La Sentinelle : Depuis quelques temps, vous êtes sous les feux de l’actualité suite à vos démêlées avec Me Wade, ce qui vous a valu votre limogeage de votre poste de conseiller à la Présidence. A cela s’ajoutent des problèmes avec les députés. Qu’est-ce qui explique cet état d’esprit rebelle de Mahmout Saleh ?
Mahmout Saleh : Je précise que je n’ai pas de problèmes particuliers avec le Président Wade. J’ai des problèmes avec la politique qui est censée être portée et dont la caractéristique est l’agression contre le pays. C’est une politique que je ne saurai accompagner et qui n’est pas celle pour laquelle on avait accompagné le changement au Sénégal. J’ai des problèmes avec eux sur les politiques d’orientation et de choix, mais pas avec Wade avec qui j’entretiens toujours des relations amicales et des rapports courtois.
Les politiques que vous fustigez sont élaborées par le Président Wade. N’est-ce pas un paradoxe de vouloir le disculper ?
Je ne cherche pas à le disculper. Les termes sont assez précis. Le Président est chargé de la définition de la politique de la Nation ; il définit les grandes orientations qui doivent engager la responsabilité du pays. Le gouvernement, depuis la Constitution de 2001, a été institutionnalisé, donc, ce n’est plus le gouvernement comme on en a connu avant l’Alternance. Donc, le Chef du gouvernement est devenu une personnalité avec un rang protocolaire, il a une mission qui est de traduire en actes et orientations la politique dégagée par le Président. De ce point de vue, la responsabilité la plus visible est celle du gouvernement. C’est à ce niveau que ça ne va pas. Les politiques et les orientations sont bonnes et positives ; si elles étaient bien traduites, il est évident qu’on n’aurait pas connu la situation que nous vivons.
Est-ce à dire que Me Wade n’a pas les hommes qu’il faut pour conduire ses politiques ?
C’est une évidence. Cela a été constaté depuis l’avènement de l’Alternance. L’instabilité qui a caractérisé les gouvernements de l’Alternance est connue de tout le monde. C’est moins l’absence d’hommes capables de constituer l’ossature d’une équipe gouvernementale pérenne que l’instabilité qui résulte du tâtonnement qui est le fait du Président lui-même. Il est évident que si les hommes qui ont combattu aux côtés des Sénégalais conduisaient les destinées du pays, on n’aurait pas tous ces problèmes qu’on connaît. On ne peut pas être l’instrument d’une politique à laquelle on ne croit pas. On ne peut s’être opposé toute sa vie durant pour l’avènement d’un changement et être l’instrument de la politique du changement. C’est un rapport d’antagonisme irréductible qui existe entre ces deux positions. Or, nous constatons depuis l’avènement de l’Alternance, que l’ossature des différents gouvernements qui se sont succédé est constituée d’hommes qui ont toujours combattu les intérêts du peuple sénégalais. Ces gens ne traduisent que les politiques qu’ils connaissent : celles d’oppression et de répression des populations.
Vous avez été Conseiller de Wade, n’était-ce pas une occasion pour lui proposer une esquisse de solutions ?
J’ai des rapports particuliers avec Wade, mais je ne suis pas issu de son parti. Il m’a toujours suggéré d’y entrer et d’y dissoudre le mien, ce que j’ai refusé parce que je veux garder un rapport d’indépendance absolue politique, financière et matérielle vis-à-vis de lui. J’ai toujours tendance à lui dire ce que je pense. Quand j’étais à ses côtés, on a toujours eu des échanges d’intérêt national, mais, le dernier mot lui revenait. S’il pense qu’il n’était pas utile de prendre en compte mes avis, je ne peux qu’en prendre acte.
N’étiez-vous pas perçu comme un élément perturbateur aux yeux de son entourage immédiat ?
Tout à fait ! J’ai été toujours mal vu par certains de ses collaborateurs.
Quelle en était la raison ?
Parce que je ne faisais pas partie d’eux. Je n’acceptais pas d’être aux ordres, je manifestais en toute circonstance et en toute occasion mon indépendance. Nous avions toujours pris position par rapport aux questions nationales et il est évident que du fait de ces prises de positions, je ne suis pas bien perçu, tant dans son Cabinet qu’au sein du gouvernement. Pour cela, j’avoue que tout a été fait pour limiter mes accès au Cabinet du Président. Et c’est de bonne guerre.
Avez-vous été victime de délation ou de combines de la part de l’entourage du Président, car il semble que ces pratiques sont récurrentes au Palais ?
Ceux qui sont aux côtés du Président ne justifient leur présence que par des relations de délation, de laudation et d’incurie. Ces gens n’ont ni l’expertise qui résulte de la maîtrise de la gestion des affaires de l’Etat, ni l’expérience politique acquise à la suite d’un parcours connu. Donc, c’est par d’autres circuits qu’ils sont passés pour arriver là où ils sont. Ces circuits nécessitent de mentir en permanence, de prêter aux uns et aux autres des intentions qu’ils n’ont pas, et d’être les laudateurs attitrés du Prince et de s’abstenir de toute position qui émanerait de principes et de valeurs. Ce n’est pas de leur faute, parce qu’ils en sont dépourvus. Ils passent leur temps à dire au Président qu’un tel a dit des choses contre vous, un autre fait cela contre vous, il l’a fait sous la dictée d’un tel. Ils tentent d’isoler le Président de valeurs saines de gens qui étaient dans sa proximité et qu’ils sont parvenus à écarter. Le Président est fondamentalement pris en otage, ils lui font savoir ce que eux, veulent qu’ils sachent. Si vous aviez l’opportunité de voir la revue de presse qui lui est présentée, vous vous rendrez compte que cela n’a rien à voir avec les sujets traités dans la presse.
Est-ce que le Président est conscient de la manipulation dont il ferait l’objet ?
Je pense qu’il est en train de se rendre compte de la manipulation dont il fait l’objet de la part de son entourage immédiat, parce qu’il se rend compte de plus en plus que la réalité est loin d’être ce qu’on lui présente. Si on lui dit qu’il n’y a pas de pénurie et que ce sont des commerçants véreux qui font la rétention des denrées, il fait agir les forces de l’ordre pour traquer des commerçants véreux, alors que la réalité était tout autre. On a évité de dire au Président que le gouvernement n’a pas respecté ses engagements qui consistaient à payer, chaque semaine, la subvention dûe aux commerçants. Cette subvention impayée, cumulée sur une période très longue, a affecté la trésorerie des commerçants qui n’arrivaient plus à renouveler leurs stocks. Et pour se préserver et sauver leurs affaires, ces commerçants étaient dans l’obligation de garder ce qui leur reste en attendant que le gouvernement apure ce qu’il leur doit. Si le problème avait été présenté au Président comme tel, il ne ferait pas recours aux forces de l’ordre pour traquer des commerçants véreux car, il n’en existe pas. Il y a plutôt un entourage véreux autour du Président qui l’oriente dans des directions qui sont contre ses propres intérêts et ceux du peuple sénégalais. Tous ceux qui ont été écartés de l’entourage du Président ont fait l’objet de calomnies et de complots de la part de ces mêmes personnes. La conséquence : des guéguerres sans enjeux, des conflits personnalisés qui n’ont rien à voir avec les enjeux nationaux mais qui servent à positionner Samba ou Demba dans l’entourage immédiat du Président.
C’est peut-être le cas de Macky Sall ?
Absolument ! Qu’est-ce que Macky Sall a fait ? Rien ! Et pourtant, il a été diabolisé et victimisé tout simplement parce que des cercles mafieux dans l’entourage du Président l’ont présenté comme l’instigateur d’une initiative qui porte atteinte à la famille du Président. Alors que vouloir entendre le fils du Président dans le cadre de la gestion d’une mission publique par le Parlement, s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Mais, on a fait croire au Président que c’est lui qui est visé. Quand une institution a la mission d’exercer au compte et au nom des Sénégalais, il faut la laisser exercer ses prérogatives. On a travaillé le Président en mettant des réseaux qui font écho de ces combines jusqu’à créer un conflit artificiel qui n’a aucune base, aucun fondement et attirer l’attention de la Nation sur cette crise créée alors que l’attention des populations devrait être portée sur des enjeux porteurs d’initiatives pour le pays. Cela montre que ces gens n’ont pas les préoccupations que nous avons.
Qu’est-ce qui vous lie à Macky Sall ?
Mes rapports avec Macky Sall sont amicaux. Nos relations datent d’avant l’Alternance que celle-ci a consolidées. On a échangé davantage, on s’est rapproché et on s’est découvert des affinités. Nous avons partagé des idées et des convictions et, du point de vue des ambitions, on n’est pas loin l’un de l’autre.
Quelles sont ces ambitions dont vous parlez ?
L’ambition que nous avons ensemble, c’est régénérer l’Alternance, restaurer l’autorité de l’Etat, la dignité du Sénégal et, impliquer le peuple dans l’élaboration des choix qui conditionnent notre ambition politique.
C’est donc dire que vous allez vous démarquer de la ligne du pouvoir ?
Je n’ai jamais été un adepte de la ligne du pouvoir. J’ai toujours eu une attitude d’autonomie et d’indépendance vis-à-vis du pouvoir. Cela n’a jamais été mon orientation…
Mais vous semblez engager la responsabilité de Macky Sall dans ce combat…
Absolument pas ! Macky Sall est encore membre du Pds et de ses instances de direction. Il est Président de l’Assemblée nationale, ma proximité avec lui n’a rien à voir avec mon orientation sur le terrain politique. Je conduis une politique élaborée par la direction du Nouveau parti (Np), et, Macky Sall étant membre d’un autre parti, c’est à lui de définir ses rapports avec l’orientation de son parti.
Ces derniers jours, il a été beaucoup question de l’affaire dite des dépassements budgétaires. Comment l’analysez-vous ?
D’abord, pour moi, il ne s’agit pas de dépassements budgétaires, c’est pourquoi je n’ai pas compris pourquoi les journalistes acceptent qu’on leur impose des concepts. Je crois qu’ils sont suffisamment outillés pour comprendre qu’un dépassement budgétaire fait l’objet d’autorisation de crédits par l’Assemblée nationale. Si on effectue des dépenses au-delà du niveau autorisé, c’est dans ce cas qu’on peut parler de dépassement. Mais, pour ce qui est des cas évoqués ces derniers jours, on est loin d’une situation de dépassement parce qu’aucune de ses dépenses n’a fait l’objet d’autorisation de crédits votés par l’Assemblée. Les Sénégalais ont la mémoire courte, car le Représentant-résident du Fmi dans les colonnes du journal « Le Quotidien » et dans l’émission Grand jury de la Rfm, avait indiqué que le Sénégal effectuait des dépenses en toute illégalité. Le Nouveau parti, lors d’une conférence de presse organisée le 10 juillet, avait demandé au Gouvernement de faire la lumière sur toutes les dépenses effectuées sans l’autorisation de l’Assemblée. Nous avions même demandé que l’on clarifie les rapports entre le Trésor publique et l’Anoci, parce que c’était suspicieux. Donc, la question de ces dépenses n’est pas nouvelle. Il s’agit de centaines de milliards dépensés d’une façon illégale sans aucune couverture budgétaire, sans que l’Assemblée nationale ait été saisie. Donc, cela s’appelle un détournement de biens sociaux.
Quelle est la chaîne de responsabilités dans cette affaire ?
Je ne sais pas comment fonctionne l’Etat sur cette question, mais je sais que les dépenses sont effectuées sur la base d’une Loi des finances adoptée par l’Assemblée. Si, la situation évoluant nécessite une rectification, une loi rectificative des finances est soumise à l’Assemblée. De ce point de vue, c’est la responsabilité de l’Exécutif qui est engagée, parce que le Gouvernement a commis des actes délictuels en effectuant des dépenses illégales. Pour cela, le gouvernement doit faire l’objet de poursuites judiciaires pour détournement de biens sociaux. Le Gouvernement a gi en dehors des cadres normatifs qui déterminent les conditions et les modalités de dépenser les deniers publics et, peu importe le montant de la somme, pourquoi devons-nous croiser les bras devant cette prévarication. On détourne des centaines de milliards alors qu’on s’interdit d’allouer aux populations 5 milliards de francs pour subventionner le riz. J’appelle le peuple à prendre ses responsabilités car, si on ne dit rien, ce sont des situations plus graves qu’on va nous imposer. Il est temps dans la cohésion et dans l’unité, qu’on arrête cela. De ce point de vue, je demande au Procureur de la République de s’auto-saisir et d’ouvrir une instruction pour déterminer les responsabilités. En second lieu, il faut que l’Assemblée nationale puisse assumer les responsabilités que l’Etat lui confère. Il n’est pas question qu’on altère la légitimité et la légalité de l’Assemblée de sa mission d’autoriser des dépenses publiques. Qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise en place pour faire la lumière sur cette affaire. Ce sera l’occasion pour les jaseurs professionnels qui sont à la tête de notre groupe parlementaire –parce que je suis dans la coalition Sopi- de montrer aux Sénégalais qu’ils se soucient d’eux et qu’ils sont à leur disposition.
Mais comment peut-on, dans un Etat, être négligent au point de décaisser de telles sommes malgré tout le dispositif de contrôle en amont ?
Ce qui ne marche pas, c’est encore une des caractéristiques du régime présidentiel. Le Président a prérogative sur tout. Il peut, après le vote du Budget par l’Assemblée nationale, réaffecter des ressources à d’autres secteurs, c’est la Constitution qui lui donne ces prérogatives. Cela permet de comprendre comment ce qui s’est passé. Mais, ce qui est plus grave, c’est la responsabilité de toute la chaîne qui est engagée de sorte qu’on doit avoir l’honnêteté de réclamer la démission du gouvernement. Comment comprendre qu’un ministre délégué soit plus responsable qu’un gouvernement et au premier chef, son chef ? Comment comprendre qu’on puisse sanctionner un ministre délégué dans une affaire qui implique tout un gouvernement tout en préservant le Chef de ce gouvernement. Je n’ai aucun problème avec l’actuel Premier ministre qui est un homme courtois, disponible et compétent, mais j’ai l’intime conviction qu’on ne le laisse pas travailler. Sinon, on n’aurait pas pu connu ces travers qui sont limités dans le temps. On cherche à nous faire croire que ces dépassements s’étendent sur plusieurs d’exercices budgétaires, or, ce n’est pas le cas. Tout s’est passé au cours de l’exercice budgétaire 2008. La précision a été apportée par le ministre des Finances en personne. Je crois que le gouvernement doit assumer sa responsabilité et partir, s’il ne le fait pas, que le Président assume la responsabilité de le démettre. Comment un Premier ministre, un ministre des Finances peuvent-ils autoriser un marché qui ne fait pas l’objet de couverture de crédits ? L’attestation de couverture de crédits est indispensable pour donner un Ok sur un marché de l’Etat. Donc, on se fout de notre gueule. Comment comprendre qu’une enveloppe de 2,7 milliards de francs ait été allouée à l’aéroport Léopold Sédar Senghor pour des travaux de peinture et demander que cette dépense soit imputée au budget d’investissement de 2009 ? Il y a lieu de s’interroger sur l’orthodoxie budgétaire. Il faut que cela s’arrête. Sinon, le peuple doit prendre la responsabilité de les arrêter.
La crise persiste, les détournements de bien sociaux s’ajoutent aux problèmes et le Gouvernement prend ses vacances. Comment jugez-vous cela ?
« La Sentinelle » l’a dit il y a deux semaines : C’est une non assistance à populations en danger. C’est de l’irresponsabilité caractérisée que dans la situation que le pays traverse, on se permette d’aller en vacances. Cela dénote du rapport que le gouvernement entretient avec le peuple sénégalais, un rapport d’irrespect et de manque de considération. Cela s’est conforté avec la dernière mesure qui est prise avant d’aller en vacances : la suppression de la subvention. Qu’est-ce qu’on peut demander à ce Gouvernement ? Qu’il parte.
Vous avez un contentieux avec des députés que vous avez accusés de corruption. Où en est le dossier après qu’on vous a remis une sommation interpellative ?
Je crois que la sommation interpellative est derrière nous. Le dossier avait progressé. J’avais lu dans la presse qu’ils avaient commis deux avocats et qu’ils étaient en train de réfléchir sur comment m’assigner devant la justice pour diffamation. Je n’ai pas de contentieux avec les députés. Ce sont des éléments qui sont à la tête du groupe parlementaire auquel j’appartiens qui ont voulu instrumentaliser des jeunes et innocents députés contre moi. Ces jeunes députés ont compris que ce n’est pas leur combat et l’ont fait remarquer à celui qui le leur demandait. J’attends qu’ils assument, mais je suis convaincu qu’ils tarderont à l’assumer, parce qu’ils n’ont pas le courage d’assumer ce genre de combats. Ils savent qu’ils sont déjà perdants dans ce combat. Je me suis autorisé à redonner mon adresse y compris le numéro d’immatriculation de mon domicile. Je pense que la volonté des députés a été détournée au profit d’ambitions de quelqu’un qui voulait s’installer à la tête du Congrès et qui a payé pour ça.
Vous voulez parler de Pape Diop avec qui, dit-on, vous avez des rapports conflictuels…
Je suis en conflit avec tous ceux qui ont une attitude d’oppression du peuple sénégalais ?
Dont Pape Diop…
Qui qu’il soit. Quand même, nous ne sommes pas dans une jungle. Le Sénégal ne peut pas être dirigé par n’importe quel « wouya-wouya ». Il faut de l’éthique, de la probité, un parcours, et être propre. Il ne faut pas être mêlé à des combines qui ont généré des périodes obscures et ne pas être dans des dispositifs mafieux internationaux qui ont été dénoncés dans notre pays en 2001 et 2002. On ne peut pas croiser les bras et attendre que des hommes de cette nature réunissent les conditions pour diriger le pays. Jamais ! Nous combattrons ces gens-là et tous ceux qui tenteront de nous les imposer. Pour ce combat, on est prêt à assumer tout ce qui en résultera, pour leur part, qu’ils assument la leur dans ce combat.
Le débat autour de la succession du Président est posé et d’aucuns lui prêtent l’intention de vouloir imposer son fils Karim Wade. Quelle est votre position dans ce débat ?
Si le Président pense un seul instant qu’il peut nous imposer une personne de son choix, c’est parce qu’il ne vit plus au Sénégal. Il est impossible d’envisager d’imposer qui que ce soit dans ce pays. Peut-être que cela était possible avant, mais, c’est derrière nous.
Vous doutez de la capacité du Président de réussir cela mais il a le pouvoir et contrôle les institutions. Ne peut-il pas s’appuyer sur ces atouts pour le faire ?
Entre l’exercice du pouvoir et le contrôle des institutions, c’est un rapport de force dans une période déterminée. Les dispositions dans lesquelles le peuple sénégalais est aujourd’hui interdisent d’envisager à court terme que le Président puisse disposer des institutions comme il en dispose aujourd’hui. On verra sous peu comment seront configurés les rapports des uns avec les institutions et le pouvoir.
Mahmout Saleh : Je précise que je n’ai pas de problèmes particuliers avec le Président Wade. J’ai des problèmes avec la politique qui est censée être portée et dont la caractéristique est l’agression contre le pays. C’est une politique que je ne saurai accompagner et qui n’est pas celle pour laquelle on avait accompagné le changement au Sénégal. J’ai des problèmes avec eux sur les politiques d’orientation et de choix, mais pas avec Wade avec qui j’entretiens toujours des relations amicales et des rapports courtois.
Les politiques que vous fustigez sont élaborées par le Président Wade. N’est-ce pas un paradoxe de vouloir le disculper ?
Je ne cherche pas à le disculper. Les termes sont assez précis. Le Président est chargé de la définition de la politique de la Nation ; il définit les grandes orientations qui doivent engager la responsabilité du pays. Le gouvernement, depuis la Constitution de 2001, a été institutionnalisé, donc, ce n’est plus le gouvernement comme on en a connu avant l’Alternance. Donc, le Chef du gouvernement est devenu une personnalité avec un rang protocolaire, il a une mission qui est de traduire en actes et orientations la politique dégagée par le Président. De ce point de vue, la responsabilité la plus visible est celle du gouvernement. C’est à ce niveau que ça ne va pas. Les politiques et les orientations sont bonnes et positives ; si elles étaient bien traduites, il est évident qu’on n’aurait pas connu la situation que nous vivons.
Est-ce à dire que Me Wade n’a pas les hommes qu’il faut pour conduire ses politiques ?
C’est une évidence. Cela a été constaté depuis l’avènement de l’Alternance. L’instabilité qui a caractérisé les gouvernements de l’Alternance est connue de tout le monde. C’est moins l’absence d’hommes capables de constituer l’ossature d’une équipe gouvernementale pérenne que l’instabilité qui résulte du tâtonnement qui est le fait du Président lui-même. Il est évident que si les hommes qui ont combattu aux côtés des Sénégalais conduisaient les destinées du pays, on n’aurait pas tous ces problèmes qu’on connaît. On ne peut pas être l’instrument d’une politique à laquelle on ne croit pas. On ne peut s’être opposé toute sa vie durant pour l’avènement d’un changement et être l’instrument de la politique du changement. C’est un rapport d’antagonisme irréductible qui existe entre ces deux positions. Or, nous constatons depuis l’avènement de l’Alternance, que l’ossature des différents gouvernements qui se sont succédé est constituée d’hommes qui ont toujours combattu les intérêts du peuple sénégalais. Ces gens ne traduisent que les politiques qu’ils connaissent : celles d’oppression et de répression des populations.
Vous avez été Conseiller de Wade, n’était-ce pas une occasion pour lui proposer une esquisse de solutions ?
J’ai des rapports particuliers avec Wade, mais je ne suis pas issu de son parti. Il m’a toujours suggéré d’y entrer et d’y dissoudre le mien, ce que j’ai refusé parce que je veux garder un rapport d’indépendance absolue politique, financière et matérielle vis-à-vis de lui. J’ai toujours tendance à lui dire ce que je pense. Quand j’étais à ses côtés, on a toujours eu des échanges d’intérêt national, mais, le dernier mot lui revenait. S’il pense qu’il n’était pas utile de prendre en compte mes avis, je ne peux qu’en prendre acte.
N’étiez-vous pas perçu comme un élément perturbateur aux yeux de son entourage immédiat ?
Tout à fait ! J’ai été toujours mal vu par certains de ses collaborateurs.
Quelle en était la raison ?
Parce que je ne faisais pas partie d’eux. Je n’acceptais pas d’être aux ordres, je manifestais en toute circonstance et en toute occasion mon indépendance. Nous avions toujours pris position par rapport aux questions nationales et il est évident que du fait de ces prises de positions, je ne suis pas bien perçu, tant dans son Cabinet qu’au sein du gouvernement. Pour cela, j’avoue que tout a été fait pour limiter mes accès au Cabinet du Président. Et c’est de bonne guerre.
Avez-vous été victime de délation ou de combines de la part de l’entourage du Président, car il semble que ces pratiques sont récurrentes au Palais ?
Ceux qui sont aux côtés du Président ne justifient leur présence que par des relations de délation, de laudation et d’incurie. Ces gens n’ont ni l’expertise qui résulte de la maîtrise de la gestion des affaires de l’Etat, ni l’expérience politique acquise à la suite d’un parcours connu. Donc, c’est par d’autres circuits qu’ils sont passés pour arriver là où ils sont. Ces circuits nécessitent de mentir en permanence, de prêter aux uns et aux autres des intentions qu’ils n’ont pas, et d’être les laudateurs attitrés du Prince et de s’abstenir de toute position qui émanerait de principes et de valeurs. Ce n’est pas de leur faute, parce qu’ils en sont dépourvus. Ils passent leur temps à dire au Président qu’un tel a dit des choses contre vous, un autre fait cela contre vous, il l’a fait sous la dictée d’un tel. Ils tentent d’isoler le Président de valeurs saines de gens qui étaient dans sa proximité et qu’ils sont parvenus à écarter. Le Président est fondamentalement pris en otage, ils lui font savoir ce que eux, veulent qu’ils sachent. Si vous aviez l’opportunité de voir la revue de presse qui lui est présentée, vous vous rendrez compte que cela n’a rien à voir avec les sujets traités dans la presse.
Est-ce que le Président est conscient de la manipulation dont il ferait l’objet ?
Je pense qu’il est en train de se rendre compte de la manipulation dont il fait l’objet de la part de son entourage immédiat, parce qu’il se rend compte de plus en plus que la réalité est loin d’être ce qu’on lui présente. Si on lui dit qu’il n’y a pas de pénurie et que ce sont des commerçants véreux qui font la rétention des denrées, il fait agir les forces de l’ordre pour traquer des commerçants véreux, alors que la réalité était tout autre. On a évité de dire au Président que le gouvernement n’a pas respecté ses engagements qui consistaient à payer, chaque semaine, la subvention dûe aux commerçants. Cette subvention impayée, cumulée sur une période très longue, a affecté la trésorerie des commerçants qui n’arrivaient plus à renouveler leurs stocks. Et pour se préserver et sauver leurs affaires, ces commerçants étaient dans l’obligation de garder ce qui leur reste en attendant que le gouvernement apure ce qu’il leur doit. Si le problème avait été présenté au Président comme tel, il ne ferait pas recours aux forces de l’ordre pour traquer des commerçants véreux car, il n’en existe pas. Il y a plutôt un entourage véreux autour du Président qui l’oriente dans des directions qui sont contre ses propres intérêts et ceux du peuple sénégalais. Tous ceux qui ont été écartés de l’entourage du Président ont fait l’objet de calomnies et de complots de la part de ces mêmes personnes. La conséquence : des guéguerres sans enjeux, des conflits personnalisés qui n’ont rien à voir avec les enjeux nationaux mais qui servent à positionner Samba ou Demba dans l’entourage immédiat du Président.
C’est peut-être le cas de Macky Sall ?
Absolument ! Qu’est-ce que Macky Sall a fait ? Rien ! Et pourtant, il a été diabolisé et victimisé tout simplement parce que des cercles mafieux dans l’entourage du Président l’ont présenté comme l’instigateur d’une initiative qui porte atteinte à la famille du Président. Alors que vouloir entendre le fils du Président dans le cadre de la gestion d’une mission publique par le Parlement, s’inscrit dans l’ordre normal des choses. Mais, on a fait croire au Président que c’est lui qui est visé. Quand une institution a la mission d’exercer au compte et au nom des Sénégalais, il faut la laisser exercer ses prérogatives. On a travaillé le Président en mettant des réseaux qui font écho de ces combines jusqu’à créer un conflit artificiel qui n’a aucune base, aucun fondement et attirer l’attention de la Nation sur cette crise créée alors que l’attention des populations devrait être portée sur des enjeux porteurs d’initiatives pour le pays. Cela montre que ces gens n’ont pas les préoccupations que nous avons.
Qu’est-ce qui vous lie à Macky Sall ?
Mes rapports avec Macky Sall sont amicaux. Nos relations datent d’avant l’Alternance que celle-ci a consolidées. On a échangé davantage, on s’est rapproché et on s’est découvert des affinités. Nous avons partagé des idées et des convictions et, du point de vue des ambitions, on n’est pas loin l’un de l’autre.
Quelles sont ces ambitions dont vous parlez ?
L’ambition que nous avons ensemble, c’est régénérer l’Alternance, restaurer l’autorité de l’Etat, la dignité du Sénégal et, impliquer le peuple dans l’élaboration des choix qui conditionnent notre ambition politique.
C’est donc dire que vous allez vous démarquer de la ligne du pouvoir ?
Je n’ai jamais été un adepte de la ligne du pouvoir. J’ai toujours eu une attitude d’autonomie et d’indépendance vis-à-vis du pouvoir. Cela n’a jamais été mon orientation…
Mais vous semblez engager la responsabilité de Macky Sall dans ce combat…
Absolument pas ! Macky Sall est encore membre du Pds et de ses instances de direction. Il est Président de l’Assemblée nationale, ma proximité avec lui n’a rien à voir avec mon orientation sur le terrain politique. Je conduis une politique élaborée par la direction du Nouveau parti (Np), et, Macky Sall étant membre d’un autre parti, c’est à lui de définir ses rapports avec l’orientation de son parti.
Ces derniers jours, il a été beaucoup question de l’affaire dite des dépassements budgétaires. Comment l’analysez-vous ?
D’abord, pour moi, il ne s’agit pas de dépassements budgétaires, c’est pourquoi je n’ai pas compris pourquoi les journalistes acceptent qu’on leur impose des concepts. Je crois qu’ils sont suffisamment outillés pour comprendre qu’un dépassement budgétaire fait l’objet d’autorisation de crédits par l’Assemblée nationale. Si on effectue des dépenses au-delà du niveau autorisé, c’est dans ce cas qu’on peut parler de dépassement. Mais, pour ce qui est des cas évoqués ces derniers jours, on est loin d’une situation de dépassement parce qu’aucune de ses dépenses n’a fait l’objet d’autorisation de crédits votés par l’Assemblée. Les Sénégalais ont la mémoire courte, car le Représentant-résident du Fmi dans les colonnes du journal « Le Quotidien » et dans l’émission Grand jury de la Rfm, avait indiqué que le Sénégal effectuait des dépenses en toute illégalité. Le Nouveau parti, lors d’une conférence de presse organisée le 10 juillet, avait demandé au Gouvernement de faire la lumière sur toutes les dépenses effectuées sans l’autorisation de l’Assemblée. Nous avions même demandé que l’on clarifie les rapports entre le Trésor publique et l’Anoci, parce que c’était suspicieux. Donc, la question de ces dépenses n’est pas nouvelle. Il s’agit de centaines de milliards dépensés d’une façon illégale sans aucune couverture budgétaire, sans que l’Assemblée nationale ait été saisie. Donc, cela s’appelle un détournement de biens sociaux.
Quelle est la chaîne de responsabilités dans cette affaire ?
Je ne sais pas comment fonctionne l’Etat sur cette question, mais je sais que les dépenses sont effectuées sur la base d’une Loi des finances adoptée par l’Assemblée. Si, la situation évoluant nécessite une rectification, une loi rectificative des finances est soumise à l’Assemblée. De ce point de vue, c’est la responsabilité de l’Exécutif qui est engagée, parce que le Gouvernement a commis des actes délictuels en effectuant des dépenses illégales. Pour cela, le gouvernement doit faire l’objet de poursuites judiciaires pour détournement de biens sociaux. Le Gouvernement a gi en dehors des cadres normatifs qui déterminent les conditions et les modalités de dépenser les deniers publics et, peu importe le montant de la somme, pourquoi devons-nous croiser les bras devant cette prévarication. On détourne des centaines de milliards alors qu’on s’interdit d’allouer aux populations 5 milliards de francs pour subventionner le riz. J’appelle le peuple à prendre ses responsabilités car, si on ne dit rien, ce sont des situations plus graves qu’on va nous imposer. Il est temps dans la cohésion et dans l’unité, qu’on arrête cela. De ce point de vue, je demande au Procureur de la République de s’auto-saisir et d’ouvrir une instruction pour déterminer les responsabilités. En second lieu, il faut que l’Assemblée nationale puisse assumer les responsabilités que l’Etat lui confère. Il n’est pas question qu’on altère la légitimité et la légalité de l’Assemblée de sa mission d’autoriser des dépenses publiques. Qu’une commission d’enquête parlementaire soit mise en place pour faire la lumière sur cette affaire. Ce sera l’occasion pour les jaseurs professionnels qui sont à la tête de notre groupe parlementaire –parce que je suis dans la coalition Sopi- de montrer aux Sénégalais qu’ils se soucient d’eux et qu’ils sont à leur disposition.
Mais comment peut-on, dans un Etat, être négligent au point de décaisser de telles sommes malgré tout le dispositif de contrôle en amont ?
Ce qui ne marche pas, c’est encore une des caractéristiques du régime présidentiel. Le Président a prérogative sur tout. Il peut, après le vote du Budget par l’Assemblée nationale, réaffecter des ressources à d’autres secteurs, c’est la Constitution qui lui donne ces prérogatives. Cela permet de comprendre comment ce qui s’est passé. Mais, ce qui est plus grave, c’est la responsabilité de toute la chaîne qui est engagée de sorte qu’on doit avoir l’honnêteté de réclamer la démission du gouvernement. Comment comprendre qu’un ministre délégué soit plus responsable qu’un gouvernement et au premier chef, son chef ? Comment comprendre qu’on puisse sanctionner un ministre délégué dans une affaire qui implique tout un gouvernement tout en préservant le Chef de ce gouvernement. Je n’ai aucun problème avec l’actuel Premier ministre qui est un homme courtois, disponible et compétent, mais j’ai l’intime conviction qu’on ne le laisse pas travailler. Sinon, on n’aurait pas pu connu ces travers qui sont limités dans le temps. On cherche à nous faire croire que ces dépassements s’étendent sur plusieurs d’exercices budgétaires, or, ce n’est pas le cas. Tout s’est passé au cours de l’exercice budgétaire 2008. La précision a été apportée par le ministre des Finances en personne. Je crois que le gouvernement doit assumer sa responsabilité et partir, s’il ne le fait pas, que le Président assume la responsabilité de le démettre. Comment un Premier ministre, un ministre des Finances peuvent-ils autoriser un marché qui ne fait pas l’objet de couverture de crédits ? L’attestation de couverture de crédits est indispensable pour donner un Ok sur un marché de l’Etat. Donc, on se fout de notre gueule. Comment comprendre qu’une enveloppe de 2,7 milliards de francs ait été allouée à l’aéroport Léopold Sédar Senghor pour des travaux de peinture et demander que cette dépense soit imputée au budget d’investissement de 2009 ? Il y a lieu de s’interroger sur l’orthodoxie budgétaire. Il faut que cela s’arrête. Sinon, le peuple doit prendre la responsabilité de les arrêter.
La crise persiste, les détournements de bien sociaux s’ajoutent aux problèmes et le Gouvernement prend ses vacances. Comment jugez-vous cela ?
« La Sentinelle » l’a dit il y a deux semaines : C’est une non assistance à populations en danger. C’est de l’irresponsabilité caractérisée que dans la situation que le pays traverse, on se permette d’aller en vacances. Cela dénote du rapport que le gouvernement entretient avec le peuple sénégalais, un rapport d’irrespect et de manque de considération. Cela s’est conforté avec la dernière mesure qui est prise avant d’aller en vacances : la suppression de la subvention. Qu’est-ce qu’on peut demander à ce Gouvernement ? Qu’il parte.
Vous avez un contentieux avec des députés que vous avez accusés de corruption. Où en est le dossier après qu’on vous a remis une sommation interpellative ?
Je crois que la sommation interpellative est derrière nous. Le dossier avait progressé. J’avais lu dans la presse qu’ils avaient commis deux avocats et qu’ils étaient en train de réfléchir sur comment m’assigner devant la justice pour diffamation. Je n’ai pas de contentieux avec les députés. Ce sont des éléments qui sont à la tête du groupe parlementaire auquel j’appartiens qui ont voulu instrumentaliser des jeunes et innocents députés contre moi. Ces jeunes députés ont compris que ce n’est pas leur combat et l’ont fait remarquer à celui qui le leur demandait. J’attends qu’ils assument, mais je suis convaincu qu’ils tarderont à l’assumer, parce qu’ils n’ont pas le courage d’assumer ce genre de combats. Ils savent qu’ils sont déjà perdants dans ce combat. Je me suis autorisé à redonner mon adresse y compris le numéro d’immatriculation de mon domicile. Je pense que la volonté des députés a été détournée au profit d’ambitions de quelqu’un qui voulait s’installer à la tête du Congrès et qui a payé pour ça.
Vous voulez parler de Pape Diop avec qui, dit-on, vous avez des rapports conflictuels…
Je suis en conflit avec tous ceux qui ont une attitude d’oppression du peuple sénégalais ?
Dont Pape Diop…
Qui qu’il soit. Quand même, nous ne sommes pas dans une jungle. Le Sénégal ne peut pas être dirigé par n’importe quel « wouya-wouya ». Il faut de l’éthique, de la probité, un parcours, et être propre. Il ne faut pas être mêlé à des combines qui ont généré des périodes obscures et ne pas être dans des dispositifs mafieux internationaux qui ont été dénoncés dans notre pays en 2001 et 2002. On ne peut pas croiser les bras et attendre que des hommes de cette nature réunissent les conditions pour diriger le pays. Jamais ! Nous combattrons ces gens-là et tous ceux qui tenteront de nous les imposer. Pour ce combat, on est prêt à assumer tout ce qui en résultera, pour leur part, qu’ils assument la leur dans ce combat.
Le débat autour de la succession du Président est posé et d’aucuns lui prêtent l’intention de vouloir imposer son fils Karim Wade. Quelle est votre position dans ce débat ?
Si le Président pense un seul instant qu’il peut nous imposer une personne de son choix, c’est parce qu’il ne vit plus au Sénégal. Il est impossible d’envisager d’imposer qui que ce soit dans ce pays. Peut-être que cela était possible avant, mais, c’est derrière nous.
Vous doutez de la capacité du Président de réussir cela mais il a le pouvoir et contrôle les institutions. Ne peut-il pas s’appuyer sur ces atouts pour le faire ?
Entre l’exercice du pouvoir et le contrôle des institutions, c’est un rapport de force dans une période déterminée. Les dispositions dans lesquelles le peuple sénégalais est aujourd’hui interdisent d’envisager à court terme que le Président puisse disposer des institutions comme il en dispose aujourd’hui. On verra sous peu comment seront configurés les rapports des uns avec les institutions et le pouvoir.