A six jours de l'élection présidentielle au Sénégal, les affrontements redoublent de violence entre les forces de l'ordre et l'opposition.Regroupée autour du Mouvement du 23 juin (M23), elle conteste la candidature d'Abdoulaye Wade qu'elle juge inconstitutionnelle. Les échauffourées qui ont lieu depuis maintenant près d'une semaine à Dakar notamment, place de l'Indépendance, ont porté dimanche à six le nombre de décès après la mort d'un jeune homme heurté par une pierre lors d'affrontements avec la police à Rufisque, grande banlieue populaire de Dakar. Le coordonnateur du Mouvement du 23 juin, Alioune Tine, a appelé à une nouvelle manifestation lundi après-midi dans le centre de la capitale. Malgré le lancement cette semaine d'une mission d'observateurs de l'Union africaine (UA) visant à surveiller le scrutin, de nouvelles violences sont à craindre si Wade est réélu.
"Il faudra s'attendre à un mouvement post-électoral très violent"
Depuis que la candidature d'Abdoulaye Wade a été validée par le Conseil constitutionnel le 27 janvier, l'opposition est bel et bien décidée à faire barrage au président sénégalais. "Le peuple lui reproche une forme de mégalomanie comme en témoigne la statue qu'il a érigé (le Monument de la renaissance africaine). On lui reproche aussi le bilan de la Casamance, région sénégalaise toujours en crise. Et il n'a pas réussi à éradiquer la pauvreté, la moitié des jeunes est au chômage", souligne au JDD.fr Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), en charge de l'Afrique, avant de noter "les avancées" des années Wade, "dans le domaine de l'infrastructure". "Dakar est une ville qui s'est métamorphosée. Les résultats économiques sont loin d'être catastrophiques." Le versant positif de ce bilan suffira-t-il à sa réélection? Pour Philippe Hugon, "il a des chances de gagner la présidentielle car il a le soutien d'une des plus grandes confréries religieuses du pays, les mourides, et du monde rural. Aussi, l'opposition est extraordinairement divisée, ce qui pourrait devenir une des raisons de sa réélection." Et si Wade passe, "il faudra sans doute s'attendre à un mouvement post-électoral très violent comme en Côte d'Ivoire avec Gbagbo", prévient-il.
Elu pour la première fois en 2000, puis en 2007, Abdoulaye Wade qui s'était présenté comme le candidat du "Sopi" ("changement" dans la langue nationale wolof) avait alors mis un terme à 40 années de gouvernance socialiste. Seulement un an après son accession au pouvoir, il avait appuyé une réforme de la Constitution prévoyant de ramener de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel et de porter le nombre de mandats à deux maximum ne lui permettant pas de se présenter en 2012. "Mais aujourd'hui, Wade étant persuadé d'être le sauveur du Sénégal ne veut pas abandonner", explique Philippe Hugon. A 86 ans, alors qu'il brigue un troisième mandat - grâce à l'approbation des membres du Conseil constitutionnel qu'il a lui-même nommé - il semblerait en effet que l'homme qui souhaitait en 2001 préserver le Sénégal de présidents accrochés à leur fauteuil ait pris, lui aussi, goût au pouvoir au point de ne plus vouloir y renoncer.
Anne-Sophie Balbir - leJDD.fr
"Il faudra s'attendre à un mouvement post-électoral très violent"
Depuis que la candidature d'Abdoulaye Wade a été validée par le Conseil constitutionnel le 27 janvier, l'opposition est bel et bien décidée à faire barrage au président sénégalais. "Le peuple lui reproche une forme de mégalomanie comme en témoigne la statue qu'il a érigé (le Monument de la renaissance africaine). On lui reproche aussi le bilan de la Casamance, région sénégalaise toujours en crise. Et il n'a pas réussi à éradiquer la pauvreté, la moitié des jeunes est au chômage", souligne au JDD.fr Philippe Hugon, directeur de recherche à l'IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques), en charge de l'Afrique, avant de noter "les avancées" des années Wade, "dans le domaine de l'infrastructure". "Dakar est une ville qui s'est métamorphosée. Les résultats économiques sont loin d'être catastrophiques." Le versant positif de ce bilan suffira-t-il à sa réélection? Pour Philippe Hugon, "il a des chances de gagner la présidentielle car il a le soutien d'une des plus grandes confréries religieuses du pays, les mourides, et du monde rural. Aussi, l'opposition est extraordinairement divisée, ce qui pourrait devenir une des raisons de sa réélection." Et si Wade passe, "il faudra sans doute s'attendre à un mouvement post-électoral très violent comme en Côte d'Ivoire avec Gbagbo", prévient-il.
Elu pour la première fois en 2000, puis en 2007, Abdoulaye Wade qui s'était présenté comme le candidat du "Sopi" ("changement" dans la langue nationale wolof) avait alors mis un terme à 40 années de gouvernance socialiste. Seulement un an après son accession au pouvoir, il avait appuyé une réforme de la Constitution prévoyant de ramener de sept à cinq ans la durée du mandat présidentiel et de porter le nombre de mandats à deux maximum ne lui permettant pas de se présenter en 2012. "Mais aujourd'hui, Wade étant persuadé d'être le sauveur du Sénégal ne veut pas abandonner", explique Philippe Hugon. A 86 ans, alors qu'il brigue un troisième mandat - grâce à l'approbation des membres du Conseil constitutionnel qu'il a lui-même nommé - il semblerait en effet que l'homme qui souhaitait en 2001 préserver le Sénégal de présidents accrochés à leur fauteuil ait pris, lui aussi, goût au pouvoir au point de ne plus vouloir y renoncer.
Anne-Sophie Balbir - leJDD.fr