame soutient aussi qu’il est mieux pour elle de se battre pour nourrir ses enfants et de leur trouver des fournitures pour l’ouverture des classes, que de consacrer cet argent à la fête de Korité. Une vision partagée par un père de famille du nom de Mamadou Ngom, qui lance un cri de détresse en wolof : «Yeuf yi méti na lolou», entendez : «Les temps sont très durs.»
source le quotidien[