Pour ses premiers pas de candidate à la présidentielle 2016, Hillary Clinton a choisi l'Iowa, en plein coeur des Etats-Unis, où elle avait subi une défaite cinglante, il y a sept ans, face à Barack Obama alors jeune sénateur.
C'est à Monticello, petite ville de 4.000 habitants, située à deux heures et demi de route de Des Moines, la capitale de l'Etat, et quelque 1.500 km à l'ouest de Washington, que l'ancienne secrétaire d'Etat entame mardi une série de rencontres, en petits comités, avec des "Américains ordinaires".
Etat agricole d'à peine plus de trois millions d'habitants, l'Iowa occupe une place à part dans la géographie et l'histoire politique américaine. C'est le lieu des premiers affrontements pour tout candidat à la Maison Blanche. Depuis des décennies, il accueille les premières consultations d'électeurs pour la primaire des deux grands partis. Le résultat n'est pas décisif en termes arithmétiques, mais donne souvent le ton pour la suite.
La stratégie d'Hillary Clinton, illustrée par sa vidéo annonçant sa candidature, est claire: écouter, passer du temps sur le terrain et... essayer de se défaire d'une image qui lui colle à la peau: celle d'une personnalité très douée pour les joutes politiques de la capitale fédérale mais éloignée des réalités du pays.
Tous les symboles ont été soigneusement choisis: la candidate a pris la route à bord d'un van avec une équipe resserrée plutôt qu'un avion privé. Et le secret qui entoure son itinéraire ajoute au récit.
Cette volonté de faire profil bas est si poussée que l'ancienne First Lady s'est arrêtée lundi pour déjeuner sans même être reconnue. Lorsqu'elle a passé sa commande au comptoir d'un restaurant à Maumee, dans la banlieue de Toledo, dans l'Ohio, personne n'a réagi. Ce n'est qu'après reçu un appel d'une journaliste du New York Times que le responsable du restaurant a reconnu sa célèbre cliente - discrète derrière ses lunettes de soleil - en visionnant les vidéos enregistrées par les caméras de surveillance.
- "Le même jeu washingtonien" -
Mais pour espérer devenir la première femme présidente des Etats-Unis l'ancienne sénatrice de New York, âgé de 67 ans, ne devra seulement faire évoluer son image, elle devra aussi trouver la riposte face à ses adversaires républicains qui la présentent comme la candidate du passé.
En annonçant lundi sa candidature, Marco Rubio, sénateur de Floride qui a 24 ans de moins, n'a pris de gants: "Le temps est venu pour que notre génération ouvre la voie vers un nouveau siècle américain", a-t-il lancé, appelant à tourner la page des "leaders et des idées du passé".
Pour l'heure, l'ex-chef de la diplomatie américaine, qui a sillonné la planète pendant quatre ans, lance sa campagne avec des vents favorables. Sans opposant de taille dans la famille démocrate, elle pourrait largement s'épargner le rude combat de la primaire.
Selon un sondage du Pew Research Center réalisé juste avant son annonce, 59% des électeurs démocrates affirment qu'il y a une "bonne chance" qu'ils votent pour elle (contre 52% en 2007 à une époque comparable).
Après des mois d'intense préparation, elle devra aussi aller au-delà et avancer ses idées, son programme, et se positionner par rapport au président démocrate en place.
Barack Obama ne tarit pas d'éloges sur son "amie", qui fut "une secrétaire d'Etat exceptionnelle" et ferait "une excellente présidente". Lundi, son porte-parole Josh Earnest a souligné combien les deux anciens rivaux partageaient, sur nombre de sujets, "les mêmes préoccupations".
Mais la relation entre les deux n'a pas toujours été si simple. Et les républicains ne devraient pas se priver de reprendre à leur compte certains des critiques adressées, il y sept ans, par le candidat Obama à sa rivale.
En décembre 2007, à l'approche du test crucial de l'Iowa, il déclarait: "le vrai pari risqué dans cette élection, c'est de jouer le même jeu washingtonien, avec les mêmes joueurs, et d'espérer un résultat différent. C'est un risque que nous ne pouvons pas prendre".