Les six Français détenus dans le nord du Mali seraient toujours en vie a assuré jeudi le ministre des Affaires étrangères. Sans autre détail. Dans ce dossier délicat, Laurent Fabius, comme ses prédécesseurs, se montre prudent. Les négociations autour des otages réclament une discrétion extrême. Tout juste sait-on que plusieurs canaux ont été ouverts avec les kidnappeurs, membres d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) pour obtenir la libération des quatre employés d'Areva, enlevés à Arlit, au Niger, le 16 septembre 2010. Le sort des deux hommes, enlevés à Hombori, au nord du Mali, le 24 septembre 2011 est plus nébuleux. Dans une vidéo tournée le 22 mars dernier, ces deux ingénieurs, Philippe Verdon, qui semblait en mauvaise santé, et Serge Lararevic, appelaient la France à l'aide mais sans dévoiler une quelconque revendication de leurs ravisseurs.
Plantureuse rançon
Dans cette affaire, les certitudes sont rares. Les six Français, sur le total des onze Européens que détient Aqmi, sont aux mains du groupe d'Abou Zeid. Cet Algérien, qui passe pour un islamiste ultraradical, est déjà à l'origine de l'assassinat d'un Français et d'un Britannique. Françoise Larribe, enlevée avec son mari à Arlit et libérée en février 2011 contre une plantureuse rançon, a cependant assuré «avoir été bien traitée». Déguisée en Touareg, séparée avec son époux des autres otages, elle avait été régulièrement transférée d'un lieu à l'autre. Jeudi, Laurent Fabius a confirmé que les six Français étaient toujours séquestrés séparément. Une façon pour Aqmi de rendre plus complexe les surveillances satellitaires et une éventuelle opération militaire. En janvier dernier, l'armée française avait attaqué la katiba d'Abou Zeid alors qu'elle venait d'enlever deux Français à Niamey. Le raid s'était soldé par la mort des otages. C'était le dernier coup direct porté à Aqmi par Paris.
La déroute des Touaregs laïcs
Mais, depuis, la situation au Mali a connu une détérioration rapide. Sous la poussée des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le nord du Mali, a échappé en avril au contrôle de Bamako. Le MNLA, un groupe laïc et indépendantiste, n'a guère pu profiter de sa victoire. Confrontée à des groupes islamistes soutenus par Aqmi, la rébellion a perdu ses places fortes. Tombouctou d'abord, puis Gao, il y a deux semaines lors d'un dur combat. Jeudi, les rebelles ont été chassés d'Asango, leur unique bastion, laissant les islamistes maîtres du terrain.
Pour contrer cette offensive, Laurent Fabius juge que l'usage de la force serait «probable à un moment ou à un autre». Mais a-t-il ajouté «la France, pour des raisons évidentes, ne peut pas être en première ligne» dans une telle opération. La présence des otages, mais aussi le nationalisme sourcilleux des Maliens poussent en effet l'ancienne puissance coloniale à demeurer dans l'ombre. La future intervention militaire, qui serait conduite par les pays voisins du Mali, n'est de toute façon encore qu'un projet. Washington se montre très prudent. Et Bamako semble pour l'heure vouloir privilégier les discussions. Jeudi, le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a ainsi souhaité qu'un dialogue s'ouvre «très rapidement» avec ceux qui sont prêts à «combattre le terrorisme».
Par Tanguy Berthemet
Plantureuse rançon
Dans cette affaire, les certitudes sont rares. Les six Français, sur le total des onze Européens que détient Aqmi, sont aux mains du groupe d'Abou Zeid. Cet Algérien, qui passe pour un islamiste ultraradical, est déjà à l'origine de l'assassinat d'un Français et d'un Britannique. Françoise Larribe, enlevée avec son mari à Arlit et libérée en février 2011 contre une plantureuse rançon, a cependant assuré «avoir été bien traitée». Déguisée en Touareg, séparée avec son époux des autres otages, elle avait été régulièrement transférée d'un lieu à l'autre. Jeudi, Laurent Fabius a confirmé que les six Français étaient toujours séquestrés séparément. Une façon pour Aqmi de rendre plus complexe les surveillances satellitaires et une éventuelle opération militaire. En janvier dernier, l'armée française avait attaqué la katiba d'Abou Zeid alors qu'elle venait d'enlever deux Français à Niamey. Le raid s'était soldé par la mort des otages. C'était le dernier coup direct porté à Aqmi par Paris.
La déroute des Touaregs laïcs
Mais, depuis, la situation au Mali a connu une détérioration rapide. Sous la poussée des rebelles touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le nord du Mali, a échappé en avril au contrôle de Bamako. Le MNLA, un groupe laïc et indépendantiste, n'a guère pu profiter de sa victoire. Confrontée à des groupes islamistes soutenus par Aqmi, la rébellion a perdu ses places fortes. Tombouctou d'abord, puis Gao, il y a deux semaines lors d'un dur combat. Jeudi, les rebelles ont été chassés d'Asango, leur unique bastion, laissant les islamistes maîtres du terrain.
Pour contrer cette offensive, Laurent Fabius juge que l'usage de la force serait «probable à un moment ou à un autre». Mais a-t-il ajouté «la France, pour des raisons évidentes, ne peut pas être en première ligne» dans une telle opération. La présence des otages, mais aussi le nationalisme sourcilleux des Maliens poussent en effet l'ancienne puissance coloniale à demeurer dans l'ombre. La future intervention militaire, qui serait conduite par les pays voisins du Mali, n'est de toute façon encore qu'un projet. Washington se montre très prudent. Et Bamako semble pour l'heure vouloir privilégier les discussions. Jeudi, le premier ministre, Cheick Modibo Diarra, a ainsi souhaité qu'un dialogue s'ouvre «très rapidement» avec ceux qui sont prêts à «combattre le terrorisme».
Par Tanguy Berthemet