leral.net | S'informer en temps réel

Me Ousmane Sèye: «Macky Sall doit se libérer du cancan politique qui est le Benno Bokk Yaakar»


Rédigé par leral.net le Jeudi 9 Janvier 2014 à 15:13 | | 0 commentaire(s)|

Me Ousmane Sèye: «Macky Sall doit se libérer du cancan politique qui est le Benno Bokk Yaakar»
On vient de sortir du Magal qui a été marqué essentiellement par l’appel au dialogue national lancé par le khalife général des mourides. Vous en tant que responsable politique, comment avez-vous accueilli cet appel ?

D’abord vous me permettez de souhaiter mes meilleurs vœux à l’ensemble des Sénégalaises et des Sénégalais ainsi qu’aux étrangers qui vivent parmi nous au Sénégal. Je souhaite que cette année soit une année de bonheur pour tout le monde, de paix, de stabilité politique, de cohésion nationale surtout et je souhaite que cette année soit le départ pour un Sénégal émergent. Pour revenir à votre question, évidemment moi je suis mouride. Je suis resté dix jours à Touba pour recevoir mes hôtes comme tout mouride et le Magal s’est bien passé cette année par rapport au nombre réduit d’accidents enregistrés (sept morts). C’est beaucoup, mais par rapport aux années passées, des efforts ont été faits pour diminuer le nombre d’accidents et de décès et je voudrais profiter de l’occasion pour saluer les services de la protection routière qui ont eu l’intelligence de mettre des gendarmes couchés comme on dit- des dos d’âne sur l’axe Dakar-Touba. Cela a considérablement diminué les accidents. Il y a certains qui s’en plaignent mais moi j’encourage les responsables de la sécurité routière en faisant preuve d’imagination pour éviter les accidents. On ne peut pas mettre un policier partout.
Ce Magal a été marqué comme d’habitude par la déclaration du khalife général des mourides à qui je rends mes hommages les plus déférents. Particulièrement, cette année, il a profité du Magal pour lancer un appel au dialogue politique, social et national. Je crois que cet appel rejoint les préoccupations du président de la République, Macky Sall, qui a eu aussi à appeler à un vaste rassemblement pour un dialogue politique et social. Et je me rappelle, l’essentiel que j’ai retenu du discours du président, lors de l’anniversaire de l’APR, c’était non seulement un appel au rassemblement, mais aussi il a lancé une idée qui est la mise sur pied d’un cadre qu’il appelle un Haut Conseil pour le Dialogue politique et social. Je crois que les journalistes que vous êtes vous n’avez pas tellement mis l’accent sur cet aspect de son discours et sur cet instrument dont il compte mettre sur pied pour permettre un dialogue politique permanent. J’invite vivement le président à mettre sur pied ce cadre, parce que c’est une nécessité politique. Dans toute démocratie, il y a un pouvoir qui gouverne et une opposition qui s’oppose. C’est important pour la vitalité de la démocratie, mais il ne faut pas que l’opposition et le pouvoir soient dans une situation de rigidité. Il faut de la souplesse et un dialogue permanent entre ces deux parties pour trouver des points de convergences, de consensus sur des problèmes majeurs d’intérêt national, parce que l’objet d’un débat, ce n’est pas une confrontation d’idées simplement, mais aussi de trouver à la fin un consensus. Et si l’opposition et le pouvoir ne dialoguent pas, mais je parle d’un dialogue franc, sincère, ils ne trouveront jamais les consensus nécessaires pour permettre la stabilité politique du pays et sans stabilité politique du pays, il n’y aura pas de développement.

Vous l’avez dit tantôt, il y a une situation de rigidité qui existe entre l’opposition et le pouvoir et surtout une des divergences très exacerbées. Alors pensez-vous que cet appel au dialogue, malgré le fait qu’il émane du khalife et ait la volonté du président Macky Sall, est possible aujourd’hui ?

Oui, ce dialogue est possible parce que moi je considère que le pouvoir comme l’opposition cherchent à développer le Sénégal, c'est-à-dire que je considère que dans l’opposition il y a des patriotes sincères qui aiment le Sénégal et veulent son développement. Je considère aussi qu’au sein du pouvoir, il y a des Sénégalais sincères et honnêtes qui souhaitent le développement du Sénégal. Mais ils n’ont pas la même stratégie et vision politiques et c’est normal. Maintenant comme l’objectif est commun, s’il y a un dialogue, forcément, ils trouveront un consensus et c’est possible. Mais pour qu’il y ait dialogue, il faut que les uns et les autres soient sincères et mettent en avant les intérêts du Sénégal.

Mais si on parle de l’opposition aujourd’hui, les regards se tournent immédiatement vers le PDS, or l’exigence numéro 1 de ce parti c’est l’arrêt de la traque des bien mal acquis qui semble être un cheval de bataille pour le nouveau régime.

Ce ne serait pas en tout cas une revendication politique légitime. On ne peut pas demander aujourd’hui l’arrêt de poursuites contre des personnes soupçonnées d’avoir détourné des deniers publics, d’avoir pratiqué la corruption. Ce que l’on peut demander, c’est que la loi qui est brandie pour servir de base de poursuite soit étendue à tout le monde, c'est-à-dire qu’il y ait l’égalité de tous les citoyens devant la loi. Si la loi de 1981 qui fonde les poursuites pour le délit d’enrichissement illicite est exhumée, il faut qu’elle soit applicable dans le temps et dans l’espace à tout le monde. De l’indépendance du Sénégal jusqu’à aujourd’hui, parce qu’il n’y a pas que ceux qui étaient dans le régime d’Abdoulaye Wade qui ont détourné de l’argent, qui se sont enrichis illicitement. Cette loi a été votée sous Senghor et c’était pour ceux qui servaient sous Senghor et il en existe toujours. C’est valable pour ceux qui ont servi sous Abdou Diouf, il en existe toujours. C’est valable pour ceux qui sont en train de servir sous Macky Sall. Voilà la revendication légitime. Ensuite, de mon point de vue, il faut permettre aux personnes qui sont poursuivies pour enrichissement illicite, de pouvoir se défendre, de disposer de voies de recours, de contester les actes posés par le juge. Et c’est pourquoi je suis foncièrement contre l’existence d’une Cour d’exception que l’on appelle Cour de répression de l’enrichissement illicite. Je pense que le Sénégal est un pays normal, stable, qui a des juridictions normales de droit commun qui peuvent réprimer toutes les infractions et on n’a pas besoin de la Cour d’enrichissement illicite pour traquer des biens mal acquis comme on dit. Donc, je dis que cette traque est bien, mais il faut revoir le discours qui l’accompagne car c’est un discours politique qui l’accompagne, ce n’est pas bien. Il faut aussi revoir la procédure de cette traque pour qu’elle soit conforme aux principes généraux du droit pénal. Si c’est cela la revendication du PDS, c’est une revendication juste. Maintenant s’il dit qu’il faut arrêter, mettre une croix sur tout, je ne suis pas d’accord.

Maintenant pour ce qui est toujours de la traque des biens mal acquis. Ça fait un an que l’immunité parlementaire des députés Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr et Ousmane Ngom a été levée et jusqu’à présent il n’y a aucune inculpation sur leur tête. Alors, comment vous en tant que juriste vous appréciez cet état de fait ?

Mais il faut poser la question à ceux qui ont demandé la levée de l’immunité parlementaire de ces députés, parce que l’Assemblée Nationale ne peut pas d’office l’ordonner. Il faut que la demande émane d’une autorité judiciaire en vue de poursuivre ces députés. Donc, la question doit être posée à l’autorité judiciaire qui avait demandé la levée de cette immunité parlementaire et qui n’a pas réagi jusqu’à présent.
Toujours dans cette même veine, il y a des cas un peu troublants avec le cas de Ndeye Khady Gueye dont la presse a parlé ce matin qui avait bénéficié d’une liberté provisoire de la Cour d’Appel et le parquet se pourvoie en cassation contre cette décision ; le cas de Me Mamadou Diop et Cheikh Tidiane Ndiaye qui étaient cités dans des affaires Karim et qui, aujourd’hui, sont les administrateurs de Canal Infos News dont la paternité reviendrait à Karim Wade selon les accusations. Alors, est ce que ces faits ne sont pas assez troublants et ne démontrent-ils pas un acharnement du pouvoir contre les libéraux.
Moi je suis un homme politique doublé d’un juriste puisque je suis avocat. Je suis membre de la commission de réforme du code pénal et du code de procédure pénale. Je me suis battu au niveau de cette commission pour qu’on supprime le caractère suspensif de l’appel ou du pourvoi en cassation du procureur de la République et du procureur général en matière de liberté provisoire. Parce que j’ai dit qu’il n’est pas normal qu’un juge du siège prenne une décision et que l’appel interjeté par le procureur, qui est soumis au pouvoir hiérarchique, face obstacle à une décision de juge. Et aujourd’hui, c’est le cas de Ndeye Khady Gueye qui a bénéficié d’une liberté provisoire prononcée par le juge d’instruction, confirmée par la chambre d’accusation et qui, par le fait d’un pourvoi en cassation introduit par le procureur général reste en prison. Donc, ce problème aujourd’hui est un problème de procédure pénale. Il faudrait que ma proposition en ce sens soit acceptée par la commission, par le ministre de la Justice qui, en dernier ressort, va présenter la dernière mouture du projet de la réforme au niveau de l’Assemblée nationale. J’appelle d’ailleurs les députés à vraiment exiger que cette modification du code de procédure pénale reste dans le projet et qu’ils votent cette modification. C’est ça qui va régler le problème. En ce qui concerne maintenant la désignation des administrateurs provisoires, je ne vois pas le fondement juridique pour la commission d’instruction de la CREI de désigner des administrateurs provisoires dans des sociétés dont la personne morale est différente des personnes poursuivies, des sociétés qui sont en parfaite santé financière, qui ne sont pas en difficultés, je ne vois pas pourquoi on met ces sociétés sous administration provisoire. C’est ça le problème de fond. En Droit, on met sous administration provisoire une société qui a des difficultés économiques et financières, mais une société qui n’a aucune difficulté économique ni financière et qui fonctionne normalement, il n’y a aucune raison de la mettre sous administration provisoire. Maintenant, indépendamment des personnes qui ont été choisies, je considère qu’il n’y a pas de fondement juridique de mettre une société qui ne souffre d’aucune difficulté économique et financière sous administration provisoire et la loi ne permet aucune voie de recours contre ces décisions. Voilà des décisions manifestement illégales, qui sont prises et que la loi n’offre aucune possibilité de recours aux sociétés qui sont victimes de ces mesures. En dernière analyse, je considère qu’il faut saisir à la limite la Cour de justice de l’UEMOA, parce que ça fait partie des Actes uniformes sur les sociétés commerciales pour avoir une décision claire et net en ce qui concerne ces actes de la CI de la CREI que je considère comme des actes qui n’ont aucun fondement juridique.

Revenons à la politique. Vous êtes un homme politique plus ou moins proche du président de la République qui vous a impliqué dans son projet d’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP). Ou est ce que vous en êtes aujourd’hui ?

Il faut rappeler ce processus, à mon avis, de mise sur pied de l’AMP. Je sais qu’il y a des forces politiques qui travaillent pour retarder ce processus, mais la seule voie politique possible aujourd’hui pour permettre au président Macky de présenter un bilan positif à l’issue de son mandat, c’est la mise sur pied de l’AMP. Il est vrai que, aujourd’hui, le président Macky Sall est en train de dérouler sa vision politique et son programme pour le Sénégal « Yonou Yokkuté », adossée à la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social du Sénégal (SNDES). Mais ce qui manque au président, c’est une coalition politique capable de mettre en œuvre sa vision et son programme politiques. Parce qu’il est bien d’avoir des projets, il est bien d’avoir une vision, mais ce programme et cette vision doivent être portés par un parti ou une coalition politique. Mais pour que cela se réalise, il faut que cette coalition soit homogène et partage fondamentalement et sincèrement ce programme et cette vision politiques. Mais si cette vision et ce programme sont portés par une coalition hétérogène dont les membres sont de potentiels adversaires politiques dans moins de cinq ans, la vision sera forcément anéantie car il n’y aura pas la sincérité politique et l’engagement politique nécessaires. Aujourd’hui, tout le monde sait que la coalition Benno Bokk Yakaar est une coalition électorale qui est dépassée, qui n’a pas de programme, ni de vision. Tous les partis qui sont dans BBY sont des partis dont les candidats ont été battus par Macky Sall au premier tour et qui n’avaient d’autre choix que de le rejoindre au deuxième tour.
Oui, des candidats qui étaient battus par le candidat Macky Sall au premier tour et qui l’ont rejoint au deuxième tour ; une coalition qui est incapable de porter la vision du président et néanmoins c’est le président Macky Sall qui disait lui-même que nous avons gagné ensemble, nous allons gouverner ensemble et la patrie avant de la parti.
Il les a battu tous, ils l’ont rejoint au second tour avec un slogan qui n’est pas tellement réel, parce que Macky Sall a été élu par la majorité des Sénégalais et il doit gouverner avec la majorité des Sénégalais. Mais on dirait qu’il y certaines forces politiques qui empêchent Macky Sall de s’ouvrir vers d’autres Sénégalais qui ont la même compétence et l’engagement politique nécessaire pour soutenir l’action du président de la République. Il ne faut pas fermer le président dans un carcan politique.

Mais est-ce que ce n’est pas lui-même qui s’enferme dans ce carcan politique ?

S’il le fait lui-même il a tort. Et met en jeu ses propres intérêts. S’il fait une analyse concrète, objective et réelle de la situation politique, il doit savoir qu’il doit s’ouvrir aux autres Sénégalais, avoir une nouvelle recomposition politique et que lui Macky Sall, il est l’homme de cette recomposition politique, de ce rassemblement, car il doit faire la synthèse entre Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. C’est pour cela qu’il a été élu. Il ne peut pas être le président d’un clan, le président enfermé dans une coalition électorale où l’essentiel de ses alliés sont ses futurs adversaires.

Si je vous comprends bien, vous êtes avec ceux qui disent que Macky Sall est l’otage de la coalition Benno Bokk Yaakaar ?

Je ne dis jamais qu’un président est un otage, car il dispose de moyens politiques extraordinaires pour se libérer de tout obstacle politique. Mais je crois qu’à un certain moment donné, il faut un courage politique pour prendre des initiatives. La politique est une succession de ruptures, c’est l’initiative politique. Il ne faut pas être remorqué par l’histoire, il faut créer l’histoire. Et aujourd’hui, ce qui manque à Macky Sall, c’est de franchir ce pas. Alors, les gens qui disent que le président peut avoir sa coalition d’un coté et BBY de l’autre, Je dis Non ! Il faut avoir une seule coalition politique. Les partis qui sont dans Benno Bokk Yakkaar, qui acceptent de rejoindre Macky Sall dans l’AMP, peuvent l’accompagner dans la nouvelle alliance de majorité présidentielle.
C’est ça qui est l’essentiel. Par contre, les partis qui ne veulent pas le rejoindre, doivent avoir le courage de le dire au président. Comme ça le président saura sur qui il peut compter pour faire un bilan et sur qui il ne peut pas compter.

Donc l’éclatement de BBY est imminent avec la mise en place de l’AMP ?

C’est déjà fait. Aujourd’hui, on n’entend pas Benno Bokk Yaakar sur toutes les questions qui interpellent le président de la République et le Sénégal. Vous n’entendez que Macky Sall et les membres de son parti et, à la limite, la coalition Macky 2012 qui essayent d’être le bouclier du président et de se battre pour l’émergence du « Yonou Yokkuté ». Les autres croisent les bras et c’est de bonne guerre. Je ne reproche pas cela aux partis politiques qui le font car c’est la politique qui est ainsi faite.

Vous avez fréquenté Me Abdoulaye Wade, vous avez aussi fréquenté Macky Sall qui aussi a été un élève de Wade. Qu’est ce qui fait la différence de style entre ces deux présidents de la République ?

Peut-être c’est leur formation. Abdoulaye Wade est un avocat de formation. Un avocat, il est rapide dans ses prises de décision, il est agressif. Il peut faire des erreurs, mais il réagit vite. Ça c’est le caractère d’un bon avocat. Macky Sall a la formation d’un scientifique, d’un ingénieur. Avant de prendre une décision, il analyse. On peut considérer qu’il est lent dans ses prises de positions. Mais une fois qu’il est convaincu d’une idée ou d’un acte, il est tranchant dans sa position et ne recule pas. Et une fois qu’il murit et prend la décision, la décision qu’il prend est une décision juste. C’est un homme d’Etat.

Mais cette lenteur dans la prise de décision va-t-elle avec une bonne administration de la chose publique ?

C’est relatif. Des fois, il faut murir la décision avant de la prendre, il faut analyser et prendre le temps nécessaire. Mais des fois aussi, il faut prendre vite la décision. Ça dépend aussi de la nature de la décision à prendre. Des fois c’est bon, des fois c’est mauvais. Moi aujourd’hui, je considère que le président de la République, comme il l’a dit, doit accélérer la cadence sur le plan économique, mais aussi dans la prise de décision.

Parlons maintenant de l’Acte III de la décentralisation. On va vers les élections locales qui ont été reportées jusqu’au mois de juin 2014. En tant que acteur politique et probable futur maire de Grand Yoff, comment vous l’appréciez ?

Il faut dire que l’Acte 3 de la décentralisation est une suite logique de la politique de décentralisation initiée au Sénégal depuis 1872. Le Sénégal a toujours adopté, lentement mais surement, une politique de décentralisation. Moi-même, dans les statuts de mon parti, le Front républicain, l’essentiel de notre vision politique repose sur la décentralisation car c’est le transfert des pouvoir de l’État au pouvoir local. C’est l’affirmation du pouvoir citoyen et local. Franchement c’est révolutionnaire, la politique de décentralisation initiée au Sénégal et particulièrement l’acte III de la décentralisation. La loi vient d’être votée par l’Assemblée nationale, elle s’appelle Code général des collectivités locales et est constitué en deux phases. La première phase, c’est l’érection des communautés rurales et des communes d’arrondissement en communes ; la suppression de la région en tant que collectivité locale et l’érection du département en commune. La deuxième phase consiste à créer des pôles de développement régionaux. Le fondement de cet Acte II est de promouvoir la solidarité entre les collectivités locales. Les communes vont se regrouper pour désigner leurs représentants dans les villes, les départements vont se retrouver pour créer une agence régionale de développement. Il y aura l’autonomie des collectivités locales qui auront la possibilité de contracter entre elles ou avec l’État, des organismes internationaux. C’est ça l’essentiel du contenu de l’Acte 3 de la décentralisation et c’est très important. C’est pourquoi d’ailleurs, il est indiqué dans le code qui vient d’être voté, que pour être membre de bureau d’une collectivité locale, il faudra savoir lire et écrire en français car les responsabilités qui sont dévolues aux responsables locales sont telles qu’il faut vraiment être instruit pour pouvoir assumer ces responsabilités. Donc de plus en plus, l’État va se dépouiller de ses pouvoirs au profit des collectivités locales. C’est ainsi que celles-ci bénéficieront de transfert de compétences et pour le moment ce sont les neufs compétences transférées qui seront réparties entre les départements et les communes. Et la loi dit que tout transfert de compétences entrainera aussi un transfert de moyens.

C’est là où je voulais en venir. Ce transfert de moyens est tres beau dans le discours car les communes d’arrondissement qui existent n’ont aucuns moyens et même il y a des services techniques qui leur font défaut et qui les empêchent de faire du travail sur le terrain.

Absolument ! et c’est là où les nouveaux élus devront faire preuve d’imagination pour essayer de trouver les moyens de développer leur localité car on ne peut pas tout attendre de l’État qui met un fonds de dotation en faveur des collectivités locales et une…fiscalité qui représente 2,5% de la TVA globale perçue par l’État. Donc vous conviendrez avec moi que ces moyens sont peu. C’est pourquoi aujourd’hui, il est facile de dire je veux être maire de telle localité, mais il faut avoir les compétences d’exercer les fonctions de maire qui ne consistent pas seulement à mettre la cocarde. Le maire doit être un entrepreneur capable d’aller chercher des fonds, de doter sa localité de moyens pour qu’elle se développe. Un maire est presque un président dans un État. Il faudrait donc que les populations soient vigilantes dans le choix des partis et des hommes capables de diriger les collectivités locales.

Et dans tout ceci, comment se porte votre parti le Front républicain ?

Notre parti est en train de se massifier et vient de recevoir des jeunes de Grand Yoff qui ont quitté un responsable politique et sont au nombre de 52. Vous avez vu dans la presse qu’il y a d’autres responsables politiques qui ont quitté d’autres partis politiques pour rejoindre mon parti. Je n’ai rien fait pour les débaucher. Ce sont des responsables et des militants qui ont fait l’analyse de la situation politique et qui, volontairement, sont venus nous voir en disant que votre parti est jeune mais grand dans sa vision. Aujourd’hui le Front républicain est incontournable dans le quartier de Grand Yoff. Je le dis et tout le monde le sait. Nous avons établi notre leadership au niveau de Grand Yoff et nous allons le faire au niveau du Sénégal. Pourquoi ? Parce que notre parti n’est pas de l’opposition, il est de la mouvance présidentielle, mais pas de Benno Bokk Yaakar. Soit notre parti est associé à l’exercice du pouvoir et nous allons renforcer le président Macky Sall. Soit notre parti n’est pas associé à l’exercice du pouvoir et nous ferons de telle sorte que le pouvoir tombe entre ces mains car la politique est un rapport de forces. Nous travaillons en ce sens. Nous ne tendons la main à personne. Nous sommes une force politique capable d’aller avec le pouvoir pour l’aider et capable de combattre.

Ce qui veut dire que vous allez seul aux prochaines Locales ?

Oui. Pour le moment nous avons décidé d’aller seul aux Locales sauf la mise sur pieds de l’alliance pour la majorité présidentielle avant les élections locales.

Dans toutes les collectivités locales ?

Pas dans toutes les collectivités locales du Sénégal. Il y a des collectivités locales où nous avons des militants, nous avons des forces. Là nous allons faire cavalier seul. Si maintenant on nous propose une alliance qui coïncide avec notre vision politique, nous allons nous allier avec ces partis ou ces mouvements. Comme l’AMP n’est pas encore mise sur pied, nous allons faire cavalier seul.

Article paru dans le journal Vérité du jour