De notre correspondant à Berlin
Jamais Angela Merkel n'aura abordé un sommet européen dans une position aussi inconfortable. Sur le plan intérieur, la chancelière allemande doit se battre pour maintenir son autorité alors que la défaite de son parti conservateur en Rhénanie-du-Nord-Westphalie fait vaciller sa coalition de centre droit. Sur la scène internationale, elle combat l'isolement. Et son nouveau partenaire, François Hollande, s'apprête à lui imposer des propositions qui lui font horreur au sommet informel des chefs d'État européens, mercredi soir à Bruxelles.
L'appui du SPD aux proposition de Paris
Depuis le début de la crise bancaire en 2008, comme de celle de la dette dans la zone euro, Angela Merkel s'est présentée à chaque rendez-vous européen d'importance armée d'un solide mandat du Bundestag. Celui-ci fixait les lignes rouges de la chancelière, imposant de facto la volonté de la première économie européenne à ses partenaires. Mais l'élection du président socialiste François Hollande a changé la donne.
Portés par la dynamique favorable à la gauche, les alliés sociaux-démocrates allemands du président français ont émergé de leur sommeil pour mener la vie dure à la chancelière. Le gouvernement allemand a été contraint de reculer face aux revendications du SPD, qui soutient la proposition française d'ajouter un volet sur la croissance pour adoucir le pacte budgétaire européen de stabilité, en reportant un vote du Bundestag initialement prévu le 25 mai. L'adoption du texte à une majorité des deux tiers ne peut se faire sans l'appui du SPD, qui ne sera gagné qu'au prix de concessions à Hollande.
Chantre de l'austérité
Merkel aborde son bras de fer européen d'autant plus affaiblie qu'elle rentre des États-Unis où, dans l'enchaînement des sommets du G8 et de l'Otan, elle a paru inhabituellement isolée sur la scène internationale. L'offensive en faveur de la croissance de François Hollande et de son homologue américain Barack Obama a placé sur la défensive la chancelière allemande, chantre de la rigueur budgétaire et de l'austérité pour résoudre la crise financière dans la zone euro. Merkel a réitéré, mardi, son refus d'euro-obligations, instrument de mutualisation de la dette en zone euro, voulues notamment par le président français. Elle y sera opposée «aussi en juin», lors d'un prochain sommet européen, selon un responsable du gouvernement allemand. Mais, après avoir constaté son isolement au G8, il est devenu difficile pour la chancelière de camper sur des «lignes rouges», aussi populaires soient-elles dans son propre pays.
Une image abîmée
Sur le plan intérieur, certains analystes allemands comparent déjà la situation de Merkel à la fin de règne déliquescente de son prédécesseur, Gerhard Schröder. Même si personne ne s'attend à ce qu'elle prenne le risque, comme il l'avait fait, de convoquer des élections anticipées. Après la défaite de Merkel en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), son étoile ne cesse de pâlir, tandis que la cote de popularité de la patronne sociale-démocrate du Land, Hannelore Kraft, dépasse désormais celle de Merkel.
L'image de celle que son parti avait affectueusement surnommée «Mutti» («maman») s'est abîmée. C'est un sérieux handicap pour les législatives de septembre 2013, dans une campagne qui sera axée sur sa personnalité.
Par Patrick Saint-Paul
Jamais Angela Merkel n'aura abordé un sommet européen dans une position aussi inconfortable. Sur le plan intérieur, la chancelière allemande doit se battre pour maintenir son autorité alors que la défaite de son parti conservateur en Rhénanie-du-Nord-Westphalie fait vaciller sa coalition de centre droit. Sur la scène internationale, elle combat l'isolement. Et son nouveau partenaire, François Hollande, s'apprête à lui imposer des propositions qui lui font horreur au sommet informel des chefs d'État européens, mercredi soir à Bruxelles.
L'appui du SPD aux proposition de Paris
Depuis le début de la crise bancaire en 2008, comme de celle de la dette dans la zone euro, Angela Merkel s'est présentée à chaque rendez-vous européen d'importance armée d'un solide mandat du Bundestag. Celui-ci fixait les lignes rouges de la chancelière, imposant de facto la volonté de la première économie européenne à ses partenaires. Mais l'élection du président socialiste François Hollande a changé la donne.
Portés par la dynamique favorable à la gauche, les alliés sociaux-démocrates allemands du président français ont émergé de leur sommeil pour mener la vie dure à la chancelière. Le gouvernement allemand a été contraint de reculer face aux revendications du SPD, qui soutient la proposition française d'ajouter un volet sur la croissance pour adoucir le pacte budgétaire européen de stabilité, en reportant un vote du Bundestag initialement prévu le 25 mai. L'adoption du texte à une majorité des deux tiers ne peut se faire sans l'appui du SPD, qui ne sera gagné qu'au prix de concessions à Hollande.
Chantre de l'austérité
Merkel aborde son bras de fer européen d'autant plus affaiblie qu'elle rentre des États-Unis où, dans l'enchaînement des sommets du G8 et de l'Otan, elle a paru inhabituellement isolée sur la scène internationale. L'offensive en faveur de la croissance de François Hollande et de son homologue américain Barack Obama a placé sur la défensive la chancelière allemande, chantre de la rigueur budgétaire et de l'austérité pour résoudre la crise financière dans la zone euro. Merkel a réitéré, mardi, son refus d'euro-obligations, instrument de mutualisation de la dette en zone euro, voulues notamment par le président français. Elle y sera opposée «aussi en juin», lors d'un prochain sommet européen, selon un responsable du gouvernement allemand. Mais, après avoir constaté son isolement au G8, il est devenu difficile pour la chancelière de camper sur des «lignes rouges», aussi populaires soient-elles dans son propre pays.
Une image abîmée
Sur le plan intérieur, certains analystes allemands comparent déjà la situation de Merkel à la fin de règne déliquescente de son prédécesseur, Gerhard Schröder. Même si personne ne s'attend à ce qu'elle prenne le risque, comme il l'avait fait, de convoquer des élections anticipées. Après la défaite de Merkel en Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), son étoile ne cesse de pâlir, tandis que la cote de popularité de la patronne sociale-démocrate du Land, Hannelore Kraft, dépasse désormais celle de Merkel.
L'image de celle que son parti avait affectueusement surnommée «Mutti» («maman») s'est abîmée. C'est un sérieux handicap pour les législatives de septembre 2013, dans une campagne qui sera axée sur sa personnalité.
Par Patrick Saint-Paul