«Je m'appelle Ndoumbé Niang. J'ai 30 ans. J'habite au quartier de Colobane à Rufisque où je suis installée depuis 1999, année à laquelle, je me suis mis en ménage avec Modou. Mon mari et moi sommes issus du même village et de la même famille. D'ailleurs, nous avons grandi ensemble, avant que nos parents nous unissent. C'est mon père qui lui a accordé ma main. Seulement, trois jours plus tard; il a rendu l'âme. Je me souviens encore de ses dernières paroles à mon époux, il lui a demandé de veiller sur moi pour toujours. Des recommandations qui, à n'en point douter, sont tombées dans l'oreille d'un sourd. Au début de notre union, malgré les aléas de la vie, nous avons essayé de tenir la barre. Je travaillais comme ménagère pour épauler mon mari qui peinait à trouver des chantiers. Il était maçon. Pour payer le loyer et assurer les dépenses quotidiennes, nous nous alternions, un mois sur deux. Parfois, il se rendait en Mauritanie pour chercher du travail. Il rentrait à la maison au bout de plusieurs années, sans un sou en poche. Lors de ses voyages, il ne m'appelait jamais pour prendre de mes nouvelles et de notre famille. A chaque fois que je l'appelais, il ne me prenait pas au téléphone. J'ai commencé à soupçonner qu'il entretenait des relations adultérines avec une autre. Néanmoins, je suis restée dévouée à mon rôle de femme et de mère. Je me contentais de mes maigres revenues de femme de ménage pour faire vivre nos 4 enfants de 12, 9, 8 et 5 ans. Toutefois, les choses sont allées de mal en pis, au fil des années. Il y a 8 mois de cela, tout juste après la naissance de nos jumelles, mon mari est retourné en Mauritanie et jusqu'à présent, il n'est pas encore rentré. Je n'ai pas de ses nouvelles depuis, il est injoignable. J'ai fini par apprendre, par l'intermédiaire d'une connaissance dont le mari travaille également en Mauritanie, que Modou avait pris une autre femme. Je me suis résignée à vivre ma vie sans lui, sauf que je n'arrive plus à joindre les deux bouts. J'ai beau chercher du travail, je n'en trouve pas. Partout où je me présente, on me claque la porte au nez, à cause de mes jumelles Marème et Daba qui ont agrandi ma progéniture au nombre de 6. Pour manger, je suis obligée de faire la manche. Je ne peux que leur assurer un repas au quotidien. Parfois, ce sont mes voisins qui me donnent leurs restes. Lorsqu'ils sont malades, je quémande de gauche à droite pour pouvoir leur procurer des soins. L'un d'eux, mon garçon de 5 ans, a attrapé la variole, je ne pouvais pas le soigner faute de moyens. Il a des boutons sur tout le corps et cela l’handicape de telle sorte qu'il ne peut même pas aller à l'école. Nous risquons d'être expulsés du jour au lendemain de la chambre que nous occupons à raison de 10.000 FCFA par mois, pour des arriérés de loyer. Je dois 80 000 FCFA au propriétaire et il m'a clairement dit qu'il ne pouvait plus supporter mes retards de loyer et qu'il fallait que je lui rende les clés. L'électricité et l'eau courante ont été coupées. Nous vivons dans la pénombre et mendions de l'eau pour nous laver. Le plus dur, c'est que ma propre mère ne veut plus entendre parler de moi, car je me suis mariée sans sa bénédiction. Elle n'a jamais vu mes enfants, elle refuse du nous voir. Elle s'est remariée à la mort de mon père. La famille de mon mari qui est aussi la mienne, refuse également tout contact avec mes enfants et moi. Dès que je vais vers eux, ils me renvoient systématiquement, arguant que nous sommes beaucoup trop nombreux. Seule, je porte tous les jours ma croix. Il m'est très difficile de tendre la main, mais j'y suis obligée pour la subsistance de mes enfants qui n'ont pas demandé à naître. Tout ce que je demande, c'est une aide financière pour pouvoir m'acquitter de mon loyer ou un travail pour pouvoir gagner ma vie décemment. Je fais appel à toutes les bonnes volontés qui voudront bien me tendre la perche à moi et à mes petits bébés. Je suis persuadée que le Bon Dieu le leur rendra au centuple... »
SOURCE : L’OBS MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU
SOURCE : L’OBS MARIA DOMINICA T. DIEDHIOU