
«Nous avons pu approcher nos partenaires techniques (…) si procès il doit y avoir, nous voulons que ce procès soit radio-télévisé», a déclaré Me Sidiki Kaba ministre sénégalais de la Justice, devant la presse, en présence de son homologue tchadien, Jean-Bernard Padaré, en visite au Sénégal. Cette annonce du garde des Sceaux, sonne aux yeux de Me El Hadji Diouf, avocat de la défense, comme une volonté «d’humilier» l’ancien président tchadien, Hissène Habré. Cela, dit-il, de la part de celui qui l’a déjà traité de «bourreau», en sa qualité de ministre de la Justice du Sénégal. Me El Hadji Diouf a soutenu que «Deby a payé les juges» et fustigé des «témoins fabriqués» au Tchad. A l’en croire, «aucun témoin ne veut venir au Sénégal pour témoigner en faveur de Habré», ce que Me El Hadji Diouf déplore fortement. Il déplore pour ainsi dire une justice des vainqueurs, assurant que le sort de Habré est déjà scellé, et qu’on «lui a déjà construite la prison où il devrait être pour toute sa vie durant». Et pourtant, dans une interview qu’il avait accordée au quotidien Enquête, Reed Brody, conseiller juridique et porte-parole de l’organisation Human Right Watch, soutenait que l’ex-président du Tchad, «Idriss Déby, est impliqué dans le dossier. Il était le commandant en chef de l’armée tchadienne pendant un moment particulièrement meurtrier qu’on appelle communément ‘’Septembre noir’’. A ce titre, il faut qu’il s’explique. Il faut que sa participation soit examinée. Je ne dis pas qu’il a commis des actes ou non. Mais je pense que le fait qu’il ait été commandant en chef et souvent dans le sud du pays, physiquement en 1984 et 1985, l’oblige à s’expliquer sur ces faits. Maintenant, on ne peut pas mettre sur le même pied l’exécutant qu’aurait été Idriss Déby, d'une part, et le chef suprême qu'était Hissène Habré, d'autre part. Il faut aussi savoir qu’Idriss Déby a été écarté de tous les pouvoirs décisionnels en 1985, puis envoyé par Hissène Habré à Paris.»