Les préparatifs de la fête de la Tabaski vont bon train. Et si l’acquisition de moutons constitue un véritable casse-tête pour les hommes, les femmes sont plus préoccupées par l’habillement, la coiffure et autres astuces pour être la plus belle, le jour de la fête de l’Aïd El Kébir. Ces dernières, se lancent à la recherche de l’argent pour satisfaire leurs besoins. Elles ne se gênent pas pour emprunter la voie de l’infidélité, le «mbarane », un art pour déplumer en même temps, plusieurs hommes. Leral a fait une petite immersion dans l’univers des « Mbaraneuses ». Enquête…
Les préparatifs de la fête de Tabaski qui se profile à l’horizon, ont commencé depuis peu de temps. Et si du côté des hommes, l’achat de moutons constitue la priorité, les filles, quant à elles, ne sont préoccupées comme d’habitude, que par l’acquisition de tissus haut de gamme, de chaussures de marque et de cheveux naturels.
Certaines d’entre elles adoptent le «mbarane» pour réaliser leurs rêves de devenir la « reine » d’un soir. Mais des hommes, bien au courant de cette « arnaque », refusent de tomber dans le piège de ces filles. Ces hommes ont eux aussi, leur manière de se faire payer les coups bas.
La ruse des filles
Les filles « Mbaraneuses » utilisent à l’approche des fêtes, une ruse bien réfléchie, pour appâter les hommes. Très accessibles, elles font montre d’une disponibilité indéfectible pour satisfaire les moindres désirs d’un homme qui est dans leur lignes de mire. Sans souci des retournements de situation, elles foncent tout droit vers l’objectif, consistant à soutirer de fortes sommes d’argent aux hommes.
Certaines, accusent les hommes d’être des moins que rien qui, bien que sachant la réalité, foncent. Ils cherchent à tirer profit d’une relation douteuse. Souvent, ils sont déplumés sans merci.
« Ce sont les hommes qui sont fautifs. C’est eux qui imposent cette situation aux filles. Souvent, ils savent qu’ils n’ont aucune chance avec une demoiselle, mais ils lui font miroiter de l’argent. Moi, j’avais un mec qui me donnait de grosses sommes, alors que je ne l’aimais pas. Il le savait bien. Il pensait peut être que j’allais tomber dans son piège. N’étant pas demandeur, je prenais à chaque fois que de besoin son argent», a expliqué Ndèye Absa Dione, une jeune nymphe, accrochée à côté du Casino, situé sur la route de l’aéroport.
Celle-ci, disant avoir arrêté le « Mbarane » depuis belle lurette, constate une recrudescence du phénomène à l’approche de fête. Puissant de son expérience personnelle, elle impute toute la responsabilité aux hommes. D’après elle, les adeptes de cette pratique déshonorante ne s’en sortent pas toujours, sans y laisser des plumes. «Je ne collectionne plus de copains. J’ai déjà fait mon choix sur seulement deux hommes, qui m’envoient régulièrement de l’argent à l’approche de la Tabaski afin que j’accomplisse mes achats », se résigne-t-elle.
Les hommes sont toujours, indexés dans ce phénomène. La raison, apprécie-t-on, « les filles n’aiment personne ». C’est juste qu’elles aient besoin d’argent pour se montrer élégantes le jour de la fête. Ces observateurs avertis, disent qu’aucune fille ne veut que sa voisine lui ravisse la vedette, le soir de la Tabaski. Ainsi, elles se rivalisent, constatent-ils, à l’achat de cheveux naturels, de tissus haut de gamme et de chaussures de marque.
Mais, Khady Ndiaye, rencontrée au Marché Hlm, souligne que toutes les filles ne sont pas les mêmes. Elle estime qu’au moment où certaines d’entre elles collectionnent des copains tailleurs, commerçants ou adres, d’autres se suffisent à elles-mêmes. Lesdites filles, auxquelles elle fait allusion, travaillent dur pour subvenir à leurs besoins.
La remarque de Khady au reporter de Leral, est sans équivoque. Mais Arame Ndiaye, étudiante à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, semble n’avoir trouvé aucune conséquence néfaste dans le « Mbarane », pratiqué par les filles de sa génération. « Je suis partie hier soir dans un quartier, non loin des Mamelles pour prendre l’argent, destiné à l’achat de mes habits de fête. J’attends des montants d’autres mecs», renseigne Arame Ndiaye qui se trémousse, tout en souriant.
Très mignonne, les lèvres charnues, avec un regard foudroyant, Arame envisage de planifier un coup « mortel » à ses prétendants. « Ceux qui veulent m’avoir après un investissement, ne verront que du feu. Ils n’auront même pas un bisou », promet-elle. Avec son charme, dégageant une fraîcheur féminine convoitée, elle est sûre de ses astuces.
L’étudiante, agissant en psychologue, se dit être capable d’accrocher dans la rue des mecs à partir d’un seul contact visuel. Son activité de séduction, reconnaît-elle, est rendue possible par son esprit alerte, sa démarche endiablée et son commerce facile. En plus, elle indique n’avoir jamais raté sa cible. « Quand, je veux, je peux. Les hommes sont faibles devant le charme d’une femme », s’enorgueillit-elle.
Se rabaisser pour du fric
Le sentimentalisme des hommes, facilite dans certains cas le « Mbarane » dans la capitale. « Certaines filles n’ont pas de parents riches pour accomplir les petites folies. C’est aux hommes que revient la charge de s’occuper de ces demoiselles au lieu de les utiliser », a plaidé le jeune commerçant, Moustapha Sarr.
Sous ce registre, il pense qu’une femme doit avoir de la dignité, tout en estimant qu’être avec un homme uniquement, pour le financement des besoins d’une fête, n’honore pas une fille. Au contraire, dira-t-il, à Leral, cela ne fait que salir la réputation d’une fille, détruire son image et sa dignité de femme intègre.
« L’évènement ne dure qu’un jour. Une femme doit se respecter et se faire respecter. C’est mieux que de se rabaisser devant un homme pour du fric», a-t-il conseillé aux filles « Mbaraneuses ». Moustapha trouve que, c’est la gent féminine qui paye toujours les pots cassés, du fait qu’en retour, l’homme va réclamer son dû d’une façon ou d’une autre. Très patient, l’homme sentant le coup venir, développe des réflexes contre-offensifs pour amortir les effets.
« Les temps sont durs. Et, les filles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins toutes seules. Même celles qui travaillent, ont des difficultés pour régler leurs problèmes, à plus forte raison celles qui n’ont pas de boulot fixe. Les filles sont obligées de ramasser des 5000 F Cfa ou 10000 F CFA par ci et par là », dit Babacar Diop, mécanicien, retrouvé dans son garage. Celui-ci, indique que certains de ses amis, conscients des pratiques de fausse séduction en cette période, mettent de côté de l’argent pour faire tomber des filles dans les mailles de leurs filets.
A travers cette stratégie, ils réussissent à faire passer plus d’une de ces filles à l’acte sexuel, avant de leur offrir des montants dérisoires. Le reste, retient-il, ne sera que des promesses qui ne seront jamais tenues. Après l’assouvissement du désir sexuel, ces hommes, tirant profit de ce jeu de dupes, prennent souvent la tangente.
« Les femmes croient qu’elles sont plus futées que les hommes. Elles ont tout faux de croire cela. A pareil moment, je peux donner jusqu’à 15 000 FCfa après évidemment, un premier rendez-vous. J’en profite pour goûter aux délices des fruits interdits. Après, je m’éclipse pour éviter d’autres rencontres. Je vous dis dans cette affaire, il faut juste essayer de prendre les devants, pour éviter de regretter après», prévient Babacar, assis à côté du capot avant d’un véhicule marque Rav4. L’outil de travail en main, il décode les stratégies des « Mbaraneuses », obnubilées par l’argent facile, qui se refusent à penser aux risques de leurs actes. « Nous pouvons donner de façon désintéressée, mais il y aura toujours un retour de l’investissement », dit-il, à Leral.
Conquête de bailleurs
Une petite promenade de l’équipe de Leral, a permis de se rendre compte que les rues de la capitale sont toutes encombrées. Le passant, s’occupant de ses affaires personnelles, a l’impression d’être au marché avec les va-et-vient. Les mouvements récurrents, concernent plus les jeunes filles. Elles ne passent plus beaucoup de temps à la maison. Certaines parmi elles, prises par la fièvre de la fête, déroulent des stratégies pour se faire belles au soir de la Tabaski.
Le meilleur moyen d’avoir les équipements nécessaires, c’est de trouver un bailleur, voire deux à trois. D’où le « Mbarane », une relation amoureuse où la règle est l’infidélité et dont, la motivation fondamentale, est le gain. « J’ai rencontré récemment un homme très vilain qui a osé me demander de sortir avec lui. Je répondais très souvent à ses appels téléphoniques. Mais, avec l’approche de la Tabaski, nous nous voyons presque tous les jours. Je trouve que c’est un fou à qui, je soutire beaucoup d’argent », a confié Fary Ndiaye, âgée de 19 ans, habitant Niary Tally.
Cette dernière, soutient avoir un petit ami, incapable de payer un « string » et qui, parfois développe des crises de jalousie. Toute à sa stratégie de fausse séductrice, elle signale que sa nouvelle conquête, qui ne reçoit même pas de bisou, lui a acheté les habits de fêtes et d’autres accessoires de femmes, d’un montant de 130 000 FCfa. Ainsi, elle se rabat vers son « Mbarane », en attendant l'homme de son choix, capable de gérer ne serait-ce que ses plus petits besoins, pour décrocher pour de bon.
Dans le lot des « Mbaraneuse », figure Sophie Ndiaye, étudiante dans une école de formation, établie à Dakar. « Je sors depuis deux ans avec copain que je n’aime pas. Il satisfait juste mes besoins matériels. Quand je verrai mon genre d’homme, je ferai tout pour laisser tomber mon amoureux actuel. Le larguer, ce n’est pas un problème », projette-t-elle, avec assurance. Soucieuse de son apparence de femme moderne, en vrai « top model », elle se lance à la poursuite de l'homme idéal qui tarde à frapper à sa porte.
Contrepartie de « l’escroquerie » sentimentale
La réaction d’un groupe de femmes, trouvé en train de palabrer à côté d’une boutique de mode à Ouest-Foire, laisse comprendre que les hommes aiment les belles créatures qui savent prendre soin d’elles. L’homme face à une charmante femme, perd souvent le contrôle de ses facultés. Il arrive même qu’il fantasme à partir de la simple vue d’une nymphe. L’instinct animal somnolent d’un homme, expliquent ces femmes, se réveille très vite.
« Nos parents ne peuvent pas continuer à satisfaire nos besoins en habillement, produits cosmétiques entre autres. Sur ce, nous ne pouvons pas nous permettre de sortir avec un cas social. Un vrai homme doit être en mesure de prendre soin d’une femme. A l’approche des fêtes comme la Tabaski, nous allons forcément prendre l’initiative de faire du « Mbarane » pour accrocher de généreux bailleurs », consentent-elle à dire avec un humour qui en dit sur leur maîtrise des tactiques et astuces de séduction.
L’équipe de Leral a pu constater que dans beaucoup de situations, les filles, adeptes du « Mbarane », déroulent la grande stratégie pour trouver un copain tailleur, un bailleur se chargeant de payer les cheveux naturels ou greffages et un autre, pour les frais additionnels.
Ces femmes interpellées, refusent de perdre du temps en détails de la suite qui est claire dans leurs têtes. Elles soutiennent que la contrepartie de cette « escroquerie » dépendra de l’homme. « Si l’homme n’est pas très futé, il n’aura rien de la fille. S’il est branché ou « nandité » comme on en voit souvent, il n’y aura pas de gratuité. Et certains hommes n’hésitent même pas à vous tripoter avant la fête », a dressé de manière claire et nette, une des filles du groupe, nommée Fatou Diagne.
Mais, une autre fille assise à côté de ce groupe très prolixe, s’affairant autour de son commerce d’eau fraiche, conseille de façon désintéressée à ces dernières, d’aller travailler pour subvenir à leurs besoins de femmes.
Elle professe qu’une personne digne doit pouvoir limiter ses besoins et savoir que la beauté d’une femme n’est pas éternelle. « La dignité doit être une valeur chère pour une femme. Quand on est bien éduquée, même si les temps sont durs, on doit refuser de s’engager dans ces pratiques déshonorantes. L’amour, s’il est sincère, doit être désintéressé », se défend-elle.
Les « Mbaraneuses » sont désormais sur le terrain de la recherche de bailleurs, susceptibles de financer les fêtes de Tabaski. Tous les risques sont pris par des filles, des veuves, des désespérées, ainsi que d’habituelles prostituées... Quant aux hommes qui refusent de céder à cette tentation ou jeu de dupes, ils sont taxés "d’innocents". Mais, le réveil du lendemain de fête, risque d’être brutal pour beaucoup d’hommes et de filles.
Ousseynou WADE Leral
Les préparatifs de la fête de Tabaski qui se profile à l’horizon, ont commencé depuis peu de temps. Et si du côté des hommes, l’achat de moutons constitue la priorité, les filles, quant à elles, ne sont préoccupées comme d’habitude, que par l’acquisition de tissus haut de gamme, de chaussures de marque et de cheveux naturels.
Certaines d’entre elles adoptent le «mbarane» pour réaliser leurs rêves de devenir la « reine » d’un soir. Mais des hommes, bien au courant de cette « arnaque », refusent de tomber dans le piège de ces filles. Ces hommes ont eux aussi, leur manière de se faire payer les coups bas.
La ruse des filles
Les filles « Mbaraneuses » utilisent à l’approche des fêtes, une ruse bien réfléchie, pour appâter les hommes. Très accessibles, elles font montre d’une disponibilité indéfectible pour satisfaire les moindres désirs d’un homme qui est dans leur lignes de mire. Sans souci des retournements de situation, elles foncent tout droit vers l’objectif, consistant à soutirer de fortes sommes d’argent aux hommes.
Certaines, accusent les hommes d’être des moins que rien qui, bien que sachant la réalité, foncent. Ils cherchent à tirer profit d’une relation douteuse. Souvent, ils sont déplumés sans merci.
« Ce sont les hommes qui sont fautifs. C’est eux qui imposent cette situation aux filles. Souvent, ils savent qu’ils n’ont aucune chance avec une demoiselle, mais ils lui font miroiter de l’argent. Moi, j’avais un mec qui me donnait de grosses sommes, alors que je ne l’aimais pas. Il le savait bien. Il pensait peut être que j’allais tomber dans son piège. N’étant pas demandeur, je prenais à chaque fois que de besoin son argent», a expliqué Ndèye Absa Dione, une jeune nymphe, accrochée à côté du Casino, situé sur la route de l’aéroport.
Celle-ci, disant avoir arrêté le « Mbarane » depuis belle lurette, constate une recrudescence du phénomène à l’approche de fête. Puissant de son expérience personnelle, elle impute toute la responsabilité aux hommes. D’après elle, les adeptes de cette pratique déshonorante ne s’en sortent pas toujours, sans y laisser des plumes. «Je ne collectionne plus de copains. J’ai déjà fait mon choix sur seulement deux hommes, qui m’envoient régulièrement de l’argent à l’approche de la Tabaski afin que j’accomplisse mes achats », se résigne-t-elle.
Les hommes sont toujours, indexés dans ce phénomène. La raison, apprécie-t-on, « les filles n’aiment personne ». C’est juste qu’elles aient besoin d’argent pour se montrer élégantes le jour de la fête. Ces observateurs avertis, disent qu’aucune fille ne veut que sa voisine lui ravisse la vedette, le soir de la Tabaski. Ainsi, elles se rivalisent, constatent-ils, à l’achat de cheveux naturels, de tissus haut de gamme et de chaussures de marque.
Mais, Khady Ndiaye, rencontrée au Marché Hlm, souligne que toutes les filles ne sont pas les mêmes. Elle estime qu’au moment où certaines d’entre elles collectionnent des copains tailleurs, commerçants ou adres, d’autres se suffisent à elles-mêmes. Lesdites filles, auxquelles elle fait allusion, travaillent dur pour subvenir à leurs besoins.
La remarque de Khady au reporter de Leral, est sans équivoque. Mais Arame Ndiaye, étudiante à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, semble n’avoir trouvé aucune conséquence néfaste dans le « Mbarane », pratiqué par les filles de sa génération. « Je suis partie hier soir dans un quartier, non loin des Mamelles pour prendre l’argent, destiné à l’achat de mes habits de fête. J’attends des montants d’autres mecs», renseigne Arame Ndiaye qui se trémousse, tout en souriant.
Très mignonne, les lèvres charnues, avec un regard foudroyant, Arame envisage de planifier un coup « mortel » à ses prétendants. « Ceux qui veulent m’avoir après un investissement, ne verront que du feu. Ils n’auront même pas un bisou », promet-elle. Avec son charme, dégageant une fraîcheur féminine convoitée, elle est sûre de ses astuces.
L’étudiante, agissant en psychologue, se dit être capable d’accrocher dans la rue des mecs à partir d’un seul contact visuel. Son activité de séduction, reconnaît-elle, est rendue possible par son esprit alerte, sa démarche endiablée et son commerce facile. En plus, elle indique n’avoir jamais raté sa cible. « Quand, je veux, je peux. Les hommes sont faibles devant le charme d’une femme », s’enorgueillit-elle.
Se rabaisser pour du fric
Le sentimentalisme des hommes, facilite dans certains cas le « Mbarane » dans la capitale. « Certaines filles n’ont pas de parents riches pour accomplir les petites folies. C’est aux hommes que revient la charge de s’occuper de ces demoiselles au lieu de les utiliser », a plaidé le jeune commerçant, Moustapha Sarr.
Sous ce registre, il pense qu’une femme doit avoir de la dignité, tout en estimant qu’être avec un homme uniquement, pour le financement des besoins d’une fête, n’honore pas une fille. Au contraire, dira-t-il, à Leral, cela ne fait que salir la réputation d’une fille, détruire son image et sa dignité de femme intègre.
« L’évènement ne dure qu’un jour. Une femme doit se respecter et se faire respecter. C’est mieux que de se rabaisser devant un homme pour du fric», a-t-il conseillé aux filles « Mbaraneuses ». Moustapha trouve que, c’est la gent féminine qui paye toujours les pots cassés, du fait qu’en retour, l’homme va réclamer son dû d’une façon ou d’une autre. Très patient, l’homme sentant le coup venir, développe des réflexes contre-offensifs pour amortir les effets.
« Les temps sont durs. Et, les filles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins toutes seules. Même celles qui travaillent, ont des difficultés pour régler leurs problèmes, à plus forte raison celles qui n’ont pas de boulot fixe. Les filles sont obligées de ramasser des 5000 F Cfa ou 10000 F CFA par ci et par là », dit Babacar Diop, mécanicien, retrouvé dans son garage. Celui-ci, indique que certains de ses amis, conscients des pratiques de fausse séduction en cette période, mettent de côté de l’argent pour faire tomber des filles dans les mailles de leurs filets.
A travers cette stratégie, ils réussissent à faire passer plus d’une de ces filles à l’acte sexuel, avant de leur offrir des montants dérisoires. Le reste, retient-il, ne sera que des promesses qui ne seront jamais tenues. Après l’assouvissement du désir sexuel, ces hommes, tirant profit de ce jeu de dupes, prennent souvent la tangente.
« Les femmes croient qu’elles sont plus futées que les hommes. Elles ont tout faux de croire cela. A pareil moment, je peux donner jusqu’à 15 000 FCfa après évidemment, un premier rendez-vous. J’en profite pour goûter aux délices des fruits interdits. Après, je m’éclipse pour éviter d’autres rencontres. Je vous dis dans cette affaire, il faut juste essayer de prendre les devants, pour éviter de regretter après», prévient Babacar, assis à côté du capot avant d’un véhicule marque Rav4. L’outil de travail en main, il décode les stratégies des « Mbaraneuses », obnubilées par l’argent facile, qui se refusent à penser aux risques de leurs actes. « Nous pouvons donner de façon désintéressée, mais il y aura toujours un retour de l’investissement », dit-il, à Leral.
Conquête de bailleurs
Une petite promenade de l’équipe de Leral, a permis de se rendre compte que les rues de la capitale sont toutes encombrées. Le passant, s’occupant de ses affaires personnelles, a l’impression d’être au marché avec les va-et-vient. Les mouvements récurrents, concernent plus les jeunes filles. Elles ne passent plus beaucoup de temps à la maison. Certaines parmi elles, prises par la fièvre de la fête, déroulent des stratégies pour se faire belles au soir de la Tabaski.
Le meilleur moyen d’avoir les équipements nécessaires, c’est de trouver un bailleur, voire deux à trois. D’où le « Mbarane », une relation amoureuse où la règle est l’infidélité et dont, la motivation fondamentale, est le gain. « J’ai rencontré récemment un homme très vilain qui a osé me demander de sortir avec lui. Je répondais très souvent à ses appels téléphoniques. Mais, avec l’approche de la Tabaski, nous nous voyons presque tous les jours. Je trouve que c’est un fou à qui, je soutire beaucoup d’argent », a confié Fary Ndiaye, âgée de 19 ans, habitant Niary Tally.
Cette dernière, soutient avoir un petit ami, incapable de payer un « string » et qui, parfois développe des crises de jalousie. Toute à sa stratégie de fausse séductrice, elle signale que sa nouvelle conquête, qui ne reçoit même pas de bisou, lui a acheté les habits de fêtes et d’autres accessoires de femmes, d’un montant de 130 000 FCfa. Ainsi, elle se rabat vers son « Mbarane », en attendant l'homme de son choix, capable de gérer ne serait-ce que ses plus petits besoins, pour décrocher pour de bon.
Dans le lot des « Mbaraneuse », figure Sophie Ndiaye, étudiante dans une école de formation, établie à Dakar. « Je sors depuis deux ans avec copain que je n’aime pas. Il satisfait juste mes besoins matériels. Quand je verrai mon genre d’homme, je ferai tout pour laisser tomber mon amoureux actuel. Le larguer, ce n’est pas un problème », projette-t-elle, avec assurance. Soucieuse de son apparence de femme moderne, en vrai « top model », elle se lance à la poursuite de l'homme idéal qui tarde à frapper à sa porte.
Contrepartie de « l’escroquerie » sentimentale
La réaction d’un groupe de femmes, trouvé en train de palabrer à côté d’une boutique de mode à Ouest-Foire, laisse comprendre que les hommes aiment les belles créatures qui savent prendre soin d’elles. L’homme face à une charmante femme, perd souvent le contrôle de ses facultés. Il arrive même qu’il fantasme à partir de la simple vue d’une nymphe. L’instinct animal somnolent d’un homme, expliquent ces femmes, se réveille très vite.
« Nos parents ne peuvent pas continuer à satisfaire nos besoins en habillement, produits cosmétiques entre autres. Sur ce, nous ne pouvons pas nous permettre de sortir avec un cas social. Un vrai homme doit être en mesure de prendre soin d’une femme. A l’approche des fêtes comme la Tabaski, nous allons forcément prendre l’initiative de faire du « Mbarane » pour accrocher de généreux bailleurs », consentent-elle à dire avec un humour qui en dit sur leur maîtrise des tactiques et astuces de séduction.
L’équipe de Leral a pu constater que dans beaucoup de situations, les filles, adeptes du « Mbarane », déroulent la grande stratégie pour trouver un copain tailleur, un bailleur se chargeant de payer les cheveux naturels ou greffages et un autre, pour les frais additionnels.
Ces femmes interpellées, refusent de perdre du temps en détails de la suite qui est claire dans leurs têtes. Elles soutiennent que la contrepartie de cette « escroquerie » dépendra de l’homme. « Si l’homme n’est pas très futé, il n’aura rien de la fille. S’il est branché ou « nandité » comme on en voit souvent, il n’y aura pas de gratuité. Et certains hommes n’hésitent même pas à vous tripoter avant la fête », a dressé de manière claire et nette, une des filles du groupe, nommée Fatou Diagne.
Mais, une autre fille assise à côté de ce groupe très prolixe, s’affairant autour de son commerce d’eau fraiche, conseille de façon désintéressée à ces dernières, d’aller travailler pour subvenir à leurs besoins de femmes.
Elle professe qu’une personne digne doit pouvoir limiter ses besoins et savoir que la beauté d’une femme n’est pas éternelle. « La dignité doit être une valeur chère pour une femme. Quand on est bien éduquée, même si les temps sont durs, on doit refuser de s’engager dans ces pratiques déshonorantes. L’amour, s’il est sincère, doit être désintéressé », se défend-elle.
Les « Mbaraneuses » sont désormais sur le terrain de la recherche de bailleurs, susceptibles de financer les fêtes de Tabaski. Tous les risques sont pris par des filles, des veuves, des désespérées, ainsi que d’habituelles prostituées... Quant aux hommes qui refusent de céder à cette tentation ou jeu de dupes, ils sont taxés "d’innocents". Mais, le réveil du lendemain de fête, risque d’être brutal pour beaucoup d’hommes et de filles.
Ousseynou WADE Leral