On pensait qu’il serait plus libre de son orientation et de sa direction. On pensait même que cet échec lui donnerait le temps de se remettre en cause pour repartir sur des bases saines et solides.
On pensait que cette nouvelle chance le délivrerait enfin de ses tentations et de ses péchés véniels. On pensait que cette occasion lui offrirait l’opportunité salutaire de se débarrasser de ses boulets, de ses bouffons et autres tartuffes.
Que, comme Mitterrand en 1983, deux ans après son élection, il mettrait fin à la mission des compagnons du candidat Sall pour enfin devenir le président de la République Macky Sall, endosser avec lucidité et sérieux le costume du chef de l’Etat, et en finir avec l’armée mexicaine des souteneurs, des coalisés, des politiciens professionnels.
Patatras ! Le bel élan donné par l’arrivée de sang neuf à la tête du gouvernement a été définitivement brisé par le zèle et l’ardeur courtisane d’un membre de l’équipe de Mahammed Dionne qui croyait, dans sa candeur adulatrice, bien faire cependant.
En lieu et place de redonner à la Culture et à la Communication leurs belles lettres de noblesse, il nous a joué du grand théâtre de boulevard, mélangeant les torchons et les serviettes, confondant Angleterre et pomme de terre, l’Etat et la famille, l’institution du président de la République consacrée par la Constitution et les affaires strictement privées et matrimoniales du couple Sall-Faye.
Ainsi donc, le ministre déclare avoir reçu, son remplaçant et lui-même, le laissez-passer déterminant de l’épouse du président de la République en vue d’être investis de leur maroquins ministériels respectifs.
Ce ministre qui ne mérite pas son portefeuille sur la base de la compétence et de la capacité devrait être limogé du gouvernement et être envoyé sévir à la fondation Servir dont il mérite certainement davantage. Du reste, il n’est pas le seul responsable nommé à être redevable du laissez-passer de l’épouse du président de la République mais, assurément, il est le seul à être aussi reconnaissant et enthousiaste en public.
L’Etat, c’est sérieux, c’est grave, c’est solennel, c’est mystique, ce n’est pas une banale affaire de république bananière, de ministres et de gouvernants d’opérette. L’Etat, c’est également réfléchi et sage, majestueux et magistral, auguste et inspiré. L’Etat, c’est impersonnel, froid, droit dans ses bottes et fort.
Dans les faits, l’Etat repose sur du savoir jamais pris à défaut, sur de l’organisation méthodique, sur une précision et un savoir-faire diaboliques, sur des rouages qui semblent fonctionner tout seuls. En fait, l’Etat relève presque du miracle quotidien dans son administration. Un peu comme dans ce restaurant dont vous ne verrez jamais les cuisines ni les cuisiniers mais dont vous ressortez satisfait des prestations gastronomiques du chef.
On a la fâcheuse impression que nos gouvernants ont pris leurs distances depuis 2000 avec cet Etat et ses règles strictes qui semblent les effrayer et qu’ils sont impuissants à maîtriser. Que de bourdes, de salades, de sacrilèges, de viols et de violences contre l’Etat depuis cette date !
On se demande si l’élection présidentielle ne sert une fois élu qu’à commettre des voies de fait, des abus, des attentats à la pudeur, des pillages sur l’Etat. Au lieu de rhabiller l’Etat, de le remettre sur la voie de l’honneur, on le déshabille de plus en plus chaque fois, on déchire davantage son tissu, on détruit toujours plus ses fondements.
Avec, à la clé, le risque certain de faire le lit d’autres agresseurs non-étatiques, tapis dans l’ombre, qui attendent le bon moment pour, eux, sauter sur la proie blessée et l’achever, à nos périls et dépens. Mais l’impéritie de nos dirigeants n’a cure de l’avenir, seuls les intéresse le moment présent, la jouissance éphémère et rapide. Ils n’inscrivent pas leurs actions et leurs gestes dans l’éternité de la postérité.
Sinon comment comprendre que, chaque fois que leur est désignée la lune, ils s’entêtent à regarder le doigt et pas la lune, à poursuivre la conséquence et pas les raisons, à reboucher inlassablement les trous au lieu de s’attaquer à la cause ?
C’est le cas lorsque le colonel Abdoulaye Aziz Ndaw, ancien commandant en second de la gendarmerie nationale, publie en toute connaissance de cause et d’effet un ouvrage, qualifié de brûlot au regard des révélations brûlantes qu’il fait, sous le titre très explicite « Pour l’honneur de la Gendarmerie Nationale ».
Tenons-nous en aux aspects purement techniques et militaires qui concernent la gendarmerie sénégalaise et laissons de côté les maîtresses et autres péchés de chair dont le colonel accuse le général. Intéressons-nous aux motivations du colonel Ndaw qui sont extrêmement importantes.
Au fil des révélations, il apparait clairement que cet homme a été brimé, cassé, a subi une violence hiérarchique inouïe durant toute sa carrière. Ce que le colonel Ndaw révèle de la Gendarmerie peut être relevé dans l’Enseignement, la Justice ou la Police entre autres. Cela devrait nous interpeller sur la question de la gestion des carrières dans l’armée en particulier et dans tous les secteurs professionnels en général.
Par ailleurs, le colonel Ndaw assume ce qu’il révèle. Il est loin d’être un demeuré et son ouvrage est loin d’être un travail de crétin. Selon un de ses camarades de fac, « Ndaw est un homme brillant, rigoureux, sérieux et courageux ».
Il a écrit plusieurs fois au président de la République de l’époque, il n’a jamais reçu de réponse de sa part, il n’a jamais été écouté, il a été écarté sans que lui soit donnée une seule fois la possibilité de se défendre, bâillonné qu’il était par le devoir de réserve.
Cela est d’une intolérance singulière et d’une violence cruelle ! A l’époque des faits, on lui a barré le droit de se défendre, de défendre son honneur. Ne lui fermons pas aujourd’hui le droit de s’expliquer. Les réactions des deux membres du gouvernement qui se sont exprimés sur le sujet, à savoir le ministre des Forces armées et celui des Collectivités locales, porte-parole du gouvernement, ne sont pas à la hauteur de la situation.
Elles le sont d’autant moins que, dans notre République, l’idée la mieux partagée est que l’épouse du président de la République, à défaut d’être la personne qui prend les décisions, est la personne qui influe de manière déterminante sur les décisions gouvernementales. Chapeau Simone !
Dans un Etat normal, le linge sale de la famille de la gendarmerie aurait été lavé proprement, efficacement et confidentiellement à l’époque des faits pour ne pas en arriver à cette extrémité. Dans un Etat normal, lorsque que le scandale éclate publiquement, il reste toujours et encore la possibilité de laver le linge sale dans la transparence et l’équité.
En ce 21ème siècle, les textes obsolètes de la Défense nationale doivent être réformés, remis en question et toilettés à l’aune des exigences de modernité, de gestion vertueuse et transparente, et de bonne gouvernance dans une société désormais ouverte et mature. Le pouvoir politique et la sécurité nationale ne peuvent prospérer en catimini dans leur bulle en dehors de cette exigence citoyenne planétaire.
On pensait que cette nouvelle chance le délivrerait enfin de ses tentations et de ses péchés véniels. On pensait que cette occasion lui offrirait l’opportunité salutaire de se débarrasser de ses boulets, de ses bouffons et autres tartuffes.
Que, comme Mitterrand en 1983, deux ans après son élection, il mettrait fin à la mission des compagnons du candidat Sall pour enfin devenir le président de la République Macky Sall, endosser avec lucidité et sérieux le costume du chef de l’Etat, et en finir avec l’armée mexicaine des souteneurs, des coalisés, des politiciens professionnels.
Patatras ! Le bel élan donné par l’arrivée de sang neuf à la tête du gouvernement a été définitivement brisé par le zèle et l’ardeur courtisane d’un membre de l’équipe de Mahammed Dionne qui croyait, dans sa candeur adulatrice, bien faire cependant.
En lieu et place de redonner à la Culture et à la Communication leurs belles lettres de noblesse, il nous a joué du grand théâtre de boulevard, mélangeant les torchons et les serviettes, confondant Angleterre et pomme de terre, l’Etat et la famille, l’institution du président de la République consacrée par la Constitution et les affaires strictement privées et matrimoniales du couple Sall-Faye.
Ainsi donc, le ministre déclare avoir reçu, son remplaçant et lui-même, le laissez-passer déterminant de l’épouse du président de la République en vue d’être investis de leur maroquins ministériels respectifs.
Ce ministre qui ne mérite pas son portefeuille sur la base de la compétence et de la capacité devrait être limogé du gouvernement et être envoyé sévir à la fondation Servir dont il mérite certainement davantage. Du reste, il n’est pas le seul responsable nommé à être redevable du laissez-passer de l’épouse du président de la République mais, assurément, il est le seul à être aussi reconnaissant et enthousiaste en public.
L’Etat, c’est sérieux, c’est grave, c’est solennel, c’est mystique, ce n’est pas une banale affaire de république bananière, de ministres et de gouvernants d’opérette. L’Etat, c’est également réfléchi et sage, majestueux et magistral, auguste et inspiré. L’Etat, c’est impersonnel, froid, droit dans ses bottes et fort.
Dans les faits, l’Etat repose sur du savoir jamais pris à défaut, sur de l’organisation méthodique, sur une précision et un savoir-faire diaboliques, sur des rouages qui semblent fonctionner tout seuls. En fait, l’Etat relève presque du miracle quotidien dans son administration. Un peu comme dans ce restaurant dont vous ne verrez jamais les cuisines ni les cuisiniers mais dont vous ressortez satisfait des prestations gastronomiques du chef.
On a la fâcheuse impression que nos gouvernants ont pris leurs distances depuis 2000 avec cet Etat et ses règles strictes qui semblent les effrayer et qu’ils sont impuissants à maîtriser. Que de bourdes, de salades, de sacrilèges, de viols et de violences contre l’Etat depuis cette date !
On se demande si l’élection présidentielle ne sert une fois élu qu’à commettre des voies de fait, des abus, des attentats à la pudeur, des pillages sur l’Etat. Au lieu de rhabiller l’Etat, de le remettre sur la voie de l’honneur, on le déshabille de plus en plus chaque fois, on déchire davantage son tissu, on détruit toujours plus ses fondements.
Avec, à la clé, le risque certain de faire le lit d’autres agresseurs non-étatiques, tapis dans l’ombre, qui attendent le bon moment pour, eux, sauter sur la proie blessée et l’achever, à nos périls et dépens. Mais l’impéritie de nos dirigeants n’a cure de l’avenir, seuls les intéresse le moment présent, la jouissance éphémère et rapide. Ils n’inscrivent pas leurs actions et leurs gestes dans l’éternité de la postérité.
Sinon comment comprendre que, chaque fois que leur est désignée la lune, ils s’entêtent à regarder le doigt et pas la lune, à poursuivre la conséquence et pas les raisons, à reboucher inlassablement les trous au lieu de s’attaquer à la cause ?
C’est le cas lorsque le colonel Abdoulaye Aziz Ndaw, ancien commandant en second de la gendarmerie nationale, publie en toute connaissance de cause et d’effet un ouvrage, qualifié de brûlot au regard des révélations brûlantes qu’il fait, sous le titre très explicite « Pour l’honneur de la Gendarmerie Nationale ».
Tenons-nous en aux aspects purement techniques et militaires qui concernent la gendarmerie sénégalaise et laissons de côté les maîtresses et autres péchés de chair dont le colonel accuse le général. Intéressons-nous aux motivations du colonel Ndaw qui sont extrêmement importantes.
Au fil des révélations, il apparait clairement que cet homme a été brimé, cassé, a subi une violence hiérarchique inouïe durant toute sa carrière. Ce que le colonel Ndaw révèle de la Gendarmerie peut être relevé dans l’Enseignement, la Justice ou la Police entre autres. Cela devrait nous interpeller sur la question de la gestion des carrières dans l’armée en particulier et dans tous les secteurs professionnels en général.
Par ailleurs, le colonel Ndaw assume ce qu’il révèle. Il est loin d’être un demeuré et son ouvrage est loin d’être un travail de crétin. Selon un de ses camarades de fac, « Ndaw est un homme brillant, rigoureux, sérieux et courageux ».
Il a écrit plusieurs fois au président de la République de l’époque, il n’a jamais reçu de réponse de sa part, il n’a jamais été écouté, il a été écarté sans que lui soit donnée une seule fois la possibilité de se défendre, bâillonné qu’il était par le devoir de réserve.
Cela est d’une intolérance singulière et d’une violence cruelle ! A l’époque des faits, on lui a barré le droit de se défendre, de défendre son honneur. Ne lui fermons pas aujourd’hui le droit de s’expliquer. Les réactions des deux membres du gouvernement qui se sont exprimés sur le sujet, à savoir le ministre des Forces armées et celui des Collectivités locales, porte-parole du gouvernement, ne sont pas à la hauteur de la situation.
Elles le sont d’autant moins que, dans notre République, l’idée la mieux partagée est que l’épouse du président de la République, à défaut d’être la personne qui prend les décisions, est la personne qui influe de manière déterminante sur les décisions gouvernementales. Chapeau Simone !
Dans un Etat normal, le linge sale de la famille de la gendarmerie aurait été lavé proprement, efficacement et confidentiellement à l’époque des faits pour ne pas en arriver à cette extrémité. Dans un Etat normal, lorsque que le scandale éclate publiquement, il reste toujours et encore la possibilité de laver le linge sale dans la transparence et l’équité.
En ce 21ème siècle, les textes obsolètes de la Défense nationale doivent être réformés, remis en question et toilettés à l’aune des exigences de modernité, de gestion vertueuse et transparente, et de bonne gouvernance dans une société désormais ouverte et mature. Le pouvoir politique et la sécurité nationale ne peuvent prospérer en catimini dans leur bulle en dehors de cette exigence citoyenne planétaire.