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Me Wade, "le mur des lamentations" de l'opposition

Que cherche Me Abdoulaye Wade ? Tel pourrait être le titre d’un film dont le principal, sinon l’unique, acteur serait l’ancien chef de l’Etat. Depuis quelques temps, des leaders de l’opposition et de la société civile multiplient les visites chez l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade. Lequel n’est pas demandeur. Au contraire, ce sont les leaders de l’opposition qui demandent à être reçus par le patriarche Wade. Lequel se positionne alors comme un "mur des lamentations" d’une opposition qui cherche encore soit un parrain, soit une autorité morale. Joint par « Le Témoin », le chargé de communication du Parti démocratique sénégalais, Mayoro Faye, estime que ces rencontres sont plutôt de nature à renforcer le Pds et à le conforter dans sa position de principale force, voire de locomotive, de l’opposition.


Rédigé par leral.net le Jeudi 8 Août 2019 à 12:36 | | 0 commentaire(s)|

Me Wade, "le mur des lamentations" de l'opposition
Les membres de l’opposition et même de la société civile se bousculent chez Me Wade. Pas une semaine sans qu’on nous annonce qu’un leader de l’opposition s’est rendu chez l’ancien président de la République.

Hier, c’est l’ancien ministre Awa Guèye Kébé qui a été la dernière personne en date à avoir été reçue par l’ancien Chef de l’Etat. Tout dernièrement, c’est le jeune leader du mouvement « Agir », Thierno Bocoum, qui a posté sur sa page Facebook une photo après son audience avec le Secrétaire général national du Pds. Avant lui, celui que l’on nomme la « terreur des réseaux sociaux » Adama Gaye et qui pourtant « flinguait » Wade et son fils, lui a rendu visite 24 h avant son arrestation.

Il n’est pas le seul puisqu’Alioune Tine, qui s’est lui aussi opposé en son temps à Wade, dont il a même contribué à la chute, lui a aussi rendu visite , en louant ses qualités d’homme d’Etat. Qui l’eût pensé de la part de l’ancien patron de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme) ? Il y a également Ousmane Sonko, le candidat anti-système le plus fréquent au domicile de l’ancien chef de l’Etat et qui, en pleine crise de radicalité, aurait refusé de prendre le fils de Wade au téléphone.

Qu’est-ce qui explique la ruée des leaders de l’opposition chez Wade qui était infréquentable il n’y a pas si longtemps encore. Tentatives de réponses de Mayoro Faye.

Sur les multiples audiences que Me Wade accorde aux leaders de l’opposition, M. Faye, le porte-parole du Pds, tient à préciser que le secrétaire général national n’est pas demandeur.

« Ce n’est pas le Président Wade qui demande aux leaders de l’opposition de venir le voir. Ce sont ces derniers qui éprouvent le besoin d’aller voir le président Wade. Et ceci, pour plusieurs raisons. D’abord, pour le fait qu’il soit le secrétaire général du Parti démocratique sénégalais, le parti le plus représentatif dans l’opposition.

Ensuite, en tant qu’ancien président qui a une grande expérience en même temps qu’une expertise politique avérée. Il a la capacité de voir les choses de façon globale. Les gens viennent discuter avec lui sur toutes les questions d’actualité nationale. La situation sociale, économique, celle démocratique sans omettre les scandales. D’autres questions portent sur le dialogue national. Et par rapport à toutes ces questions, le président Wade a une réponse qui n’a pas varié
», a expliqué Mayoro Faye.

Selon celui qui porte la voix du Pds, Me Wade est redevenu l’homme fort de la nation, celui que l’opposition retrouve pour faire face au régime dictatorial de Macky sall. « C’est un réflexe de survie pour ces gens qui sont en train de rechercher la perle rare. C’est-à-dire une véritable sentinelle qui est là et qui épouse les positions qu’ils ont les uns et les autres. Ils sont en train de chercher une identité remarquable pour envisager quelque chose », ajoute le responsable libéral.

Ces audiences n’affaiblissent pas le PDS, bien au contraire !

Que cherche Me Wade ? une question qui n’est pas opérationnelle pour notre interlocuteur. «Au départ, ce n’est pas Me Wade qui envisage quoi ça soit», précise Mayoro Faye.

A propos de ces audiences que Wade accorde à des leaders de l’opposition, le porte-parole du pds estime que l’ancien chef de l’Eat y trouve aussi son compte.

« S’il se rend compte que les positions qu’il prend sont partagées par d’autres leaders qui se ruent chez lui, ça lui donne de la confiance en envisageant quelque chose. Il faut juste préciser que les gens de l’opposition qui ne trouvent pas les moyens d’expression au sein du Front national de résistance, qui s’est muré dans un étrange silence et qui ne prend aucune initiative depuis l’ouverture du dialogue, ces gens-là qui ne sont pas pour le dialogue et pensent que le combat est ailleurs, sont obligés de se regrouper autour d’un idéal. Et aujourd’hui, la personne qui fédère le mieux le reste de l’opposition, c’est Abdoulaye Wade. Donc, c’est une recomposition naturelle qui est en train de se faire autour de Wade », soutient Mayoro Faye.

A cet effet, il indique que ces audiences que Wade accorde à l’opposition sans les membres du Pds, n’affaiblissent en rien leur parti. « Wade ne peut pas se faire oublier dans ce pays. Qu’il parle ou se taise, il fait l’actu. Wade a un don. Il n’a pas besoin de faire du bruit pour se faire entendre. Il y a beaucoup de demandes d’audiences qui sont là », informe-t-il.

Selon Mayoro Faye, à travers ces séries d’audiences, l’ancien Président de la République est en phase avec les gens qu’il reçoit. Donc c’est une bonne chose pour lui. « Même des figures de la société civile à l’instar de Alioune Tine et Adama Gaye, qui étaient en désaccord avec Me Wade quand il dirigeait le pays, viennent le consulter.

Alioune Tine, un des pionniers du 23 juin, est sorti satisfait de son audience avec Me Wade, qu'il considère comme un père. Cela veut dire que beaucoup beaucoup de barrières sont tombées. Et ça, c'est à la faveur de Wade et du Pds. Naturellement, le Pds gagne de nouveaux amis. Au départ, Wade ne mijotait rien. Mais actuellement, avec la matière qu'il a, il a le droit de mijoter quelque chose
", estime le chargé de communication du Pds.