encontrer Mimi Thorisson, c’est comme passer derrière le miroir d’Instagram et découvrir que son reflet est presque réalité. On la découvre de dos, assise au bar du restaurant Chez Colette (Paris 1er), où elle officie comme chef pour le déjeuner, pendant cette semaine d’octobre. À ses côtés, Lucien, 4 mois, le dernier de ses six enfants, dort dans un landau. De longs cheveux de jais, une silhouette élancée, Miss Thorisson est encore plus belle que sur les images léchées de son blog, pourtant prises par son mari photographe.
Mimi Thorisson c’est d’abord un succès foudroyant
Partie de Paris pour s’installer dans le Médoc avec son époux et leur tribu de huit enfants au total, elle trouve pourtant le temps de créer son blog en 2014. Aux États-Unis, les internautes raffolent de la carte postale : dans sa sublime demeure du Sud-Ouest, la « wonder creative mom » leur fait découvrir la cuisine française. Son site est immédiatement repéré dans le radar de l’éditeur américain The Random House. Un coup de projecteur énorme. La blogueuse est recrutée par Canal +, puis viennent les livres et le contrat d’égérie pour l’Occitane. « Je n’aurais jamais osé rêver de cette trajectoire de vie », confie la Franco-Chinoise aux yeux de chat. « Avec Oddur, mon mari, on en rigole parfois, en se disant qu’on a fait six enfants ! Qu’on est partis, lui l'Islandais et moi la Hongkongaise, dans le Médoc. On a créé cette vie insolite, mais organique pour nous. Aujourd’hui j’ai envie de montrer aux lecteurs que c’est possible de réaliser des choses qui nous tiennent à coeur, même si, a priori, elles nous semblent un peu dingues. »
Un destin très singulier
Née à Hong Kong d’un père chinois et d’une mère française, « comme tous les jeunes de mon pays, au départ, on me destinait à la finance. Mais j’ai toujours voulu être créative. Si j’ai osé écrire, c’est un peu grâce à mon mari qui m’a donné la force et qui a cru en moi. Notre grande passion, ce sont les restaurants. Au début, on rencontrait des chefs et on écrivait sur eux. J’ai commencé à 30 ans et je n’ai plus arrêté », explique l’élégante brune. « Pour moi, la cuisine française est une fascination. Même si je me sens française, par ma mère, je me sens aussi comme une outsider. Parfois on apprécie plus les choses quand on vient de l’extérieur », ajoute-t-elle en souriant. Sa passion pour la cuisine est née dans la marmite de ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle passait deux mois d’été en France, chez sa grand-mère et sa tante, deux très bonnes cuisinières. « Fille unique à Hong Kong, il n’y avait qu’en France où je pouvais vivre l’expérience des grands repas de famille. Pour moi, ces moments étaient synonymes de bonheur et de chaleur. Ces émotions étaient intimement liées à la cuisine. À Hong Kong, mon père, de culture chinoise, parlait peu. Mais quand nous allions au restaurant, c’était des moments où l’on communiquait. Voilà pourquoi j’aime tant manger et cuisiner !
Des légumes comme des bouquets de fleurs
Pour Mimi Thorisson, « les légumes sont comme des fleurs à la maison, des muses qui m’inspirent et racontent des histoires ». Elle les regarde étalés à profusion sur sa table, avant de les composer comme des bouquets. La chef joue avec les couleurs, comme dans cette délicieuse salade rouge d’endives, de betterave, de chou et de grenade. Pas de révolution dans sa cuisine, mais un amour des fondamentaux français. « Cet hiver, j’ai envie de plats chauds et de surtout de garbures, dont je raffole. J'adore les plats au four ou mijotés longtemps, comme un boeuf bourguignon, ou un feuilleté de cailles au vin jaune », confie-t-elle. La mère de famille nombreuse n’est pas du genre à cuisiner pour regarder les autres manger. Comment fait-elle pour garder la ligne ? « J’ai bon appétit et je crois que quand on mange avec plaisir sans culpabilité, on stocke beaucoup moins ! La nourriture n’est pas à considérer comme un ennemi pour les femmes. » Sacré Mimi, pas d’assitants qui gèrent son compte Instagram et son blog, pas de babysitter à la pelle et une élégance qui ne tient qu’à elle. Avec son tablier en cuir, ses ballerines et ses jolies robes, même derrière les fourneaux, la cuisinière la plus sexy de France, à la tribu XXL façon Angelina Jolie, a construit une belle image, mais qui lui ressemble.