- Monsieur François Diatta que se passe-t-il exactement dans les rangs du MFDC?
- Ce matin nous avons assisté à une bataille interne qui a opposé les frères du maquis. Des combattants qui ont quitté César Attoute Badiate pour rejoindre le camp de Ousmane Nintang Diatta, le nouveau chef d’Etat-major d’Attika, ont été attaqués par les combattants restés fidèles à Cassolol.
- Mais pourquoi et comment en est-on arrivé à cette guerre fratricide?
- Des combattants se sont réunis et ont décidé de quitter le camp de César. Parce que ce dernier n’a pas voulu suivre ce que la Casamance a souhaité : à savoir la lutte pour son indépendance. Alors ses frères se sont réunis, de l’autre coté, en nommant Ousmane Niantang Diatta comme chef d’Etat-major et en reconduisant Mamadou Nkrumah Sané, au poste de Secrétaire général du MFDC. Le groupe de César étant mécontent, parce que n’ayant plus ni l’effectif ni la notoriété nécessaire au niveau de la Casamance, a décidé de se lancer dans une opération de sabotage tous azimuts en attaquant ses frères. Il fallait détruire systématiquement le groupe de Niantang, alors que ce dernier a clairement fait savoir qu’il ne veut pas de guerre entre frères. Il leur a dit: «notre seul ennemi est l’Etat du Sénégal qui nous occupe. Puisque nous ne voulons pas vous rejoindre, faites ce que vous voulez, attaquez à partir de Cassolol et rencontrons-nous à Ziguinchor.» Mais les gars de César, n’étant pas d’accord avec cette vision, ont préféré attaquer leurs frères. Mais, aujourd’hui, leur défaite est cuisante.
- Donc à peine installé dans son fauteuil de chef du maquis Niantang fait déjà face à deux fronts; l’armée sénégalaise et le camp de Cassolol?
- Oui, parce que César est en coalition avec l’armée sénégalaise! Il s’est toujours lié au Sénégal pour combattre ses frères. (César Attooute Badiate était aussi aux cotés de la coalition sénégalo-bissau-guinéenne pour débusquer Salif Sadio de son fief de Barkamandio, Ndlr)
- Disposez-vous du bilan des affrontements de ce jour?
- Non, pour l’instant je ne peux pas donner un bilan chiffré. Ce qui est clair, c’est que c’est à partir de onze heures -le lundi 26 juillet, Ndlr- que nous avons été informés de l’attaque. Et les combats ont duré jusqu’à 13 heures. Finalement, ce sont les agresseurs qui ont pris la tangente. Ce n’est pas une victoire d’un camp sur l’autre, et on ne peut que le regretter. Parce que ce sont des frères qui sont tombés. C’est lamentable. Mais César doit comprendre qu’il doit arrêter ses agissements, qu’il arrête nous ne sommes pas des ennemis!
- Les combats se sont déroulés dans quelle zone de la Casamance?
- Vers Mankamounka, aux alentours de Goudomp, donc vous voyez de quel côté ils sont sortis pour venir attaquer les gens. Et quand on sait que ce même César dit toujours qu’il n’a pas assez de balles pour combattre l’armée sénégalaise. Mais, si c’est pour attaquer ses frères, il a toujours des munitions. C’est vraiment contradictoire. Entre eux-mêmes, ils ne s’entendent pas. Parmi ceux qui sont restés avec lui, de nombreux combattants ne sont pas d’accord avec lui, avec cette manière de s’entretuer entre frères. Seuls quelques purs et durs de César encouragent pareils comportements. C’est comme une femme qui vous dit : «je ne vous aime plus, je ne veux plus être avec vous», et que vous essayez, par tous les moyens, de garder avec vous. C’est triste!
- Aujourd’hui, le gros de l’effectif de vos combattants est avec quel chef de guerre?
Le gros de l’effectif a quitté César parce que les gens en ont marre de la corruption du Sénégal dont il est l’agent. Ils ne veulent plus entendre que l’Etat -que nous sommes censés combattre- nous donne de l’argent et nous nourrit. Depuis longtemps, c’est le Sénégal qui achète des motopompes et des motos pour nos combattants, les nourrit et leur donne de l’argent. Et cela nous a fait perdre de la crédibilité. Comment comprendre que l’Etat du Sénégal -qui nous nourrit- puisse être considéré comme notre ennemi. C’est pour cela que 80% de l’effectif est parti avec Niantang. Et, c’est cela que César ne peut pas accepter. C’est pourquoi il a décidé de détruire ce que nous essayons de construire pour aller à l’objectif. César a dit que c’est Pierre Goudiaby Atépa qui est son porte-parole. Et quand on sait que ce même Atépa a clairement dit qu’il est contre l’indépendance de la Casamance, on peut facilement en déduire que César Attoute Badiate est contre l’indépendance de la Casamance. Donc, nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes.
- Hier c’était Salif Sadio qui avait été banni et traqué par ses frères, aujourd’hui c’est César Attoute Badiate qui est conspué. Finalement, pourquoi vos chefs militaires ne quittent jamais le commandement la tête haute. Qui sera le prochain banni sur la liste du MFDC?
- Mais non, mais non! Ecoutez, le MFDC, comme tout mouvement, n’arrêtera jamais de se chercher. Mais aujourd’hui, il a retrouvé son chemin tracé par ses pionniers et cela nous rend fiers. Nous avons retrouvé les pères fondateurs: Mamadou Nkrumah Sané et Ousmane Niantang Diatta. Le MFDC se porte bien et va devenir ce mouvement originel voulu et souhaité par le peuple de Casamance.
Babacar Touré
Correspondant permanent à Paris,
en liaison téléphonique avec le maquis casamançais.
- Ce matin nous avons assisté à une bataille interne qui a opposé les frères du maquis. Des combattants qui ont quitté César Attoute Badiate pour rejoindre le camp de Ousmane Nintang Diatta, le nouveau chef d’Etat-major d’Attika, ont été attaqués par les combattants restés fidèles à Cassolol.
- Mais pourquoi et comment en est-on arrivé à cette guerre fratricide?
- Des combattants se sont réunis et ont décidé de quitter le camp de César. Parce que ce dernier n’a pas voulu suivre ce que la Casamance a souhaité : à savoir la lutte pour son indépendance. Alors ses frères se sont réunis, de l’autre coté, en nommant Ousmane Niantang Diatta comme chef d’Etat-major et en reconduisant Mamadou Nkrumah Sané, au poste de Secrétaire général du MFDC. Le groupe de César étant mécontent, parce que n’ayant plus ni l’effectif ni la notoriété nécessaire au niveau de la Casamance, a décidé de se lancer dans une opération de sabotage tous azimuts en attaquant ses frères. Il fallait détruire systématiquement le groupe de Niantang, alors que ce dernier a clairement fait savoir qu’il ne veut pas de guerre entre frères. Il leur a dit: «notre seul ennemi est l’Etat du Sénégal qui nous occupe. Puisque nous ne voulons pas vous rejoindre, faites ce que vous voulez, attaquez à partir de Cassolol et rencontrons-nous à Ziguinchor.» Mais les gars de César, n’étant pas d’accord avec cette vision, ont préféré attaquer leurs frères. Mais, aujourd’hui, leur défaite est cuisante.
- Donc à peine installé dans son fauteuil de chef du maquis Niantang fait déjà face à deux fronts; l’armée sénégalaise et le camp de Cassolol?
- Oui, parce que César est en coalition avec l’armée sénégalaise! Il s’est toujours lié au Sénégal pour combattre ses frères. (César Attooute Badiate était aussi aux cotés de la coalition sénégalo-bissau-guinéenne pour débusquer Salif Sadio de son fief de Barkamandio, Ndlr)
- Disposez-vous du bilan des affrontements de ce jour?
- Non, pour l’instant je ne peux pas donner un bilan chiffré. Ce qui est clair, c’est que c’est à partir de onze heures -le lundi 26 juillet, Ndlr- que nous avons été informés de l’attaque. Et les combats ont duré jusqu’à 13 heures. Finalement, ce sont les agresseurs qui ont pris la tangente. Ce n’est pas une victoire d’un camp sur l’autre, et on ne peut que le regretter. Parce que ce sont des frères qui sont tombés. C’est lamentable. Mais César doit comprendre qu’il doit arrêter ses agissements, qu’il arrête nous ne sommes pas des ennemis!
- Les combats se sont déroulés dans quelle zone de la Casamance?
- Vers Mankamounka, aux alentours de Goudomp, donc vous voyez de quel côté ils sont sortis pour venir attaquer les gens. Et quand on sait que ce même César dit toujours qu’il n’a pas assez de balles pour combattre l’armée sénégalaise. Mais, si c’est pour attaquer ses frères, il a toujours des munitions. C’est vraiment contradictoire. Entre eux-mêmes, ils ne s’entendent pas. Parmi ceux qui sont restés avec lui, de nombreux combattants ne sont pas d’accord avec lui, avec cette manière de s’entretuer entre frères. Seuls quelques purs et durs de César encouragent pareils comportements. C’est comme une femme qui vous dit : «je ne vous aime plus, je ne veux plus être avec vous», et que vous essayez, par tous les moyens, de garder avec vous. C’est triste!
- Aujourd’hui, le gros de l’effectif de vos combattants est avec quel chef de guerre?
Le gros de l’effectif a quitté César parce que les gens en ont marre de la corruption du Sénégal dont il est l’agent. Ils ne veulent plus entendre que l’Etat -que nous sommes censés combattre- nous donne de l’argent et nous nourrit. Depuis longtemps, c’est le Sénégal qui achète des motopompes et des motos pour nos combattants, les nourrit et leur donne de l’argent. Et cela nous a fait perdre de la crédibilité. Comment comprendre que l’Etat du Sénégal -qui nous nourrit- puisse être considéré comme notre ennemi. C’est pour cela que 80% de l’effectif est parti avec Niantang. Et, c’est cela que César ne peut pas accepter. C’est pourquoi il a décidé de détruire ce que nous essayons de construire pour aller à l’objectif. César a dit que c’est Pierre Goudiaby Atépa qui est son porte-parole. Et quand on sait que ce même Atépa a clairement dit qu’il est contre l’indépendance de la Casamance, on peut facilement en déduire que César Attoute Badiate est contre l’indépendance de la Casamance. Donc, nous ne sommes pas sur la même longueur d’ondes.
- Hier c’était Salif Sadio qui avait été banni et traqué par ses frères, aujourd’hui c’est César Attoute Badiate qui est conspué. Finalement, pourquoi vos chefs militaires ne quittent jamais le commandement la tête haute. Qui sera le prochain banni sur la liste du MFDC?
- Mais non, mais non! Ecoutez, le MFDC, comme tout mouvement, n’arrêtera jamais de se chercher. Mais aujourd’hui, il a retrouvé son chemin tracé par ses pionniers et cela nous rend fiers. Nous avons retrouvé les pères fondateurs: Mamadou Nkrumah Sané et Ousmane Niantang Diatta. Le MFDC se porte bien et va devenir ce mouvement originel voulu et souhaité par le peuple de Casamance.
Babacar Touré
Correspondant permanent à Paris,
en liaison téléphonique avec le maquis casamançais.