MEILLEURE AFFICHE DE LA SAISON : «Le combat Tyson-Balla m’a séduit»
«Naturellement, c’est le combat du 31 juillet dernier entre Balla Gaye 2 et Tyson. Pourquoi ? Parce que ce fut un combat d’une grande ampleur et sur lequel existaient de fortes pesanteurs. La preuve, c’est qu’aujourd’hui, au lendemain dudit combat, certaines personnes demandent à Tyson de prendre sa retraite. Je profite de l’occasion pour dire que je ne suis pas d’accord. C’est un grand champion qui a innové la lutte sénégalaise. Personne ne s’imaginait qu’on allait avoir des cachets de plus de 30 jusqu’à 100 millions. Il a poussé beaucoup de jeunes à s’adonner à la lutte. Lorsqu’il a pris le dessus sur moi, les gens étaient contents parce que tout simplement, j’étais l’homme à battre. Si aujourd’hui il perd devant le jeune Balla Gaye 2, cela ne doit pas le pousser à quitter l’arène. Pour revenir au combat, il faut dire que les propos du jeune, avant le combat ont également contribué à vendre l’évènement, autant qu’ils ont certainement satisfait le promoteur et les sponsors. Ce genre de discours, sans être discourtois, ont contribué à hausser l’enjeu. Ensuite, il y a eu la qualité du combat avec deux adversaires qui ne se sont pas fait de cadeau.
Pour ce qui est du combat qui m’a le plus déçu au cours de cette saison, peut-être que cela va surprendre, c’est celui de la dernière journée du Claf, disputé à Rufisque entre Mamady Ndiaye (école de Lutte Manga 2) et Moussa Ndoye (écurie Hann). Ce jour-là, et ce n’est pas parce que c’est mon poulain, mais connaissant Mamady, il n’a rien fait de bon. Mystiquement, techniquement, il n’était pas présent.»
LUTTEUR LE PLUS IMPRESSIONNANT : «Je retrouve mon style chez Balla Gaye 2»
«Sans hésiter je cite Balla Gaye 2. C’est le lutteur qui a, encore une fois, marqué les esprits des amateurs. Dans ses combats, il se donne à fond. Il y a aussi son courage qui frise la témérité, et sa détermination, sans parler de sa bonne maîtrise technique de la lutte. Je peux même dire que c’est le lutteur qui s’identifie le plus à moi. Je retrouve mon style chez Balla Gaye 2. Lorsque j’étais au summum de ma carrière, j‘avançais sur mes adversaires, sans leur laisser le moindre répit. Je frappais et j’entrais dans leur garde. J’avais aussi l’habitude, comme Balla du reste, de saisir l’adversaire pour le rouer de coups. Enfin, il a la même hargne qui m’habitait.»
LES GRIS-GRIS DANS LA LUTTE : «De notre temps, l’essentiel de notre arsenal mystique se faisait à la maison»
«Je suis un peu étonné à travers ce que je vois de nos jours dans l’arène concernant l’aspect mystique. De notre temps, nous cachions notre arsenal mystique et l’essentiel se faisait à la maison, loin des yeux du grand public. Du temps de nos grands parents ou encore de l’époque où je pratiquais la lutte traditionnelle, il arrivait de changer l’issue du combat sur le chemin de l’arène. On était soit avisé à temps du verdict avec des recommandations pour renverser la tendance. On appelait cela : «Sopi dieul.» Soit le combat se termine en queue de poisson, soit c’est un nul ou tout simplement par une victoire. Mais tout cela se faisait à la maison. Maintenant, on ne peut pas dire que celui-là est plus mystique que les autres parce que simplement il a plus de gris-gris autour des bras, dans le nguimb, ou qu’il est venu dans l’arène avec beaucoup de bouteilles. Le mystique, c’est l’entourage également, ce sont les choses qu’on fait dans la maison du lutteur avant qu’il ne quitte chez lui. Avant de partir, le lutteur doit être blindé chez lui. C’est pour cela qu’il est souvent difficile de s’aventurer sur ce terrain. Quand on dit que Balla Gaye 2 a dominé mystiquement Tyson, je réponds plutôt qu’il a beaucoup travaillé. Il faut surtout travailler son physique pour prétendre remporter le combat. Au lieu de penser dominer mystiquement son adversaire. C’est pour cela que je dis que ce à quoi nous assistons aujourd’hui ressemble plus à du folklore qu’à autre chose. Je ne pense pas que cela soit une garantie à 100%. On voit même des serpents dans l’arène. Je suis d’accord qu’il y a des choses qu’on est obligé d’apporter avec soi dans l’arène, c’est normal ; mais le plus important reste souvent à la maison. On n’a pas besoin de tout un arsenal mystique dans l’enceinte. Maintenant, cela peut s’expliquer aussi d’une autre façon. A notre époque, des gens comme moi n’avaient pas besoin de faire de la musculation. On avait le poids ainsi que la force naturelle qu’il fallait. Aujourd’hui, ceux qui n’en ont pas sont obligés d’en chercher. Il arrive de voir un lutteur qui double son poids en l’espace d’une saison. Je ne vais pas trop m’aventurer sur le terrain. Je ne suis pas médecin (rire).»
LE SANG DANS L’ARENE : «Imposer le protège-dents»
«Pour réduire les risques de blessure, il y a le protège-dents qui est déjà recommandé au lutteur depuis très longtemps. Toutefois, il faut reconnaître que le Cng de lutte ne l’a pas encore rendu obligatoire. Mais, c’est d’abord le lutteur qui doit penser à protéger sa propre santé. On (le Cng) pourrait d’ailleurs en arriver, très prochainement, à imposer cette mesure de sécurité, car les lutteurs contractent souvent des blessures que le protège-dents leur éviterait. Mais, les blessures sont tout de même inhérentes à tout sport de combat où il y a la frappe.»
AVENIR LUTTE TRADITIONNELLE : «Des réflexions à faire pour aider la lutte sans frappe»
«J’ai espoir quant au développement possible de la lutte traditionnelle. Mais là également, j’ai noté beaucoup de manquements dont je parlerai lors de la réunion-bilan du Cng où il est plus indiqué d’exposer les problèmes. Il faut juste comprendre que nous sommes là pour améliorer et développer la lutte sénégalaise sous toutes ses formes. Nous ne prétendons pas que tout est rose. Nous sommes toujours ouverts pour écouter toutes les suggestions, critiques et contributions pour en tirer le meilleur profit. Dès lors que cela tend à rendre la lutte plus crédible, plus attrayante et plus lucrative pour ces milliers de jeunes qui la pratiquent et qui, pour la plupart, en ont fait leur métier. Personnellement, j’organise chaque saison au moins 4 galas de lutte traditionnelle, sans soutien. Il y a des réflexions à faire pour aider cette forme de lutte. Surtout qu’il existe une association et des promoteurs de lutte traditionnelle. Je vais vous faire une confidence : on est en train de réfléchir sur un championnat de lutte traditionnelle, comme ce qui se fait en lutte avec frappe. Le projet est en gestation. Mais j’avoue que c’est très difficile à mettre en œuvre.»
LA VIOLENCE : «Poursuivre le travail de sensibilisation»
«Concernant la violence dans l’arène, des mesures contraignantes ont été prises par le Cng et toutes les écuries et écoles de lutte en sont informées. L’Association des anciens lutteurs du Sénégal (Aals) que je dirige a entrepris, par ailleurs, un intense travail de sensibilisation à travers les instances et structures que nous dirigeons, notamment les écoles de lutte, écuries et associations de supporters et fans clubs. Mais pour éradiquer définitivement la violence dans les milieux sportifs, il faudrait que chacun y mette du sien. Il faut en fait poursuivre la sensibilisation à tous les niveaux. Que cela soit les forces de sécurité, les organisateurs, les acteurs, le public et même la presse. Chacun a un rôle à jouer pour qu’on ne parle plus de violence dans l’arène. Ensemble, on pourra éradiquer ce fléau qui n’a pas sa place dans l’arène.»
lequotidien.sn
«Naturellement, c’est le combat du 31 juillet dernier entre Balla Gaye 2 et Tyson. Pourquoi ? Parce que ce fut un combat d’une grande ampleur et sur lequel existaient de fortes pesanteurs. La preuve, c’est qu’aujourd’hui, au lendemain dudit combat, certaines personnes demandent à Tyson de prendre sa retraite. Je profite de l’occasion pour dire que je ne suis pas d’accord. C’est un grand champion qui a innové la lutte sénégalaise. Personne ne s’imaginait qu’on allait avoir des cachets de plus de 30 jusqu’à 100 millions. Il a poussé beaucoup de jeunes à s’adonner à la lutte. Lorsqu’il a pris le dessus sur moi, les gens étaient contents parce que tout simplement, j’étais l’homme à battre. Si aujourd’hui il perd devant le jeune Balla Gaye 2, cela ne doit pas le pousser à quitter l’arène. Pour revenir au combat, il faut dire que les propos du jeune, avant le combat ont également contribué à vendre l’évènement, autant qu’ils ont certainement satisfait le promoteur et les sponsors. Ce genre de discours, sans être discourtois, ont contribué à hausser l’enjeu. Ensuite, il y a eu la qualité du combat avec deux adversaires qui ne se sont pas fait de cadeau.
Pour ce qui est du combat qui m’a le plus déçu au cours de cette saison, peut-être que cela va surprendre, c’est celui de la dernière journée du Claf, disputé à Rufisque entre Mamady Ndiaye (école de Lutte Manga 2) et Moussa Ndoye (écurie Hann). Ce jour-là, et ce n’est pas parce que c’est mon poulain, mais connaissant Mamady, il n’a rien fait de bon. Mystiquement, techniquement, il n’était pas présent.»
LUTTEUR LE PLUS IMPRESSIONNANT : «Je retrouve mon style chez Balla Gaye 2»
«Sans hésiter je cite Balla Gaye 2. C’est le lutteur qui a, encore une fois, marqué les esprits des amateurs. Dans ses combats, il se donne à fond. Il y a aussi son courage qui frise la témérité, et sa détermination, sans parler de sa bonne maîtrise technique de la lutte. Je peux même dire que c’est le lutteur qui s’identifie le plus à moi. Je retrouve mon style chez Balla Gaye 2. Lorsque j’étais au summum de ma carrière, j‘avançais sur mes adversaires, sans leur laisser le moindre répit. Je frappais et j’entrais dans leur garde. J’avais aussi l’habitude, comme Balla du reste, de saisir l’adversaire pour le rouer de coups. Enfin, il a la même hargne qui m’habitait.»
LES GRIS-GRIS DANS LA LUTTE : «De notre temps, l’essentiel de notre arsenal mystique se faisait à la maison»
«Je suis un peu étonné à travers ce que je vois de nos jours dans l’arène concernant l’aspect mystique. De notre temps, nous cachions notre arsenal mystique et l’essentiel se faisait à la maison, loin des yeux du grand public. Du temps de nos grands parents ou encore de l’époque où je pratiquais la lutte traditionnelle, il arrivait de changer l’issue du combat sur le chemin de l’arène. On était soit avisé à temps du verdict avec des recommandations pour renverser la tendance. On appelait cela : «Sopi dieul.» Soit le combat se termine en queue de poisson, soit c’est un nul ou tout simplement par une victoire. Mais tout cela se faisait à la maison. Maintenant, on ne peut pas dire que celui-là est plus mystique que les autres parce que simplement il a plus de gris-gris autour des bras, dans le nguimb, ou qu’il est venu dans l’arène avec beaucoup de bouteilles. Le mystique, c’est l’entourage également, ce sont les choses qu’on fait dans la maison du lutteur avant qu’il ne quitte chez lui. Avant de partir, le lutteur doit être blindé chez lui. C’est pour cela qu’il est souvent difficile de s’aventurer sur ce terrain. Quand on dit que Balla Gaye 2 a dominé mystiquement Tyson, je réponds plutôt qu’il a beaucoup travaillé. Il faut surtout travailler son physique pour prétendre remporter le combat. Au lieu de penser dominer mystiquement son adversaire. C’est pour cela que je dis que ce à quoi nous assistons aujourd’hui ressemble plus à du folklore qu’à autre chose. Je ne pense pas que cela soit une garantie à 100%. On voit même des serpents dans l’arène. Je suis d’accord qu’il y a des choses qu’on est obligé d’apporter avec soi dans l’arène, c’est normal ; mais le plus important reste souvent à la maison. On n’a pas besoin de tout un arsenal mystique dans l’enceinte. Maintenant, cela peut s’expliquer aussi d’une autre façon. A notre époque, des gens comme moi n’avaient pas besoin de faire de la musculation. On avait le poids ainsi que la force naturelle qu’il fallait. Aujourd’hui, ceux qui n’en ont pas sont obligés d’en chercher. Il arrive de voir un lutteur qui double son poids en l’espace d’une saison. Je ne vais pas trop m’aventurer sur le terrain. Je ne suis pas médecin (rire).»
LE SANG DANS L’ARENE : «Imposer le protège-dents»
«Pour réduire les risques de blessure, il y a le protège-dents qui est déjà recommandé au lutteur depuis très longtemps. Toutefois, il faut reconnaître que le Cng de lutte ne l’a pas encore rendu obligatoire. Mais, c’est d’abord le lutteur qui doit penser à protéger sa propre santé. On (le Cng) pourrait d’ailleurs en arriver, très prochainement, à imposer cette mesure de sécurité, car les lutteurs contractent souvent des blessures que le protège-dents leur éviterait. Mais, les blessures sont tout de même inhérentes à tout sport de combat où il y a la frappe.»
AVENIR LUTTE TRADITIONNELLE : «Des réflexions à faire pour aider la lutte sans frappe»
«J’ai espoir quant au développement possible de la lutte traditionnelle. Mais là également, j’ai noté beaucoup de manquements dont je parlerai lors de la réunion-bilan du Cng où il est plus indiqué d’exposer les problèmes. Il faut juste comprendre que nous sommes là pour améliorer et développer la lutte sénégalaise sous toutes ses formes. Nous ne prétendons pas que tout est rose. Nous sommes toujours ouverts pour écouter toutes les suggestions, critiques et contributions pour en tirer le meilleur profit. Dès lors que cela tend à rendre la lutte plus crédible, plus attrayante et plus lucrative pour ces milliers de jeunes qui la pratiquent et qui, pour la plupart, en ont fait leur métier. Personnellement, j’organise chaque saison au moins 4 galas de lutte traditionnelle, sans soutien. Il y a des réflexions à faire pour aider cette forme de lutte. Surtout qu’il existe une association et des promoteurs de lutte traditionnelle. Je vais vous faire une confidence : on est en train de réfléchir sur un championnat de lutte traditionnelle, comme ce qui se fait en lutte avec frappe. Le projet est en gestation. Mais j’avoue que c’est très difficile à mettre en œuvre.»
LA VIOLENCE : «Poursuivre le travail de sensibilisation»
«Concernant la violence dans l’arène, des mesures contraignantes ont été prises par le Cng et toutes les écuries et écoles de lutte en sont informées. L’Association des anciens lutteurs du Sénégal (Aals) que je dirige a entrepris, par ailleurs, un intense travail de sensibilisation à travers les instances et structures que nous dirigeons, notamment les écoles de lutte, écuries et associations de supporters et fans clubs. Mais pour éradiquer définitivement la violence dans les milieux sportifs, il faudrait que chacun y mette du sien. Il faut en fait poursuivre la sensibilisation à tous les niveaux. Que cela soit les forces de sécurité, les organisateurs, les acteurs, le public et même la presse. Chacun a un rôle à jouer pour qu’on ne parle plus de violence dans l’arène. Ensemble, on pourra éradiquer ce fléau qui n’a pas sa place dans l’arène.»
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