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Me Ousmane Sèye à propos du dossier du Joola : «Je n’ai jamais été avocat du Collectif des familles des victimes

Pour le Collectif des familles des victimes du naufrage du Joola, il a aujourd’hui changé de robe pour défendre l’Etat dans l’affaire du Joola, alors qu’il était jusque-là l’avocat des familles des victimes. Idrissa Diallo et Cie lui demandent ainsi de ne plus parler au nom des familles des victimes. Mais, pour Me Ousmane Sèye, qui a tenu à répondre à la sortie des familles des victimes, pense que le Collectif s’est trompé de cible, car il n’a jamais été avocat des familles des victimes.


Rédigé par leral.net le Jeudi 25 Septembre 2008 à 07:31 | | 0 commentaire(s)|

Me Ousmane Sèye à propos du dossier du Joola : «Je n’ai jamais été avocat du Collectif des familles des victimes
Me Sèye, on vous connaissait, à l’époque, avocat des familles des victimes du Joola, aujourd’hui vous défendez l’Etat dans cette affaire. Du moins, c’est ce que soutient le Collectif des familles des victimes. Qu’en est-il ?

Je n’ai jamais été l’avocat du collectif des familles des victimes. Je vais leur rafraîchir la mémoire. En ma qualité de vice-président de l’Organisation nationale des droits de l’Homme (Ondh), on a mis sur pied avec d’autres défenseurs des droits de l’Homme et des représentants de la Société civile, ce qu’on appelle le cadre d’assistance juridique aux victimes du naufrage du Joola. C’était lors d’une réunion qui s’est tenue le 8 octobre 2002. Et moi, je n’étais pas dans ce cadre en tant qu’avocat, mais en tant que vice-président de l’Ondh. Ce cadre avait pour objectif d’accompagner et de soutenir les familles des victimes du naufrage du Joola. Par solidarité nationale, nous avions signé un protocole d’accord avec le collectif des familles des victimes du Joola pour les accompagner, les assister en vue de leur indemnisation. Nous étions là pour leur apporter un soutien moral et juridique dans le cadre de la confection de leur dossier. Dès les premiers mois, le collectif des victimes avait renoncé à rechercher la responsabilité pénale dans cette affaire. Donc, ce qui restait, c’était la prise en charge des familles des victimes, leur indemnisation et le renflouement de l’épave, etc.
En aucune façon, en tant qu’avocat, je n’ai jamais été avocat de ce collectif, je n’ai jamais esté en justice pour le compte du Collectif des familles des victimes.

Le Collectif des familles des victimes dit que vous étiez bel et bien leur avocat et que vous vous êtes retourné aujourd’hui pour défendre l’Etat dans cette affaire. Est-ce une attitude normale ?

Je précise que ce n’est pas à eux de me dire qui je dois défendre. Je n’ai pas de leçons à recevoir du Collectif des familles des victimes du naufrage Le Joola, des leçons d’éthique, de déontologie ou de dignité. Moi, j’ai été l’un des premiers militants des droits de l’Homme au Sénégal et j’ai été co-fondateur de l’Ondh avec Me Mame Bassine Niang en 1987 et c’est à ce titre que j’ai apporté mon assistance à ce collectif-là. J’ai mis, pendant des années, à la disposition du collectif, mon temps, mon expertise et mes ressources sans recevoir jamais aucun franc du Collectif des familles des victimes. Je l’ai fait gratuitement pendant des années.
Aujourd’hui, je suis désigné par le président de la République pour assurer la défense des Sénégalais victimes de crimes ou de délits en France. Il faut faire la différence entre les avocats qui défendent Mame Madior Boye et Cie et moi. Je n’ai pas de leçons à recevoir de qui que ce soit, encore moins du Collectif des familles des victimes. C’est le collectif qui m’est redevable pour mon soutien. Ce n’est pas à eux de s’immiscer dans le cadre de ma profession. Je n’ai jamais été leur avocat.

Donc, vous n’avez rien à voir avec les avocats qui défendent le collectif ?

Il n’y a même pas d’avocats qui défendent ce collectif. Il n’y avait aucun avocat pour défendre le collectif. Tout ceux qui y étaient impliqués, l’étaient au nom d’organisations de la défense des droits de l’Homme ou de la Société civile.

Ah Bon…

Qui ? Dites-leur de me citer des noms. Il n’y a jamais d’avocat qui ait intenté une procédure devant les juridictions pour le compte du Collectif des familles des victimes. On ne s’était pas constitué en tant qu’avocat. Si j’étais leur avocat, aujourd’hui je suis délié, parce que les familles étaient toutes indemnisées. Et, en recevant leurs indemnités, elles ont signé avec l’Etat un protocole d’accord de transaction dans lequel elles ont renoncé à toute action judiciaire contre l’Etat. Cela veut dire que le dossier pénal est clos pour le Collectif des familles des victimes. Elles (les familles) n’ont rien à voir avec ce qui se passe actuellement en France. Elles ne peuvent plus saisir à nouveau les juridictions pour demander quoi que ce soit. Elles ont signé un protocole d’accord avec l’Etat. Cette décision a été homologuée par le tribunal et c’est une décision définitive et irrévocable. Mieux, quand le collectif signait ces trucs-là, il l’a fait avec l’Etat sans aucun intermédiaire. Personne n’a signé à leur place. C’est eux qui ont signé et perçu personnellement leurs indemnités. Il n’a qu’à se taire.

Pourquoi avoir attendu le lancement des mandats d’arrêt internationaux contre Mame Madior Boye et Cie et l’application de la réciprocité pour défendre les Sénégalais victimes de crimes et de délits en France ?

Il y a une loi qui a été votée le 25 juillet 2008 et celle-ci a été promulguée le 8 août 2008. Avant l’intervention de cette loi, aucun Sénégalais ne pouvait attraire devant les juridictions sénégalaises un étranger parce qu’il a commis un délit ou un crime sur un Sénégalais. C’est avec la promulgation de cette loi que les Sénégalais victimes de délits en France ont réagi. Personne n’est contre l’impunité. Le Sénégal ne refuse pas à ce que ses citoyens, qui auraient commis des crimes ou des délits sur des Français, soient jugés par des juridictions françaises. Mais, aujourd’hui, il n’y a que les Africains qu’on attrait devant ces juridictions-là. Ce que nous faisons est une riposte politique à la décision politique du juge français.

On vous cite comme membre du collectif des avocats de Mme Boye et Cie, tandis que vous défendez les Sénégalais victimes de délits ou de crimes en France. Pourquoi faites-vous partie de ce pool d’avocats, alors que vous ne défendez pas les mêmes causes ?

Non. Il y a deux collectifs. Celui qui est chargé de défendre Mame Madior Boye et celui dont je fais partie. Nous, nous sommes au nombre de six et les autres, au nombre de cinq. Nous sommes différents.

Pourtant, vous avez organisé une conférence de presse commune…

(Il coupe) Parce qu’en réalité, c’est la procédure relative au naufrage du Joola, qui a fait réagir les victimes sénégalaises en France. Je n’ai rien à voir avec l’autre collectif»

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