Après la récente nomination controversée de son fils au ministère de l’Energie, le président sénégalais Abdoulaye Wade s’est, comme à l’accoutumée, livré à des pitreries. Karim Wade, tel un Don Quichotte de la Manche, est l’homme qui, de l’avis de son géniteur, pourra trouver des réponses durables aux intempestives et exaspérantes coupures d’électricité auxquelles fait face la population sénégalaise. Le président Wade, ce personnage excentrique, donne toujours l’impression d’être mal à l’aise quand il voit les choses marcher sur des roulettes au point qu’il se plaît constamment à provoquer des couacs et des remous dont on ignore vraiment l’enjeu.
On se rappelle sa sortie peu orthodoxe et sans doute inutile à l’encontre de l’Eglise catholique, qui avait suscité l’indignation et le courroux du clergé. Pourtant, la communauté chrétienne et la communauté musulmane, il y a bien des lustres, vivent en osmose au Sénégal. Et au lieu de s’en féliciter, c’est le président Wade lui-même qui a trouvé à redire même si, pour s’en repentir, il avouait avoir été incompris. Me Wade, dans certains cas, ne semble pas faire sien l’adage selon lequel il faut remuer sept fois la langue avant de parler. Parfois même, la rudesse de ses propos contraste avec la tradition africaine qui présente les vieux comme ceux-là qui incarnent généralement la sagesse.
Le vendredi 8 octobre dernier, le président Abdoulaye Wade a sévèrement récusé une décision de son propre gouvernement, portant interdiction de mendier dans les lieux publics, en vigueur depuis août dernier. Son Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait cependant défendu cette interdiction. Le président Wade veut-il faire croire qu’il ignorait les faits et gestes de son gouvernement ? Faut-il y voir une récupération politique ? Sans doute, Wade cherche à contenir la fronde sociale qui s’organise contre lui.
A travers cette sortie iconoclaste, il aura visiblement humilié son gouvernement qu’il voue ainsi aux gémonies d’autant qu’ il donne l’impression de n’avoir jamais été consulté avant l’adoption de cette fameuse loi contre la mendicité. Et du même coup, l’autorité de l’ Etat s’en trouve fragilisée. Le président sénégalais, dans sa logique d’un troisième mandat, joue au roublard et cette reculade est l’un des avatars de ses manoeuvres politiciennes. A bien des égards, cette loi sur la mendicité aurait été adoptée par un gouvernement de cohabitation généralement caractérisé à outrance par des divergences de points de vue, que le président Wade serait excusable. Le président Wade, pour tout dire, manque de tact.
Un chef d’Etat ne peut pas contester avec une telle aisance doublée de mépris une décision de son propre gouvernement, fût-elle impopulaire. Il est facile, en tant que chef d’Etat, d’abroger une loi si elle rencontre des résistances sur le terrain, mais cela en faisant montre de responsabilité et de savoir-faire. C’est un tango, de surcroît ridicule, que le n°1 sénégalais a servi ici à ses concitoyens.
Wade aurait mieux fait d’aller à l’école du président malien Amadou Toumani Touré qui, face à la grogne d’une partie de la population, a dû, pragmatisme et doigté aidant, renvoyer à l’Assemblée nationale pour relecture le Code de la famille. Chez Wade, le clientélisme politique a malheureusement pris le pas sur le bon sens. De toute façon, il devrait s’aviser qu’il serait tout de même utopique d’interdire la mendicité dans la mesure où, par-dessus toute considération religieuse, elle traduit l’échec de sa politique sociale.
Par Boundi OUOBA "LE PAYS"
On se rappelle sa sortie peu orthodoxe et sans doute inutile à l’encontre de l’Eglise catholique, qui avait suscité l’indignation et le courroux du clergé. Pourtant, la communauté chrétienne et la communauté musulmane, il y a bien des lustres, vivent en osmose au Sénégal. Et au lieu de s’en féliciter, c’est le président Wade lui-même qui a trouvé à redire même si, pour s’en repentir, il avouait avoir été incompris. Me Wade, dans certains cas, ne semble pas faire sien l’adage selon lequel il faut remuer sept fois la langue avant de parler. Parfois même, la rudesse de ses propos contraste avec la tradition africaine qui présente les vieux comme ceux-là qui incarnent généralement la sagesse.
Le vendredi 8 octobre dernier, le président Abdoulaye Wade a sévèrement récusé une décision de son propre gouvernement, portant interdiction de mendier dans les lieux publics, en vigueur depuis août dernier. Son Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait cependant défendu cette interdiction. Le président Wade veut-il faire croire qu’il ignorait les faits et gestes de son gouvernement ? Faut-il y voir une récupération politique ? Sans doute, Wade cherche à contenir la fronde sociale qui s’organise contre lui.
A travers cette sortie iconoclaste, il aura visiblement humilié son gouvernement qu’il voue ainsi aux gémonies d’autant qu’ il donne l’impression de n’avoir jamais été consulté avant l’adoption de cette fameuse loi contre la mendicité. Et du même coup, l’autorité de l’ Etat s’en trouve fragilisée. Le président sénégalais, dans sa logique d’un troisième mandat, joue au roublard et cette reculade est l’un des avatars de ses manoeuvres politiciennes. A bien des égards, cette loi sur la mendicité aurait été adoptée par un gouvernement de cohabitation généralement caractérisé à outrance par des divergences de points de vue, que le président Wade serait excusable. Le président Wade, pour tout dire, manque de tact.
Un chef d’Etat ne peut pas contester avec une telle aisance doublée de mépris une décision de son propre gouvernement, fût-elle impopulaire. Il est facile, en tant que chef d’Etat, d’abroger une loi si elle rencontre des résistances sur le terrain, mais cela en faisant montre de responsabilité et de savoir-faire. C’est un tango, de surcroît ridicule, que le n°1 sénégalais a servi ici à ses concitoyens.
Wade aurait mieux fait d’aller à l’école du président malien Amadou Toumani Touré qui, face à la grogne d’une partie de la population, a dû, pragmatisme et doigté aidant, renvoyer à l’Assemblée nationale pour relecture le Code de la famille. Chez Wade, le clientélisme politique a malheureusement pris le pas sur le bon sens. De toute façon, il devrait s’aviser qu’il serait tout de même utopique d’interdire la mendicité dans la mesure où, par-dessus toute considération religieuse, elle traduit l’échec de sa politique sociale.
Par Boundi OUOBA "LE PAYS"