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Mal gouvernance - Impunité - Instrumentalisation des Institutions - Cherté de la vie : Le Sénégal s'est-il arrêté en 2012 ?

Au vu de ce qu'il se passe actuellement au Sénégal, on a comme l'impression qu'il s'est arrêté en 2012. Parce que 10 ans après l'arrivée de Macky Sall, tous les problèmes qui avaient valu à Abdoulaye Wade sa chute, sont toujours d'actualité. Que ce soit la mal gouvernance, l'impunité, l'instrumentalisation des institutions, la cherté de la vie, sans compter la question du 3e mandat, ce sont toujours les mêmes maux qui reviennent avec les mêmes...mots. Bref, aujourd'hui, tous les ingrédients sont réunis pour une réédition du scénario de 2012. Finalement, c'est comme si le Président Sall n'avait rien retenu des leçons du passé. "Tribune"


Rédigé par leral.net le Vendredi 10 Juin 2022 à 11:11 | | 0 commentaire(s)|

Au Sénégal, le temps a-t-il suspendu son vol depuis 2012 ? C'est tout comme, car avec tout ce qui est en train de se (re) passer sous nos cieux, on a l'impression qu'on fait du surplace.

Aujourd'hui, les maux décriés sous le régime du Sopi sont toujours en vigueur avec le pouvoir Apr : scandales financiers à travers des dépenses somptuaires de l’État, une corruption érigée en règle, la prévarication et les détournements de deniers publics, les surfacturations dans des marchés de gré à gré au profit de pontes de la République, devenus du jour au lendemain, des milliardaires, le tout sur fond d'impunité, d'instrumentalisation des institutions et de hausses tous azimuts des prix qui asphyxient les populations. Bref, tous les ingrédients qui avaient concouru à la chute de Wade, sont réunis pour une réédition du scénario de 2012.

Pour n'avoir pas fait de la Rupture tant vantée et chantée, son mode de gouvernance, préférant reconduire les mêmes travers que son prédécesseur et maître, le Président Macky Sall se retrouve aujourd'hui dans la même situation que le Pape du Sopi. Qualifié de «génie» politique par ses thuriféraires, il aura du mal à se sortir du mauvais guêpier dans lequel il s'est mis tout seul.

Pourtant, le Président Sall avait toute la latitude pour éviter de plonger le Sénégal dans l'impasse vers laquelle il se dirige aujourd'hui, s'il avait seulement respecté les engagements souscrits auprès de Amadou Maktar Mbow

Mais, après avoir signé la Charte de bonne gouvernance, il a fini par la snober, préférant, comme ses prédécesseurs, se complaire dans un hyper présidentialisme, avec des pouvoirs exorbitants qu'il manipule à sa guise. Ce qui, comme toujours, finit par entraîner un ras le bol généralisé avec des conséquences fâcheuses.

Pourtant, c'est pour éviter ces genres de situation que le président Amadou Makhtar Mbow et ses techniciens, après trois années de recherches et de concertations, avaient pu trouver un vaccin nommé «Charte de gouvernance démocratique», pour guérir la démocratie sénégalaise des tares qu'elle traîne depuis les indépendances et qui l'empêchent de progresser.

Parce que, malgré les années et les changements de présidents, le Sénégal fait du surplace. D'ailleurs, dans le diagnostic sans complaisance établi par Mbow et ses techniciens, on pouvait lire ceci : «Tout le monde sait que le Sénégal traverse une période difficile de son histoire.

Dans la plupart des domaines de la vie nationale, les fruits de l’alternance démocratique n’ont pas tenu les promesses des fleurs du 19 mars 2000. Aux contentieux politiques d’ordre institutionnel ou électoral viennent s’ajouter les difficultés croissantes de la vie quotidienne, dominées par une misère et un chômage endémiques, une inflation galopante et des pénuries de toutes sortes. Face à cette crise multidimensionnelle aux conséquences imprévisibles, l’inquiétude et le désarroi se répandent, tandis que chacun s’interroge avec perplexité sur l’avenir.

L’acuité des problèmes de survie du plus grand nombre et l’accumulation des périls à l’horizon, exigent de l’ensemble des forces vives du pays une réflexion collective, une mobilisation massive et une action pacifique mais résolue. Tous, ensemble, nous devons nous poser la question de savoir : où va le Sénégal ? Notre opinion est que le pays se trouve dans une impasse et notre choix est de lui éviter des convulsions douloureuses ; de tenter de l’en sortir par le dialogue, qui est plus conforme à nos traditions, à notre culture, à notre civilisation
».

Mais, pour n'avoir pas su anticiper sur les événements en voulant reconduire les méthodes éculées de ses devanciers, le Président Sall se trouve aujourd'hui rattrapé par sa mal gouvernance, l'impunité accordée à ses ouailles, l'instrumentalisation des institutions, la cherté de la vie, mais aussi, la question du 3e mandat.

Et actuellement, il est incontestable que la société sénégalaise ne s’en laissera plus conter et s'opposera avec vigueur à ces mauvaises pratiques comme ce fut le cas avec Me Wade. Persuadé de son bon droit, fier du mythe de l’exceptionnalité qu’il a sécrété, le peuple sénégalais compte faire face à l’autoritarisme et à la mal gouvernance d'où qu'ils proviennent. C’est là que réside la véritable gouvernance sobre et vertueuse, dont les effets se retournent maintenant contre Macky Sall, comme ils se sont retournés contre le Sopi de Wade en 2012.






Tribune