« Ceux qui savent n’ont pas le droit de se taire », c’est la cinglante réplique envoyée aux autorités gouvernementales, le Président Wade au premier chef, par le secrétaire général de l’Afp qui entend remettre les points sur les i après les déclarations du régime sur les phosphates de Dendory. Prenant le contre-pied de Ousmane Ngom qui soutenait avec force qu’aucun des prédécesseurs de Wade n’a pensé exploiter les phosphates de Matam, Moustapha Niass estime que c’est à la veille de l’indépendance que les gisements de Matam ont commencé à susciter un intérêt auprès des dirigeants de l’époque. Il rappelle que « les gisements des phosphates de Dendory a connu trois phases :la découverte des indices, il y a un demi siècle, les analyses et travaux de laboratoire et, enfin, la confirmation de l’existence du gisement analysé, entre 1984 et 1988, par les soins du gouvernement du Sénégal, par le biais de Cabinets spécialisés ». Pour lever tout scepticisme quant à ses propos, le leader des progressistes estime que des documents, prouvant « amplement le processus qui a conduit à l’identification et à l’évaluation des gisements de phosphates de Dendory », existent et peuvent être consultés par quiconque le désire. Les premiers indices, di-il, remontent à plus d’un demi siècle. « C’est en 1958-59 que des chercheurs-géologues ont situé dans cette zone des indices sérieux et constants de l’existence du minerai de phosphate. Les travaux de laboratoire ont alors commencé et se sont poursuivis, avec intensité, entre 1984 et 1988 », indique Niass, sûr de ce qu’il avance. C’est en 1984, au moment où la Société des Phosphates de Taïba devait être fusionnée avec les Industries chimiques du Sénégal (Ics) qui voyait alors le jour, que la confirmation des paramètres techniques du gisement est intervenue. En 1988, explique le patron de l’Afp, « une étude approfondie a permis non seulement d’évaluer les caractères scientifiques permettant les projections d’exploitation, mais aussi de programmer cette exploitation en fonction de l’évolution des prix et des coûts d’extraction et traitement par rapport au marché international fluctuant des phosphates, comme l’est le marché des prix des produits des principales matières premières dans le monde ». Toutes ces informations, à en croire Niass qui s’abstient de s’attarder sur certains détails techniques, sont exposées dans le document intitulé « Etude d’optimisation de l’industrie des phosphates au Sénégal. Cette étude a été réalisée par la Société S.M Sema-Metra Conseil dont le siège social se trouve au 70, Rue Cortambert – 75 116 Paris. Dans sa partie concernant le gisement de Dendory, renseigne le progressiste en chef, « le Cabinet Sema-Metra Conseil analyse et passe en revue, notamment : la localisation du gisement avec cartes et plans à l’appui, la géométrie et l’extension des gisements ainsi que les réserves géologiques minières, la nature et la composition du tout venant-phosphate, la composition minéralogique et la solubilité des phosphates, le taux de couverture et les critères miniers, l’aptitude des phosphates de Dendory à la valorisation industrielle ». Toutes ces données sont vérifiables dans la version finale du document de l’étude en date de juillet 1988.
Manque à produire de 980.000 tonnes
Au moment où le régime libéral table sur un volume d’extraction de 20.000 tonnes par an, le gisement de Matam, de l’avis de Niass qui s’appuie sur des données établies scientifiquement, peut « produire, chaque année, un million de tonnes ». Et d’avertir : « en extraire, présentement, 20.000 tonnes par an soit 1/50ème des quantités qui peuvent être extraites et traitées, signifie qu’un tel choix manque de réalisme et traduit une précipitation grave. Et il en résulte un manque à produire, pour au moins 980.000 tonnes de phosphates perdues chaque année du fait du mode d’exploitation utilisé et qui est simplement artisanal ». Malheureusement, les 20.000 tonnes annoncées comme volume d’extraction annuelle sur le gisement ne correspondent qu’à extraire la partie la plus accessible située à presque fleur de peau. Or en profondeur, assure l’enfant de Keur Madiabel, « le vrai gisement permettrait, sans ce qui apparaît comme une précipitation injustifiable, d’extraire, encore une fois, un million de tonnes chaque année ». Une telle démarche comporte d’énormes risques, et pour cause. « Lorsque les schlams auront recouvert, maintenant, les parties touchées, aucun investisseur ne s’intéressera plus au reste du gisement en raison des coûts qu’il faudra engager pour dégager ces schlams en vue d’aller au minerai », martèle Moustapha Niass qui, en guise d’exemple, déclare que le minerai de phosphates de Taïba et Mboro se trouve en moyenne à moins de 45 mètres.
Hawa BOUSSO l'Asquotidien
Manque à produire de 980.000 tonnes
Au moment où le régime libéral table sur un volume d’extraction de 20.000 tonnes par an, le gisement de Matam, de l’avis de Niass qui s’appuie sur des données établies scientifiquement, peut « produire, chaque année, un million de tonnes ». Et d’avertir : « en extraire, présentement, 20.000 tonnes par an soit 1/50ème des quantités qui peuvent être extraites et traitées, signifie qu’un tel choix manque de réalisme et traduit une précipitation grave. Et il en résulte un manque à produire, pour au moins 980.000 tonnes de phosphates perdues chaque année du fait du mode d’exploitation utilisé et qui est simplement artisanal ». Malheureusement, les 20.000 tonnes annoncées comme volume d’extraction annuelle sur le gisement ne correspondent qu’à extraire la partie la plus accessible située à presque fleur de peau. Or en profondeur, assure l’enfant de Keur Madiabel, « le vrai gisement permettrait, sans ce qui apparaît comme une précipitation injustifiable, d’extraire, encore une fois, un million de tonnes chaque année ». Une telle démarche comporte d’énormes risques, et pour cause. « Lorsque les schlams auront recouvert, maintenant, les parties touchées, aucun investisseur ne s’intéressera plus au reste du gisement en raison des coûts qu’il faudra engager pour dégager ces schlams en vue d’aller au minerai », martèle Moustapha Niass qui, en guise d’exemple, déclare que le minerai de phosphates de Taïba et Mboro se trouve en moyenne à moins de 45 mètres.
Hawa BOUSSO l'Asquotidien