Coiffé d’un bonnet à rayures et moulé dans un tee-shirt blanc sur un pantalon noir, Modou Guèye a rallié la cause du « mbalitt ». A 19 ans, cet originaire du Saloum, n’affiche pas la fierté des jeunes dakarois quant à l’exercice d’un tel boulot qui les ferait descendre de leur piédestal. Modou n’en a cure. Son sourire laisse entrevoir des dents qui ont de la peine à exécuter les ordres de Modou qui ne veut pas les voir dehors. Paradoxe, Modou passe ses journées à crier tel un apprenti chauffeur accroché au marche-pied aux aguets du premier client.
Sur sa charrette, la jambe droite couchée sur le banc, les deux mains tirant les rênes du cheval, Modou suit le vœu des siens. « C’est mon père qui a acheté le cheval et la charrette », nous apprend-il. Lui avait choisi de s’initier à la mécanique. Mais ses parents ne pouvaient attendre le temps que doit prendre ce métier pour s’incruster dans la tête de leur unique fils. « Je les ai suivi dans leur volonté », se plie-t-il. « Je ne le regrette pas », se satisfait-il. Pourtant Modou affiche une mine sévère dès qu’il s’agit de révéler les retombées de son boulot qui semble en être un de misère. Le Saloum-saloum soutient mordicus qu’il ne récolte que 5000 francs (par jour) alors qu’il fait presque le tour de Dakar. « Quand je me réveille à 6 h, je prépare ma charrette avant de prendre la direction des Hlm Grand-Yoff. Après cette étape, je bifurque sur la Foire et ses environs avant d’arpenter les rues de Scat Urbam. Je termine ma course sous le pont de Patte d’Oie (pont Sénégal 92) où je dépose les ordures qui seront convoyés à Mbeubeuss par les camions », laisse entendre Modou. Qui apparemment ne veut pas dire ce qu’il gagne réellement dans ce périple. « On peut gagner jusqu'à 15 000 francs », souffle un autre charretier. Un fidèle « client » de ces nouveaux ramasseurs d’ordures enfonce le clou : « pour un petit sachet d’ordures, ils vous demandent 300 francs. Vous imaginez un peu ce qu’ils peuvent récolter dans cette rangée ? ». Son secret est trahi. « Ils racontent des histoires », se défend-il.
Sur sa charrette, la jambe droite couchée sur le banc, les deux mains tirant les rênes du cheval, Modou suit le vœu des siens. « C’est mon père qui a acheté le cheval et la charrette », nous apprend-il. Lui avait choisi de s’initier à la mécanique. Mais ses parents ne pouvaient attendre le temps que doit prendre ce métier pour s’incruster dans la tête de leur unique fils. « Je les ai suivi dans leur volonté », se plie-t-il. « Je ne le regrette pas », se satisfait-il. Pourtant Modou affiche une mine sévère dès qu’il s’agit de révéler les retombées de son boulot qui semble en être un de misère. Le Saloum-saloum soutient mordicus qu’il ne récolte que 5000 francs (par jour) alors qu’il fait presque le tour de Dakar. « Quand je me réveille à 6 h, je prépare ma charrette avant de prendre la direction des Hlm Grand-Yoff. Après cette étape, je bifurque sur la Foire et ses environs avant d’arpenter les rues de Scat Urbam. Je termine ma course sous le pont de Patte d’Oie (pont Sénégal 92) où je dépose les ordures qui seront convoyés à Mbeubeuss par les camions », laisse entendre Modou. Qui apparemment ne veut pas dire ce qu’il gagne réellement dans ce périple. « On peut gagner jusqu'à 15 000 francs », souffle un autre charretier. Un fidèle « client » de ces nouveaux ramasseurs d’ordures enfonce le clou : « pour un petit sachet d’ordures, ils vous demandent 300 francs. Vous imaginez un peu ce qu’ils peuvent récolter dans cette rangée ? ». Son secret est trahi. « Ils racontent des histoires », se défend-il.
Mais le jeu n’en vaut-il pas la chandelle ? Les résidents approuvent : « ils nous aident vraiment à évacuer ces ordures d’autant plus que les camions ne viennent plus régulièrement.» non sans émettre des réserves sur la bonne foi de Modou et Cie. « Ils peuvent profiter du caractère calme des quartiers pour commettre de larcins », se plaint un habitant de Scat Urbam. Modou dégage en touche : « il faut qu’ils arrêtent de nous stigmatiser. On ne fait que notre boulot et ils devraient nous remercier pour autant. »
N’ayant pas de famille à Dakar, ce villageois est obligé de vivre en location. Il ne vit pas comme bon nombre de ses collègues d’infortune. Lui, préfère être seul dans sa chambre qu’il paie à 25 000 francs le mois. Modou veut un avenir radieux et ne compte pas s’éterniser dans ce métier à hauts risques même si ce dernier assure qu’il se rend mensuellement à l’hôpital pour des consultations. Etant en contact permanent avec les ordures, il craint pour sa santé. C’est pourquoi, ce jeune homme qui a déjà son permis de conduire veut investir le monde du transport urbain. « Je sais conduire et j’ai mon permis. Je n’attends que le moment opportun pour faire le grand saut », rêve-t-il.
Abdou K. Cissé
N’ayant pas de famille à Dakar, ce villageois est obligé de vivre en location. Il ne vit pas comme bon nombre de ses collègues d’infortune. Lui, préfère être seul dans sa chambre qu’il paie à 25 000 francs le mois. Modou veut un avenir radieux et ne compte pas s’éterniser dans ce métier à hauts risques même si ce dernier assure qu’il se rend mensuellement à l’hôpital pour des consultations. Etant en contact permanent avec les ordures, il craint pour sa santé. C’est pourquoi, ce jeune homme qui a déjà son permis de conduire veut investir le monde du transport urbain. « Je sais conduire et j’ai mon permis. Je n’attends que le moment opportun pour faire le grand saut », rêve-t-il.
Abdou K. Cissé