Un putsch militaire contre un putsch constitutionnel
Désigné il y a trois jours médiateur de la Cedeao au Niger, Me Wade a appris hier, alors qu’il s’apprêtait à regagner Dakar, le coup d’Etat qui était en cours. À l’aéroport Léopold Sédar Senghor, même s’il s’est dit attristé de l’issue militaire à la crise qui secoue le Niger depuis que le Président Mamadou Tandja avait lui-même perpétré un coup d’Etat constitutionnel, Me Wade n’en est pas pour autant surpris. De retour d’Abuja dans la nuit du mardi au mercredi, vers 1 heure du matin, le Président sénégalais, s’adressant aux officiels, avait indiqué avoir encore reçu au Nigéria des membres de l’opposition nigérienne et discuté avec le Premier ministre. Il avait en outre décidé de prendre contact avec Mamadou Tandja pour « ressusciter » la Constitution.
Une Constitution morte depuis le 4 août 2009 quand, après un coup de force, Tandja avait mis fin au mépris de son peuple et de la communauté internationale, à la limitation du nombre de mandats présidentiels ainsi que le passage d’un régime semi-présidentiel à un régime présidentiel. Mamadou Tandja bénéficiait ainsi d’une extension exceptionnelle de son mandat de trois ans pour « achever les chantiers entrepris » grâce à l’argent de l’uranium. En vérité, c’est pour continuer la déconstruction d’un système pourtant trop fragile.
Tandja lui-même se savait détesté et, pour parer à un renversement, il avait misé sur une corruption qui ne disait pas son nom : gâter ses troupes pour sécuriser l’Armée, au moment où toute la population nigérienne l’avait vomi. Ce serait finalement un militaire, comme lui, qui l’a renversé et mis aux arrêts. Sjibril Adamou Harouna, promu récemment commandant, aurait bien mûri son coup, avant de l’exécuter froidement, alors que le Président avait convoqué un Conseil des ministres extraordinaire, histoire de parler des…sanctions renouvelées contre son pays par la Cedeao.
Recevant l’opposition nigérienne à Dakar, avec à sa tête l’ancien Premier ministre Amadou Boubacar Cissé, Me Wade avait été sollicité pour entamer une médiation. Mais à ce moment, la Cedeao avait confié cette médiation à l’ancien Président nigérian, le général Abdusalami Abubakar. De retour d’Addis Abéba à la faveur du sommet de l’Union africaine (Ua), le Président sénégalais qui avait informé son homologue nigérien, par téléphone, de l’audience qu’il avait accordée à son opposition, a fait une escale chez Tandja. D’après nos informations, ce dernier n’a pas tenu compte des conseils que lui avait prodigués Wade. Hier donc, le président sénégalais a indiqué à l’aéroport qu’en accord avec le patron de la Cedeao, il avait décidé d’envoyer un émissaire, en l’occurrence Me Madické Niang. Lui qui avait proposé au Niger la mise en place d’une nouvelle Constitution, quitte même à envoyer sur place des experts nigérians et sénégalais. La « Constitution » qui était en vigueur au Niger était celle de Tandja. La première mesure prise par les putschistes a été de suspendre cette pseudo-Constitution, dissolvant ainsi toutes les institutions.
Accompagné de Baba Tandian, Madické Niang interdit d’atterrir à Ouaga
Des sources renseignent que dans un premier temps, c’est le Président lui-même qui voulait se rendre au Niger, pour y passer la nuit et débuter les tractations. Le chef de la diplomatie sénégalaise ainsi que plusieurs membres de son entourage se sont opposés à cette éventualité, compte tenu du climat délétère qui prévaut à Niamey. Wade convaincu, c’est finalement Me Madické Niang, qui a quitté Dakar hier soir, en compagnie de Baba Tandian, fin connaisseur du Niger. N’empêche, le chef de la diplomatie sénégalaise n’a pas pu poser ses valises à Niamey en raison d’une mesure de sécurité prise par les nouveaux hommes forts du pays. C’est finalement à Ouaga que Me Madické Niang a atterri en attendant que la situation se décante. Toutefois, une source sûre indique que Me Niang compte poursuivre sa mission. A cet effet, il a décidé d’emprunter la voie terrestre, malgré les risques encourus, pour se rendre au Niger. Me Wade était conscient que Me Madické Niang allait en terrain miné, et pour cause. Alors qu’il entrait dans son véhicule pour le Palais, il a fait appeler le ministre des Affaires étrangères dans son véhicule pour lui demander de tendre les mains, avant de formuler des prières. Auparavant, Me Wade, taquin, demandait à Me Madické Niang s’il avait peur. Réponse négative du chef de la diplomatie sénégalaise.
Après avoir cueilli le Président nigérien, détenu dans une caserne à Zender, premier camp à faire acte d’allégeance aux putschistes, les militaires ont demandé aux membres de sa famille de vaquer à leurs occupations mais hors du Palais.
Cheikh Mbacké GUISSE l'asquotidien
Désigné il y a trois jours médiateur de la Cedeao au Niger, Me Wade a appris hier, alors qu’il s’apprêtait à regagner Dakar, le coup d’Etat qui était en cours. À l’aéroport Léopold Sédar Senghor, même s’il s’est dit attristé de l’issue militaire à la crise qui secoue le Niger depuis que le Président Mamadou Tandja avait lui-même perpétré un coup d’Etat constitutionnel, Me Wade n’en est pas pour autant surpris. De retour d’Abuja dans la nuit du mardi au mercredi, vers 1 heure du matin, le Président sénégalais, s’adressant aux officiels, avait indiqué avoir encore reçu au Nigéria des membres de l’opposition nigérienne et discuté avec le Premier ministre. Il avait en outre décidé de prendre contact avec Mamadou Tandja pour « ressusciter » la Constitution.
Une Constitution morte depuis le 4 août 2009 quand, après un coup de force, Tandja avait mis fin au mépris de son peuple et de la communauté internationale, à la limitation du nombre de mandats présidentiels ainsi que le passage d’un régime semi-présidentiel à un régime présidentiel. Mamadou Tandja bénéficiait ainsi d’une extension exceptionnelle de son mandat de trois ans pour « achever les chantiers entrepris » grâce à l’argent de l’uranium. En vérité, c’est pour continuer la déconstruction d’un système pourtant trop fragile.
Tandja lui-même se savait détesté et, pour parer à un renversement, il avait misé sur une corruption qui ne disait pas son nom : gâter ses troupes pour sécuriser l’Armée, au moment où toute la population nigérienne l’avait vomi. Ce serait finalement un militaire, comme lui, qui l’a renversé et mis aux arrêts. Sjibril Adamou Harouna, promu récemment commandant, aurait bien mûri son coup, avant de l’exécuter froidement, alors que le Président avait convoqué un Conseil des ministres extraordinaire, histoire de parler des…sanctions renouvelées contre son pays par la Cedeao.
Recevant l’opposition nigérienne à Dakar, avec à sa tête l’ancien Premier ministre Amadou Boubacar Cissé, Me Wade avait été sollicité pour entamer une médiation. Mais à ce moment, la Cedeao avait confié cette médiation à l’ancien Président nigérian, le général Abdusalami Abubakar. De retour d’Addis Abéba à la faveur du sommet de l’Union africaine (Ua), le Président sénégalais qui avait informé son homologue nigérien, par téléphone, de l’audience qu’il avait accordée à son opposition, a fait une escale chez Tandja. D’après nos informations, ce dernier n’a pas tenu compte des conseils que lui avait prodigués Wade. Hier donc, le président sénégalais a indiqué à l’aéroport qu’en accord avec le patron de la Cedeao, il avait décidé d’envoyer un émissaire, en l’occurrence Me Madické Niang. Lui qui avait proposé au Niger la mise en place d’une nouvelle Constitution, quitte même à envoyer sur place des experts nigérians et sénégalais. La « Constitution » qui était en vigueur au Niger était celle de Tandja. La première mesure prise par les putschistes a été de suspendre cette pseudo-Constitution, dissolvant ainsi toutes les institutions.
Accompagné de Baba Tandian, Madické Niang interdit d’atterrir à Ouaga
Des sources renseignent que dans un premier temps, c’est le Président lui-même qui voulait se rendre au Niger, pour y passer la nuit et débuter les tractations. Le chef de la diplomatie sénégalaise ainsi que plusieurs membres de son entourage se sont opposés à cette éventualité, compte tenu du climat délétère qui prévaut à Niamey. Wade convaincu, c’est finalement Me Madické Niang, qui a quitté Dakar hier soir, en compagnie de Baba Tandian, fin connaisseur du Niger. N’empêche, le chef de la diplomatie sénégalaise n’a pas pu poser ses valises à Niamey en raison d’une mesure de sécurité prise par les nouveaux hommes forts du pays. C’est finalement à Ouaga que Me Madické Niang a atterri en attendant que la situation se décante. Toutefois, une source sûre indique que Me Niang compte poursuivre sa mission. A cet effet, il a décidé d’emprunter la voie terrestre, malgré les risques encourus, pour se rendre au Niger. Me Wade était conscient que Me Madické Niang allait en terrain miné, et pour cause. Alors qu’il entrait dans son véhicule pour le Palais, il a fait appeler le ministre des Affaires étrangères dans son véhicule pour lui demander de tendre les mains, avant de formuler des prières. Auparavant, Me Wade, taquin, demandait à Me Madické Niang s’il avait peur. Réponse négative du chef de la diplomatie sénégalaise.
Après avoir cueilli le Président nigérien, détenu dans une caserne à Zender, premier camp à faire acte d’allégeance aux putschistes, les militaires ont demandé aux membres de sa famille de vaquer à leurs occupations mais hors du Palais.
Cheikh Mbacké GUISSE l'asquotidien
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