Macky Sall, une traînée de foule partout
Président sortant et candidat à sa propre succession, Macky Sall n’a pas lésiné sur les moyens, pour faire une campagne électorale énorme à tout point de vue. Avec une logistique impressionnante, et en bandoulière son bilan de 7 ans à la tête du pays, il a parcouru le pays d’un trait. Et partout, de Mbacké, où il a lancé sa campagne, à Dakar, où il l’a clôturée, en passant par Thiès, Ziguinchor, Kaolack, Saint-Louis, Matam, Podor…, il a soulevé des foules immenses. Ce qui lui a donné de la confiance, au point qu’il s’est permis à plusieurs reprises, de railler ses adversaires, en déclarant qu’il n’y aura pas combat entre eux et lui, ce dimanche. «Certains risquent de déclarer forfait», se moquait-il d’Idrissa Seck et Cie, le 13 février, lors de son meeting à Nioro. Mieux, à Tivaouane, il y a quelques jours, il affirmait : «La campagne tire à sa fin, mais on a l’impression qu’il n’y a qu’un seul candidat sur le terrain. Je suis le seul qui ose aller à l’assaut des stades. Je suis le maitre des stades et c’est irrévocable. De quoi ont-ils peur ? (…). Qu’ils osent relever le défi. Ce n’est pas avec des caravanes qu’ils réussiront à me faire partir». Sauf que l’histoire a démontré que ce n’est pas parce qu’on a soulevé des foules pendant la campagne qu’on va gagner une élection. Et il en est si conscient que, lors de l’étape de Guédiawaye, il a demandé que la mobilisation exceptionnelle soit traduite dans les urnes par un vote massif.
Idrissa Seck, une Orange de plus en plus puissante
Donné a raison ou à tort comme principal challenger du président sortant, Idrissa Seck a lancé sa campagne chez lui, à Thiès, la ville qui lui est toujours restée fidèle. Un meeting d’ouverture qui a vite édifié sur la force électorale du candidat de la coalition «Idy2019». Une coalition qui s’est bonifiée de jour en jour. En effet, Idrissa Seck a été le principal bénéficiaire des conséquences négatives du parrainage, qui a écarté d’office 22 des 27 candidats déclarés. Des candidats dont l’essentiel a rallié sa candidature : Pape Diop, Malick Gakou, Mamadou Lamine Diallo, Abdoul Mbaye, Bougane Guèye Danny, Amsatou Sow Sidibé… Idy qui recevra également le soutien de Khalifa Sall, le tout puissant ex-maire de Dakar, dont la représentativité dans la capitale, premier bastion électoral du pays, n’est plus à démontrer. Fort de ses soutiens, le patron de Rewmi a fait une belle campagne, avec une vague orange de plus en plus puissante. Présent partout dans le pays, Idrissa Seck n’a, à aucun moment, été tendre avec le président sortant. Avant-hier, à Guédiawaye, il a clamé que Macky Sall «manque de culture et de vision». Mieux, il y a une semaine, à Ourossogui, dopé par la forte mobilisation, dans une zone réputée acquise pour le président sortant, Idy a affirmé que «Macky devrait commencer à ranger ses bagages pour quitter le Palais». Mais pour convoiter le vote des Sénégalais, il a aussi misé sur son programme, le fameux. «1-3-15-45», avec un point attrayant, le programme «une commune 1 milliard». D’ailleurs, on ne sait pas si c’est la conséquence, mais plus de 20 maires de l’intérieur du pays l’ont rejoint durant la campagne.
Sonko, un «phénomène» qui vend bien son antisystème
Plus jeune candidat à la présidentielle, Ousmane Sonko n’en est pas moins l’un des plus intéressants. Sa popularité, qui augmente depuis sa radiation de la fonction publique, est montée en flèche durant la campagne électorale. La preuve, il a relevé avant-hier le défi de Macky Sall, qui raillait ses adversaires, qui n’osent pas, selon lui, organiser dans les stades. A Pikine, Sonko a fait le plein au stade Alassane Djigo. Ayant réussi une mobilisation exceptionnelle dans le Sud (Ziguinchor, Bignona…), il a aussi drainé des foules dans les autres villes traversées comme Thiès, Saint-Louis, Kolda, Sédhiou…Mais autant il a fait foule, autant Sonko s’est distingué par son discours, qui fait sa force et son charme. Se définissant comme le candidat de l’antisystème, il n’y est pas allé de main morte pour s’en prendre au chef de l’Etat sortant, dont il dénonce la gestion. L’implication de la famille Faye-Sall dans la gouvernance du pays, la promotion des transhumants et des vieillards et la vassalisation des autres institutions, sont des thèmes sur lesquels Sonko a surfé à souhait. Prônant un «coup de balai générationnel», il est convaincu que c’est la fin pour Macky Sall, qui, note-t-il, «ne sera même pas au 2ème tour, s’il organise des élections transparentes». Dès lors, il lui conseille de «se convertir en lutteur ou athlète (en référence à ses bakk et courses», après la présidentielle. Sonko n’a également pas raté ses concurrents de l’opposition qui, pour lui, sont pour le maintien du système qu’il combat. Il en veut pour preuve le fait qu’aucun d’entre eux n’ose se prononcer sur certains thèmes, comme la renégociation des contrats pétroliers et autres, passés avec des compagnies et pays étrangers.
Issa Sall, la force tranquille
Il est sans doute le candidat qui fait le moins de tapage durant la campagne. Avec des militants et sympathisants très organisés et disciplinés, il a mené une campagne tranquille et intense, qui a été brusquement interrompue par les évènements de Tambacounda, opposant des éléments de sa sécurité à des militants de Bby. Un coup dur, qu’Issa Sall et sa coalition, renforcés, entre autres, par Serigne Mansour Sy Djamil, ont vite dépassé, en reprenant leur périple à l’intérieur du pays. Mais, c’est avec un élan coupé et moins de visibilité qu’ils ont terminé la campagne. Toutefois, en termes de mobilisation, ils n’ont jamais été ridicules. Dans le discours, Issa Sall n’a pas fait de cadeau à Macky Sall. Il s’est évertué à dénoncer son échec, d’où la nécessité pour lui, de procéder au changement. Un changement d’autant plus nécessaire, pour lui, que si Macky Sall est réélu, affirme-t-il, le Sénégal va retourner aux politiques d’ajustements structurels, que le président sortant aurait déjà accepté d’appliquer pour son second et dernier mandat. Accusant son adversaire de travailler pour les Occidentaux, le candidat du Pur promet de rectifier la trajectoire économique dangereuse sur laquelle Macky Sall a mis le Sénégal. Se définissant comme le meilleur profil, dans son programme très ambitieux, on aura retenu des idées phares, comme la «suppression des caisses noires», la réforme des institutions, la réforme du baccalauréat…
Madické Niang, le candidat sympa
Il aura marqué la campagne électorale de son empreinte. Me Madické Niang, sans être le candidat le plus populaire, a réussi à entrer dans les cœurs de tous les Sénégalais, par sa façon de battre campagne. Ses formules astucieuses, bien de chez nous (fii tojj na ; tojj na rajax…duma comppal damay tibbal, Macky candidat des ndiaga-Ndiaye…), ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux. Il a même inspiré des comédiens. D’ailleurs, sa manière de faire lui a attiré beaucoup de sympathie et a fait qu’il était attendu partout où il est passé. Mais Madické, c’est aussi du sérieux, avec son programme «Diam ak xeweul (paix et prospérité), qui met l’accent sur les jeunes et les femmes, à qui il promet formation et financements conséquents. L’éducation et la santé, il en fait aussi des priorités. Il n’a également pas ménagé Macky Sall, en critiquant certains de ses programmes, comme les bourses familiales. Pour lui, il vaut mieux apprendre aux gens à pêcher plutôt que de leur donner à chaque fois du poisson. Ainsi, soutient-il que c’est maintenir les familles dans la précarité et la pauvreté que de leur donner 25.000 F par mois. A la place, il promet de faire en sorte que dans chaque famille, il y ait des gens qui travaillent et gagnent décemment leur vie. Il promet aussi de restaurer l’équilibre des pouvoirs «tous contrôlés par Macky Sall». Le candidat qui théorise un «retour aux valeurs sûres du Sénégal», accorde aussi une place importante à l’enseignement coranique et à la formation des jeunes dans son programme de société.
(Les Échos)
Président sortant et candidat à sa propre succession, Macky Sall n’a pas lésiné sur les moyens, pour faire une campagne électorale énorme à tout point de vue. Avec une logistique impressionnante, et en bandoulière son bilan de 7 ans à la tête du pays, il a parcouru le pays d’un trait. Et partout, de Mbacké, où il a lancé sa campagne, à Dakar, où il l’a clôturée, en passant par Thiès, Ziguinchor, Kaolack, Saint-Louis, Matam, Podor…, il a soulevé des foules immenses. Ce qui lui a donné de la confiance, au point qu’il s’est permis à plusieurs reprises, de railler ses adversaires, en déclarant qu’il n’y aura pas combat entre eux et lui, ce dimanche. «Certains risquent de déclarer forfait», se moquait-il d’Idrissa Seck et Cie, le 13 février, lors de son meeting à Nioro. Mieux, à Tivaouane, il y a quelques jours, il affirmait : «La campagne tire à sa fin, mais on a l’impression qu’il n’y a qu’un seul candidat sur le terrain. Je suis le seul qui ose aller à l’assaut des stades. Je suis le maitre des stades et c’est irrévocable. De quoi ont-ils peur ? (…). Qu’ils osent relever le défi. Ce n’est pas avec des caravanes qu’ils réussiront à me faire partir». Sauf que l’histoire a démontré que ce n’est pas parce qu’on a soulevé des foules pendant la campagne qu’on va gagner une élection. Et il en est si conscient que, lors de l’étape de Guédiawaye, il a demandé que la mobilisation exceptionnelle soit traduite dans les urnes par un vote massif.
Idrissa Seck, une Orange de plus en plus puissante
Donné a raison ou à tort comme principal challenger du président sortant, Idrissa Seck a lancé sa campagne chez lui, à Thiès, la ville qui lui est toujours restée fidèle. Un meeting d’ouverture qui a vite édifié sur la force électorale du candidat de la coalition «Idy2019». Une coalition qui s’est bonifiée de jour en jour. En effet, Idrissa Seck a été le principal bénéficiaire des conséquences négatives du parrainage, qui a écarté d’office 22 des 27 candidats déclarés. Des candidats dont l’essentiel a rallié sa candidature : Pape Diop, Malick Gakou, Mamadou Lamine Diallo, Abdoul Mbaye, Bougane Guèye Danny, Amsatou Sow Sidibé… Idy qui recevra également le soutien de Khalifa Sall, le tout puissant ex-maire de Dakar, dont la représentativité dans la capitale, premier bastion électoral du pays, n’est plus à démontrer. Fort de ses soutiens, le patron de Rewmi a fait une belle campagne, avec une vague orange de plus en plus puissante. Présent partout dans le pays, Idrissa Seck n’a, à aucun moment, été tendre avec le président sortant. Avant-hier, à Guédiawaye, il a clamé que Macky Sall «manque de culture et de vision». Mieux, il y a une semaine, à Ourossogui, dopé par la forte mobilisation, dans une zone réputée acquise pour le président sortant, Idy a affirmé que «Macky devrait commencer à ranger ses bagages pour quitter le Palais». Mais pour convoiter le vote des Sénégalais, il a aussi misé sur son programme, le fameux. «1-3-15-45», avec un point attrayant, le programme «une commune 1 milliard». D’ailleurs, on ne sait pas si c’est la conséquence, mais plus de 20 maires de l’intérieur du pays l’ont rejoint durant la campagne.
Sonko, un «phénomène» qui vend bien son antisystème
Plus jeune candidat à la présidentielle, Ousmane Sonko n’en est pas moins l’un des plus intéressants. Sa popularité, qui augmente depuis sa radiation de la fonction publique, est montée en flèche durant la campagne électorale. La preuve, il a relevé avant-hier le défi de Macky Sall, qui raillait ses adversaires, qui n’osent pas, selon lui, organiser dans les stades. A Pikine, Sonko a fait le plein au stade Alassane Djigo. Ayant réussi une mobilisation exceptionnelle dans le Sud (Ziguinchor, Bignona…), il a aussi drainé des foules dans les autres villes traversées comme Thiès, Saint-Louis, Kolda, Sédhiou…Mais autant il a fait foule, autant Sonko s’est distingué par son discours, qui fait sa force et son charme. Se définissant comme le candidat de l’antisystème, il n’y est pas allé de main morte pour s’en prendre au chef de l’Etat sortant, dont il dénonce la gestion. L’implication de la famille Faye-Sall dans la gouvernance du pays, la promotion des transhumants et des vieillards et la vassalisation des autres institutions, sont des thèmes sur lesquels Sonko a surfé à souhait. Prônant un «coup de balai générationnel», il est convaincu que c’est la fin pour Macky Sall, qui, note-t-il, «ne sera même pas au 2ème tour, s’il organise des élections transparentes». Dès lors, il lui conseille de «se convertir en lutteur ou athlète (en référence à ses bakk et courses», après la présidentielle. Sonko n’a également pas raté ses concurrents de l’opposition qui, pour lui, sont pour le maintien du système qu’il combat. Il en veut pour preuve le fait qu’aucun d’entre eux n’ose se prononcer sur certains thèmes, comme la renégociation des contrats pétroliers et autres, passés avec des compagnies et pays étrangers.
Issa Sall, la force tranquille
Il est sans doute le candidat qui fait le moins de tapage durant la campagne. Avec des militants et sympathisants très organisés et disciplinés, il a mené une campagne tranquille et intense, qui a été brusquement interrompue par les évènements de Tambacounda, opposant des éléments de sa sécurité à des militants de Bby. Un coup dur, qu’Issa Sall et sa coalition, renforcés, entre autres, par Serigne Mansour Sy Djamil, ont vite dépassé, en reprenant leur périple à l’intérieur du pays. Mais, c’est avec un élan coupé et moins de visibilité qu’ils ont terminé la campagne. Toutefois, en termes de mobilisation, ils n’ont jamais été ridicules. Dans le discours, Issa Sall n’a pas fait de cadeau à Macky Sall. Il s’est évertué à dénoncer son échec, d’où la nécessité pour lui, de procéder au changement. Un changement d’autant plus nécessaire, pour lui, que si Macky Sall est réélu, affirme-t-il, le Sénégal va retourner aux politiques d’ajustements structurels, que le président sortant aurait déjà accepté d’appliquer pour son second et dernier mandat. Accusant son adversaire de travailler pour les Occidentaux, le candidat du Pur promet de rectifier la trajectoire économique dangereuse sur laquelle Macky Sall a mis le Sénégal. Se définissant comme le meilleur profil, dans son programme très ambitieux, on aura retenu des idées phares, comme la «suppression des caisses noires», la réforme des institutions, la réforme du baccalauréat…
Madické Niang, le candidat sympa
Il aura marqué la campagne électorale de son empreinte. Me Madické Niang, sans être le candidat le plus populaire, a réussi à entrer dans les cœurs de tous les Sénégalais, par sa façon de battre campagne. Ses formules astucieuses, bien de chez nous (fii tojj na ; tojj na rajax…duma comppal damay tibbal, Macky candidat des ndiaga-Ndiaye…), ont fait le tour des médias et des réseaux sociaux. Il a même inspiré des comédiens. D’ailleurs, sa manière de faire lui a attiré beaucoup de sympathie et a fait qu’il était attendu partout où il est passé. Mais Madické, c’est aussi du sérieux, avec son programme «Diam ak xeweul (paix et prospérité), qui met l’accent sur les jeunes et les femmes, à qui il promet formation et financements conséquents. L’éducation et la santé, il en fait aussi des priorités. Il n’a également pas ménagé Macky Sall, en critiquant certains de ses programmes, comme les bourses familiales. Pour lui, il vaut mieux apprendre aux gens à pêcher plutôt que de leur donner à chaque fois du poisson. Ainsi, soutient-il que c’est maintenir les familles dans la précarité et la pauvreté que de leur donner 25.000 F par mois. A la place, il promet de faire en sorte que dans chaque famille, il y ait des gens qui travaillent et gagnent décemment leur vie. Il promet aussi de restaurer l’équilibre des pouvoirs «tous contrôlés par Macky Sall». Le candidat qui théorise un «retour aux valeurs sûres du Sénégal», accorde aussi une place importante à l’enseignement coranique et à la formation des jeunes dans son programme de société.
(Les Échos)