De retour d'un périple européen, Mario Monti hausse le ton contre Berlin. Dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Der Spiegel, le président affirme en substance que l'Italie n'a pas besoin de l'argent des Allemands. Il se dit «inquiet» de la montée d'un sentiment germanophobe en Europe. Et réaffirme au passage sa détermination à gouverner jusqu'au terme de son mandat, en avril 2013.
Jusqu'à présent, le «Professore» s'était gardé de s'ériger en censeur de l'orthodoxie monétaire allemande. Au contraire, depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée, on l'avait plutôt vu en position de médiateur entre le président français et Angela Merkel. Cela avait été le cas à Rome lors de rencontres qui ont servi à préparer le Conseil européen des 28 et 29 juin. Mais, en bon économiste européen, Mario Monti craint par-dessus tout le repli de l'Allemagne sur elle-même et son retour au nationalisme monétaire, qu'incarne la Bundesbank. Aussi a-t-il ressenti le besoin de dissiper certains préjugés, qu'il juge infondés.
Exigences financières
À l'intention des lecteurs allemands, le président du Conseil dément ainsi que l'Italie reçoive des aides substantielles provenant de Berlin et Bruxelles: «c'est totalement faux. L'Italie n'a pas reçu un seul euro», s'indigne-t-il. Il ressent aussi le besoin d'affirmer qu'en tenant compte des «flux de retour», l'Italie a consacré «bien plus d'aides» que d'autres pays, en particulier l'Allemagne et la France, pour secourir la Grèce.
Une fois de plus, Mario Monti s'inscrit en faux contre l'image d'une Italie financièrement au bout du rouleau et menacée de contamination par la crise de la dette. Déjà mercredi dernier à Helsinki, il affirmait que l'Italie «n'a pas besoin d'aides financières particulières, et certainement pas d'un sauvetage de son économie». Une réponse à François Hollande, qui l'invite à accélérer, avec l'Espagne, le recours aux mécanismes européens de stabilisation des marchés pour mettre la France à l'abri d'une vague de spéculation.
Mario Monti demande à ses alliés européens un «soutien moral, pas financier». À la différence de l'Espagne, l'Italie n'a pas d'exigences financières pressantes. Le Trésor ne prévoit pas de procéder à des émissions massives de titres d'État à moyen et long terme d'ici à la fin de l'année. Le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, le souligne lui-même: «Pour le moment, l'Italie n'a pas besoin de recourir au FESF(le Fonds de secours européen). Le gouvernement est dans la bonne voie. Il doit seulement accélérer ses réformes.»
S'il craint un retour au protectionnisme monétaire en Allemagne, il redoute tout autant en Italie l'émergence d'un sentiment germanophobe et anti-euro dérivant des rigidités allemandes et des influences perverses du «populisme», qui gagne du terrain dans la péninsule. Aussi invite-t-il l'Europe à montrer «davantage de flexibilité» face aux pays de l'Eurozone qui se montrent vertueux dans l'application des objectifs fixés par Maastricht.
Enfin, il proclame son intention d'aller jusqu'au bout de son mandat afin de «pouvoir conjurer un désastre financier». Ce n'est pas la première fois qu'il avance cet argument. S'il invoque aujourd'hui la nécessité de sauver l'économie nationale, c'est avec la certitude d'être le seul à pouvoir conjurer les dangers qui guettent l'Italie. Il a l'appui total du chef de l'État, Giorgio Napolitano, que la perspective de recourir à des élections anticipées hérisse. Fin juillet, il a rappelé que toute dissolution dépend «du seul Quirinal». Un avertissement aux partis politiques qui pourraient être tentés de jouer la politique du pire.
Par Richard Heuzé
Jusqu'à présent, le «Professore» s'était gardé de s'ériger en censeur de l'orthodoxie monétaire allemande. Au contraire, depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée, on l'avait plutôt vu en position de médiateur entre le président français et Angela Merkel. Cela avait été le cas à Rome lors de rencontres qui ont servi à préparer le Conseil européen des 28 et 29 juin. Mais, en bon économiste européen, Mario Monti craint par-dessus tout le repli de l'Allemagne sur elle-même et son retour au nationalisme monétaire, qu'incarne la Bundesbank. Aussi a-t-il ressenti le besoin de dissiper certains préjugés, qu'il juge infondés.
Exigences financières
À l'intention des lecteurs allemands, le président du Conseil dément ainsi que l'Italie reçoive des aides substantielles provenant de Berlin et Bruxelles: «c'est totalement faux. L'Italie n'a pas reçu un seul euro», s'indigne-t-il. Il ressent aussi le besoin d'affirmer qu'en tenant compte des «flux de retour», l'Italie a consacré «bien plus d'aides» que d'autres pays, en particulier l'Allemagne et la France, pour secourir la Grèce.
Une fois de plus, Mario Monti s'inscrit en faux contre l'image d'une Italie financièrement au bout du rouleau et menacée de contamination par la crise de la dette. Déjà mercredi dernier à Helsinki, il affirmait que l'Italie «n'a pas besoin d'aides financières particulières, et certainement pas d'un sauvetage de son économie». Une réponse à François Hollande, qui l'invite à accélérer, avec l'Espagne, le recours aux mécanismes européens de stabilisation des marchés pour mettre la France à l'abri d'une vague de spéculation.
Mario Monti demande à ses alliés européens un «soutien moral, pas financier». À la différence de l'Espagne, l'Italie n'a pas d'exigences financières pressantes. Le Trésor ne prévoit pas de procéder à des émissions massives de titres d'État à moyen et long terme d'ici à la fin de l'année. Le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, le souligne lui-même: «Pour le moment, l'Italie n'a pas besoin de recourir au FESF(le Fonds de secours européen). Le gouvernement est dans la bonne voie. Il doit seulement accélérer ses réformes.»
S'il craint un retour au protectionnisme monétaire en Allemagne, il redoute tout autant en Italie l'émergence d'un sentiment germanophobe et anti-euro dérivant des rigidités allemandes et des influences perverses du «populisme», qui gagne du terrain dans la péninsule. Aussi invite-t-il l'Europe à montrer «davantage de flexibilité» face aux pays de l'Eurozone qui se montrent vertueux dans l'application des objectifs fixés par Maastricht.
Enfin, il proclame son intention d'aller jusqu'au bout de son mandat afin de «pouvoir conjurer un désastre financier». Ce n'est pas la première fois qu'il avance cet argument. S'il invoque aujourd'hui la nécessité de sauver l'économie nationale, c'est avec la certitude d'être le seul à pouvoir conjurer les dangers qui guettent l'Italie. Il a l'appui total du chef de l'État, Giorgio Napolitano, que la perspective de recourir à des élections anticipées hérisse. Fin juillet, il a rappelé que toute dissolution dépend «du seul Quirinal». Un avertissement aux partis politiques qui pourraient être tentés de jouer la politique du pire.
Par Richard Heuzé