À New York
À moins de soixante jours de l'élection présidentielle, Mitt Romney fait feu de tout bois pour combler l'écart creusé dans les sondages (47 % contre 43 % selon Reuters/Ipsos) par son rival démocrate Barack Obama.
Lors d'un rassemblement samedi à Virginia Beach (Virginie), l'un des neuf «battleground states» (États clés à l'électorat indécis), le candidat républicain a invité Dieu pour la première fois dans sa campagne, sautant à pieds joints sur une énorme bourde du Parti démocrate. Dans une omission toujours inexpliquée, les mentions de «Dieu» et de «Jérusalem, capitale d'Israël» (non reconnue officiellement par Washington) avaient été ôtées du programme démocrate lors de la convention de Charlotte, avant d'être précipitamment réinsérées après qu'Obama lui-même fut alerté du couac. Les commentateurs républicains en avaient fait des gorges chaudes, dénonçant «l'État sans Dieu» des démocrates, véritable blasphème dans un pays où la religion joue un rôle crucial sur la scène publique.
Émergeant d'une brève retraite à Wolfeboro (New Hampshire) destinée à préparer les débats présidentiels d'octobre, Mitt Romney a sifflé la reprise des hostilités, enfonçant la porte ouverte bien involontairement par son adversaire. La main sur le cœur, récitant solennellement le «serment d'allégeance» que prononcent les écoliers américains le matin sous la bannière étoilée, l'ex-gouverneur du Massachusetts a juré devant une foule enthousiaste qu'il «n'enlèverait pas Dieu de (sa) plate-forme». «Je n'enlèverai pas Dieu de notre monnaie (allusion à la mention «In God we trust» frappée sur les billets verts)», a-t-il ajouté, «et je n'enlèverai pas Dieu de mon cœur. Nous sommes une nation qui est un cadeau de Dieu».
«Vision divine»
Sur l'estrade derrière Romney se tenait un invité surprise, le télévangéliste Pat Robertson. Cette présence a étonné les observateurs, Romney ayant pris soin jusqu'ici d'éviter les soutiens trop sulfureux. Robertson, un pilier de la droite chrétienne radicale, est loin de faire l'unanimité au sein même du Parti républicain - le sénateur John McCain l'avait naguère qualifié d'«agent d'intolérance». Robertson a pris l'habitude de révéler les prédictions plus ou moins apocalyptiques que lui aurait murmurées Dieu lui-même. En 1976, il annonçait le Jugement dernier pour la fin de l'année 1982. Après les attentats du 11 septembre 2001, il s'en était pris à l'islam, dénonçant un «système politique» dont il fallait «pourchasser les adhérents de la même manière que ceux du Parti communiste».
Mitt Romney le mormon n'a pas fait la fine bouche en acceptant le soutien du télévangéliste, potentiellement fort utile pour rallier à sa bannière les électeurs croyants aliénés par la gaffe démocrate. Robertson lui-même en est convaincu: dans une «vision divine» survenue le 4 janvier, en pleine primaire républicaine, il aurait «aperçu le visage du nouveau président», se gardant bien de dire de qui il s'agissait. Indication utile cependant, ce ne saurait être Obama, Dieu l'ayant jugé «en désaccord avec la majorité» du peuple.
Par Maurin Picard
À moins de soixante jours de l'élection présidentielle, Mitt Romney fait feu de tout bois pour combler l'écart creusé dans les sondages (47 % contre 43 % selon Reuters/Ipsos) par son rival démocrate Barack Obama.
Lors d'un rassemblement samedi à Virginia Beach (Virginie), l'un des neuf «battleground states» (États clés à l'électorat indécis), le candidat républicain a invité Dieu pour la première fois dans sa campagne, sautant à pieds joints sur une énorme bourde du Parti démocrate. Dans une omission toujours inexpliquée, les mentions de «Dieu» et de «Jérusalem, capitale d'Israël» (non reconnue officiellement par Washington) avaient été ôtées du programme démocrate lors de la convention de Charlotte, avant d'être précipitamment réinsérées après qu'Obama lui-même fut alerté du couac. Les commentateurs républicains en avaient fait des gorges chaudes, dénonçant «l'État sans Dieu» des démocrates, véritable blasphème dans un pays où la religion joue un rôle crucial sur la scène publique.
Émergeant d'une brève retraite à Wolfeboro (New Hampshire) destinée à préparer les débats présidentiels d'octobre, Mitt Romney a sifflé la reprise des hostilités, enfonçant la porte ouverte bien involontairement par son adversaire. La main sur le cœur, récitant solennellement le «serment d'allégeance» que prononcent les écoliers américains le matin sous la bannière étoilée, l'ex-gouverneur du Massachusetts a juré devant une foule enthousiaste qu'il «n'enlèverait pas Dieu de (sa) plate-forme». «Je n'enlèverai pas Dieu de notre monnaie (allusion à la mention «In God we trust» frappée sur les billets verts)», a-t-il ajouté, «et je n'enlèverai pas Dieu de mon cœur. Nous sommes une nation qui est un cadeau de Dieu».
«Vision divine»
Sur l'estrade derrière Romney se tenait un invité surprise, le télévangéliste Pat Robertson. Cette présence a étonné les observateurs, Romney ayant pris soin jusqu'ici d'éviter les soutiens trop sulfureux. Robertson, un pilier de la droite chrétienne radicale, est loin de faire l'unanimité au sein même du Parti républicain - le sénateur John McCain l'avait naguère qualifié d'«agent d'intolérance». Robertson a pris l'habitude de révéler les prédictions plus ou moins apocalyptiques que lui aurait murmurées Dieu lui-même. En 1976, il annonçait le Jugement dernier pour la fin de l'année 1982. Après les attentats du 11 septembre 2001, il s'en était pris à l'islam, dénonçant un «système politique» dont il fallait «pourchasser les adhérents de la même manière que ceux du Parti communiste».
Mitt Romney le mormon n'a pas fait la fine bouche en acceptant le soutien du télévangéliste, potentiellement fort utile pour rallier à sa bannière les électeurs croyants aliénés par la gaffe démocrate. Robertson lui-même en est convaincu: dans une «vision divine» survenue le 4 janvier, en pleine primaire républicaine, il aurait «aperçu le visage du nouveau président», se gardant bien de dire de qui il s'agissait. Indication utile cependant, ce ne saurait être Obama, Dieu l'ayant jugé «en désaccord avec la majorité» du peuple.
Par Maurin Picard