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Mêmes causes, mêmes effets

Alors que l’activité touristique au Sénégal reste confrontée à plusieurs défis, voila que l’Etat se met à mener une « concertation à la carte » que les professionnels du secteur récusent. C’est-là toute la substance du point de presse qu’ils ont tenu hier, à Dakar.


Rédigé par leral.net le Mardi 26 Août 2008 à 02:49 | | 0 commentaire(s)|

Mêmes causes, mêmes effets
Les responsables du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière du Sénégal (SPIHS) ont appelé, hier, au cours d’un point de presse tenu à Dakar, à une « concertation permanente » entre l’Etat et les professionnels du tourisme, pour une « vision partagée » des perspectives de développement de cette activité confrontée à « plusieurs défis ». Dès lors que les responsables du SPIHS ont rappelé qu’ »il ne faut pas une vision unilatérale en matière de tourisme », on comprend que la rencontre initiée prend son prétexte dans le débarquement tout récent du désormais ex-directeur général de l’Anpt.

Ce débarquement, rappelons-le, s’est fait sans aucune concertation avec les acteurs du privé notamment les professionnels du secteur qui composent pourtant le conseil d’administration de ladite agence. La démarche « cavalière » de l’Etat dans cette « affaire » n’a pas du tout plu aux professionnels qui, par la voix de leur président, Mamadou Racine Sy, ont fait savoir que si la « concertation à la carte » continue, « nous allons geler purement et simplement nos activités au sein de l’Agence nationale pour la promotion du tourisme (ANPT). » Des chaudes empoignades en perspective, alors que le secteur du tourisme, comme l’a rappelé Mamadou Racine Sy, demeure confronté aux mêmes défis qui prennent notamment leur source dans le manque de visibilité de la destination qui résulte, entre autres, d’une « promotion insuffisante ».

Une « promotion institutionnelle », dira Racine Sy, qui ne parvient pas à apporter des réponses au ‘’début de désaffection’’ de la destination Sénégal en faveur de pays qui font une promotion ‘’plus agressive’’, a-t-il ajouté. La cherté de la destination notamment n’est pas propre à rendre la destination compétitive. A ce sujet d’ailleurs et même si les responsables du Spihs ne l’ont pas évoqué, on se demande si le projet annoncé de ramener la TVA de 18% à 10% est toujours sur la table de la tutelle, ou rangé dans ses tiroirs où dorment toujours bien d’autres projets visant à développer l’activité, alors que le gouvernement parle, de façon dithyrambique, de « tourisme haut de gamme », pendant que la gestion même des taxes recueillies dans les différents réceptifs hôteliers, pose problème aux yeux des professionnels qui en réclament vivement la gestion commune convenue et dévoyée, aujourd’hui. Le thème du point de presse du Spihs en est d’ailleurs d’autant plus pertinent qu’il résume la situation. « vision partagée des perspectives de développement de cette activité confrontée à plusieurs défis ».

Les mêmes défis

Le diagnostic est clair, la concurrence est rude sur le marché du tourisme et pour une grande partie des touristes, elle se joue sur les prix. Paradoxalement, le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour augmenter le prix de la destination Sénégal en faisant vertigineusement grimper les taxes d’aéroport qui devraient passer à 80 euros en septembre pour, dit-on, construire le nouvel aéroport ! Quel est le touriste qui acceptera de payer autant pour venir plonger les pieds dans l’eau, sous le soleil qui brille aussi bien à Casa, ou Monastir, pour beaucoup moins ?...

De plus, comme ailleurs, la majeure partie du territoire est difficilement accessible, or les séjours touristiques au Sénégal sont courts, de l’ordre d’une semaine, ce qui élimine quelques régions potentiellement touristiques. Le dualisme structurel dont souffre l’offre est d’autant plus alarmant, ainsi que l’a analysé Nouhad Bourgi, consultant en ingénierie du tourisme : Deux ou trois tour-opérateurs français et une masse de petites entreprises locales qui obéissent à des dynamiques très diverses et qui souffrent d’une carence chronique en capitaux propres.

L’organisation du marché accuse d’autres défauts : un secteur artisanal hypertrophié chez les opérateurs (distributeurs, transporteurs), dans l’offre d’hébergement, lui-même éclaté, un déficit en matière de formation, de connaissance des marchés, une utilisation d’une stratégie d’offre plus qu’une mise en œuvre d’une logique marketing, une concentration saisonnière des activités.

Dans un contexte aussi déstructuré, il faudrait que les autorités prennent plus au sérieux l’industrie du tourisme qui s’appuie nécessairement sur les privés pour son développement. Les analyses prospectives de l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) montrent que ce secteur représente un levier de développement décisif pour l’avenir immédiat, et prévoient un doublement du flux touristique d’ici 2012 ! On risque de passer à côté !

Or, ici au Sénégal, se posent toujours « les problèmes de financement des outils de nos activités », soulignent encore, avec pertinence, le Spihs qui rappelle encore que le partenariat entre le secteur privé et l’Etat doit se concrétiser ‘’dans les faits’’.

par SOMBEL FAYE | SUD QUOTIDIEN