Néanmoins, les cendres du scandale antisémite sont ravivées depuis quelque temps par le scénariste Joe Eszterhas, connu pour les films de Paul Verhoeven Basic Instinct (1992) et Showgirls (1995). Les deux hommes travaillaient ensemble sur le film Les Maccabées, l'histoire de la révolte des Juifs Maccabées contre la dynastie grecque des Séleucides au IIe siècle avant J.-C. L'annonce du projet en septembre 2011 avait provoqué la colère des associations juives, outrées par l'intérêt de Mel Gibson pour cet épisode de leur histoire fêté à Hanukkah.
Règlement de compte
En février dernier, une première version du scénario était délivrée à la Warner, qui décidait de ne pas y donner suite. Visiblement peu convaincus par le travail de Joe Eszterhas, Mel Gibson et le studio décidaient de retarder la production. Deux mois plus tard, le scénariste décide de régler ses comptes dans une longue lettre adressée à Mel Gibson et révélée par le site The Wrap.
"Mel,
Je t'ai envoyé la première version des Maccabées le 28 février de cette année. Je n'ai pas eu de nouvelles de toi en retour. Warners Bros. m'a informé à la mi-mars que le studio ne continuait pas le projet. Un de leurs cadres a dit que le scénario n'avait 'aucune émotion' et 'aucun sentiment de triomphe.' (Je suis clairement en désaccord). Il disait que tu m'appellerais très vite, ce que tu n'as pas fait. J'ai passé presque deux ans à enquêter et écrire mon scénario, et je suis profondément déçu que tu n'aies pas eu la décence de répondre.
J'en suis venu à la conclusion que tu n'avais jamais eu l'intention de faire un film sur les Maccabées. Je crois que tu as annoncé ce projet en fanfare - 'Un Bravehart juif' - dans le but de dévier les accusations tenaces d'antisémitisme que tu portes, accusations qui ont paralysé ta carrière.
J'en suis venu à la conclusion que tu m'as utilisé. Plus exactement, que tu as utilisé mon identité : les deux films que j'ai écrit qui condamnent l'antisémitisme (La Main droite du diable (1988) et Music Box (1989) de Costa-Gavras) ; l'hommage que j'ai reçu de la Fondation Emmanuel pour avoir écrit sur l'Holocauste en Hongrie ; la collecte de fonds que j'ai faite pour la Ligue antidiffamation de Los Angeles, une organisation qui t'a beaucoup critiqué au fil des années.
J'en suis venu à la conclusion que la raison pour laquelle tu ne feras pas Les Maccabées est la plus laide possible. Tu détestes les Juifs."
Joe Eszterhas explique que son travail a été "encensé par tous ceux à qui il l'a envoyé, dont un certain nombre de Juifs" et qu'il a accepté de travailler pour un salaire inférieur, entre autres choses : "J'ai dû dépasser mes craintes. Je t'ai défendu pour La Passion du Christ mais après ton arrestation en état d'ivresse, après tes propos antisémites, j'ai écrit ceci à ton propos dans mon livre Crossbearer en 2008 : 'Plus aucun doute. Mel était un antisémite délirant qui... partageait l'état d'esprit d'Adolf Hitler.' Mais j'ai espéré quand tu m'as dit vouloir faire les Maccabées 'parce que je pense que je dois' que tu parlais avec ton coeur... que tu voulais mettre en scène cette histoire comme une excuse pour tes propos antisémites. (...) Mais le temps passait et je m'inquiétais de plus en plus d'avoir fait une grave erreur en me rapprochant de toi. J'ai failli abandonner plusieurs fois."
Guerre d'ego
Particulièrement venimeux, Joe Eszterhas rapporte un certain nombre de propos antisémites que le réalisateur et acteur américain a tenus pendant leur collaboration, notamment : "Ce que je veux faire avec ce film, c'est convertir les Juifs au christianisme." En outre, il accuse les conseillers historiques de l'acteur d'être des "écrans de fumée" engagés pour contrôler son travail.
La suite de la lettre vire personnelle lorsque le scénariste explique la violence de Mel Gibson envers son ex-femme Oksana Grigorieva, qu'il n'hésitait pas à insulter, menacer de mort et accuser de tous les maux - sa vieillesse, sa carrière en berne et son compte en banque. Il raconte aussi avoir vu l'acteur piquer plusieurs crises de colère extrêmement violentes et rapporte les paroles odieuses que Mel Gibson avait partagées avec son fils de 15 ans en parlant de la mère de sa fille Luci, 2 ans. Enfin, la star aurait exprimé sa haine envers John Lennon : "Je suis content qu'il soit mort. Il méritait de se prendre une balle. C'était comme un put*** de messie."
Une lettre envoyée à Mel Gibson et son assistant, qui s'est retrouvée sur Internet en quelques heures. Emportée dans la débâcle, la star hollywoodienne a répondu par un court message à Joe Eszterhas, à son tour relayé par Deadline :
"Joe,
J'ai ta lettre. Je ne vais pas y répondre point par point, mais je dirai que la grande majorité des faits ainsi que les actions qui me sont attribués sont entièrement fabriqués. J'aurais pensé qu'un homme de principe, comme ce que tu prétends être, aurait quitté le projet sans porter attention à l'argent si tu croyais vraiment que j'étais la personne que tu décris dans ta lettre. Je suppose que tu as seulement eu un problème avec moi après que la Warner Bros. a rejeté ton scénario.
(...) Contrairement à cette affirmation selon laquelle j'aurais voulu travailler sur les Maccabées pour polir ma réputation ternie, je travaille sur ce projet depuis plus de dix ans et il a été publiquement annoncé il y a huit ans. Je veux absolument faire ce film ; c'est juste que ni la Warner ni moi ne voulons nous baser sur ton scénario.
Honnêtement, Joe, non seulement le scénario a été livré en retard, mais la Warner et moi avons été extrêmement déçus par la première version. En 25 ans de travail sur les scénarios, je n'ai jamais vu un brouillon si insalubre ou une perte de temps aussi significative. La décision de ne pas continuer avec toi est basée sur la qualité de ton scénario et sur rien d'autre. Je pense que nous sommes tous les deux d'accord pour dire que ceci devrait être notre dernière communication."
Plus proche d'un règlement de compte et d'ego, cette affaire vient encore une fois prouver que Mel Gibson est un sombre et curieux personnage. Ce nouveau scandale ne devrait pas l'aider à se débarrasser de son aura nauséabonde, mais il est certain que Joe Eszterhas - passé sous les radars depuis quinze ans - n'en profitera pas non plus.
Règlement de compte
En février dernier, une première version du scénario était délivrée à la Warner, qui décidait de ne pas y donner suite. Visiblement peu convaincus par le travail de Joe Eszterhas, Mel Gibson et le studio décidaient de retarder la production. Deux mois plus tard, le scénariste décide de régler ses comptes dans une longue lettre adressée à Mel Gibson et révélée par le site The Wrap.
"Mel,
Je t'ai envoyé la première version des Maccabées le 28 février de cette année. Je n'ai pas eu de nouvelles de toi en retour. Warners Bros. m'a informé à la mi-mars que le studio ne continuait pas le projet. Un de leurs cadres a dit que le scénario n'avait 'aucune émotion' et 'aucun sentiment de triomphe.' (Je suis clairement en désaccord). Il disait que tu m'appellerais très vite, ce que tu n'as pas fait. J'ai passé presque deux ans à enquêter et écrire mon scénario, et je suis profondément déçu que tu n'aies pas eu la décence de répondre.
J'en suis venu à la conclusion que tu n'avais jamais eu l'intention de faire un film sur les Maccabées. Je crois que tu as annoncé ce projet en fanfare - 'Un Bravehart juif' - dans le but de dévier les accusations tenaces d'antisémitisme que tu portes, accusations qui ont paralysé ta carrière.
J'en suis venu à la conclusion que tu m'as utilisé. Plus exactement, que tu as utilisé mon identité : les deux films que j'ai écrit qui condamnent l'antisémitisme (La Main droite du diable (1988) et Music Box (1989) de Costa-Gavras) ; l'hommage que j'ai reçu de la Fondation Emmanuel pour avoir écrit sur l'Holocauste en Hongrie ; la collecte de fonds que j'ai faite pour la Ligue antidiffamation de Los Angeles, une organisation qui t'a beaucoup critiqué au fil des années.
J'en suis venu à la conclusion que la raison pour laquelle tu ne feras pas Les Maccabées est la plus laide possible. Tu détestes les Juifs."
Joe Eszterhas explique que son travail a été "encensé par tous ceux à qui il l'a envoyé, dont un certain nombre de Juifs" et qu'il a accepté de travailler pour un salaire inférieur, entre autres choses : "J'ai dû dépasser mes craintes. Je t'ai défendu pour La Passion du Christ mais après ton arrestation en état d'ivresse, après tes propos antisémites, j'ai écrit ceci à ton propos dans mon livre Crossbearer en 2008 : 'Plus aucun doute. Mel était un antisémite délirant qui... partageait l'état d'esprit d'Adolf Hitler.' Mais j'ai espéré quand tu m'as dit vouloir faire les Maccabées 'parce que je pense que je dois' que tu parlais avec ton coeur... que tu voulais mettre en scène cette histoire comme une excuse pour tes propos antisémites. (...) Mais le temps passait et je m'inquiétais de plus en plus d'avoir fait une grave erreur en me rapprochant de toi. J'ai failli abandonner plusieurs fois."
Guerre d'ego
Particulièrement venimeux, Joe Eszterhas rapporte un certain nombre de propos antisémites que le réalisateur et acteur américain a tenus pendant leur collaboration, notamment : "Ce que je veux faire avec ce film, c'est convertir les Juifs au christianisme." En outre, il accuse les conseillers historiques de l'acteur d'être des "écrans de fumée" engagés pour contrôler son travail.
La suite de la lettre vire personnelle lorsque le scénariste explique la violence de Mel Gibson envers son ex-femme Oksana Grigorieva, qu'il n'hésitait pas à insulter, menacer de mort et accuser de tous les maux - sa vieillesse, sa carrière en berne et son compte en banque. Il raconte aussi avoir vu l'acteur piquer plusieurs crises de colère extrêmement violentes et rapporte les paroles odieuses que Mel Gibson avait partagées avec son fils de 15 ans en parlant de la mère de sa fille Luci, 2 ans. Enfin, la star aurait exprimé sa haine envers John Lennon : "Je suis content qu'il soit mort. Il méritait de se prendre une balle. C'était comme un put*** de messie."
Une lettre envoyée à Mel Gibson et son assistant, qui s'est retrouvée sur Internet en quelques heures. Emportée dans la débâcle, la star hollywoodienne a répondu par un court message à Joe Eszterhas, à son tour relayé par Deadline :
"Joe,
J'ai ta lettre. Je ne vais pas y répondre point par point, mais je dirai que la grande majorité des faits ainsi que les actions qui me sont attribués sont entièrement fabriqués. J'aurais pensé qu'un homme de principe, comme ce que tu prétends être, aurait quitté le projet sans porter attention à l'argent si tu croyais vraiment que j'étais la personne que tu décris dans ta lettre. Je suppose que tu as seulement eu un problème avec moi après que la Warner Bros. a rejeté ton scénario.
(...) Contrairement à cette affirmation selon laquelle j'aurais voulu travailler sur les Maccabées pour polir ma réputation ternie, je travaille sur ce projet depuis plus de dix ans et il a été publiquement annoncé il y a huit ans. Je veux absolument faire ce film ; c'est juste que ni la Warner ni moi ne voulons nous baser sur ton scénario.
Honnêtement, Joe, non seulement le scénario a été livré en retard, mais la Warner et moi avons été extrêmement déçus par la première version. En 25 ans de travail sur les scénarios, je n'ai jamais vu un brouillon si insalubre ou une perte de temps aussi significative. La décision de ne pas continuer avec toi est basée sur la qualité de ton scénario et sur rien d'autre. Je pense que nous sommes tous les deux d'accord pour dire que ceci devrait être notre dernière communication."
Plus proche d'un règlement de compte et d'ego, cette affaire vient encore une fois prouver que Mel Gibson est un sombre et curieux personnage. Ce nouveau scandale ne devrait pas l'aider à se débarrasser de son aura nauséabonde, mais il est certain que Joe Eszterhas - passé sous les radars depuis quinze ans - n'en profitera pas non plus.