Cette Primature de mi-mandat est cruciale pour les prochaines échéances électorales. Et pour les années Macky Sall à la tête de ce pays. Mahammed Boun Abdallah Dionne incarne à lui seul tout l’espoir que suscite le Plan Sénégal émergent (Pse), le va-tout de Macky Sall. L’obligation de résultats pèse donc plus sur lui que sur ses deux prédécesseurs. Dionne, c’est la Primature de la dernière chance pour sauver le mandat présidentiel (ramené à 5 ans ?). Dionne, c’est aussi la carte crédit de Macky Sall. Car, à force de changer de Pm et de remanier, le risque est grand que les Sénégalais aient le sentiment que la machine de l’Exécutif tourne à vide et ne peut changer leur situation économique.
Macky Sall a décrypté le scrutin local de juin dernier comme un vote sanction contre son Premier ministre d’alors, son deuxième. Un signe de désamour pour le gouvernement Mimi Touré. Du coup, Macky Sall, après les Locales de juin, en a profité pour débarrasser de la Primature toute ambition politique. Et éviter le mélange de genres !
Pourtant, ce changement laisse en suspens certaines questions. Car, après les Locales, Macky Sall et ses alliés de Benno Bokk Yaakar n’ont pas cherché à déterminer les raisons du décrochage de l’électorat. Inefficacité du gouvernement Touré, ou "manque de vision politique", comme le claironne l’opposition politique ? Conséquence de ce flou, Mimi a refusé de porter seule le chapeau. De sorte qu’il a fallu la forcer à lâcher le pouvoir. Malgré tout, Macky a réussi à marquer le coup ! Et de toute façon, le bilan, après deux ans, était plus que mitigé.
Retaper le capital de sympathie du Président !
La feuille de route assignée par Macky Sall aux membres du (nouveau) gouvernement se résume, officiellement, au travail pour la réalisation de "sa vision pour un Sénégal émergeant". Mais de façon plus terre à terre, Dionne a été nommé pour retaper le capital de sympathie du président. Macky Sall doit renouer le fil rompu avec les Sénégalais et tenter de ressusciter, avant 2017 ( ?) l’élan victorieux du candidat plébiscité à 65% il y a un peu plus de… 2 ans.
Le signal tarde à arriver
La nomination de Dionne est censée marquer un cap, un tournant dans les années Macky. Elle pose les bases de la seconde partie du mandat présidentiel. Pourtant, le signal tarde à arriver. Dès sa nomination, Mimi Touré avait posé un acte emblématique : la baisse du coût du loyer. La mesure avait pour but de soulager les ménages, mais aussi de gagner le capital confiance des Sénégalais. Contrairement à son prédécesseur, le gouvernement de Dionne n’a encore pris aucune décision-phare ! Les Sénégalais n’ont eu sous la dent qu’un slogan laconique à ruminer. "Au travail !", avait-il lancé dès sa sortie d’audience avec le président de la République.
Dionne était-il la personne la mieux indiquée pour ré-enchanter le projet politique de Macky Sall après le désaveu électoral ? Cet ancien cadre de banque (Bceao) est plus à l’aise dans son cabinet feutré que sur les plateaux de télé. Et, le Pm, pour prêcher par l’exemple, doit bucher ses dossiers, ferré qu’il est par son slogan.
La mue politique !
Le paradoxe, c’est qu’il est arrivé à un moment où l’action gouvernementale a drastiquement besoin de visibilité. Lors d’une de ses rares sorties à la presse, dans le dernier numéro de "Intelligences Magazine", il annonce que 2015 sera l’échéance pour la mise en service de la première phase du nouveau parc industriel à Diamniadio. "C’est également l’année destinée à accueillir des entreprises chinoises", poursuit-il. La question est : quand tout cela va-t-il avoir un impact réel sur le quotidien des Sénégalais ? Dionne doit “vendre” sur le marché électoral, les réformes de structures de l’économie sénégalaise et des projets parfois échelonnés sur plusieurs générations. Le Pse a été adoubé à coup de milliards par des partenaires. Mais le temps de la finance n’est pas celui de la politique.
Pour calmer les exigences pressantes des Sénégalais, cet économiste informaticien doit sublimer les indicateurs d’étape d’un programme d’émergence calé sur l’horizon 2035 en réalisations politiques. Dionne travaille à étoffer le bilan politique de Macky Sall, candidat déclaré à sa propre succession, tout en gardant les mains sur les manettes de l’ "émergence". Et sa tâche est d’autant plus urgente que le principal concerné va très vraisemblablement écourter son mandat de 7 ans en quinquennat. Reste à choisir entre la voie parlementaire et référendaire. La marge de manœuvre de Dionne sera fortement réduite.
Mais le défi personnel du troisième Pm de Sall est de sortir de son costume de directeur de cabinet. "Ça lui colle encore à la peau ; il doit montrer plus de capacité d’entraînement dans l’action gouvernementale", souligne un analyste. Même si certains affirment que le Pm, bien que peu porté sur les grands discours, est en train de faire sa mue de technocrate en homme politique. ("sans entrer dans le jeu partisan !").
Il devrait obtenir le vote de confiance de l’Assemblée nationale, avec la présentation de son discours de politique générale, dont la date n’est pas encore fixée. Ce grand oral devrait marquer sa naissance politique !
La Gazette
Macky Sall a décrypté le scrutin local de juin dernier comme un vote sanction contre son Premier ministre d’alors, son deuxième. Un signe de désamour pour le gouvernement Mimi Touré. Du coup, Macky Sall, après les Locales de juin, en a profité pour débarrasser de la Primature toute ambition politique. Et éviter le mélange de genres !
Pourtant, ce changement laisse en suspens certaines questions. Car, après les Locales, Macky Sall et ses alliés de Benno Bokk Yaakar n’ont pas cherché à déterminer les raisons du décrochage de l’électorat. Inefficacité du gouvernement Touré, ou "manque de vision politique", comme le claironne l’opposition politique ? Conséquence de ce flou, Mimi a refusé de porter seule le chapeau. De sorte qu’il a fallu la forcer à lâcher le pouvoir. Malgré tout, Macky a réussi à marquer le coup ! Et de toute façon, le bilan, après deux ans, était plus que mitigé.
Retaper le capital de sympathie du Président !
La feuille de route assignée par Macky Sall aux membres du (nouveau) gouvernement se résume, officiellement, au travail pour la réalisation de "sa vision pour un Sénégal émergeant". Mais de façon plus terre à terre, Dionne a été nommé pour retaper le capital de sympathie du président. Macky Sall doit renouer le fil rompu avec les Sénégalais et tenter de ressusciter, avant 2017 ( ?) l’élan victorieux du candidat plébiscité à 65% il y a un peu plus de… 2 ans.
Le signal tarde à arriver
La nomination de Dionne est censée marquer un cap, un tournant dans les années Macky. Elle pose les bases de la seconde partie du mandat présidentiel. Pourtant, le signal tarde à arriver. Dès sa nomination, Mimi Touré avait posé un acte emblématique : la baisse du coût du loyer. La mesure avait pour but de soulager les ménages, mais aussi de gagner le capital confiance des Sénégalais. Contrairement à son prédécesseur, le gouvernement de Dionne n’a encore pris aucune décision-phare ! Les Sénégalais n’ont eu sous la dent qu’un slogan laconique à ruminer. "Au travail !", avait-il lancé dès sa sortie d’audience avec le président de la République.
Dionne était-il la personne la mieux indiquée pour ré-enchanter le projet politique de Macky Sall après le désaveu électoral ? Cet ancien cadre de banque (Bceao) est plus à l’aise dans son cabinet feutré que sur les plateaux de télé. Et, le Pm, pour prêcher par l’exemple, doit bucher ses dossiers, ferré qu’il est par son slogan.
La mue politique !
Le paradoxe, c’est qu’il est arrivé à un moment où l’action gouvernementale a drastiquement besoin de visibilité. Lors d’une de ses rares sorties à la presse, dans le dernier numéro de "Intelligences Magazine", il annonce que 2015 sera l’échéance pour la mise en service de la première phase du nouveau parc industriel à Diamniadio. "C’est également l’année destinée à accueillir des entreprises chinoises", poursuit-il. La question est : quand tout cela va-t-il avoir un impact réel sur le quotidien des Sénégalais ? Dionne doit “vendre” sur le marché électoral, les réformes de structures de l’économie sénégalaise et des projets parfois échelonnés sur plusieurs générations. Le Pse a été adoubé à coup de milliards par des partenaires. Mais le temps de la finance n’est pas celui de la politique.
Pour calmer les exigences pressantes des Sénégalais, cet économiste informaticien doit sublimer les indicateurs d’étape d’un programme d’émergence calé sur l’horizon 2035 en réalisations politiques. Dionne travaille à étoffer le bilan politique de Macky Sall, candidat déclaré à sa propre succession, tout en gardant les mains sur les manettes de l’ "émergence". Et sa tâche est d’autant plus urgente que le principal concerné va très vraisemblablement écourter son mandat de 7 ans en quinquennat. Reste à choisir entre la voie parlementaire et référendaire. La marge de manœuvre de Dionne sera fortement réduite.
Mais le défi personnel du troisième Pm de Sall est de sortir de son costume de directeur de cabinet. "Ça lui colle encore à la peau ; il doit montrer plus de capacité d’entraînement dans l’action gouvernementale", souligne un analyste. Même si certains affirment que le Pm, bien que peu porté sur les grands discours, est en train de faire sa mue de technocrate en homme politique. ("sans entrer dans le jeu partisan !").
Il devrait obtenir le vote de confiance de l’Assemblée nationale, avec la présentation de son discours de politique générale, dont la date n’est pas encore fixée. Ce grand oral devrait marquer sa naissance politique !
La Gazette