Cette tentative de déstabilisation bien médiatisée de la politique de l’État (orientée vers l’assistance des daras en vue d’éradiquer la mendicité à risque), a été bien réussie. L’État depuis lors est devenu frileux à tel point qu’il prit une voie de contournement de ces groupes de pression, notamment par l’implication dans ses programmes des grandes familles religieuses auxquelles ces groupes de pression prétendaient souvent être issus. C'est le cas du programme Éducation à la vie familiale dans les daras (EVF/daras) dont la phase pilote a concerné les daras implantés dans les grandes familles religieuses.
Si ces mêmes groupes s’activent aujourd’hui avec les mêmes arguments à l’appui, c’est que d’une part le daras d’aujourd’hui regorge d’intérêts non-dits, et d’autre part l’État ne communique pas bien pour démanteler ceux qui, intentionnellement se sont engouffrés dans l’enseignement coranique pour exploiter les enfants et mettre en péril leur vie.
On sait tous que traditionnellement les talibés sont soumis dans les daras à des épreuves d’endurances et de souffrances dans le but de dompter ou de « tuer » le corps au profit de l’âme. Ce qui permettait de développer chez l’enfant une certaine spiritualité et le préparer à devenir un érudit qui dispose de toutes les qualités nécessaires pour véhiculer le message de Dieu. Mais dans ce système qui subsiste toujours dans certaines grandes familles religieuses et auquel des maitres coraniques véreux veulent y substituer la mendicité urbaine inhumaine et dégradante, l’enfant n’était pas soumis à une mendicité pécuniaire et abusive qui mettait quotidiennement en danger sa vie. L’enfant pratiquait la mendicité alimentaire dans un pâté de maisons proches du dara et jouissait de l’affection du marabout et de celle de ses épouses. Dans certains daras les épouses des marabouts étaient les marraines des enfants.
La question posée aujourd’hui est comment prétendre enseigner le Coran et l’endurance à un enfant en l’exposant à la circulation urbaines, aux adultes pédophiles et aux grands bandits? La somme journalière exigée au talibé le pousse à dérober des objets lorsqu’en fin de journée cette somme n’est pas réunie et risquant ainsi d’y laisser sa peau devant le chef d’Entreprise (le maitre coranique) menaçant. L’amalgame entre les vrais daras et les faux daras, entre les enseignants coraniques et les exploitants de la main d’œuvre infantile et bon marché se trouve à ce niveau. Les lignes qui suivent démontrent que l’intention de ces derniers est tout à fait éloignée de l’enseignement du Coran.
Il m’a été donné de constater au cours de mes fonctions au Centre de promotion et de réinsertion sociale (CPRS) de Ndiolofène à Saint Louis que chaque matin des talibés venait demander de l’aumône. Un matin ces mêmes talibés, bien habillés sont venus nous dire « aurevoir » pour rentrer au Fouta. Lorsqu’on leur a demandé les raisons de leur départ précipité, ils nous répondirent que leur maitre coranique va aux États-Unis…
Il apparait que la plupart des maitres coraniques qui opèrent en ville proviennent de la sous-région et des régions périphériques.
Le recrutement se fait ainsi :
La collecte : Le maitre coranique fait le tour des familles en situation de pauvreté et propose aux parents de prendre en charge l’éducation coranique de leurs enfants. Ces parents, dans l’impossibilité de subvenir aux besoins (alimentaires, éducatifs etc) de leurs enfants trouvent ainsi une occasion de se débarrasser de leurs progénitures. Ces enfants sont stockés à la frontière avec l’aide de complices pour quelques temps. La traversée des frontières se fait par compte-goutte (des groupes de 5 à 6 enfants par traversée pour tromper la vigilance des services de sécurité).
L’exploitation : En ville, avec un groupe de 50 à 60 enfants, l’industrie démarre avec notamment l’obligation de versement d’un montant qui varie entre 500 et 1000 francs la journée. Ce qui fait pour un groupe de 60 enfants 30.000 à 60.000 francs quotidiennement. Soit 900.000 à 1800.000 francs par mois équivalent d’un salaire de haut fonctionnaire ou d’un député. Ces mannes financières ne servent jamais aux talibés qui vivotent du peu d’aliments qu’on leur offre en cours de mendicité. Les discours propagandistes, de contre-attaques véhiculées sur les politiques de l’Enfance et le rejet de toute collaboration avec l’État sont des réactions de peur d’être démasqué ou de se voir déposséder de ce « travail » lucratif.
La pratique éhontée et humainement dégradante de la mendicité des enfants dans un contexte de crise, devrait même susciter un levier de bouclier des vrais maitres coraniques contre l’attitude de ceux qui défendent, pour des intérêtsmercantiles et personnels cette forme de travail des enfants. Malheureusement il est difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie. Les uns se diluant dans les autres, et, extirper le mal devient problématique et parfois même risqué. En effet il faut reconnaitre que tout daran’est pas une industrie de la mendicité et toute mendicité n’est pas une forme d’exploitation. Il urge de la part des pouvoirs publics de pouvoir opérer chirurgicalement en agissant sur plusieurs leviers :
1-Féderer les enseignants arabo-coraniques
2-Exiger des autorisations d’enseigner après expertise par des groupes ou Associations fédérées et dont les compétences pédagogiques sont formellement reconnues. Les critères d’autorisation devraient inclure la disponibilité de locaux adéquats réunissant les conditions d’hébergement.
3-Des mesures d’accompagnement (subventions annuelles) aux daras qui se formaliseraient
4-Encorager l’organisation des Communautés (Comités de soutien de proximité) autour des daras
5- Mise à contribution des services de sécurités plus particulièrement ceux des frontières.
Alioune Seck
Assistant social Direction générale de l’Action sociale
Si ces mêmes groupes s’activent aujourd’hui avec les mêmes arguments à l’appui, c’est que d’une part le daras d’aujourd’hui regorge d’intérêts non-dits, et d’autre part l’État ne communique pas bien pour démanteler ceux qui, intentionnellement se sont engouffrés dans l’enseignement coranique pour exploiter les enfants et mettre en péril leur vie.
On sait tous que traditionnellement les talibés sont soumis dans les daras à des épreuves d’endurances et de souffrances dans le but de dompter ou de « tuer » le corps au profit de l’âme. Ce qui permettait de développer chez l’enfant une certaine spiritualité et le préparer à devenir un érudit qui dispose de toutes les qualités nécessaires pour véhiculer le message de Dieu. Mais dans ce système qui subsiste toujours dans certaines grandes familles religieuses et auquel des maitres coraniques véreux veulent y substituer la mendicité urbaine inhumaine et dégradante, l’enfant n’était pas soumis à une mendicité pécuniaire et abusive qui mettait quotidiennement en danger sa vie. L’enfant pratiquait la mendicité alimentaire dans un pâté de maisons proches du dara et jouissait de l’affection du marabout et de celle de ses épouses. Dans certains daras les épouses des marabouts étaient les marraines des enfants.
La question posée aujourd’hui est comment prétendre enseigner le Coran et l’endurance à un enfant en l’exposant à la circulation urbaines, aux adultes pédophiles et aux grands bandits? La somme journalière exigée au talibé le pousse à dérober des objets lorsqu’en fin de journée cette somme n’est pas réunie et risquant ainsi d’y laisser sa peau devant le chef d’Entreprise (le maitre coranique) menaçant. L’amalgame entre les vrais daras et les faux daras, entre les enseignants coraniques et les exploitants de la main d’œuvre infantile et bon marché se trouve à ce niveau. Les lignes qui suivent démontrent que l’intention de ces derniers est tout à fait éloignée de l’enseignement du Coran.
Il m’a été donné de constater au cours de mes fonctions au Centre de promotion et de réinsertion sociale (CPRS) de Ndiolofène à Saint Louis que chaque matin des talibés venait demander de l’aumône. Un matin ces mêmes talibés, bien habillés sont venus nous dire « aurevoir » pour rentrer au Fouta. Lorsqu’on leur a demandé les raisons de leur départ précipité, ils nous répondirent que leur maitre coranique va aux États-Unis…
Il apparait que la plupart des maitres coraniques qui opèrent en ville proviennent de la sous-région et des régions périphériques.
Le recrutement se fait ainsi :
La collecte : Le maitre coranique fait le tour des familles en situation de pauvreté et propose aux parents de prendre en charge l’éducation coranique de leurs enfants. Ces parents, dans l’impossibilité de subvenir aux besoins (alimentaires, éducatifs etc) de leurs enfants trouvent ainsi une occasion de se débarrasser de leurs progénitures. Ces enfants sont stockés à la frontière avec l’aide de complices pour quelques temps. La traversée des frontières se fait par compte-goutte (des groupes de 5 à 6 enfants par traversée pour tromper la vigilance des services de sécurité).
L’exploitation : En ville, avec un groupe de 50 à 60 enfants, l’industrie démarre avec notamment l’obligation de versement d’un montant qui varie entre 500 et 1000 francs la journée. Ce qui fait pour un groupe de 60 enfants 30.000 à 60.000 francs quotidiennement. Soit 900.000 à 1800.000 francs par mois équivalent d’un salaire de haut fonctionnaire ou d’un député. Ces mannes financières ne servent jamais aux talibés qui vivotent du peu d’aliments qu’on leur offre en cours de mendicité. Les discours propagandistes, de contre-attaques véhiculées sur les politiques de l’Enfance et le rejet de toute collaboration avec l’État sont des réactions de peur d’être démasqué ou de se voir déposséder de ce « travail » lucratif.
La pratique éhontée et humainement dégradante de la mendicité des enfants dans un contexte de crise, devrait même susciter un levier de bouclier des vrais maitres coraniques contre l’attitude de ceux qui défendent, pour des intérêtsmercantiles et personnels cette forme de travail des enfants. Malheureusement il est difficile de séparer la bonne graine de l’ivraie. Les uns se diluant dans les autres, et, extirper le mal devient problématique et parfois même risqué. En effet il faut reconnaitre que tout daran’est pas une industrie de la mendicité et toute mendicité n’est pas une forme d’exploitation. Il urge de la part des pouvoirs publics de pouvoir opérer chirurgicalement en agissant sur plusieurs leviers :
1-Féderer les enseignants arabo-coraniques
2-Exiger des autorisations d’enseigner après expertise par des groupes ou Associations fédérées et dont les compétences pédagogiques sont formellement reconnues. Les critères d’autorisation devraient inclure la disponibilité de locaux adéquats réunissant les conditions d’hébergement.
3-Des mesures d’accompagnement (subventions annuelles) aux daras qui se formaliseraient
4-Encorager l’organisation des Communautés (Comités de soutien de proximité) autour des daras
5- Mise à contribution des services de sécurités plus particulièrement ceux des frontières.
Alioune Seck
Assistant social Direction générale de l’Action sociale