« Ce que l’on appelle communément mbalax aujourd’hui est un style qui ne bouge pas depuis 15 ans. Pour moi, c’est une musique qui n’existe pas vraiment d’une certaine manière. Ce sont des gens qui faisaient de la musique afro-cubaine à la base, qui ont commencé à enregistrer et à mettre des instruments traditionnels et à chanter en wolof. C’est ça qui a amené le mbalax. Mais tout ça a été un processus évolutif jusqu’au début des années 90 ou tout le monde a fait exactement la même chose. Moi, ce que je propose, c’est qu’on revienne aux années 80 et 90 et qu’on continue l’évolution. Mais je ne sais pas s’il faut l’appeler mbalax ou autre chose. La musique sénégalaise populaire, ça ne me dérange pas. Ce qui me dérange c’est l’aspect photocopie où il n’y a pas d’artistes avec des personnalités dans leur musique. On a une riche rythmique au Sénégal. Pour autant on ne peut pas la voir dans la musique puisque les musiciens reprennent les mêmes patterns rythmiques pour tous les morceaux. Je dis juste il faut sortir de ça, il faut sortir de la manière dont on fait aujourd’hui la musique mbalax (…) C’est un manque d’originalité et d’ambition musicale. Aujourd’hui toutes les productions de mbalax, c’est exactement la même chose et ce n’est même pas ce que l’on appelait mbalax, il y a plus de 25 ans. Le Super Diamono ne sonnait pas comme Youssou Ndour. Ismaël Lo ne sonnait pas comme Omar Pène. Baba Maal ne sonnait pas non plus comme Youssou Ndour. Il y avait plus de diversité musicale. Quelqu’un comme Souleymane Faye à un moment donné, il a existé en étant très populaire. Ces gens-là aujourd’hui ont de plus en plus du mal à exister. C’est ça qui est problématique. »