Coup de sang ou coup de génie minutieusement réfléchi ? L’annonce de l'ex- chef putschiste, Amadou Haya Sanogo, qui assure avoir demandé au Premier ministre malien, Cheick Modibo Diarra, d’organiser la Convention nationale - mentionnée par l’accord-cadre signé début avril entre la junte et le médiateur mandaté par la Cedeao - avant le 22 mai, n'a pas manqué de susciter des réactions. Par la voix de Tiebilé Dramé, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie (FDR), opposé aux putschistes depuis le début de la crise malienne, a déclaré qu'il « attendait de voir » et a prévenu d'ores et déjà qu’il ne s’associerait à aucune violation de la Constitution.
Une vision que ne partage pas Me Mamadou Ismaila Konaté, avocat malien. Au contraire, rappelle-t-il, c'est justement à cause des insuffisances de la Constitution que l'accord-cadre entre le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État (CNRDRE) et la Cedeao a dû être signé le 6 avril.
Selon cet accord, l’intérim est balisé par la Constitution du Mali, contrairement à la transition. Et il est formel : l’intérim de Dioncounda Traoré - président de l’Adema et du Parlement, investi le 6 avril à la place de ATT démissionnaire - finit bel et bien le 22 mai.
Traoré, "quarante jours et pas un de plus !"
Les mouvements pro-junte, à savoir le M22 et la Copam, n’avaient pas encore réagi lundi soir aux déclarations de Sanogo. Mais leur hostilité vis-à-vis de Dioncounda Traoré laisse peu de doute sur leur souhait de le voir recalé à la fin de l’intérim. On se souvient qu'ils avaient exigé la tenue de la convention nationale dès la mi-avril pour que les parties prenantes s’entendent sur les modalités de la transition.
Me Mountaga Tall, président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID), ne cache pas non plus son souhait d’avoir quelqu’un de moins politiquement marqué pour conduire une transition dont l'un des objectifs majeurs sera justement d'organiser le prochain scrutin présidentiel.
Le parti d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK), le Rassemblement pour le Mali (RPM), n’est pas en reste. Il avait épluché très tôt l’accord-cadre et déduit que le président intérimaire ne pouvait être à la manœuvre que « pour un maximum de quarante jours ».
On se souvient, pour finir, du retentissant « c’est quarante jours et pas un de plus !» lancé par Sanogo, lorsque, le 26 avril, les chefs d'État de la sous-région ont décidé de maintenir Traoré à la tête de la transition pendant douze mois.
Cette sortie musclée de Sanogo n'a d'ailleurs pas manqué d'énerver au plus haut point l’administration Obama, qui voit désormais en lui l’obstacle au retour effectif à l’ordre constitutionnel.
Zone d'ombre
L’ambassadeur des États-Unis à Bamako est monté au créneau ces derniers jours. Rencontrant la presse, la société civile et les acteurs politiques, il réitère l’adhésion de son pays aux décisions de la Cedeao, déplorant le temps perdu par le Mali sur les questions institutionnelles. Il a également rappellé que le Sahel "brûlait" et prévenu l’ex-junte des conséquences qu'aurait sur le pays un second putsch, après le 22 mai. Une position partagée par les chancelleries et les agences de coopération à Bamako, même si toutes se disent pourtant favorables à ce que l’ex-junte s’occupe de la restructuration de l’armée.
Mais ce sont justement les intentions de Sanogo qui restent encore floues. Souhaite-t-il lui-même être le président de la transition ? Pour certains, c’est évident. Pour d’autres, il a compris que c'était impossible et que c'est la raison pour laquelle il a déjà cédé début avril.
Qui alors ? « Personne d’autre que le Capitaine Sanogo », lance, sans détour, l’ancien ministre Younouss Hameye Dicko, chef du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS). Une telle proposition, bien entendu, ne plaira ni à Ouagadougou, ni à Abidjan, et ne serait ni plus ni moins qu’une déclaration de guerre à la Cedeao, laisse-t-on entendre dans l’entourage du président Ouattara. Il se dit d'ailleurs que ce dernier apprécierait peu Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra.
Depuis la sortie de Sanogo, on aura finalement entendu tout le monde excepté les juges constitutionnels du Mali, au grand dam des médiateurs Djibril Bassolé et Adama Bictogo qui étaient attendus à Bamako le 15 mai, avant d'être retenus chez eux par une méchante grippe. Si elle est plus diplomatique que virale, c’est une façon de signifier que le dialogue est pour l’instant rompu entre la Cedeao et la junte.
SOURCE:Jeuneafrique.com
Une vision que ne partage pas Me Mamadou Ismaila Konaté, avocat malien. Au contraire, rappelle-t-il, c'est justement à cause des insuffisances de la Constitution que l'accord-cadre entre le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État (CNRDRE) et la Cedeao a dû être signé le 6 avril.
Selon cet accord, l’intérim est balisé par la Constitution du Mali, contrairement à la transition. Et il est formel : l’intérim de Dioncounda Traoré - président de l’Adema et du Parlement, investi le 6 avril à la place de ATT démissionnaire - finit bel et bien le 22 mai.
Traoré, "quarante jours et pas un de plus !"
Les mouvements pro-junte, à savoir le M22 et la Copam, n’avaient pas encore réagi lundi soir aux déclarations de Sanogo. Mais leur hostilité vis-à-vis de Dioncounda Traoré laisse peu de doute sur leur souhait de le voir recalé à la fin de l’intérim. On se souvient qu'ils avaient exigé la tenue de la convention nationale dès la mi-avril pour que les parties prenantes s’entendent sur les modalités de la transition.
Me Mountaga Tall, président du Congrès national d’initiative démocratique (CNID), ne cache pas non plus son souhait d’avoir quelqu’un de moins politiquement marqué pour conduire une transition dont l'un des objectifs majeurs sera justement d'organiser le prochain scrutin présidentiel.
Le parti d’Ibrahim Boubacar Keita (IBK), le Rassemblement pour le Mali (RPM), n’est pas en reste. Il avait épluché très tôt l’accord-cadre et déduit que le président intérimaire ne pouvait être à la manœuvre que « pour un maximum de quarante jours ».
On se souvient, pour finir, du retentissant « c’est quarante jours et pas un de plus !» lancé par Sanogo, lorsque, le 26 avril, les chefs d'État de la sous-région ont décidé de maintenir Traoré à la tête de la transition pendant douze mois.
Cette sortie musclée de Sanogo n'a d'ailleurs pas manqué d'énerver au plus haut point l’administration Obama, qui voit désormais en lui l’obstacle au retour effectif à l’ordre constitutionnel.
Zone d'ombre
L’ambassadeur des États-Unis à Bamako est monté au créneau ces derniers jours. Rencontrant la presse, la société civile et les acteurs politiques, il réitère l’adhésion de son pays aux décisions de la Cedeao, déplorant le temps perdu par le Mali sur les questions institutionnelles. Il a également rappellé que le Sahel "brûlait" et prévenu l’ex-junte des conséquences qu'aurait sur le pays un second putsch, après le 22 mai. Une position partagée par les chancelleries et les agences de coopération à Bamako, même si toutes se disent pourtant favorables à ce que l’ex-junte s’occupe de la restructuration de l’armée.
Mais ce sont justement les intentions de Sanogo qui restent encore floues. Souhaite-t-il lui-même être le président de la transition ? Pour certains, c’est évident. Pour d’autres, il a compris que c'était impossible et que c'est la raison pour laquelle il a déjà cédé début avril.
Qui alors ? « Personne d’autre que le Capitaine Sanogo », lance, sans détour, l’ancien ministre Younouss Hameye Dicko, chef du Rassemblement pour le développement et la solidarité (RDS). Une telle proposition, bien entendu, ne plaira ni à Ouagadougou, ni à Abidjan, et ne serait ni plus ni moins qu’une déclaration de guerre à la Cedeao, laisse-t-on entendre dans l’entourage du président Ouattara. Il se dit d'ailleurs que ce dernier apprécierait peu Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra.
Depuis la sortie de Sanogo, on aura finalement entendu tout le monde excepté les juges constitutionnels du Mali, au grand dam des médiateurs Djibril Bassolé et Adama Bictogo qui étaient attendus à Bamako le 15 mai, avant d'être retenus chez eux par une méchante grippe. Si elle est plus diplomatique que virale, c’est une façon de signifier que le dialogue est pour l’instant rompu entre la Cedeao et la junte.
SOURCE:Jeuneafrique.com