En bon juriste, il est censé savoir qu’aucun émigré ne peut être rapatrié sans être au préalable identifié. C’est dire qu’au cas où le jeune Seck ne disposerait pas d’un passeport sénégalais en vigueur, le Consulat général du Sénégal à Madrid, a dû lui établir un sauf conduit pour qu’il puisse être rapatrié. Ce qui a été d’ailleurs le cas. Se pose alors la question à savoir pourquoi les autorités sénégalaises ont agi de la sorte, alors que la diaspora sénégalaise reste consternée par les images de la vidéo.
Certes, l’Espagne est une vache à lait pour le gouvernement du Sénégal, qui a reçu de son homologue ibérique une ligne de crédit de 13 milliards de francs Cfa sans compter les nombreuses aides matérielles accordées dans le cadre du Plan Reva, de Frontex et les nombreux contrats de travail que se sont partagés les responsables libéraux du Pds (parti au pouvoir au Sénégal). Tout cela au nom de la lutte contre l’émigration clandestine. Il est vrai aussi que le gouvernement sénégalais s’apprête à recevoir à Dakar des industriels et investisseurs espagnols, du 29 juin au 1er juillet, dans le cadre du Salon de la Coopération.
Mais tout l’or du monde n’explique pas que le gouvernement du Sénégal veuille passer par pertes et profits l’agression sauvage et inhumaine du citoyen sénégalais M. Seck par des policiers espagnols. Rien ne vaut la dignité humaine.
Que le jeune Sénégalais ait commis ou non un délit, tel n’est pas le problème. S’y ajoute qu’un émigré, qu’il soit légal ou clandestin est avant tout un être humain. Et aucun prétexte ne tient pour justifier qu’on le traite comme un animal. Combien de familles sènègalaises sont entretenues aujourdhui par des émigrés qu’on dit illégaux ou sans papiers. Et puis, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on émigre. Ainsi, l’Etat sénégalais doit à ses citoyens, éparpillés à travers les quatre coins du monde, soutien, assistance et protection.
Mais, au lieu de chercher à régulariser voire améliorer la situation de leurs concitoyens établis en Espagne, les autorités sénégalaises sont plus obnubilées par les dividendes économiques de leur collaboration avec le gouvernement espagnol.
Face à la dureté des images, un gouvernement qui se respecte et qui se soucie du bien-être de ses compatriotes aurait dû rappeller en consultation son ambassadeur et exiger des excuses publiques et des sanctions exemplaires pour les fautifs. Mais que nenni ! Le gouvernement sénégalais préfère, par le biais de Me Madické Niang, dégager en touche.
Par Miguel Pablo CALDERÓN Le Quotidien