C’est des dizaines de milliards de francs, presque quarante milliards, que l’Etat consacre chaque année rien qu’au paiement des bourses de ces messieurs les étudiants. Lesquels sont pour la plupart logés en résidences universitaires avec un loyer ridicule, ne payent pas l’eau encore moins l’électricité, achètent le repas (avec entrée et dessert s’il vous plait !) à 110 francs, sont couverts sur le plan médical etc. On ne leur demande qu’une seule chose : étudier. Ce qu’ils ne veulent pas faire malheureusement, alignant les grèves sous les prétextes les plus saugrenus. C’est peu dire pourtant que nos finances publiques, déjà bien mal en point, supportent difficilement les charges de nos universités. Malgré tout, la République, bonne fille, se sacrifie pour ces enfants gâtés que sont les étudiants de nos universités.
Pour ne rien arranger, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, démagogue en diable, avait généralisé la bourse pour tous les étudiants du pays qui sont plus de 100.000. Plus exactement, il avait généralisé l’octroi de l’aide annuelle de 60.000 francs, mais c’est tout comme pour le Trésor public. Plutôt que d’être reconnaissants à l’Etat pour ces efforts qui sont au-dessus de ses ressources financières, nos étudiants se signalent par une surenchère irresponsable, se permettant même, parfois, d’exiger l’augmentation du taux de la bourse ! Et si d’aventure l’Etat, qui n’a pas que cette dépense à effectuer, tarde à payer lesdites bourses, les Sénégalais, et en particulier les habitants de la capitale, ont droit à une Intifada que rien ne justifie. Gare à ceux qui passeraient aux environs de l’Ucad dont les véhicules ont toutes les chances d’être caillassées voire brûlées. Quant au mobilier urbain des communes avoisinantes, il paye toujours un lourd tribut aux monômes de ces mêmes grands enfants gâtés de la République. S’ils acceptaient encore d’étudier !
Il se trouve que, hélas, ils prétendent avoir le droit de redoubler à l’infini et garder éternellement le bénéfice de la bourse. Laquelle constitue pour eux une sorte d’allocation chômage qu’ils percevraient tout en s’inscrivant dans des écoles privées de formation professionnelle voire en faisant des petits boulots rémunérés. Bien évidemment, l’Etat était obligé de mettre bon ordre dans ces abus. Il a entrepris de le faire non pas en supprimant les bourses, non pas en diminuant leur taux mais tout simplement, dans un premier temps, en la gelant pour tous ceux qui redoubleraient dans un même cycle, ce qui est quand même logique si on ne veut pas encourager les éternels étudiants qui mettent plus d’une décennie à obtenir la licence ! Il se trouve aussi qu’il fallait faire le ménage dans ce capharnaüm puisque nombreux sont de prétendus étudiants qui percevaient des bourses sans y avoir droit. En effet, d’après un audit du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, faisant suite à des missions de la Banque mondiale et de l’Inspection générale d’Etat, plus de 35.000 non ayants droit percevaient des bourses. Le préjudice subi par l’Etat est de plus de 10 milliards de nos francs. Et ce n’est là sans doute que la partie visible de l’iceberg.
Les enseignants n’étaient pas en reste, nos universités étant pour beaucoup d’entre eux, des pays de Cocagne et des poules aux œufs d’or où ils s’enrichissaient de manière éhontée au détriment de la communauté nationale. Le modus opérandi de cet enrichissement scandaleux et bien évidemment illicite est exposé par le menu par un de leurs collègues de l’Université de Thiès dont nous publions l’interview dans ce journal (voir page 10). Il faut dire que, bon an mal an, les fonctions de services génèrent 10 milliards de francs rien qu’à l’Ucad sans que le Trésor public voie trace de cet argent. On assiste dans nos campus publics à l’existence de grandes entreprises privées faisant des milliards de francs de chiffres d’affaires — à tout le moins des centaines de millions — et dont les activités sont d’autant plus rentables que c’est l’Etat qui supporte toutes les charges. En effet, le business se fait dans les locaux des universités, l’électricité est payée par le même Etat de même que les salaires de nos enseignants-entrepreneurs mais aussi la rémunération du petit personnel.
Nos enseignants n’ont plus alors qu’à encaisser le pactole généré par leurs activités privées menées sans vergogne dans les universités publiques. Autrement dit, il existe de véritables écoles privées de formation dans nos universités mais aussi des laboratoires et instituts de sondages, tout aussi privés, et dont les plus grands bénéficiaires sont les enseignants de ces universités. Des enseignants qui en ont oublié de se former, encore moins de se consacrer à la recherche, leur principale activité consistant à se faire du pognon. Pas étonnant que, dans ces conditions, certains parmi eux soient des assistants depuis des décennies ! Il se passait aussi des choses pas très catholiques au niveau des inscriptions dans les facultés, certaines places étant carrément vendues. En entreprenant de mettre fin à ces pratiques maffieuses, et de bon ordre dans leur fonctionnement, le ministre de l’Enseignement supérieur, le Pr Mary Teuw Niane, signait bien évidemment son arrêt de mort.
Pas étonnant que ses collègues du Saes (Syndicat autonome des enseignants du Supérieur) aient profité de la mort de l’étudiant Bassirou Faye pour réclamer sa tête ! Le pauvre, il a mis fin à tellement de magouilles en plus d’avoir été l’un des meilleurs ministres de l’Enseignement supérieur que notre pays ait connus, que cela ne pouvait pas lui être pardonné. En particulier, le fait d’avoir donné un coup de pied dans la fourmilière du business florissant de certains profs d’universités et doyens de faculté, a fait de lui une cible à abattre. La mort de Balla Gaye, dont tous ces messieurs et dames se contrefichent complètement d’ailleurs, n’est pour eux qu’un prétexte car ils ne peuvent quand même pas dire décemment, ces distingués professeurs, que leur collègue Mary Teuw Niane est un empêcheur de magouiller en rond !
Encore une fois, il y a eu tellement de dérives maffieuses dans nos universités, et notre système d’enseignement supérieur est tellement déstructuré que l’Etat ne peut pas ne pas mettre en œuvre les réformes issues de la Concertation nationale sur l’avenir de l’Enseignement supérieur. Et il ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs pour dire que sa politique de « maslah » ne peut pas prospérer. On ne peut pas diriger un pays en faisant preuve de démagogie, or tous les bacheliers ne peuvent pas aller à l’université surtout que la plupart d’entre eux n’ont obtenu leur parchemin qu’avec la bienveillance extrême de leur jury. Ces cancres n’ont par conséquent pas leur place dans nos universités qui doivent rester des espaces d’excellence. Un point c’est tout. S’il fait envoyer les chars pour imposer cette réforme comme les Chinois l’avaient fait avec leurs étudiants du soi-disant « printemps » de Tien Am Men, qui avait fait officiellement 241 morts en 1989, il ne faut pas hésiter à le faire et qu’on en finisse avec ces crises étudiantes à répétition.
Ne nous berçons pas d’illusions, cependant, car ce n’est pas le président Macky Sall qui va faire cela lui qui, rien qu’avec la mort de Bassirou Faye, est allé à Canossa ! On n’ose pas lui demander de faire comme les militaires du Derg (junte qui avait pris le pouvoir en renversant le président Haïlé Selassié) éthiopien qui non seulement avaient tiré sur les étudiants qui manifestaient contre eux mais encore avaient réclamé aux parents des victimes venus réclamer le corps de leurs enfants… le remboursement du prix des balles ayant servi à les tuer !
LE TEMOIN
Article paru dans « Le Témoin N° 1176 » –Hebdomadaire Sénégalais ( SEPTEMBRE 2014)
Pour ne rien arranger, l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, démagogue en diable, avait généralisé la bourse pour tous les étudiants du pays qui sont plus de 100.000. Plus exactement, il avait généralisé l’octroi de l’aide annuelle de 60.000 francs, mais c’est tout comme pour le Trésor public. Plutôt que d’être reconnaissants à l’Etat pour ces efforts qui sont au-dessus de ses ressources financières, nos étudiants se signalent par une surenchère irresponsable, se permettant même, parfois, d’exiger l’augmentation du taux de la bourse ! Et si d’aventure l’Etat, qui n’a pas que cette dépense à effectuer, tarde à payer lesdites bourses, les Sénégalais, et en particulier les habitants de la capitale, ont droit à une Intifada que rien ne justifie. Gare à ceux qui passeraient aux environs de l’Ucad dont les véhicules ont toutes les chances d’être caillassées voire brûlées. Quant au mobilier urbain des communes avoisinantes, il paye toujours un lourd tribut aux monômes de ces mêmes grands enfants gâtés de la République. S’ils acceptaient encore d’étudier !
Il se trouve que, hélas, ils prétendent avoir le droit de redoubler à l’infini et garder éternellement le bénéfice de la bourse. Laquelle constitue pour eux une sorte d’allocation chômage qu’ils percevraient tout en s’inscrivant dans des écoles privées de formation professionnelle voire en faisant des petits boulots rémunérés. Bien évidemment, l’Etat était obligé de mettre bon ordre dans ces abus. Il a entrepris de le faire non pas en supprimant les bourses, non pas en diminuant leur taux mais tout simplement, dans un premier temps, en la gelant pour tous ceux qui redoubleraient dans un même cycle, ce qui est quand même logique si on ne veut pas encourager les éternels étudiants qui mettent plus d’une décennie à obtenir la licence ! Il se trouve aussi qu’il fallait faire le ménage dans ce capharnaüm puisque nombreux sont de prétendus étudiants qui percevaient des bourses sans y avoir droit. En effet, d’après un audit du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, faisant suite à des missions de la Banque mondiale et de l’Inspection générale d’Etat, plus de 35.000 non ayants droit percevaient des bourses. Le préjudice subi par l’Etat est de plus de 10 milliards de nos francs. Et ce n’est là sans doute que la partie visible de l’iceberg.
Les enseignants n’étaient pas en reste, nos universités étant pour beaucoup d’entre eux, des pays de Cocagne et des poules aux œufs d’or où ils s’enrichissaient de manière éhontée au détriment de la communauté nationale. Le modus opérandi de cet enrichissement scandaleux et bien évidemment illicite est exposé par le menu par un de leurs collègues de l’Université de Thiès dont nous publions l’interview dans ce journal (voir page 10). Il faut dire que, bon an mal an, les fonctions de services génèrent 10 milliards de francs rien qu’à l’Ucad sans que le Trésor public voie trace de cet argent. On assiste dans nos campus publics à l’existence de grandes entreprises privées faisant des milliards de francs de chiffres d’affaires — à tout le moins des centaines de millions — et dont les activités sont d’autant plus rentables que c’est l’Etat qui supporte toutes les charges. En effet, le business se fait dans les locaux des universités, l’électricité est payée par le même Etat de même que les salaires de nos enseignants-entrepreneurs mais aussi la rémunération du petit personnel.
Nos enseignants n’ont plus alors qu’à encaisser le pactole généré par leurs activités privées menées sans vergogne dans les universités publiques. Autrement dit, il existe de véritables écoles privées de formation dans nos universités mais aussi des laboratoires et instituts de sondages, tout aussi privés, et dont les plus grands bénéficiaires sont les enseignants de ces universités. Des enseignants qui en ont oublié de se former, encore moins de se consacrer à la recherche, leur principale activité consistant à se faire du pognon. Pas étonnant que, dans ces conditions, certains parmi eux soient des assistants depuis des décennies ! Il se passait aussi des choses pas très catholiques au niveau des inscriptions dans les facultés, certaines places étant carrément vendues. En entreprenant de mettre fin à ces pratiques maffieuses, et de bon ordre dans leur fonctionnement, le ministre de l’Enseignement supérieur, le Pr Mary Teuw Niane, signait bien évidemment son arrêt de mort.
Pas étonnant que ses collègues du Saes (Syndicat autonome des enseignants du Supérieur) aient profité de la mort de l’étudiant Bassirou Faye pour réclamer sa tête ! Le pauvre, il a mis fin à tellement de magouilles en plus d’avoir été l’un des meilleurs ministres de l’Enseignement supérieur que notre pays ait connus, que cela ne pouvait pas lui être pardonné. En particulier, le fait d’avoir donné un coup de pied dans la fourmilière du business florissant de certains profs d’universités et doyens de faculté, a fait de lui une cible à abattre. La mort de Balla Gaye, dont tous ces messieurs et dames se contrefichent complètement d’ailleurs, n’est pour eux qu’un prétexte car ils ne peuvent quand même pas dire décemment, ces distingués professeurs, que leur collègue Mary Teuw Niane est un empêcheur de magouiller en rond !
Encore une fois, il y a eu tellement de dérives maffieuses dans nos universités, et notre système d’enseignement supérieur est tellement déstructuré que l’Etat ne peut pas ne pas mettre en œuvre les réformes issues de la Concertation nationale sur l’avenir de l’Enseignement supérieur. Et il ne peut pas faire une omelette sans casser des œufs pour dire que sa politique de « maslah » ne peut pas prospérer. On ne peut pas diriger un pays en faisant preuve de démagogie, or tous les bacheliers ne peuvent pas aller à l’université surtout que la plupart d’entre eux n’ont obtenu leur parchemin qu’avec la bienveillance extrême de leur jury. Ces cancres n’ont par conséquent pas leur place dans nos universités qui doivent rester des espaces d’excellence. Un point c’est tout. S’il fait envoyer les chars pour imposer cette réforme comme les Chinois l’avaient fait avec leurs étudiants du soi-disant « printemps » de Tien Am Men, qui avait fait officiellement 241 morts en 1989, il ne faut pas hésiter à le faire et qu’on en finisse avec ces crises étudiantes à répétition.
Ne nous berçons pas d’illusions, cependant, car ce n’est pas le président Macky Sall qui va faire cela lui qui, rien qu’avec la mort de Bassirou Faye, est allé à Canossa ! On n’ose pas lui demander de faire comme les militaires du Derg (junte qui avait pris le pouvoir en renversant le président Haïlé Selassié) éthiopien qui non seulement avaient tiré sur les étudiants qui manifestaient contre eux mais encore avaient réclamé aux parents des victimes venus réclamer le corps de leurs enfants… le remboursement du prix des balles ayant servi à les tuer !
LE TEMOIN
Article paru dans « Le Témoin N° 1176 » –Hebdomadaire Sénégalais ( SEPTEMBRE 2014)