Leral.net - S'informer en temps réel

Mardi 15 mai, 8 heures : pour Jouyet, ce sera Ayrault

Rédigé par leral.net le Mardi 15 Mai 2012 à 13:01 | | 0 commentaire(s)|

Jean-Pierre Jouyet a donné l'information, peu avant 8 heures du matin, mardi 15 mai, sur RTL. Pressé de questions par le journaliste Jean-Michel Aphatie, le président de l'Autorité des marchés financiers, ami personnel de François Hollande, a confirmé que Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS de l'Assemblée nationale et maire de Nantes, était bien le premier ministre choisi par le nouveau président de la République et dont la nomination serait annoncée officiellement dans l'après-midi.


Mardi 15 mai, 8 heures : pour Jouyet, ce sera Ayrault
M. Jouyet a arrêté là ses révélations - qu'il a dit "regretter" quelques heures plus tard. Sinon, il aurait pu indiquer aussi que le secrétaire général de la présidence de la République serait Pierre-René Lemas, préfet, directeur du cabinet de Jean-Pierre Bel au Sénat et ancien de la désormais glorieuse promotion Voltaire de l'ENA, sortie de cette école en 1980 et dont faisaient partie, entre autres, François Hollande, Ségolène Royal, Michel Sapin et... M. Jouyet.

Une heure plus tard, les journalistes - huit cents s'étaient accrédités - commencent à se presser dans la cour de l'Elysée, où M. Hollande est arrivé à 10 heures pile. La fanfare retentit. Le président élu marche lentement sur le tapis rouge qui le guide vers le palais. Nicolas Sarkozy descend les marches du perron, que les deux hommes remontent ensemble et où ils se serrent la main, avant de disparaître pour un entretien privé. Un orchestre joue de la musique classique dans le parc, tandis que des colalborateurs du président sortant pleurent dans la cour.

A l'extérieur, des militants UMP scandent : "Merci Nicolas !" Pas question de revivre l'épisode de Valéry Giscard d'Estaing, parti, en mai 1981, sous les "Giscard au chômage !" d'une petite troupe alors massée en face de l'Elysée. C'est certes la passation de pouvoirs pour M. Hollande, mais c'est l'UMP qui agroupé des militants devant le 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré, avec des drapeaux tricolores et quelques photographies du président sortant.

Qu'un invité arrive dans un cortège et les "hou !" fusent. Sur le tapis rouge, il y a ceux qui filent droit, notamment les fonctionnaires comme Pierre Sellal, secrétaire général du Quai d'Orsay, ou Christian Noyer, gouverneur de la banque de France. Il y a aussi les personnalités de gauche à l'instar de Pierre Bergé, fondateur du groupe Yves-Saint-Laurent (et actionnaire à titre personnel du Monde) ou les politiques qui posent devant les caméras ou disent quelques mots comme Jean-Vincent Placé, sénateur écologiste.

Les anciens premiers ministres socialistes font leur entrée, Pierre Mauroy d'un pas fatigué, Laurent Fabius l'air alerte, Lionel Jospin au bras de sa compagne Sylviane Agacinski. Ou encore Edith Cresson. A 9 h 55, c'est Valérie Trierweiler, la compagne de M. Hollande, qui arrive sur le tapis rouge, suivie de quelques mètres par le premier ministre sortant, François Fillon.

A l'intérieur, on remarque Mazarine Pingeot, Pierre Lescure, l'ancien PDG de Canal+, Laurence Parisot, la patronne du Medef, François Chérèque, le numéro un de la CFDT, Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris et Gilles Bernheim, le grand rabbin de France.

A 9 h 57, le chef du service de sécurité de l'Elysée inspecte les abords du palais, le chef du protocole attend lui à l'intérieur du palais, tandis qu'un hélicoptère vole dans le ciel. Tout ce petit monde défile alors que le personnel de l'Elysée se range progressivement dans un coin de la cour de l'Elysée, pour saluer une dernière fois M.Sarkozy, quand il s'en ira. Beaucoup le suivront, ayant laissé leur bureau vidé derrière eux.

LA FIN DU "HOLLANDETOUR"

C'est Manuel Valls qui avait envoyé l'invitation. Un apéritif, lundi midi, au QG de campagne du 59, avenue de Ségur à Paris, avait-il dit dans son e-mail. L'idée était de fêter la fin du "Hollandetour", qui a accompagné le candidat PS, de visites d'usines en tables rondes et en meetings, de Lille à Marseille, de Londres à Varsovie, de Mayotte à la Guyane. M. Hollande n'était pas prévu. Il a débarqué quand tout le monde était là et s'est emparé du micro, en précisant que c'était "avec l'autorisation exceptionnelle de M.Valls", son autoritaire directeur de la communication, ce qui a mis les rieurs de son côté.

Pendant un quart d'heure, multipliant les bons mots à la façon du candidat qu'il n'est plus, le vainqueur du 6 mai réfléchit à haute voix aux relations que le président qu'il n'est pas encore entretiendra avec la presse. Que fera-t-il, lui qui, plus qu'aucun autre, s'est montré très disponible avec des journalistes ? Manifestement, il n'a pas encore la réponse. "Je ne sais pas comment se passera la vie àl'Elysée avec vous", dit-il.

Seule certitude : "Nos relations seront plus codifiées. Nous aurons des rencontres, mais d'autres parleront àma place."

LES VIEUX AMIS ONT LE BLUES

"Mes chers amis, et toujours mes chers camarades", attaque-t-il, quelques heures plus tard, solennel en diable, devant le conseil national du PS, réuni dans la salle de la Mutualité à Paris. Ce n'est pas qu'un au revoir, mais bel et bien des adieux.

"C'est la dernière fois que je m'exprime devant vous avant au moins cinq ans", prévient M. Hollande. L'ordre du jour prévoit bien un débat sur l'"organisation de la campagne des élections législatives". Il n'en est rien , ou si peu. L'apparition de M. Hollande, peu après 19 h 15, emporte tout. Le conseil national du parti, comme un seul homme, se lève et lui adresse un feu nourri d'applaudissements.

"Ça fait drôle de les voir applaudir", lâche, un peu amer, Stéphane LeFoll, vieux compagnon de M.Hollande. "Je pars, direction l'Ouest. Je vais m'occuper de la Sarthe. Jeudi, je suis en campagne" pour les législatives, dit encore M.LeFoll. Les vieux amis ont le blues. Un peu plus loin, Bernard Poignant est attablé avec le patron de la région Bretagne Jean-Yves Le Drian et le maire de Dijon François Rebsamen. Les mines sont maussades.

A la "bourse" des dernières rumeurs ministérielles, Pierre Moscovici hériterait du Quai d'Orsay, repoussant Laurent Fabius vers la défense au détriment de M. LeDrian. M. Valls serait lui en route pour le ministère de l'intérieur, laissant M. Rebsamen sur la touche. Soit deux amis historiques au détriment de deux ralliés de fraîche date. La mine réjouie de l'ex-chef de cabinet de M. Hollande Faouzi Lamdaoui, qui hérite d'une investiture aux législatives dans la 1re circonscription de la Somme, ne fait pas illusion.

François Hollande prend ses distances. "Vous me manquerez souvent. Mais moi, je ne dois en aucun cas manquer à la France", a-t-il prévenu. Au premier rang, Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis, tous deux en piste pour succéder à Martine Aubry à la tête du PS, àl'issue d'un congrès qui devrait se dérouler du 26 au 28 octobre 2012, sont à l'affût.

A la veille de l'annonce du premier ministre et à deux jours de celle du gouvernement, les esprits socialistes sont alors hautement inflammables.

"CHAISES MUSICALES"

La frénésie a gagné les couloirs de l'Hôtel de Ville, qui bruissaient des préparatifs de la visite protocolaire, le 15 mai, du président au maire de la capitale, autant que des conjectures sur l'entrée de ce dernier au gouvernement, à la culture ou à la justice. Mais Bertrand Delanoë a déminé, citant Gaston Defferre : "J'ai failli être candidat à la présidentielle. J'aurais pu être premier ministre. Mais il n'y a rien de plus beau que d'être maire."

By lemonde