Vous comprenez donc certainement, mon très cher compatriote, que dans ces conditions-là, il m’était difficile de tenir mon engagement. J’aurais pu d’ailleurs si, tôt le matin du jeudi, un délestage ne nous avait pas privé d’énergie électronique de 6 heures à mon départ de la maison, aux environs de 8 heures 25 minutes.
En tous les cas, vous avez dû lire la mise au point que j’ai finalement envoyée aux rédactions les plus significatives de la place, ainsi qu’à Seneweb et à xalima.com, quand je me suis rendu compte que Rewmi refusait de la publier.
C’est par la suite qu’on m’a signalé que vous avez donné votre point de vue sur l’affaire qui m’opposait à Monsieur Cheikh Amar, à leral.net. Je l’ai évidemment lu avec le maximum d’attention. C’est alors que je découvre que « vous connaissez profondément l’homme, depuis des années », « un homme foncièrement bon et honnête, un des hommes d’affaires sénégalais que (vous) respectez pour le connaître profondément ». J’étais très loin de m’imaginer cette donne quand j’échangeais avec vous au téléphone. Je pensais simplement que vous étiez une bonne volonté désintéressée, comme de nombreuses autres qui ont tenté d’ « éteindre l’incendie ».
Je vous rassure d’ores et déjà sur un point : je ne me hasarderai jamais à engager une quelconque polémique avec le journaliste émérite que vous êtes. Je manquerais d’arguments et y laisserais sûrement des plumes. Cette polémique ne s’impose d’ailleurs pas : personne ne peut vous reprocher de témoigner en faveur de cet homme pour lequel vous avez manifestement beaucoup de respect. C’est, en tout cas, ce qui ressort de votre texte.
Je remarque toutefois – et je pense que vous allez me le concéder –, que nombre de mes compatriotes sont loin, très loin d’être en grâce auprès de vous. C’est un peu la même impression que m’avait laissée votre confrère Marwane Ben Yahmed, au cours d’un échange que nous avons eu il y a environ deux ans. C’est aussi votre liberté de nous juger aussi sévèrement.
Pour ce qui me concerne en tout cas, je refuse catégoriquement qu’on inscrive ma modeste production intellectuelle dans « le climat sociopolitique » et « le mal sénégalais contemporain » dont vous avez fait état dans votre texte. « Cette propension à voir le mal partout, à monter la mayonnaise, à inoculer à tout et à n’importe quoi un parfum de scandale » ne m’a jamais habité. Il est vrai qu’on peut être tenté à tout moment par cette « propension », tant les scandales sont consubstantiels à l’immonde gouvernance de Me Wade. J’ai d’ailleurs l’habitude de le rappeler constamment dans mes textes. Je suis loin des « mauvaises polémiques », des « accusations malsaines », des « dénégations indignes », des « querelles de personnes » quand j’affirme avec force ceci : « La nauséabonde gouvernance libérale est jalonnée de scandales de toutes sortes, aussi graves les uns que les autres. Le moins grave de ces scandales est infiniment plus grave que ″l’Affaire du Watergate″ qui a coûté au président Richard Nixon sa démission forcée en 1974. » Et j’ajoute souvent, en assumant, que « si nous vivions dans une vraie démocratie, avec une justice indépendante et des citoyens informés et conscients de leurs responsabilités, le président Wade serait destitué et, au besoin, traduit devant la Haute Cour de Justice ».
Mon attention s’est arrêtée aussi sur cette assertion : « Tous les gens informés qui suivent les questions foncières au Sénégal savent que la source de ″Nouvel Horizon″ l’a (moi-même) mis sur une fausse piste. » Et vous ajoutez, un peu plus loin : « Cette mauvaise information a été reprise à son compte par Mody Niang qui, fidèle à son style, en a tiré des conclusions qui ont logiquement heurté Cheikh Amar. » Un mot crucial – ″rapidement″, qui serait placé immédiatement avant ou après ″tiré″ – n’a-t-il pas été omis ?
L’information en question, relative à un important projet immobilier, a été livrée par Nouvel Horizon n° 597 du 09 au 15 novembre 2007. Une information alors catégorique sur laquelle je m’étais inspiré pour faire publier une contribution à la page « Opinions » de l’édition du 13 novembre 2007 de Walfadjri. Je considérais quand même, et considère encore aujourd’hui, que cet hebdomadaire est crédible jusqu’à preuve du contraire, même s’il n’est pas édité depuis Paris. A la page 8 de son numéro 690 du 18 au 24 septembre 2009, Nouvel Horizon a reconnu s’être trompé (à l’époque) de site. Ma responsabilité ne peut être en aucun moment engagée dans cette « confusion ». Et je me pose une question : pourquoi le sieur Cheikh Amar n’avait-t-il pas, à l’époque, démenti l’information, surtout après ma contribution du 13 novembre 2007, qui l’avait apparemment irrité ? Il m’avait même, par personne interposée, menacé d’une plainte si je n’arrêtais pas de le mêler dans certaines affaires. Il est vrai que la menace n’avait pas eu sur moi l’effet escompté. Qu’il n’ait pas eu en tout cas à démentir à chaud l’information incriminée me semble suspect ! On ne le fera que deux ans après !
Je ne me suis pas arrêté d’ailleurs en si bon chemin, concernant le « très honnête et très respectable homme d’affaire ». Je me suis posé les mêmes questions à propos de ces importants équipements agricoles importés d’Inde à coûts de dizaines de milliards, et dont il semble avoir l’exclusivité, jusqu’à preuve du contraire. Ces équipements ont fait couler beaucoup de salive et d’encre. Et je les ai souvent évoqués dans nombre de mes contributions car, ils me posaient réellement problème.
M. Amar a emprunté, selon vous, 40 milliards à une banque de la place et en a investi de nombreux autres dans « un domaine qui impulse le progrès en Afrique : l’agriculture ». Je n’ai aucun moyen de vérifier la véracité de cette information. Je n’aurai donc pas le toupet de la réfuter. Toutefois, se faire prêter 40 milliards par les temps qui courent, c’est une véritable gageure ! Si M. Amar l’a réussie, je l’en félicite vivement. Il est vrai qu’il est solvable, qu’il peut inspirer confiance avec ces immenses superficies – plus de cent mille mètres carrés, révèle l’avant dernière livraison de La Gazette – mises à sa disposition, semble-t-il, en avril dernier.
J’ai terminé ce matin un texte pour faire le point sur cette affaire qui m’a opposé à M. Amar, et m’a valu d’être traîné devant la Dic et devant le procureur de la République. Il sera peut-être publié dans un ou deux quotidiens de la place demain. Je l’enverrai aussi à seneweb et à xalima.com. J’espère que votre calendrier certainement très chargé vous laissera le temps de le lire et d’apprécier, à partir d’un peu plus d’informations.
En attendant, vous pouvez être persuadé qu’aucun contentieux ne m’oppose et ne saurait m’opposer à ce M. Amar. Je ne le connais point. Je n’ai surtout pas d’a priori ou de préjugés le concernant. Sans doute, m’arrive-t-il de citer son nom dans des questions de marchés publics, de gestion de nos maigres deniers publics, sans être le moins du monde animé par la volonté de lui nuire de quelque façon que ce soit. Je me considère, jusqu’à preuve du contraire, comme un musulman pratiquant. Je connais le sort que Dieu réserve aux diffamateurs et aux calomniateurs de leurs coreligionnaires. Je ne peux pas me permettre donc de me laisser facilement aller à ces péchés. Ngor sax dafa koo nangu wul, te gor laa tek sama bopp.
Mon cher compatriote, à 64 ans, je suis un homme déjà âgé. Je ne suis donc pas sûr d’être encore en vie quand Me Wade aura quitté le pouvoir (en 2012 ou en 2019). Je suis cependant sûr d’une chose : si, après son départ, un autre Sénégalais ou une autre Sénégalaise qui ne soit pas de son camp est élu(e) à sa place et fouille sans complaisance dans sa gestion, de nombreux compatriotes, y compris surtout ceux qu’on nous présence aujourd’hui avec indécence comme des « Bolloré » sénégalais, quitteront le pays sur la pointe des pieds ou iront en prison pour de longues années.
Je suis sûr d’une autre chose : les scandales qui alimentent les « mauvaises polémiques », les « accusations malsaines » et les « dénégations indignes » qui « empestent » le « climat sociopolitique » d’aujourd’hui, ne sont que les quelques rares arbres qui cachent la vaste forêt composée de milliers d’autres, qui sont hors de vue du citoyen moyen.
Je vous salue et vous souhaite une bonne fin de week-end.
MODY NIANG
En tous les cas, vous avez dû lire la mise au point que j’ai finalement envoyée aux rédactions les plus significatives de la place, ainsi qu’à Seneweb et à xalima.com, quand je me suis rendu compte que Rewmi refusait de la publier.
C’est par la suite qu’on m’a signalé que vous avez donné votre point de vue sur l’affaire qui m’opposait à Monsieur Cheikh Amar, à leral.net. Je l’ai évidemment lu avec le maximum d’attention. C’est alors que je découvre que « vous connaissez profondément l’homme, depuis des années », « un homme foncièrement bon et honnête, un des hommes d’affaires sénégalais que (vous) respectez pour le connaître profondément ». J’étais très loin de m’imaginer cette donne quand j’échangeais avec vous au téléphone. Je pensais simplement que vous étiez une bonne volonté désintéressée, comme de nombreuses autres qui ont tenté d’ « éteindre l’incendie ».
Je vous rassure d’ores et déjà sur un point : je ne me hasarderai jamais à engager une quelconque polémique avec le journaliste émérite que vous êtes. Je manquerais d’arguments et y laisserais sûrement des plumes. Cette polémique ne s’impose d’ailleurs pas : personne ne peut vous reprocher de témoigner en faveur de cet homme pour lequel vous avez manifestement beaucoup de respect. C’est, en tout cas, ce qui ressort de votre texte.
Je remarque toutefois – et je pense que vous allez me le concéder –, que nombre de mes compatriotes sont loin, très loin d’être en grâce auprès de vous. C’est un peu la même impression que m’avait laissée votre confrère Marwane Ben Yahmed, au cours d’un échange que nous avons eu il y a environ deux ans. C’est aussi votre liberté de nous juger aussi sévèrement.
Pour ce qui me concerne en tout cas, je refuse catégoriquement qu’on inscrive ma modeste production intellectuelle dans « le climat sociopolitique » et « le mal sénégalais contemporain » dont vous avez fait état dans votre texte. « Cette propension à voir le mal partout, à monter la mayonnaise, à inoculer à tout et à n’importe quoi un parfum de scandale » ne m’a jamais habité. Il est vrai qu’on peut être tenté à tout moment par cette « propension », tant les scandales sont consubstantiels à l’immonde gouvernance de Me Wade. J’ai d’ailleurs l’habitude de le rappeler constamment dans mes textes. Je suis loin des « mauvaises polémiques », des « accusations malsaines », des « dénégations indignes », des « querelles de personnes » quand j’affirme avec force ceci : « La nauséabonde gouvernance libérale est jalonnée de scandales de toutes sortes, aussi graves les uns que les autres. Le moins grave de ces scandales est infiniment plus grave que ″l’Affaire du Watergate″ qui a coûté au président Richard Nixon sa démission forcée en 1974. » Et j’ajoute souvent, en assumant, que « si nous vivions dans une vraie démocratie, avec une justice indépendante et des citoyens informés et conscients de leurs responsabilités, le président Wade serait destitué et, au besoin, traduit devant la Haute Cour de Justice ».
Mon attention s’est arrêtée aussi sur cette assertion : « Tous les gens informés qui suivent les questions foncières au Sénégal savent que la source de ″Nouvel Horizon″ l’a (moi-même) mis sur une fausse piste. » Et vous ajoutez, un peu plus loin : « Cette mauvaise information a été reprise à son compte par Mody Niang qui, fidèle à son style, en a tiré des conclusions qui ont logiquement heurté Cheikh Amar. » Un mot crucial – ″rapidement″, qui serait placé immédiatement avant ou après ″tiré″ – n’a-t-il pas été omis ?
L’information en question, relative à un important projet immobilier, a été livrée par Nouvel Horizon n° 597 du 09 au 15 novembre 2007. Une information alors catégorique sur laquelle je m’étais inspiré pour faire publier une contribution à la page « Opinions » de l’édition du 13 novembre 2007 de Walfadjri. Je considérais quand même, et considère encore aujourd’hui, que cet hebdomadaire est crédible jusqu’à preuve du contraire, même s’il n’est pas édité depuis Paris. A la page 8 de son numéro 690 du 18 au 24 septembre 2009, Nouvel Horizon a reconnu s’être trompé (à l’époque) de site. Ma responsabilité ne peut être en aucun moment engagée dans cette « confusion ». Et je me pose une question : pourquoi le sieur Cheikh Amar n’avait-t-il pas, à l’époque, démenti l’information, surtout après ma contribution du 13 novembre 2007, qui l’avait apparemment irrité ? Il m’avait même, par personne interposée, menacé d’une plainte si je n’arrêtais pas de le mêler dans certaines affaires. Il est vrai que la menace n’avait pas eu sur moi l’effet escompté. Qu’il n’ait pas eu en tout cas à démentir à chaud l’information incriminée me semble suspect ! On ne le fera que deux ans après !
Je ne me suis pas arrêté d’ailleurs en si bon chemin, concernant le « très honnête et très respectable homme d’affaire ». Je me suis posé les mêmes questions à propos de ces importants équipements agricoles importés d’Inde à coûts de dizaines de milliards, et dont il semble avoir l’exclusivité, jusqu’à preuve du contraire. Ces équipements ont fait couler beaucoup de salive et d’encre. Et je les ai souvent évoqués dans nombre de mes contributions car, ils me posaient réellement problème.
M. Amar a emprunté, selon vous, 40 milliards à une banque de la place et en a investi de nombreux autres dans « un domaine qui impulse le progrès en Afrique : l’agriculture ». Je n’ai aucun moyen de vérifier la véracité de cette information. Je n’aurai donc pas le toupet de la réfuter. Toutefois, se faire prêter 40 milliards par les temps qui courent, c’est une véritable gageure ! Si M. Amar l’a réussie, je l’en félicite vivement. Il est vrai qu’il est solvable, qu’il peut inspirer confiance avec ces immenses superficies – plus de cent mille mètres carrés, révèle l’avant dernière livraison de La Gazette – mises à sa disposition, semble-t-il, en avril dernier.
J’ai terminé ce matin un texte pour faire le point sur cette affaire qui m’a opposé à M. Amar, et m’a valu d’être traîné devant la Dic et devant le procureur de la République. Il sera peut-être publié dans un ou deux quotidiens de la place demain. Je l’enverrai aussi à seneweb et à xalima.com. J’espère que votre calendrier certainement très chargé vous laissera le temps de le lire et d’apprécier, à partir d’un peu plus d’informations.
En attendant, vous pouvez être persuadé qu’aucun contentieux ne m’oppose et ne saurait m’opposer à ce M. Amar. Je ne le connais point. Je n’ai surtout pas d’a priori ou de préjugés le concernant. Sans doute, m’arrive-t-il de citer son nom dans des questions de marchés publics, de gestion de nos maigres deniers publics, sans être le moins du monde animé par la volonté de lui nuire de quelque façon que ce soit. Je me considère, jusqu’à preuve du contraire, comme un musulman pratiquant. Je connais le sort que Dieu réserve aux diffamateurs et aux calomniateurs de leurs coreligionnaires. Je ne peux pas me permettre donc de me laisser facilement aller à ces péchés. Ngor sax dafa koo nangu wul, te gor laa tek sama bopp.
Mon cher compatriote, à 64 ans, je suis un homme déjà âgé. Je ne suis donc pas sûr d’être encore en vie quand Me Wade aura quitté le pouvoir (en 2012 ou en 2019). Je suis cependant sûr d’une chose : si, après son départ, un autre Sénégalais ou une autre Sénégalaise qui ne soit pas de son camp est élu(e) à sa place et fouille sans complaisance dans sa gestion, de nombreux compatriotes, y compris surtout ceux qu’on nous présence aujourd’hui avec indécence comme des « Bolloré » sénégalais, quitteront le pays sur la pointe des pieds ou iront en prison pour de longues années.
Je suis sûr d’une autre chose : les scandales qui alimentent les « mauvaises polémiques », les « accusations malsaines » et les « dénégations indignes » qui « empestent » le « climat sociopolitique » d’aujourd’hui, ne sont que les quelques rares arbres qui cachent la vaste forêt composée de milliers d’autres, qui sont hors de vue du citoyen moyen.
Je vous salue et vous souhaite une bonne fin de week-end.
MODY NIANG