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Mamadou Mansour Ndiaye, syndicaliste aux Ics : “Cheikh Kanté tente d’attribuer « sa » concession à Necotrans au mépris flagrant des lois et autres règles de procédure en la matière”

A quelques jours de l’expiration de l’ultimatum fixé aux Industries chimiques du Sénégal, par le directeur général du Port autonome deDakar, pour quitter définitivement le périmètre du Pad, Actusen.com est allé à la rencontre de Mamadou Mansour Ndiaye, syndicaliste aux Ics. Dans cet entretien, ce dernier revient sur l’origine de cette décision de Cheikh Kanté qu’il qualifie de gravissime et qui contraste d’avec les règles de procédure et lois élémentaires en la matière. Très remonté contre la sommation faite aux Ics, Mamadou Mansour Ndiaye, qui ne perd pas cependant espoir que le boss du Pad pourrait se rectifier, en revenant sur sa mesure, se veut formel : “il n’y aura plus de chiffre d’affaire parce que les Industries Chimiques du Sénégal mettront la clé sous le paillasson”, dit-il. Suffisant pour que le syndicaliste tire la sonnette d’alarme et invite le Gouvernement à enjamber le temps, pour empêcher l’exécution de la menace du Dg Cheikh Kanté.


Rédigé par leral.net le Vendredi 21 Février 2014 à 11:59 | | 0 commentaire(s)|

Mamadou Mansour Ndiaye, syndicaliste aux Ics : “Cheikh Kanté tente d’attribuer « sa » concession à Necotrans au mépris flagrant des lois et autres règles de procédure en la matière”
Les Industries chimiques du Sénégal (Ics) sont sous les rampes de l’actualité, notamment avec la décision du Port autonome de Dakar, Cheikh Kanté, de l’expulser des lieux. Pouvez-vous revenir sur la genèse de cette affaire ?

Comme vous l’avez bien dit, l’Affaire Necotrans continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Avant de parler des ICS ; permettez moi de faire ce petit rappel socio historique pour la bonne compréhension de nos internautes. En Novembre 2013 déjà, j’avais fait un papier intitulé « Point de vue d’un acteur portuaire sur la tentative de concession du mole 8 », publié dans votre site en guise de contribution pour fustiger et dénoncer la tentative d’aliénation de 91 00m2 de notre patrimoine pour une durée de 25 ans à des expatriés sans aucun fondement juridique.
Nous avons tous suivi les communiqués du SEMPOS, du Patronat du forum civil et autres organisations marquant leur indignation et qui condamnaient vigoureusement cette affaire. Même des députés s’en étaient offusqués. C’est vous dire simplement, que ce qui est communément appelé « l’Affaire Necotrans » est gravissime et n’est pas bonne pour l’économie du Sénégal.
Il avait été rappelé aussi que cette Concession est la troisième que le port a initiée. L’une des particularités du Terminal Vraquier, c’est que contrairement aux deux antérieures (Bara Sady), Cheikh Kanté tente d’attribuer « sa » concession à Necotrans au mépris flagrant des lois et autres règles de procédure en la matière pour ce type de marché et compromettre ainsi la santé de l’entreprise sénégalaise ou signer simplement son arrêt de mort.
Des recours hiérarchiques ont été faits, des saisines effectuées à l’endroit d’autorités de la république, notamment l’Agence de régulation des marchés publics. A souligner que l’ARMP a recommandé des rencontres en conciliation sous la régulation du PAD. Malheureusement, nous constatons que le Directeur du Port accélère sa cadence dans l’illégalité au moment où des députés souhaitent son audition à l’hémicycle.
Bref, parlons maintenant des Industries Chimiques du Sénégal(ICS) que M. Cheikh Kanté veut faire quitter du Port et implanter ses amis de Necotrans. Je ne sais pas s’il faut en rire ou en pleurer. Que s’est-il passé réellement ? C’est par courrier en date du 31/01/2014 (vendredi) reçu le 04/02/2014 que M. Kanté demande au Dg des Ics de prendre toutes mesures urgentes, afin que les Ics quittent la place qu’elles occupent au mole 8 au plus tard le 15 Mars 2014 pour que Necotrans s’y installe.
Mieux les activités de manutention que les Ics faisaient pour eux-mêmes seront dorénavant effectuées par Necotrans aux frais des Ics. Signé Dr Cheikh Kanté. Point barre. Diantre ! Très réducteur, non ? M. Kanté n’a rien compris.
Cependant, il pourra certainement se rattraper à la suite de ces quelques informations que je suis en train de livrer à l’opinion. Parce que le Terminal des Ics a une histoire. Sa présence au Port remonte à Avril 1959 avec les Phosphates de Taiba par arrêté du Haut commissaire général d’alors. Des droits de concession lui ont été accordés. A la suite de la fusion Ics/Taïba, cette concession a été transférée aux Ics par avenant daté du 17 Mai 2001.
Cependant, cette concession doit être renouvelée tous les 9 ans. Elle a été renouvelée en 2001 et 2010 et le prochain renouvellement, dans tous les cas de figures ne pourra s’opérer qu’en 2019. Autrement dit les ICS disposent de tous les droits pour rester au mole 8, y travailler librement au moins jusqu’en 2019 ; parce que le Sénégal est un Etat de droit.
Aussi, M. Kanté cible le poste 81. Certainement pour que Necotrans puisse y mettre une grue pour le démarrage de ses activités éventuelles. A cet égard, je dois préciser que les Ics ont une concession depuis 1982 lui permettant de disposer d’installations pour les manipulations diverses de ses matières premières à l’Import et ses produits finis à l’export. Sans parler des clauses consignées dans le cahier de charges d’Avril 1984.
C’est dire donc que M. Kanté ignore totalement que les Ics sont au Port sur la base d’actes administratifs signés par les autorités portuaires sous la supervision de l’Etat du Sénégal, dont seul le Ministre en charge de l’équipement est habilité à se prononcer sur le retrait définitif de l’agrément lui permettant d’exister dans l’enceinte portuaire. Même s’il y a une mise en demeure d’un Dg du Port quelconque.
Il est d’autant plus paradoxal que c’est à la suite des propos très encourageants tenus par M Aly Ngouye Ndiaye, Ministre des Mines et de l’industrie devant les parlementaires lors de la séance plénière pour le vote de son budget, ainsi que l’engagement du Gouvernement du Sénégal d’accompagner les Ics dans la relance de ses activités et dont le communiqué du conseil des Ministres du 30/02/2014 en avait fait mention ;que le DG du port rame à contre courant du cap indiqué par les plus hautes autorités de la République.

2) Quelles sont les conséquences, en termes de pertes sur le chiffre d’affaires des Ics du Port autonome de Dakar ?

Si nous devons parler de chiffre d’affaires qu’à l’échelle groupe Ics, en intégrant les sites de la Mine(Taïba) de la Chimie (Darou) et de Mbao. Par contre, sur les conséquences, je dirai sans ambages que si les ICS/port disparaissent, il n’y aura plus de chiffre d’affaire parce que les Industries Chimiques du Sénégal mettront la clé sous le paillasson.
Il faut comprendre que dans le schéma de création de Taïba et des Ics, le Terminal portuaire des Ics du mole 8 devait non seulement permettre leur existence, mais aussi garantir leur essor en favorisant la maitrise de toutes les opérations du processus d’importation de matière première, de production et de commercialisation des produits finis vers l’extérieur. Il est hors de question que les ICS sous-traitent les activités de son terminal portuaire. Si les ICS sont agréées à la fois en manutention, en transit et en consignation, ce n’est pas fortuit.

Aujourd’hui, qu’est-ce que vous comptez faire, au plan syndical, face à cette mesure du directeur général du Port ?

Rappelons que les ICS font partie des premiers employeurs de ce pays. Mettre en péril les ICS se traduit par l’hypothèque de l’avenir de 2500 travailleurs permanents, la remise en cause de plus de 10 000 travailleurs temporaires et l’inscription au tableau des entreprises fermées près de 380 PME/PMI, sans parler de l’aspect social en terme de RSE qui en prendrait un sacré coup. Nous éviterons cette CATASTROPHIQUE par tous les moyens.
Vous comprendrez donc, pourquoi présentement tout le monde se tient debout pour empêcher cette tentative de forfaiture de prospérer. Le seeting du mole 8 du Lundi 17/02 n’était que de l’alerte. Les camarades de des autres sites (Darou, Mine, Mbao, Senchim et SEFICS) surveillent les prochains développements. Des campagnes de sensibilisations ont démarré. Un plan d’actions bien ourdi (que nous tenons au secret pour le moment) sera mis en œuvre au moment opportun. Il est regrettable de noter que le Dg du Port ignore ce que les ICS représentent.
Pour me résumer, je dirais que l’intersyndicale des travailleurs se battra sous l’égide de la Coalition des Centrales Syndicales du Sénégal (CCSS) que coordonne le Secrétaire Général de la Cnts M. Mody Guiro.

La situation des Ics est, dans son ensemble, préoccupante. En attestent les nombreuses difficultés auxquelles sont confrontées les installations de Mboro, Darou, entre autres. Pouvez-vous faire à nos internautes un dessin de l’état des lieux ?

La situation préoccupante des Ics est un secret de polichinelle. Mais pour plusieurs raisons, je ne souhaite pas m’appesantir en détail sur cette question. Tout ce que je peux vous dire c’est que l’intersyndicale des ICS est très consciente de sa responsabilité. Un diagnostic sans complaisance a été effectué.
L’impératif c’était de soulager la trésorerie de l’entreprise et amorcer certains investissements allant dans le sens de la réhabilitation des installations et autres, devant nous permettre de fonctionner en plein régime et d’atteindre notre capacité de production normale.. Cette année 2014 est considérée comme année de relance des activités des ICS.
Dans cette optique, au niveau du port où je suis, nous attendons un portique neuf en remplacement de celui qui est en fin de cycle après 30 ans d’usage. Je dois dire que M. Cheikh Kanté est avisé de l’arrivée prochaine de ce nouveau portique par courrier en date du 14 mai 2013. Nous sommes conscients de nos difficultés certes mais nous ne les avons pas cachées.

Qu’attendez-vous de l’Etat, pour redonner vie aux Ics ?

Nous attendons de l’Etat un accompagnement pour que l’optimisme du Ministre de l’Industrie et des Mines, Aly Ngouille Ndiaye, quant à la reprise en main de la situation de l’entreprise soit.


Actusen.com